08 novembre 2007

Yves Leterme reste formateur

Ce jeudi, le roi Albert II a reçu Yves Leterme en audience au Château du Belvédère. Le Roi confirme qu'Yves Leterme poursuit sa mission de formateur. Albert II demande aussi un "dialogue" pour rapprocher Flamands et Wallons.

Yves Leterme est sorti du château du Belvédère. Il a été reçu en audience par le Roi Albert II pendant près d'une heure et demie. Il devait lui faire son rapport, le sixième, afin de faire le point sur la situation politique après le vote intervenu mercredi en commission de l'Intérieur de la Chambre visant à scinder l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Tous les journalistes guettaient sa sortie, mais Yves Leterme n'a fait aucun commentaire.

Mais le palais l'a communiqué ce jeudi après-midi : le Roi a demandé à Yves Leterme de "poursuivre sa tâche afin qu'un gouvernement fédéral puisse être rapidement constitué. Ceci est important pour le bien être de tous les citoyens de notre pays, pour la crédibilité de la Belgique et sa nécessaire cohésion".

Herman Van Rompuy et Armand De Decker

D'autre part, le communiqué ajoute que le Roi recevra ce week-end les présidents de la Chambre des Représentants et du Sénat, Herman Van Rompuy et Armand De Decker pour leur demander de prendre une initiative afin d'entamer un dialogue sur la poursuite de l'élaboration équilibrée de nos institutions et un renforcement de la cohésion entre les communautés.

Herman Van Rompuy et Armand De Decker se sont entretenus durant une vingtaine de minutes jeudi après-midi. A sa sortie de la présidence de la Chambre, Armand De Decker a juste déclaré qu'il fallait disposer d'un gouvernement "rapidement", qu'il importait de "retrouver le sens de l'équilibre entre les Communautés" et d'œuvrer au "bon fonctionnement de l'Etat".

Dans une des phases antérieures de la négociation, une des pistes retenues avait déjà été de confier à Herman Van Rompuy et Armand De Decker la coprésidence d'une commission spéciale, appelée aussi Comité des Sages, une instance extérieure au gouvernement, qui devrait réunir des représentants de toutes les formations démocratiques pour préparer une future réforme de l'Etat.

Le communiqué du palais laisse entendre qu'on pourrait accélérer la mise en place de cette instance pour rassurer les partis flamands demandeurs d'une réforme de l'Etat. Après l'épisode du vote en Commission de l'Intérieur de la Chambre des propositions de loi flamandes de scission de l'arrondissement de BHV, le volet institutionnel de la négociation semble de plus en plus menacé. La confirmation que l'institutionnel serait confié à une instance extérieure devrait aussi satisfaire le cdH qui rappelait son exigence en la matière mercredi soir.

Enfin le communiqué conclut que "entretemps, le formateur aura des entretiens bilatéraux préparatoires avec les quatre chefs de délégations". L'interprétation de cette dernière phrase n'est pas claire. Cela pourrait signifier qu'il n'y aura pas de vraie reprise des négociations tant que le dialogue institutionnel ne sera pas renoué sous la houlette des présidents de la Chambre et du Sénat. Dans ce cas, il n'est pas sûr qu'il soit possible de satisfaire au premier souhait du Souverain à savoir de constituer rapidement un gouvernement.

Les réactions des partis

La présidente du cdH, Joëlle Milquet, a déclaré que son parti était satisfait de la démarche du Palais de demander aux présidents de la Chambre et du Sénat d'entamer un dialogue sur la poursuite de l'élaboration équilibrée de nos institutions et un renforcement de la cohésion entre les Communautés.

Cette démarche s'inscrit bien dans le cadre du geste fort demandé dès mercredi soir par les présidents francophones, a-t-elle dit. Après le vote de mercredi, les négociations sont évidemment suspendues. Il faut certes un gouvernement rapidement, mais on ne pouvait pas faire comme si rien ne s'était passé. Il faut maintenant restaurer la confiance et le respect mutuel avant de pouvoir reprendre les négociations, selon Joëlle Milquet.

Didier Reynders, président du MR, a indiqué à l'issue de la réunion de l'intergroupe parlementaire de son parti que les négociations gouvernementales sont arrêtées et ne pourront reprendre que lorsqu'un signal sera donné que la confiance entre les communautés est restaurée.

Didier Reynders ne conteste pas le choix du Palais d'avoir maintenu Yves Leterme au poste de formateur mais il attend qu'il fasse la preuve qu'il peut se situer au-dessus des revendications flamandes.

Quant au président du FDF, Olivier Maingain, interrogé dans les couloirs du MR, il voit dans le communiqué du Palais la confirmation de la thèse selon laquelle les négociations gouvernementales et institutionnelles sont désormais dissociées.

Le PS se demande comment les négociateurs de l'Orange bleue pourront arriver rapidement à former un gouvernement sans que son aile francophone s'aplatisse face aux revendications flamandes, étant donné que le CD&V et l'Open VLD continuent à refuser de dissocier les volets socio-économique et communautaire.

Ecolo se dit surpris qu'après 150 jours et beaucoup de blocages, on n'ait pas tenté, au lendemain du vote Flamands contre Francophones sur BHV, "d'explorer d'autres voies". La coprésidente d'Ecolo Isabelle Durant ne comprend pas non plus que l'on n'ait pas invité Yves Leterme "à faire un pas de côté".

Le CD&V s'est dit satisfait après l'annonce par le Palais de la volonté du Roi de confier une mission aux présidents de la Chambre et du Sénat afin de renouer le dialogue institutionnel. Le CD&V ajoute que le formateur doit rapidement réunir les négociateurs pour conclure les discussions avec succès.

La N-VA a pris connaissance du communiqué du Palais mais ne souhaite pas réagir pour le moment. "Le parti attend d'avoir plus de précisions avant de prendre position", a indiqué le porte-parole de la N-VA, Piet De Bruyn.

Conflit d'intérêts adopté

Par ailleurs la Commission des Affaires générales du Parlement de la Communauté française a adopté à l'unanimité jeudi en fin d'après-midi la proposition de motion signée par les quatre groupes politiques de l'assemblée (PS, MR, cdH et Ecolo), relative à un conflit d'intérêts suscité par le vote en Commission de la Chambre sur la scission de BHV.

Le parlement de la Communauté française déclenche donc la procédure du conflit d'intérêts qui bloque pour maximum 120 jours le parcours législatif des propositions de loi flamandes de scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Dans un premier temps, cette procédure prévoit une concertation entre les assemblées parlementaires. Si cette concertation n'aboutit pas dans les 60 jours, le Sénat est saisi du litige et rend dans les 30 jours un avis motivé au Comité de concertation qui a alors lui aussi 30 jours pour trouver un consensus.


Le MR annonce l'arrêt des négociations

Les négociations gouvernementales sont arrêtées et ne pourront reprendre que lorsqu'un signal sera donné montrant que la confiance entre les communautés est restaurée, a indiqué jeudi le président du MR, Didier Reynders, à l'issue de la réunion de l'intergroupe parlementaire de son parti. "Pour nous, les négociations sont arrêtées. Il n'y a plus de négociations en cours et nous ne souhaitons pas qu'il y en ait dans les heures et les jours qui viennent. Nous voulons voir d'abord comment un minimum de confiance entre les deux communautés peut être restauré avant de reprendre quoi que ce soit", a-t-il expliqué, sans toutefois donner plus de précisions sur la nature du signal attendu. Comme il l'a dit mercredi, M. Reynders considère que le vote en Commission de l'Intérieur constitue une agression. La Flandre a fait comprendre aux francophones qu'elle pouvait se passer d'eux. Il faut y prendre garde: il était question de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde mais demain, il peut s'agir d'autres matières. "C'est une faute commise par un ensemble très large de représentants politiques flamands, de l'extrême-droite jusqu'au parti socialiste, et qui dépasse le cadre d'une discussion entre majorité et opposition", a-t-il ajouté. Le président du MR attend maintenant les initiatives que prendront les présidents de la Chambre et du Sénat. Il pourrait, dans ce cadre-là, réunir à nouveau les présidents des partis francophones et il le fera certainement avant la reprise des négociations. Il considère que les accords intervenus entre les négociateurs de l'orange bleue sont acquis, si du moins les discussions reprennent avec les mêmes partenaires, a-t-il précisé.Par ailleurs, M. Reynders ne conteste pas le choix du Palais d'avoir maintenu Yves Leterme au poste de formateur mais il attend qu'il fasse la preuve qu'il peut se situer au-dessus des revendications flamandes. "Il appartiendra un jour au formateur de faire les preuves qu'il peut s'éloigner des thèses de son propre parti ou de sa propre communauté", a-t-il souligné. Quant au président du FDF, Olivier Maingain, interrogé à l'issue de la réunion de l'intergroupe parlementaire, il voit dans le communiqué du Palais la confirmation de la thèse selon laquelle les négociations gouvernementales et institutionnelles sont désormais dissociées. Selon lui, mardi, les partis flamands "ont joué à la roulette russe et ont perdu". (belga)

Orange bleue : Didier Reynders se tait dans toutes les langues

Source:Info Radio La Première - 8 nov 2007 12:35

Grand absent des ondes et des flots de commentaires ce jeudi matin, le président du MR Didier Reynders a tout de même communiqué, « off record », qu’il ne piperait mot tant que le (toujours) formateur Yves Leterme (CD&V) n’aurait pas quitté le palais royal ! Or, Yves Leterme a annoncé qu'il rencontrerait le Roi à 13 heures 30 ce jeudi.

Les négociations de l’Orange bleue sont suspendues pour une période indéterminée. C'est le calme après la tempête, et le (toujours) formateur Yves Leterme va faire rapport au Roi en début d'après-midi.

Le parlement de la Communauté française déclenchera la procédure de conflit d'intérêt ce vendredi seulement. Cela aura pour conséquence de mettre ce débat entre parenthèses pour au moins soixante jour.

Les partis francophones de l'Orange bleue prendront attitude la semaine prochaine sur la suite des négociations gouvernementales.

A priori, l'Orange bleue vit toujours. C'est donc à Yves Leterme et à son parti de reprendre l'initiative. Mais la confiance n'y est plus. Les partis flamands, avec le soutien de son extrême-droite, ont imposé la loi du plus fort, et Yves Leterme a une nouvelle fois montré qu'il était davantage le porte-parole de sa communauté qu'un premier ministrable au-dessus des parties.

Si l'Orange bleue doit survivre à ce coup de force, dans quelles conditions le pourra-t-elle ? Du côté des négociateurs francophones, aussi bien au MR qu'au cdH, on appelle à mettre de côté l'institutionnel et à se concentrer sur ce qui est important pour les gens.Du côté flamand, au CD&V et à la N-VA, on a rappelé dès ce mercredi soir qu'il fallait une importante réforme de l'état. MR et cdH risquent donc de devoir avaler d'autres couleuvres.

Parallèlement, le président du PS, Elio Di Rupo, qui ne participe pas à ces négociations sur la formation d’un gouvernement fédéral, a fait savoir sur les ondes de La Première (RTBF) qu’il n’était pas question, selon lui, de « suspendre » les négociations, mais bien de les « interrompre » purement et simplement.

La Belgique est à un tournant de son histoire, et la Flandre ne manquera pas à nouveau de faire savoir qui est le plus nombreux et le plus riche dans ce pays.

Les réactions sur le site de Matin Première et sur le site de au Quotidien

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