L'orange bleue ? Le Bronx !
Le front francophone a vacillé
Les allusions du PS à la complicité du MR dans le vote sur BHV créent l'incident au Parlement francophone. Le conflit d'intérêt a tout de même été largement adopté.
Le chef du groupe PS à la Communauté française avait beau avoir annoncé jeudi qu'il ferait part de ses questionnements sur l'éventuelle stratégie orange bleue qui se serait cachée derrière le vote sur BHV à la Chambre, son intervention en séance plénière vendredi a fait l'effet d'une bombe au beau milieu du front francophone. Dans un style virulent qu'on ne lui connaissait pas - et pour cause -, Léon Walry provoqua d'abord le chahut des libéraux, leur colère ensuite, leur sortie de l'hémicycle enfin.
Qu'a dit au juste l'élu socialiste ? Brandissant la presse de vendredi matin, il s'est demandé ce qu'il "fallait penser des suspicions, des rumeurs, du jeu de dupes, et des affirmations de mise en scène par le MR et le CD & V sur BHV. Nous ne pouvons pas croire que les francophones se seraient fait humilier par les partis flamands avec la complicité d'un parti francophone."
Léon Walry voulut poursuivre son intervention en soulignant que les francophones devaient désormais être unis, et d'abord lors du vote de la motion relative au conflit d'intérêt prévu ce jour, mais il n'en eut pas l'occasion. Le MR avait pris la porte, non sans lui avoir lancé quelques mots bien sentis : "honteux", "fossoyeur", "vous brisez l'unité francophone".
S'en suit une interruption de séance, durant laquelle le MR improvise une conférence de presse. Françoise Bertieaux, furieuse, se dit choquée : "Je peux comprendre le chahut des régionalistes du PS, cette journée "francophone" est difficile pour eux, mais ce qu'a fait M. Walry est honteux. Le PS est frustré de ne pas être aux négociations."
Quelques minutes plus tard, c'est au tour de M. Walry de s'expliquer devant les journalistes, et notamment ceux des télés flamandes, qui ne peuvent réprimer un sourire. "Le vote de la motion va avoir lieu, pour démontrer que les francophones sont unis", lance-t-il, enfin calmé. "Tout ceci résulte d'une différence d'information entre ce que nous savions hier, quand nous avons rédigé ce texte avec les autres groupes, et ce que savons aujourd'hui, après avoir vu la presse."
Plus de revue de presse...
Une brève réunion de chefs de groupe plus tard, la cloche du Parlement retentit, sonnant la fin de la récréation.
La séance plénière reprend là où on l'avait laissée. M. Walry termine en appelant à un dialogue entre tous les partis démocratiques, du nord comme du sud du pays. Ses coreligionnaires approuvent... et eux seuls.
Marcel Cheron, pour Ecolo, au-dessus de la mêlée, recueillera les bravos de tous. "Je ne ferai pas de revue de presse", dit-il. "J'ai vu comme c'était dangereux. Nous ne sommes pas en train de nous prononcer sur des arrière-pensées, mais sur un vote qui a eu lieu. Par cette motion, réaction normale et graduée, nous ne lançons pas un message de guerre mais un appel au dialogue et à la concertation."
Sur le même ton consensuel, Anne-Marie Corbisier (CDH), citera Tahar Ben Jelloun : "Une communauté qui se replie sur elle-même court droit dans le mur." "Voilà sans doute à quoi n'ont pas réfléchi nos voisins du Nord. Aujourd'hui, nous votons donc cette motion, mais sans avoir recours aux voix des extrémistes." Applaudissements nourris.
Voilà le front francophone raccommodé, provisoirement en tout cas. La motion, devant recueillir les trois quarts des voix, pouvait donc être adoptée. Elle le sera par 82 pour et 3 abstentions. Mais qu'aura pensé le peuple flamand en regardant hier soir le spectacle offert par le Parlement francophone ?
Le cartel se dit prêt à saborder le navire
Ceux qui pensaient que le cartel flamand formé par le CD&V et la N-VA était au bord de l'implosion en seront pour leurs frais. Et ceux qui pensaient que le même cartel s'apprêtaient à laisser sa "grande réforme de l'Etat" sur le bas-côté de la voie orange bleue en seront, également, pour leurs frais.
Van Rompuy et De Decker reçoivent l'ensemble des partis
Les présidents de la Chambre et du Sénat, Herman Van Rompuy et Armand De Decker, ont entamé samedi la consultation des présidents de partis politiques démocratiques en recevant à 11 heures, dans les salons de la présidence du Sénat, les chefs de file d'Ecolo, Jean-Michel Javaux et Isabelle Durant.
Un gouvernement, et vite !
C'est le souhait que le Roi a transmis à Yves Leterme.Les présidents de la Chambre et du Sénat vont se charger de la préparation des discussions institutionnelles.Mais Reynders estime que les négociations sont arrêtées et attend un geste...
On se souviendra longtemps, encore, de la négociation de ce gouvernement Leterme 1er, de ses coups dans l'eau, de ses coups d'éclats, de ses coups de gueule, de ses coups foireux, de ses coups fourrés. Résumons les faits du jour : le Roi a invité Yves Leterme à poursuivre et à accélérer la formation du gouvernement fédéral mais cette fois, en découplant l'institutionnel des autres matières. Toutefois, alors que ce scénario correspond à leurs souhaits, les francophones, toujours choqués par l'agression de la veille (le vote flamand sur BHV) exigent des Flamands des marques, si pas de tendresse et d'affection, du moins de respect.
Vifs incidents PS-MR au parlement de la Communauté
Edito: Plus belge que ça, tu meurs!
Contrairement à ce qui s'était passé la veille en Commission, le débat en séance publique sur la proposition de motion sur le conflit d'intérêts a viré à l'aigre vendredi après-midi au parlement de la Communauté française. A 16 heures, la séance a été suspendue et une réunion des chefs de groupe convoquée.
Le débat est devenu carrément houleux lorsque le chef de file PS Léon Walry a accusé le MR d'avoir trahi les francophones en participant avec le CD&V à un scénario convenu de longue date. Un scénario qui prévoyait sciemment le vote flamand en Commission de la Chambre, afin de permettre la mise de BHV au "frigo" et poursuivre coûte que coûte la formation d'un gouvernement de l'orange bleue.
Les propos de M. Walry ont échaîné la colère sur les bancs MR. "Fossoyeur, que tu es", "C'est ignoble", "Vous brisez la solidarité francophone", a-t-on pu entendre dans la confusion générale. Sur proposition de Marcel Cheron (Ecolo), le président Jean-François Istasse a suspendu la séance pour permettre la réunion des chefs de groupe.
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