Le Prince Laurent aurait été aidé frauduleusement par l'armée
Laurent invité à rembourser
METDEPENNINGEN,MARC
mardi 26 décembre 2006
En trois phrases, le Roi tance son cadet, bénéficiaire, même involontaire, des fonds détournés à la Marine.
A l'entame de son discours de Noël et Nouvel An, le roi Albert II s'est brièvement, mais fermement, attardé sur les soupçons de fraude au détriment de la Marine qui auraient bénéficié au prince Laurent lors de l'aménagement de sa villa de Tervuren. Sans citer nommément son fils cadet, le Roi, le visage grave, a d'abord fait sienne les déclarations récentes du gouvernement : « Personne n'est au-dessus de la loi » et « la Justice doit faire son travail en toute indépendance ». Avant de lancer ce pavé dans la mare : « Lorsque la justice établit des détournements, il me semble équitable que la réparation concerne tous ceux qui en ont tiré avantage ».
En clair : Laurent devra rembourser ce qu'il a indûment reçu grâce à l'intervention de son ex-conseiller, le capitaine de vaisseau (colonel) Noël Vaessen. Cet officier, qui sera jugé le 8 janvier à Hasselt aux côtés d'autres gradés de la Marine et d'entrepreneurs limbourgeois complices de détournements (2,2 millions), affirme que 175.000 euros ont été reçus en fournitures (décoration, matériel électroménager, etc.) par le prince Laurent et sa Fondation pour le bien-être animal.
Le « brouillon » de Verhofstadt
Jusqu'à présent, le Palais s'était réfugié derrière « l'enquête judiciaire en cours », se refusant à tout commentaire. Sans attendre le procès, le Roi est spectaculairement sorti de cette réserve.
Pour trois raisons.
1. Les accusations du colonel Vaessen, qui fut le conseiller de Laurent de 1993 à 1999, sont loin d'être vides de contenu. Un expert judiciaire, mandaté par le juge d'instruction de Hasselt, a dressé l'inventaire à la villa Clémentine des prestations dont a bénéficié le prince. Des inculpés estiment que les sommes concernées s'élèveraient non pas à 175.000 mais bien à 400.000 euros.
2. La constitution de partie civile de la Défense, annoncée par le ministre André Flahaut et sa volonté de mener une nouvelle enquête, voire de poursuivre au civil ceux qui auraient bénéficié des fonds détournés à la Marine, risquaient d'éclabousser encore plus le prince Laurent. Le Premier ministre, lui-même, avait indiqué le 12 décembre dernier que l'Etat entendait récupérer « les éventuels préjudices auprès de tous les bénéficiaires de la fraude ». Y compris donc Laurent, même s'il n'est pas poursuivi au pénal à Hasselt. Guy Verhofstadt avait ainsi « écrit le brouillon » du discours royal.
3. Selon l'adage, « mieux vaut un bon accord qu'un mauvais procès ». En invitant implicitement son fils à rembourser l'indûment perçu (qu'il ait ou non été au courant des détournements), le Roi contraint le risque d'un éventuel et humiliant procès civil, source de nouveaux déballages.
Le roi évoque les ''soucis'' de Laurent dans son discours (24/12/2006)
Le prince a été mis en cause par les allégations dans la presse de son ancien conseiller
Le roi Albert II a évoqué dimanche dans son discours de Noël et de Nouvel An, mais sans le citer, le dossier judiciaire qui touche indirectement son fils, le prince Laurent. Répétant ce qu'avait déjà indiqué le gouvernement, le souverain a affirmé qu'il lui semblait équitable, lorsque la justice établit des détournements, que la réparation concerne "tous ceux qui en ont tiré avantage". "Il est souvent question ces temps-ci d'abus de biens sociaux et de ressources publiques", affirme le roi au début de son discours, dans une allusion non dissimulée aux affaires politico-judiciaires qui agitent la Wallonie ces derniers mois, mais également au dossier judiciaire qui touche indirectement son fils cadet, le prince Laurent. "Aucune personne n'est au-dessus de la loi et la Justice doit pouvoir faire son travail en toute indépendance", a souligné le roi, paraphrasant ce qu'avait déjà affirmé le gouvernement au sujet de cette affaire princière. Albert II a ajouté que "lorsque la justice établit des détournements, il me semble équitable que la réparation concerne tous ceux qui en ont tiré avantage". Le prince Laurent a été mis en cause ces dernières semaines par les allégations dans la presse de son ancien conseiller, le capitaine de vaisseau (colonel) en retraite Noël Vaessen, inculpé dans un dossier de fraude concernant de l'argent de la Marine. Noël Vaessen accuse notamment le prince d'avoir utilisé de l'argent qu'il savait détourné pour des travaux d'embellissement de la Villa Clémentine à Tervuren. Ces allégations ont relancé le débat en Belgique sur la monarchie et la dotation royale. Le procès sur le détournement de 2,1 millions d'euros au détriment de la Marine doit débuter la deuxième semaine de janvier à Hasselt. Le prince Laurent n'y est pas inculpé. Le parquet d'Hasselt a dénoncé dernièrement une stratégie de défense dans le chef de Noël Vaessen afin de dissimuler sa propre escroquerie. Par ailleurs, dans son discours de Noël, le roi partage avec les travailleurs de Volkswagen Forest et ceux des firmes sous-traitantes leur profonde déception à la suite de la restructuration de l'usine bruxelloise. "Je sais que les autorités font tout pour trouver des solutions", dit-il. L'essentiel du discours du souverain est consacré à l'action internationale de la Belgique en faveur de la paix. Le roi insiste sur le travail créatif de la diplomatie belge, sur la présidence finissante de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et sur l'accession du royaume, ces deux prochaines années, au Conseil de sécurité des Nations Unies en tant que membre non-permanent. "C'est un beau défi pour nous", a souligné le roi. Les opérations militaires belges dans les Balkans, au Liban, en République démocratique du Congo (RDC) et en Afghanistan, ainsi que la coopération belge au développement figurent également au centre du discours royal.
Le Prince Laurent aurait bel et bien une immunité
Dans la foulée du déchainement de révélations, il est question que le Prince Laurent soit embarqué dans le procès pour escroquerie où est inculpé son ancien conseiller. Peut-être comme témoin. Pour le reste, contrairement à ce qu'a annoncé le premier ministre par communiqué hier, le Prince Laurent, sénateur de droit, disposerait bel et bien d'une immunité.
Effectivement, à partir du moment où le prince prête serment au Sénat, il est considéré comme n'importe quel autre parlementaires. Selon les juristes du Sénat, le prince dispose d'une immunité qui fonctionne jusqu'à ce qu'un dossier éventuel se retrouve envoyé devant un tribunal par la Chambre du conseil. Tout cela ne l'empêche pas de témoigner. A cette occasion-là, s'il dévoilait des éléments contribuant à sa propre incrimination, il ne pourrait, de toutes façons, pas être poursuivi sur base de ces révélations-là, suivant le principe que nul ne peut contribuer à sa propre incrimination. Le prince Laurent pourrait même être inculpé sans que son immunité ne soit levée.
Malgré les déballages dans la presse, son ancien conseiller, le colonel Vaessen, ne compte pas actuellement le faire témoigner à Hasselt en janvier. S'il est finalement appeler comme témoin, le Prince Laurent sera obligé de se présenter au tribunal.
Vaessen, la balance
Noël Vaessen a 54 ans. Membre de la très catholique Commission de la sauvegarde de la Création, ancien conseiller personnel de Laurent entre 1993 et 1999, il est, selon l'ancien chef d'état-major, l'amiral à la retraite Willy Herteleer qui pendant de longues années a été son chef, « un officier très capable et loyal qui travaillait à la Marine ».
Au cabinet du ministre de la Défense, on prétend ne pas en savoir plus sur la carrière de cet officier supérieur. Même réponse au service « alumni » (anciens élèves) de l'Ecole royale militaire...
A croire que le capitaine de vaisseau Noël Vaessen n'a jamais existé. Pourtant, même s'il n'a, à la connaissance des plus anciens à la Marine, jamais navigué, ni eu la moindre fonction à la base de Zeebruges, Vaessen a bien été officier de la Marine. Et maître d'enseignement à l'Université libre de Bruxelles, à la faculté des sciences sociales, politiques et économiques. De 1989 à 2004, il y donnait des cours sur les principes de gestion des projets télématiques.
Inculpé aujourd'hui par le juge d'instruction de Hasselt de faux en écriture, détournement de fonds publics, association de malfaiteurs, escroquerie et corruption, Vaessen était, depuis fin 1998, patron du service d'achats de la Défense, section Marine, le SDAZ. Le conseiller du Prince y gérait l'ensemble de l'important budget des gros achats (navires, missiles...) et l'octroi des contrats pour la Marine.
Ce serait par le truchement du service SDAZ que Laurent aurait, à son insu ou non, profité de certaines largesses (chiffrées à 175.00 euros) de la Marine : le SDAZ avait carte blanche sur l'emploi des budgets toujours disponibles fin novembre de chaque année, et qui normalement devaient retourner à la caisse d'Etat en cas de non-utilisation. Secret de Polichinelle : des programmes de substitution étaient inventés pour employer ces fonds. Comme dans tous les ministères.
Le prince Laurent taxé de tous les maux
L'accusateur se lâche. Mais ses affirmations semblent fragiles.
Restent les fausses factures de la Marine.
L e capitaine de vaisseau (lieutenant-colonel) Noël Vaessen se positionne à l'offensive, un mois avant l'ouverture, le 8 janvier, devant le tribunal correctionnel de Hasselt du procès à charge de 14 entrepreneurs limbourgeois et officiers de la Marine (dont lui-même) accusés d'avoir détourné des caisses de la Défense deux millions d'euros, dont 175.000 alloués au prince Laurent et à sa Fondation.
Vaessen (Le Soir des 4-5 décembre) soutient que le Prince était au courant de ces pratiques illégales ; qu'il les a encouragées pour se faire livrer des meubles, du matériel électroménager et informatique à la villa Clémentine, propriété de la Donation royale qu'il occupe à Tervuren. Il dit avoir agi pour le « bien de la Belgique et de la Royauté », niant tout enrichissement personnel même si l'enquête a révélé que de fausses factures payées par la Marine auraient servi à dissimuler des travaux exécutés dans sa seconde résidence, en Ardenne.
Dans un entretien accordé hier au Laatste Nieuws (seul média auquel il se confie), Noël Vaessen, conseiller de Laurent de 1993 à 1999, réitère ses proclamations d'innocence. Il regrette que la Justice n'ait pas voulu aller au bout du dossier en s'interdisant d'interroger le fils cadet du Roi et, a fortiori, de l'attraire devant le tribunal, ce que la seule immunité réservée au Roi aurait permis, en théorie, d'envisager.
Vaessen se livre surtout à une philippique acérée contre son ancien protégé, le qualifiant « d'obsédé par l'argent », décrivant une incommensurable âpreté au gain et lui prêtant l'ambition de se trouver un jour à la tête d'une fortune de deux milliards de dollars ainsi qu'il l'aurait confié lors d'un dîner chez les Solvay, magnats de l'industrie chimique.
Ces « propos rapportés » sont, par nature invérifiables. Et le Prince, ainsi que l'a confirmé le Palais, se refuse à répliquer ou à commenter les déclarations de son ancien mentor. Vaessen livre toutefois des informations factuelles. Que nous avons vérifiées.
1 Trois Ferrari en un jour ? Noël Vaessen prétend qu'en 1999, Laurent entre en possession de 15 millions de francs, solde du salaire d'un million de francs brut mensuel (comme l'a confirmé le Palais) que lui accordait l'Institut royal pour la gestion durable des ressources naturelles et la promotion des technologies propres (IGRT, qu'il préside) dont le versement était retardé par des incertitudes fiscales. Ce salaire a été annulé en 2001 lorsqu'il bénéficia d'une dotation publique. Vaessen prétend qu'à la réception de cette somme, Laurent s'est précipité dans un garage Ferrari, y achetant d'un seul coup « trois voitures, dont une décapotable ». A cette époque, Laurent a bel et bien acheté au garage « Francorchamps », sis à Woluwe, une Ferrari 355. Mais dix jours plus tard, il décide de l'échanger contre un modèle 512, ce que le garage accepte. Aucune trace donc, chez Ferrari, d'un achat de trois véhicules au cours d'une même journée.
2 Les turbines russes ? Vaessen prétend que Laurent, apprenant qu'un de ses anciens professeurs de l'Ecole royale militaire a mis au point une turbine à gaz à faible consommation, a tenté de mettre sur pied une société commerciale vouée à la vente de cette invention en Russie, où 300 centrales recourent à ce type de turbine. Il aurait réuni au château de Fenffe (Ciergnon) des investisseurs potentiels, s'engageant lui-même à investir 15 millions de francs. L'inventeur de cette turbine « écologique », le professeur Boris Kalitventzeff (ULg et ERM), dément que le Prince ait été associé à quelque commercialisation de son invention. « Le Prince voulait que je lui donne des cours de chimie. Je lui ai donné quelques leçons sur les sujets qui l'intéressaient ». Une société, impliquant Electrabel, fut montée autour de l'invention du scientifique. Elle ne dura pas. « Un prototype fut monté à Verviers. Un jour, le Prince vint en voir le fonctionnement, assure Boris Kalitventzeff. C'était pour voir comment ça marche. » Vaessen prétend aussi que Laurent a voulu placer l'une de ces turbines sur des navires de la Marine. « Aucune trace, nous assure-t-on à bonnes sources, ne figure
dans nos dossiers d'achat ou d'étude ».
De même, les allégations de Vaessen quant à l'octroi d'un subside de la Région wallonne de 70 millions de francs à ces projets princiers n'ont laissé aucune trace à Namur, ni dans les demandes de subsides ni dans leur octroi. Sous le sceau de l'anonymat, un observateur wallon nous déclare cependant : « Je me souviens avoir assisté à une réunion, il y a une dizaine d'années, où le Prince tentait de convaincre un ministre wallon du bien-fondé d'un projet similaire. La réponse a été non sur toute la ligne, vu le veto opposé par l'inspection des Finances et l'administration. La Région wallonne n'a pas injecté un franc dans ce projet. »
Noël Vaessen décrit encore un prince en quête permanente d'argent et lâché par sa famille. Il prétend que le gouvernement serait intervenu pour l'aménagement de la villa Clémentine, ce qui est étonnant, la villa ayant été construite sur fonds propre par la Donation royale qui l'a également équipée de quelques meubles.
Son Institut royal, c'est la niche de Laurent
L'Institut royal pour la gestion durable des ressources naturelles et la promotion des technologies propres (IRGT), que préside le prince Laurent, est une ASBL qui existe depuis 1994.
Jusqu'à l'octroi d'une dotation publique au prince Laurent en 2001 (environ 300.000 euros), celui-ci bénéficiait d'un salaire « d'expert » d'un million de francs par mois, ainsi que l'a confimé le Palais. Depuis lors, le prince Laurent, qui ne peut plus excercer « d'activités commerciales », bénéficie d'un remboursement des frais engagés dans le cadre de ses prestations pour compte de l'IGRT. « Ce ne sont pas des frais forfaitaires, mais bien le remboursement de frais réels, nous précise l'administrateur-délégué de l'IRGT, M. Jacques Wiertgen. Le prince effectue 60 à 70 visites par an, il travaille beaucoup. »
Le rôle de l'Institut, selon M. Wiertgen, est d'être une « plate-forme transrégionale » vouée à l'environnement et au développement durable. Son budget annuel est de 737.000 euros, apportés par le sponsoring privé (BNB et Dexia notamment), mais surtout (411.000 euros) par les trois Régions : 178.000 euros par la Flandre, 160.000 par la Wallonie et 73.000 par la Région bruxelloise. L'IRGT fait exécuter des études et mène des campagnes de sensibilisation.
« Je n'ai jamais rien suspecté quant à de possibles malversations liées à l'usage des fonds, explique cet ancien membre du conseil d'administration. Les ordres du jour étaient peu encombrés, et les projets soumis au conseil d'administration étaient formulés par un conseil scientifique compétent. » A propos du fonctionnement actuel de l'IRGT : « Ses conseils d'administration sont très austères. C'est sandwichs mous et limonade, concède ce membre du conseil d'administration délégué par un pouvoir politique régional. Une fois par an, on a droit à un restaurant italien, parce que le prince Laurent ne mange que des spaghettis bolognaise abreuvés de coca ! »
L'électron libre, le Palais et le gros dos
F ace à une couverture médiatique d'un genre nouveau - il est exceptionnel, en Belgique, qu'un journal donne libre cours aux propos à charge d'un ancien conseiller royal ou princier, si l'on excepte le précédent d'Herman Liebaers, ex-grand maréchal de la Cour, qui avait contesté en interview la capacité à régner de Philippe - le Palais fait le gros dos. Ni démenti, ni commentaire, ni consultation d'avocat.
« Pas de commentaire avant le procès », relaie le porte-parole Michel Malherbe. Mot d'ordre : « N'interférer en aucune manière avec la justice. » Pas de réaction, donc, au « témoignage par voie de presse d'une personne mise en cause par la justice ».
Un principe, par contre, que tout prince ou roi est censé respecter : le statut de membre de la famille royale ne peut être utilisé pour amasser des gains privés. Ce n'est pas une règle juridique formelle, mais une coutume à laquelle chacun est censé veiller, gouvernement compris, pour éviter tout conflit d'intérêt.
Laurent, l'électron libre du Palais, a-t-il trahi cette coutume ? La justice le dira. Pour l'heure, une chose est sûre : le Palais ne contrôle pas Laurent - peut-être même y a-t-il renoncé. Ainsi, le Prince ne fait-il guère appel au service de presse du Palais, sauf pour la convocation des médias lors de la naissance de ses enfants. Sinon, il organise lui-même sa communication, que ce soit quand il est mis en cause pour le choix d'un parrain ou pour la publication de photos de ses jumeaux. Au Palais, l'entourage du Prince se limite d'ailleurs à deux personnes : son conseiller Georges Vanlherbergen (successeur de Vaessen) et un secrétaire.
Se plaignant depuis des années de gêne financière, Laurent ne manque pas de choquer une partie du public. La reconnaissance par le Palais qu'il percevait bien, durant les années 90, un million de francs par mois n'améliorera pas les choses.
Surtout si l'on ajoute que, outre sa dotation, ses dépenses relevant de la liste civile (frais de chauffage, électricité, gaz, eau, téléphone, essence, voitures...) sont exonérées d'impôts et de taxes (essentiellement la TVA). Ce qui rend leur consommation ou usage largement plus abordable que pour le commun des mortels...
L'argent du Prince
Depuis le 1 er juillet 2001, le prince Laurent bénéficie d'une dotation annuelle, indexée et nette d'impôts. Elle se monte à 300.000 euros et découle d'une loi votée par le Parlement. A cette date, le Prince a renoncé aux traitements qu'il percevait de sa Fondation et de l'IGRT (le palais confirme que « le chiffre d'un million (francs belges par mois) est correct »). Officiellement, le prince ne bénéficie plus d'aucun autre revenu désormais que sa dotation.
Mais Laurent est logé avec sa famille à la villa Clémentine, à Tervuren, qui est la propriété de la Donation royale, c'est-à-dire de l'Etat. Il s'y retrouve dans la situation classique du locataire vis-à-vis de son propriétaire. « Tous les gros travaux, explique Michel Malherbe, porte-parole du Palais, sont à charge de la Donation et l'entretien courant est supporté par le prince. »
Les Ferrari, les montres suisses, évoquées dans la presse flamande ? « Ces achats éventuels pourraient avoir été financés par de l'argent provenant de traitements perçus par le prince avant 2001 », répond le Palais.
Les séances de photo soi-disant monnayées et organisées pour la presse people ? « Le service de presse du Palais organise des séances photos en pool, pour tous les médias. Nous n'avons pas d'autre commentaire », répond Michel Malherbe.
D'autres membres de la famille royale bénéficient d'une dotation, selon le même principe. La reine Fabiola reçoit 1.388.000 euros, le prince Philippe 888.000 euros et la princesse Astrid 312.000 euros (base 2005). Le Roi, lui, est doté d'une liste civile, inscrite dans la Constitution et fixée par la loi pour la durée du règne. Cette liste (8.195.000 euros en 2005) reprend la totalité des moyens que la Nation met à sa disposition comme chef de l'Etat pour lui permettre d'exercer sa fonction royale « en toute indépendance morale et matérielle ».
Parmi ces moyens, une dotation couvre ses dépenses de personnel (67 %), ses frais d'entretien des domaines (12 %), ses frais de ménage (1,7 %), son parc automobile (4,4 %), etc. Le Roi habite, aux frais de l'Etat, le palais de Bruxelles et le château de Laeken, où sont exposés les objets d'art de la Collection royale.
Le Belvédère, le Stuyvenberg, les châteaux de Ciergnon et de Fenffe sont mis à disposition par la Donation royale. Les biens personnels du Roi, dont la résidence Les Romarins, dans le Sud de la France, et son yacht, sont gérés comme il l'entend - et imposés.
En 2003, des sénateurs CDH ont déposé une proposition de loi posant un cadre légal à l'attribution de dotations à l'héritier présomptif au trône et à son premier successible, âgés de 18 ans minimum. Pour leur conférer « dignité et neutralité ».
A l'inverse, des députés et sénateurs du Vlaams Belang ont déposé d'autres propositions de loi abrogeant la loi de 1993, fixant la liste civile et les dotations de toute la famille royale. Motif ? Le Roi disposerait, à l'étranger, d'une « considérable » fortune personnelle, acquise « de manière scandaleuse » durant l'époque coloniale au Congo.
L'armée escroquée, le gouvernement réagit
Le gouvernement belge s'est constitué partie civile par le biais du ministre de la Défense et a introduit une action en vue de récupérer les éventuels préjudices que l'Etat a subis vis-à-vis de tous les bénéficiaires de la fraude.
e dossier concerne des militaires et des entrepreneurs qui auraient escroqué l'armée. Le prince Laurent n'est pas cité à comparaître mais il aurait profité du montage frauduleux mis en place pour la réalisation de travaux dans sa villa.
Ce mardi, le quotidien "Het Laatste Nieuws" a commencé la publication d'articles tirés d'un entretien que lui a accordé un ancien conseiller du prince, le colonel Noël Vassen. Selon l'officier de marine, le prince a participé à la fraude.
L'officier Vassen est l'un des suspects dans cette affaire de fraude dans laquelle des militaires et des hommes d'affaires sont cités. Ils auraient agi au préjudice de l'armée. Le prince Laurent aurait été l'un des bénéficiaires.
"Le prince a participé à la fraude. Il le savait vraiment. La justice ne veut pas contrôler cela en profondeur. Je veux témoigner ouvertement car je crains que tout cela soit étouffé", affirme le militaire.
Le colonel Vassen s'exprimera durant trois jours dans les colonnes du journal flamand sur un livre concernant les "années folles" du fils cadet du roi Albert II
Dans son communiqué, le premier ministre a précisé une nouvelle fois que le prince ne bénéficiait d'aucune immunité. Elle ne s'applique qu'au roi et non aux membres de la famille royale.
(D'après Belga)
Il appartient à la justice de déterminer si des fautes ont été commises, a souligné mardi le président du sp.a Johan Vande Lanotte à propos du procès qui s'ouvrira le 8 janvier à Hasselt. Si tel était le cas, celles-ci devront être corrigées et il faudra indemniser, a-t-il ajouté, interrogé au cours de l'émission Ter Zake (Canvas).
Aux yeux du président des socialistes flamands, ce serait encore plus grave s'il apparaissait que l'on avait voulu étouffer certaines affaires. Tout le monde, même le prince, doit être placé devant ses responsabilités si des fautes ont été commises, a-t-il encore dit. Pour le reste, M. Vande Lanotte a souscrit au communiqué diffusé en fin d'après-midi par le premier ministre.
Un colonel mouille le prince Laurent
La marine s'est montrée très généreuse avec son lieutenant-colonel. Jusqu'à l'abus ? Un procès en janvier.
L e Prince était demandeur. Il savait que nous arrangions les choses. » L'homme qui s'exprime ainsi s'appelle Noël Vaessen. Colonel à la Marine, il fut le conseiller du prince Laurent. Il est impliqué, avec une quinzaine d'autres officiers et d'entrepreneurs limbourgeois, dans une affaire de fausses factures. Dans ses explications, relayées par son avocat, il mouille le fils cadet du Roi : « Il n'a jamais reçu d'argent. Mais en tant qu'officier supérieur de la Marine, il ne touchait aucun salaire et trouvait normal que nous lui trouvions une rémunération alternative. »
Un procès s'ouvrira en janvier à Hasselt. Il y sera question de faux, de détournements et de corruption. Les inculpés utilisaient des excédents budgétaires de la Marine pour offrir des « cadeaux » au Prince : travaux, mobilier, électroménager... Il y en aurait pour 175.000 euros.
Le colonel Vaessen figure en bonne place parmi les inculpés. Laurent, lui, n'a pas été inquiété. Et pourtant, selon son ex-conseiller, il était parfaitement au courant de l'origine des fonds dont il bénéficiait. L'avocat de l'officier ne compte donc pas en rester là : « Nous envisageons de faire citer le Prince comme témoin lors du procès », affirme-t-il.
Laurent "instrumentalisé" malgré lui ?
Une affaire de détournements de fonds publics concerne aussi des marchandises et des services pour la villa du prince Laurent. Le Palais est muet pour ne pas influencer le procès. Et le Prince en a même perdu son sourire.
Participant vendredi matin au Sénat - voir ci-dessous - à une séance solennelle à l'occasion des 20 ans de la loi sur la protection animale, Laurent de Belgique n'avait guère le coeur à la fête. C'est que le Prince se retrouve malgré lui dans une affaire de détournements de fonds dans lesquels il est question de marchandises et de services offerts pour aménager dans les années 90 la Villa Clémentine à Tervuren où il s'est installé à cette époque.
C'est le "Laatste Nieuws" qui a révélé qu'un procès concernant ce dossier s'ouvrira le 8 janvier 2007 devant le tribunal correctionnel d'Hasselt. Erwin Steyls, porte-parole du parquet de la capitale du Limbourg a confirmé l'information. De fait, quinze suspects dont des entrepreneurs limbourgeois mais aussi des officiers de marine doivent répondre de faux en écriture, détournement de fonds publics, association de malfaiteurs, escroquerie et corruption. Que vient faire la Villa Clémentine dans cette affaire ? Des entreprises toutes limbourgeoises ont livré des marchandises et des services pour des travaux d'aménagement à la résidence du fils cadet du Roi et de la Reine. Selon le parquet d'Hasselt, il faut préciser que rien n'indique dans le dossier que l'occupant des lieux aurait été au courant de ces actes illégaux. Ce n'est cependant pas l'avis de l'ancien conseiller du Prince, le colonel Noël Vaessen, partie prenante dans le dossier. A nos confrères du "Laatste Nieuws", celui qui encadrait le Prince après l'accession au trône d'Albert II a en effet affirmé que si la Donation royale avait bien offert et construit une résidence pour Laurent, celle-ci était loin de bénéficier du confort attendu.
Même pas de casseroles !
Non seulement, il y avait des problèmes d'infiltration d'eau dans les caves mais elle n'était nullement aménagée, manquant même de tables, de chaises voire d'un lit ! En fait, selon le colonel, le Prince n'était guère aidé financièrement par ses parents, ce qui l'aurait amené à s'en ouvrir à ses amis de la Marine ! Ces derniers auraient donc donné un coup de pouce à celui qu'ils considéraient des leurs, sorte de mascotte moderne en lui offrant une machine à laver, un four à micro-ondes, des tapis et même une batterie de cuisine... Dans la foulée, la Marine aurait également aidé la Fondation du Prince pour le bien-être animal en participant à la création de dispensaires pour soigner les animaux des plus démunis.
175 000 euros
Des membres du service logistique de la Marine auraient notamment utilisé en fin d'exercice les budgets qui lui étaient destinés afin de ne pas devoir les rendre à l'Etat et surtout pour ne pas voir les budgets se restreindre aux exercices suivants. Globalement il est question de 175 000 euros qui auraient été écoulés via un système de fausses factures et cela de toute évidence au détriment de l'Etat.
Le colonel Vaessen est lui-même accusé d'avoir détourné une partie de ces fonds. Ce qui ne l'a cependant pas empêché de préciser dans le "Laatste Nieuws" qu'il ne s'est certainement pas enrichi personnellement et qu'il n'avait pas vu malice à ce que l'on aide de la sorte le prince Laurent. Et de parler d'"une manière créative" d'aider celui-ci...
Le Prince à la barre ?
On comprend que ces détails embarrassent fort le Palais royal et l'armée qui se taisaient vendredi dans toutes les langues nationales. Un "no comment" néanmoins justifié par le fait que toute intervention dans un sens ou dans un autre pourrait influencer le procès.
Le prince Laurent n'est pas, rappelons-le, encore une fois, mis en cause mais cela n'empêcherait pas le tribunal de l'appeler à la barre comme témoin. En effet, selon l'article 88 de la Constitution, seul le Roi bénéficie de l'immunité de juridiction. C'est ce qui fait qu'il n'était pas intervenu dans le procès contre Jean Nicolas, dans la foulée de l'affaire Dutroux. Par contre, les autres membres de la famille royale peuvent très bien être cités mais on n'en est, évidemment, pas encore là ! D'autant plus qu'au tribunal d'Hasselt, on nous a bien précisé que le colonel Vaessen est impliqué dans le dossier et qu'il ne faut pas l'oublier lorsque l'on entend sa version des faits...
© La Libre Belgique 2006
Le Prince Laurent aurait été aidé frauduleusement par l'armée
Le Prince Laurent a bénéficié à la fin des années nonante d'une aide financière de la Marine belge via des pratiques suspectées frauduleuses. C'est ce qui ressort d'une action introduite récemment devant le tribunal correctionnel de Hasselt.
Plusieurs entreprises limbourgeoises ont livré des marchandises et des services à la Villa Clémentine à Tervuren, où le prince habite, et à la Fondation Prince Laurent, qui dispose de dispensaires à Bruxelles et à Liège. Ces sociétés ont fait payer par la Marine des prestations pour quelque 7 millions de francs, soit environ 175.000 euros, probablement via un système de fausses factures, au détriment de l'Etat, selon le parquet.
Quinze suspects, dont des officiers de la marine et des chefs d'entreprise doivent à présent répondre de faux en écriture, détournement de fonds publics, association de malfaiteurs, escroquerie et corruption. Le Prince Laurent lui-même n'est pas mis en cause. "Le sommet de l'armée belge était au courant d'un 'système' visant à soutenir le Prince Laurent via la marine. Le prince lui-même était demandeur pour obtenir de l'aide lors de l'installation et de l'entretien de sa villa et l'aménagement de cliniques pour animaux. Il n'avait pas assez d'argent pour tout payer lui-même", affirme son ancien conseiller, le colonne Noël Vaessen. L'affaire sera examinée les 8 et 12 janvier par le tribunal correctionnel de Hasselt.
Une information du journal “Het Laatste Nieuws”.
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