10 décembre 2006

Delors dénonce un "moteur" qui ne fonctionne plus

Pour le père du marché unique et l'un des créateurs de l'euro,

la crise que traverse l'Union européenne vient avant tout de ce que le "triangle de base", formé par la Commission, le Parlement européen et le Conseil (représentant les Etats membres) "ne fonctionne plus", a-t-il expliqué devant le congrès du Parti socialiste européen.


L'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors a demandé vendredi à Porto qu'on s'intéresse moins au "design" de la Constitution et qu'on "soulève le capot" de l'Europe pour regarder "un moteur qui ne fonctionne" plus.
Pour le père du marché unique et l'un des créateurs de l'euro, la crise que traverse l'Union européenne vient avant tout de ce que le "triangle de base", formé par la Commission, le Parlement européen et le Conseil (représentant les Etats membres) "ne fonctionne plus", a-t-il expliqué devant le congrès du Parti socialiste européen.
La Commission, qui a le droit d'initiative, "devrait travailler d'une manière permanente avec le Parlement européen et le Conseil des ministres, sélectionner les textes que l'on peut proposer, les textes vraiment indispensables".
Mais pour cela, observe M. Delors, "il faut à nouveau un vrai Conseil des Affaires générales" et non une réunion mensuelle des ministres des Affaires étrangères qui, "ayant parlé géopolitique au cours du déjeuner, s'en vont ensuite et laissent à un secrétaire d'Etat sans instructions le soin de décider".
Pour sortir l'Europe de la crise, il faut "rétablir ce triangle institutionnel et que les chefs d'Etat arrêtent de négliger la Commission", affirme celui qui a tenu les rênes à Bruxelles de 1985 à 1994.
"Si on revenait à cette pratique élémentaire", estime-t-il, "le Conseil européen retrouverait son rôle qui est de se prononcer sur deux ou trois orientations fondamentales". Selon lui, "l'expérience historique de la construction européenne montre que, s'il n'y a pas un minimum de confiance entre les Etats membres, il est impossible de progresser".
"Or, actuellement, ce minimum de confiance entre les Etats n'existe plus", estime Jacques Delors, qui dénonce "les effets d'annonce agressifs" auxquels s'abandonnent les dirigeants européens. "Il faut admettre qu'il y a des divergences profondes entre les Etats membres sur les finalités de l'Union", affirme M. Delors. "Il vaudrait mieux faire surgir ces problèmes", estime-t-il.

Erasmus touche 150 000 étudiants l'an


La Commission européenne a lancé hier une campagne anniversaire pour saluer son programme fétiche. En 2007, l'allocation passera à 200 euros en moyenne par mois et par étudiant.L'Espagne reste la destination préférée.


Près de 5 000 étudiants belges partent chaque année sur les traces d'un célèbre humaniste hollandais du XVe siècle, qui quitta Rotterdam pour étudier à Paris, Oxford, Padoue, Cambridge, Louvain et Bâle.
Erasme est bien mort et enterré, mais pas le programme Erasmus de la Commission européenne qui va fêter ses vingt ans en juin prochain. "Ce programme est le symbole de ce que l'Europe fait de mieux, à savoir une Europe concrète, des résultats", s'est félicité hier le président de la Commission Jose Manuel Barroso, en dressant un bilan avancé.
Erasmus a été lancé le 15 juin 1987 par la Commission européenne, à un moment où elle disposait d'une grande liberté de manoeuvre et déjà d'un petit programme d'échanges académiques. Le but d'Erasmus était de renforcer l'identité européenne et d'accroître la compétitivité en matière d'éducation.
Le budget initial ? Pas plus de 21 millions d'écus l'an. Trois mille étudiants se lancèrent dans l'aventure. Aujourd'hui, le budget avoisine les 400 millions d'euros par an, et 150 000 étudiants en profitent chaque année, soit un pour cent de la population étudiante européenne.
Destinations préférées : l'Espagne - la destination soleil, tapas et fiesta du film " L'auberge espagnole " - puis, la France, la RFA, le Royaume-Uni et l'Italie.
Avec son succès, le budget d'Erasmus augmente mais la valeur réelle de la bourse étudiante a baissé au cours des ans.
Une aide à compléter
Aussi le commissaire européen Jan Figel a indiqué jeudi, lors d'une conférence de presse, qu'en 2007, l'année anniversaire, la contribution mensuelle par étudiant passera, en moyenne, de 140 à 200 euros.
Le principe d'Erasmus est que l'Union européenne (UE) finance la différence de coût liée à l'expatriation. Dans la pratique, cette allocation ne permet pas aux étudiants de vivre décemment. Beaucoup complètent par des aides de leur université d'origine, des autorités, des entreprises, ou de leurs parents. Beaucoup ont aussi des problèmes pour trouver un logement, spécialement dans les villes universitaires prisées comme Salamanque, Barcelone ou Valence.
Jan Figel a exclu hier que l'UE fixe des quotas pour rééquilibrer la dispersion géographique des étudiants. Il a aussi précisé que plusieurs événements célébreront le 20e anniversaire, dont un " Erasmus Day " dans chaque pays membre.
Pour s'enrôler dans Erasmus, l'étudiant doit avoir entamé un programme d'études dans un des 31 pays participants (les 25, plus la Roumanie, la Bulgarie, la Norvège, le Liechtenstein, l'Islande et la Turquie). Il doit au moins avoir réussi sa première année.
Les premiers contacts se prennent auprès du bureau des relations internationales ou d'Erasmus de leur université.
Ce programme s'adresse aussi aux enseignants. Plus de 20 000 en ont bénéficié en 2004-2005, ce qui représente 1,9 pc de l'ensemble des professeurs d'université dans l'Union.
Erasmus Mundus, le nouveau
A noter qu'il existe aussi, depuis deux ans, le programme "Erasmus Mundus" qui permet à des étudiants en master de pays tiers de venir en Europe. Les universités américaines participent à ce programme, sur une base bilatérale, ce qui permet des échanges dans l'autre sens, vers les Etats-Unis. Enfin, Barroso a aussi proposé l'année dernière la création d'un Institut européen de technologie (IET) pour faire, modestement, concurrence au Massachusetts Institute of Technology (MIT), proche de Boston (Etats-Unis), le leader mondial pour l'enseignement et la recherche en science et en technologie.

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