12 novembre 2007

Un débat qui tourne au vinaigre entre Reynders et Di Rupo

L'unité francophone s'effrite. Alors que la crise politique semble sans issue entre le Nord et le Sud du pays, les deux grands partis francophones apparaissent plus que jamais dos à dos. Sur le plateau de télévision de l'émission Controverse sur RTL-TVI ce dimanche midi, le débat a tourné à l'aigre entre Didier Reynders et Elio Di Rupo.
Les présidents des quatre partis francophones que sont le MR, le cdH, le PS et Ecolo étaient invités ce dimanche par RTL-TVI. Ils sont tous revenus sur "l'agression" des partis flamands mercredi sur la scission BHV qui à leur sens est inacceptable et répété qu'ils attendaient un geste d'apaisement.
Pour le PS, l'orange bleue est un échec
Il y a notamment été question des types de coalition possibles. Pour le président du MR, l'orange bleue est la coalition qui s'impose. Didier Reynders continue à rejeter l'idée d'une tripartite. "Pourquoi ramener à table des partis désavoués par l'électeur?", s'est-il demandé. La présidente du cdH, Joëlle Milquet a indiqué que le problème communautaire se poserait à tout type de coalition et que le cartel CD&V/N-VA était incontournable.
Pour le président du PS, Elio Di Rupo, "l'orange bleue est un échec". Les négociateurs doivent en tirer les conclusions. Or, "je n'ai jamais entendu dire que M. Leterme devait aller rendre son tablier", a précisé M. Di Rupo selon qui "l'heure est venue d'avoir d'autres cas de figure, que ce soit avec les Ecolos, un gouvernement d'union nationale", par exemple. Ce dernier a également indiqué qu'il n'était pas demandeur d'une tripartite.
Pour le président d'Ecolo, Jean-Michel Javaux, le moment est peut-être venu pour le Roi de voir les représentants de tous les partis. M. Javaux a ajouté que l'on se dirigeait peut-être vers une association de tous les partis, à titre transitoire, pour régler une série de problèmes urgents. Selon M. Javaux par ailleurs, une tripartite traditionnelle ne ferait que confirmer le blocage. Il a aussi rappelé les conditions d'Ecolo - dont le veto contre la N-VA - pour rejoindre l'orange bleue.
Retour sur l’hypothèse d’un scénario ficelé d’avance pour BHV
Lors des débats télévisés, les présidents de partis ont également été invités à revenir sur l'hypothèse d'un scénario, entre certains partis de l'orange bleue, qui a conduit au vote de la scission de BHV. Imaginer une telle chose "est injurieux", a estimé Didier Reynders qui a répété avoir tenté de trouver avec le président de l'Open Vld Bart Somers la voie de la négociation.
L'hypothèse du scénario a notamment été soulevée vendredi par le PS au Parlement de la Communauté française. Pour Didier Reynders, le PS a rompu un moment la solidarité francophone et semble faire le choix d'une "logique" d'opposition. Pour Elio Di Rupo, le PS n'a fait que se poser des questions légitimes alors que la presse a évoqué l'existence d'une mise en scène. Il a estimé que M. Reynders tentait de renverser le problème en voulant masquer l'échec de l'orange bleue. "Pour la défense des Francophones, c'est vous seul qui avez dégradé la situation", a dit Elio Di Rupo qui n'a pas tenu le même langage à l'égard de Joëlle Milquet dont le parti est partenaire du PS dans les Régions. "A votre égard, madame, j'ai plus que de l'estime. Vous avez accompli un travail remarqué par chacun", a-t-il dit.
Querelle entre PS et MR regrettée
Joëlle Milquet, qui a regretté la querelle "politicienne" entre PS et MR en ces moments graves, a souligné que les négociations étaient à l'arrêt "total" et qu'elles ne reprendraient, le cas échéant, que le jour ou se confirmerait la volonté de relancer le dialogue. "Le gros problème qu'il y a eu, ce n'est pas un complot, c'est une absence de gestion", a-t-elle précisé. "Il n'y aura aucune discussion dans les prochains jours voire les prochaines semaines si les présidents des deux assemblées législatives ne parviennent pas à arrêter un cadre permettant la reprise du dialogue", a indiqué Didier Reynders.
Pour le PS, le geste flamand qui permettrait de participer à un dialogue serait de "retirer ce qui a été fait (sur la scission de BHV) avec un vote", a dit Elio Di Rupo.
Jean-Michel Javaux a tenu, lui, à rester prudent par rapport à la tentative des présidents d'assemblée de relancer le dialogue, une initiative qu'il a jugée créative. Il a également regretté le débat du "plus francophonissime" entre PS et MR.
Quant à la négociation, si elle reprend, Joëlle Milquet a répété qu'à son sens il reste "bien clair" qu'il y a dissociation du communautaire et du socio-économique. "Cela fait quatre mois qu'on résiste, ce n’est pas pour revenir comme si on était début juillet", a-t-elle dit.
Entre l'orange bleue et la N-VA, le CD&V devra choisir
Pour Didier Reynders, le CD&V devra faire un choix entre l'orange bleue ou la N-VA. Le président du MR a lancé cet appel sur le plateau de Controverse.
"Quand on dit 'le cartel est incontournable', peut-être que le CD&V doit d'une manière ou d'une autre se trouver autour de la table mais vous savez, personne n'est incontournable en Belgique (...) La N-VA ne l'est certainement pas avec cinq sièges. Ça c'est un choix qui appartient à une série de démocrates au sein du monde social-chrétien en Flandre", a indiqué M. Reynders sur RTL-TVI.
En soulignant que la N-VA n'était pas incontournable, le président du MR a indiqué que "le CD&V devait peut-être faire comprendre à la N-VA qu'on ne peut tout avoir dans une négociation" et qu'il faut à un moment donné "arrêter d'avoir des prétentions aussi importantes", a précisé ce dimanche sa porte-parole.
Le propos de M. Reynders ne doit pas être interprété comme un ultimatum, a-t-elle ajouté. Selon la porte-parole du MR, Didier Reynders n'invite pas le CD&V à faire un choix entre l'orange bleue et la N-VA mais lui suggère de faire un "choix politique" sur ce qu'il est prêt à accepter dans le cadre d'une éventuelle concertation.
Jean-Michel Javaux a rappelé le veto d'Ecolo contre la N-VA. "L'idée semble faire son chemin", a-t-il précisé.
51% de chances de réussite pour l'orange bleue
Interrogé sur la probabilité de voir une coalition orange bleue émerger, le président du MR a répété qu'à son sens, il y a 51% de chances qu'un tel gouvernement soit mis sur pied mais "le cartel CD&V/N-VA va devoir faire des choix", a-t-il dit.
Pour Joëlle Milquet, les chances de voir un gouvernement orange bleu se constituer se situent autour des 49-50-51%.

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