Le docu-fiction, les suites
MAJ 09 /01/07
Vote de la motion sur la fiction de la RTBF
Quelques semaines après l'émoi provoqué par la fameuse émission de fiction de la RTBF sur l'indépendance de la Flandre, le parlement de la Communauté française a adopté, majorité contre opposition, une motion qui recommande de prendre un certain nombre de mesures au sein de la radio-télévision publique. Aucune sanction n'est cependant prévue.
La motion, qui fait suite aux débats tenus en Commission avant le nouvel-an, demande notamment la mise sur pied effective d'un comité de déontologie et d'éthique de l'information au sein de la RTBF et l'évaluation des processus de contrôle interne et de décision dans le domaine de l'information.
La majorité PS-cdH réclame aussi l'établissement, sous l'égide du CSA, le cas échéant, de règles claires en matière de signalétique des programmes et l'élaboration d'une réglementation de l'utilisation du docu-fiction et de la présence de journalistes dans ce cadre. Le texte demande encore au gouvernement de prendre des mesures en faveur de l'éducation aux médias et de créer un Conseil de déontologie journalistique.
En revanche, un autre projet de motion, déposé par l'opposition MR, exigeait que les responsabilités soient établies au sein de la hiérarchie de la RTBF et que des sanctions soient prises en conséquence. Les réformateurs réclamaient aussi de rédiger un avenant au contrat de gestion de la RTBF, précisant que la hiérarchie de la radio-télévision s'engage à respecter désormais les procédures et réglements déjà existants.
Avant le vote, les partisans de l'un et de l'autre projet ont répété bruyamment les arguments déjà échangés à l'occasion de la polémique déclenchée par l'émission-fiction. Pierre-Yves Jeholet (MR) a reproché à la majorité sa timidité actuelle, alors même que ses représentants s'étaient élevés à l'époque vigoureusement contre l'émission. On est civilisés, on ne veut décapiter personne, a rétorqué le chef de groupe PS Léon Walry. Deux amendements de Marcel Cheron (Ecolo), qui voulait insister sur le caractère indépendant du Conseil de déontologie et n'entendait pas se contenter du "blanc-seing donné à la ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan" pour assumer le suivi des recommandations votées, ont été repoussés.
Le CSA doit faire son travail, selon Laanan
MAJ jeudi 21 décembre 2006
La ministre de l'Audiovisuel en Communauté française, Fadila Laanan, a réaffirmé que des "erreurs", et non des "fautes", avaient été commises par la RTBF lors de la diffusion de l'émission "Tout ça ne nous rendra pas la Belgique" le 13 décembre. Elle a cependant souligné que ce n'était pas à elle de prendre des sanctions.
C'est au CSA de faire son travail", a-t-elle indiqué. La ministre répondait ainsi aux questions des parlementaires de la Commission Audiovisuel du parlement de la Communauté française, qui se penchait sur le sujet.
Le MR refuse que l'ensemble du problème soit résumé à un problème de signalétique. "Il y aussi un problème de fond", a ainsi remarqué Françoise Bertieaux. La ministre Laanan a abondé dans le sens des Réformateurs en précisant que la signalétique n'était pas la seule erreur. Elle a ainsi souligné un problème au niveau de la forme et du respect des règles déontologiques. La ministre, qui a précisé que personne ne serait "viré", se refuse cependant à évoquer des sanctions qu'elle déciderait elle-même.
Le groupe MR de la commission a déposé une motion afin que le gouvernement de la Communauté française reconsidère la notion de sanction. "Il n'y a pas que faire tomber des têtes. La sanction va du minimum au maximum", a souligné Mme Bertieaux. La motion, qui sera débattue le 9 janvier lors de la séance publique du parlement de la Communauté française, demande que les responsabilités soient établies au sein de la RTBF et que des sanctions soient prises en conséquence.
La majorité cdH/PS, qui veut "rétablir un climat serein", a également annoncé le dépôt d'une motion pour demander des avancées en matière de mise en place de conseil de déontologie journalistique, de base décrétale dans le cadre de l'éducation aux médias, du travail avec le CSA, etc.
Pour la ministre Laanan, le CSA, qu'elle a fait saisir au lendemain de l'émission, se chargera de répondre aux nombreuses questions toujours sans réponse et, éventuellement, d'appliquer des sanctions. "Le CSA a une capacité de sanction à l'égard de tous les opérateurs en Communauté française. Il faut lui laisser faire son travail. J'ai procédé à la saisine du CSA et je n'ai plus à intervenir. Le CSA a en outre été saisi par une quarantaine de plaintes de téléspectateurs", a remarqué Fadila Laanan.
La ministre, qui a rappelé à plusieurs reprises qu'elle n'avait commis aucune erreur en tant que ministre de tutelle, a précisé que son rôle n'était pas d'intervenir dans les choix éditoriaux de la RTBF. "Si j'étais intervenue pour faire placer une signalétique pendant l'émission, on m'aurait reproché, à raison, une tentative de pression dans le contenu éditorial. De même, il ne revenait pas au ministre de tutelle de procéder à l'arrêt de l'émission en cours car cela aurait été considéré comme une censure", a-t-elle conclu.
(D'après Belga)
Un livre pour prolonger l'émission
Philippe Dutilleul, réalisateur de l'émission-fiction sur la séparation de la Flandre, diffusée mercredi soir sur la RTBF, a présenté ce vendredi à Bruxelles son ouvrage "Bye-Bye Belgium".
Simonis réagit
Martine Simonis, secrétaire nationale de l'AJP, mise en cause par Philippe Dutilleul lors de la présentation de presse de son livre "Bye Bye Belgium", a tenu à réagir vendredi soir aux propos de ce dernier.
M. Dutilleul avait alors estimé que les propos de Martine Simonis, secrétaire nationale de l'Association des Journalistes professionnels (AJP), qui qualifiait la sortie du livre d'opération commerciale, étaient "contraires à la vérité". "Ceux qui donnent des leçons devraient commencer à s'en donner à eux-mêmes", avait-il commenté.
Dans un communiqué, "Martine Simonis précise que cette prise de position émane du Conseil de direction de l'AJP, et non d'elle-même seule. Le Conseil de direction de l'AJP est composé de 14 journalistes, élus au poste de directeurs de l'AJP, qui y représentent les différentes catégories de médias et de métiers du journalisme."
Par ailleurs, Mme Simonis dit qu'elle "s'étonne de cette attaque contre l'AJP, qui, en exerçant son rôle de 'gardienne de la déontologie', a permis de rappeler à ceux qui voudraient l'oublier, que l'intrusion de la fiction dans le journalisme ne l'autorise pas à en ignorer les règles déontologiques. Le lancement du livre au lendemain du reportage, contesté mais désormais célèbre, de la RTBF, montre à souhait que l'opération marketing était préparée de longue date. C'est ce que l'AJP appelle donc une 'opération commerciale de la RTBF'".
(d'après Belga)
L'auteur considère ce livre comme un prolongement de son émission. Souvent, un journaliste qui fait un reportage audiovisuel reste frustré parce qu'il est tenu à de nombreuses restrictions, indique l'auteur. Ce livre présente donc l'ensemble de l'enquête, des réflexions plus personnelles et les commentaires de différents intervenants, ajoute Philippe Dutilleul.
Professeurs d'université et hommes politiques, entre autres, viennent livrer leur avis sur la problématique abordée par l'émission-fiction. J'ai voulu faire appel à des gens qui ont beaucoup plus de compétences que moi dans certains domaines pour présenter les choses de manière claire, explique le journaliste.
Selon l'administrateur-délégué de Labor, Jean-Marc Dubray, le livre fait un peu office de making off de l'émission. Il vise également à inscrire dans la durée l'information télévisuelle éphémère.
Philippe Dutilleul a par ailleurs estimé que les propos de Martine Simonis, secrétaire nationale de l'Association des Journalistes professionnels (AJP), qui qualifiait la sortie du livre d'opération commerciale, étaient "contraires à la vérité".
Ceux qui donnent des leçons devraient commencer à s'en donner à eux-mêmes, a-t-il commenté. S'expliquant sur la sortie de son livre au surlendemain de la diffusion de l'émission-fiction, l'auteur a précisé que l'incertitude de la programmation de l'émission avait plané jusqu'au bout.
Alain Gerlache, directeur général de la RTBF, a pour sa part indiqué que la diffusion de l'émission et la sortie du livre étaient bel et bien coordonnées, la publication devant obligatoirement suivre la diffusion du docu-fiction.
L'idée était, en tout cas, de présenter ce sujet entre les élections communales et les élections législatives car il était important pour nous d'apporter une contribution au débat, a-t-il expliqué. Quant aux interventions de représentants du Vlaams Belang (VB) dans l'émisission, Philippe Dutilleul a indiqué que les propos de ses interlocuteurs étaient très ciblés, qu'ils concernaient la séparation de la Belgique et qu'en aucun cas des propos xénophobes n'auraient été tolérés dans l'émission.
Alain Gerlache a de son côté rappelé que la RTBF interdisait toute participation de représentants de partis d'extrême droite à des débats ou des interventions en direct mais que des interventions enregistrées et soumises à un contrôle journalistique pouvaient être utilisées, qui plus est si elle peuvent informer le téléspectateur.
Sinon, on en arrive à occulter une réalité, a-t-il ajouté.
"Bye-Bye Belgium", 620 p., paraît aux éditions Labor, pour un premier tirage de 3.800 exemplaires. Il est vendu au prix de 15 euros. La maison éditoriale a précisé qu'une version néerlandaise était envisagée mais aucun projet concret n'a encore été avancé.
(D'après Belga)
"La RTBF a brisé le cordon sanitaire"
Le stratagème était à ce point ficelé que même les plaques de voitures flamandes avaient été imaginées.
Les nationalistes flamands, massés devant le VlaamsRaad, se réjouissaient de vivre une répétition générale.
Regroupés devant le Palais Royal, beaucoup se sont indignés du procédé.
Le canular brise un tabou. Quelle sera la Belgique de demain? Tout le monde y pense, mais personne n'y répond.
Le docu-fiction faisait la Une de la presse belge, avec un cri collectif. "La RTBF sème la panique".
Jean-Paul Philippot s'est excusé ce matin sur les ondes de La Première.
Le journal de 13 heures de la RTBF était évidemment consacré à la mise en scène de l’indépendance de la Flandre, diffusée mercredi soir après l'interruption de l'émission Question à la Une. Des réactions des responsables ertébéens, dont les excuses de Jean-Paul Philippot, aux avis de quidams, on eut droit à un condensé de commentaires qui démontre à quel point le canular a (et va) marqué les esprits. L’indignation politique est telle que Laurette Onkelinx ou Didier Reynders ont estimé que la RTBF avait "cassé le cordon sanitaire en impliquant dans sa combine Filip Dewinter", chef de file du Vlaams Belang au Parlement flamand. Pour paraphraser un journaliste du service public, "la RTBF voulait ouvrir un débat, or, désormais, c’est elle qui se trouve au centre de celui-ci".
Excuses
La RTBF est au centre des attentions. Entre le regard soulagé de quidams interviewés et les réactions indignées de la classe politique, le programme imaginé par Philippe Dutilleul a provoqué l’émoi dans notre pays. Une émotion surprenante pour la plupart des responsables du programme, poussant Jean-Paul Philippot, l’Administrateur général de la RTBF, à s’excuser sur les ondes de La Première. "Nous avons provoqué une émotion inattendue ", déclarait-il au micro de Matin Première, dans une atmosphère tendue. "Cela renvoie à nos responsabilités. Nous ne voulions pas provoquer une telle onde de choc. Au vu des réactions, nous présentons nos excuses".Pas de sanctionsJean-Paul Philippot témoigne d'un malaise. Involontaire, certes, mais réel. Et profond. L’équilibre entre la liberté d’expression et la responsabilité déontologique d’informer a été rompu. En faisant participer ses "journalistes maisons", le service public a semé le doute sur un sujet qui reste délicat. Au point que des sanctions pèsent. "Il serait prématuré de prendre des mesures", a répliqué Fadila Laanan, Ministre de l’Audiovisuel en Communauté française, qui en ce moment, reçoit Philippot et Yves Thyran (directeur de l’éthique de la RTBF) dans son bureau. "J’attends le rapport des Commissaires, membres du Conseil d’Administration de la chaîne. Je dois entendre tout le monde avant de tirer des conclusions", a-t-elle ajouté.ComplicitéLa retenue de la ministre de tutelle tranchait avec l’indignation du monde politique. "La chaîne a rompu le cordon sanitaire", conspuait Laurette Onkelinx. "En rendant complice Filip De Winter, la RTBF a franchi une barrière établie par tous. En outre, la déontologie des journalistes est en cause. Ils sont coupables selon moi d’avoir fragilisé les Wallons". Même son de cloche du côté de Didier Reynders, scandalisé que la chaîne publique ait mis en cause la personnalité du Roi, en prétextant son exil. Répétition généraleLa panique de la population, regroupée mercredi soir devant le Palais Royal, confirmait la tendance des visiteurs de notre site. La peur, ensuite l’indignation, s’est lue sur les visages de certains. Néanmoins, après réflexion, il appert que bon nombre ait trouvé la simulation utile pour "secouer et réveiller ce qui saute aux yeux". Aux aurores, certains croyaient encore au stratagème. Cette brutalité a toutefois réconforté les nationalistes flamands, heureux de vivre "une répétition générale d’une indépendance seulement indéterminée dans le temps". Plus sociologiqueCette conviction flamande heurte. Comme le disait François Heinderyckx, spécialiste des médias et chargé de cours à l’ULB, "la RTBF a initié une expérience plus sociologique qu’informative". Beaucoup de Belges se sont réveillés avec une tête lourde, certains en ont été insomniaques. Par l’émoi qu’a suscité le canular, la RTBF n’a pas mesuré à quel point l’avenir de la Belgique tiraille la population. A-t-elle bien fait ou non ? Telle est la question d’un débat au centre duquel se retrouve malgré lui le service public. (LS)
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Chirac juge le canular de mauvais goût
vendredi 15 décembre 2006, 17:33
Le président français Jacques Chirac a jugé de mauvais goût l'émission de la télévision belge RTBF, qui a fait croire à des milliers de Belges que la Flandre avait unilatéralement déclaré son indépendance, signant l'arrêt de mort de la Belgique.
Je n'ai aucun commentaire à faire sur un canular de mauvais goût, a déclaré le président français, interrogé par un journaliste lors d'une conférence de presse à la fin du sommet de l'Union européenne à Bruxelles.
Partageant lui aussi l'opinion de la classe politique belge, qui a quasi unanimement fustigé l'initiative de la chaîne publique, le Premier ministre luxembourgeois a jugé que l'émission de la RTBF était tout à fait à côté de la plaque. La Belgique a été ridiculisée. On ne joue pas avec des choses qui sont importantes aux yeux de beaucoup, a ajouté M. Juncker.
Interrompant mercredi soir ses programmes à une heure de grande écoute, la RTBF a annoncé que la Flandre, la région néerlandophone du nord du pays, avait fait sécession, que le roi avait pris la fuite en direction de Kinshasa, capitale de l'ex-Congo belge. L'impact de cet "ovni télévisuel" a été énorme en Belgique, mais aussi à l'étranger, des journaux comme Le Monde et Le Figaro en France ou El Pais en Espagne y consacrant une partie de leur "une" jeudi ou vendredi.
(d'après AFP)
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