14 novembre 2007

Le duo de présidents prolongé




Le Roi demande des propositions à Van Rompuy et de Decker

156 jours sans gouvernement. Le Roi attend les idées de Van Rompuy-De Decker pour un dialogue Nord-Sud. Mais tout le monde attend Leterme.


Mardi, les caméras étaient tournées vers le Palais royal, mais les regards orange-bleu vers Yves Leterme…
Les caméras tournées vers le Palais ? Le Roi clôturait, hier soir, les audiences accordées à huit présidents de parti démocratique depuis lundi. Dans la foulée, il recevait Herman Van Rompuy et Armand De Decker, présidents de la Chambre et du Sénat, pour les confirmer dans la mission qu’il leur confiait jeudi. À savoir : la mise en place d’un dialogue Nord-Sud, en vue d’une réforme de l’État visant à accroître la cohésion nationale.
Pour le Palais, « même s’il y a de nettes différences sur la méthode à suivre, il y a aussi une volonté largement partagée d’organiser un dialogue sur la poursuite de l’élaboration équilibrée de nos institutions et un renforcement de la cohésion entre communautés ». Autrement dit : même si les partis d’opposition lui ont fait savoir, lundi, qu’ils ne désirent pas « dépanner l’Orange bleue », le Roi estime que ce dialogue Nord-Sud est largement souhaité. Ceux qui refusent l’invitation au départ pouvant, c’est acquis, monter dans l’aventure plus tard…
Le duo de réconciliateurs Van Rompuy-De Decker est dès lors invité à faire « des propositions au Roi, au plus tard dans le courant de la semaine prochaine, pour concrétiser dans l’avenir le dialogue sur ces deux objectifs » (réforme de l’État et cohésion renforcée). En clair : le comité de (super) sages est lancé avec la bénédiction royale…
Ce faisant, le Roi a fait ce que l’on attend de lui dans pareil moment de crise belgo-belge. Il se retire donc à nouveau de l’avant-scène et ne devrait plus tenir d’audiences dans les prochains jours.
Les regards tournés vers Yves Leterme ? Si, durant les prochains jours, le devant de la scène politique sera occupé par le duo de réconciliateurs présidentiels, en coulisses, le formateur en chômage technique jouera les travailleurs au noir. Car, pour la énième fois sous l’improbable Orange bleue, les partenaires attendent Yves Leterme…
C’est au formateur, et à personne d’autre, de résoudre la nouvelle quadrature du cercle issue du vote historique Nord contre Sud en commission de la Chambre sur BHV, le 7 novembre : le MR a demandé un signal de confiance aux Flamands ; le cartel CD&V/N-VA, des garanties aux francophones quant à la réalisation de la réforme de l’État. Les deux camps refusant, dans le même temps, la demande de l’autre… Or, pour reprendre les négociations, « arrêtées » depuis le 7 novembre, il faut résoudre cette quadrature du cercle.
Dans le seul unisson Orange-bleu du moment, MR, CDH, Open VLD, voire CD&V, jugent que seul le formateur peut poser les gestes d’apaisement attendus. Car (eh oui, c’est possible…), le climat entre partenaires s’est détérioré depuis Val Duchesse cet été, et depuis la mission d’exploration de Van Rompuy (déjà lui) en septembre. On en est donc toujours à tenter de restaurer la confiance entre partenaires.
Plus que discrètement, l’homme fort du CD&V travaille dès lors, lui aussi nous dit-on, à la reconstruction de la confiance. « Il a des contacts et travaille à une solution. » Parallèlement au duo des présidents réconciliateurs. Main dans la main avec ce duo…
Mais Yves Leterme ne sortira du bois que lorsqu’il sera sûr que sa proposition (le geste fort tant attendu) sera acceptée par tous les partis de l’Orange bleue – chacun ayant répété, hier, que cette formule gouvernementale est toujours privilégiée, aux dépens de la tripartite (lire ci-dessous).
Pour cela, il lui faudra, avant tout, faire accepter par son cartel l’idée d’une garantie minimale quant à la réforme de l’État : comment faire autrement, puisque sa future coalition dispose d’une majorité simple, pas des deux tiers nécessaires pour réformer l’État ? En clair : une telle garantie n’existe pas. « Il faudra en inventer une parce que l’on sait, à l’avance, qu’il n’y en a pas ! », résume un négociateur flamand.
Il pourrait dès lors s’agir de la promesse, actée dans l’accord gouvernemental, de réviser la Constitution en ce sens. Reste à savoir si cela suffira au cartel, à la N-VA surtout, que le CD&V ne serait toujours pas prêt à lâcher. Tant pis, le cas échéant, pour Leterme… Lequel devra, aussi, imaginer un « signal » de confiance acceptable par les francophones, afin de balayer leur crainte de revoir un vote N contre F.
Chacun travaillant en toute discrétion, les rencontres officielles et médiatisées devraient frôler, sauf nouveau rebondissement, le zéro absolu jusqu’à la fin de la semaine.

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