Mauvais perdant
Dans une récente confession, aussi touchante que sincère, le comédien et écrivain Bernard Giraudeau, qui depuis deux ans survit tant bien que mal avec ses cancers, confiait à Mireille Dumas (France 3) ce que l’on croyait être une vérité partagée par tous : les échecs rendent plus forts et les victoires fragilisent.
Pourtant, le président du PS, Elio Di Rupo, est en train de démontrer le contraire : l’échec cuisant de la famille socialiste en général et du PS en particulier, lui fait perdre un bon sens qu’on lui croyait chevillé au corps. Il a tout du mauvais perdant.
Pourquoi, mardi, contrairement à ses collègues, a-t-il ainsi snobé l’informateur du Roi, en se contentant de répondre en quelques formules vagues aux questions précises que lui posait Didier Reynders ? Conteste-t-il le fondement même d’une mission qu’il avait arrachée en 2003 et qu’il avait exercée avec un certain talent ? Aurait-il accepté, alors, qu’un de ses interlocuteurs vienne ainsi promener son indifférence, son apparente désinvolture voire son mépris ?
En se comportant de la sorte, Elio Di Rupo a voulu signifier qu’il avait uniquement fait le déplacement pour pouvoir, après vingt très courtes minutes d’entretien, proclamer, aux micros tendus, que l’informateur était sorti de sa mission en plaidant ouvertement pour une coalition orange-bleu et qu’il avait, en acceptant le principe d’une réforme de l’Etat en 2009, brisé le front des francophones. Deux remarques.
1. Avant d’être informateur, Didier Reynders n’était pas informateur… C’est en qualité de président du MR qu’au lendemain des élections, il a clairement dit sa préférence pour un type de coalition. Peut-on lui reprocher un peu de clarté dans une vie politique trop souvent confuse, langue de bois, “ni ceci, ni cela” ? Et en 1999, a-t-on entendu les socialistes critiquer l’informateur de l’époque, Louis Michel, lorsqu’il fit clairement le choix d’un arc-en-ciel, réunissant libéraux, socialistes et écologistes ? Et en 2003? Non. Sans doute parce que les socialistes étaient invités au bal. 2. Didier Reynders aurait donc brisé le front francophone. Pour briser ce front, il aurait fallu qu’il y en ait un. Un vague communiqué après une réunion en décembre 2006 n’avait trompé personne. Il n’y a ni front francophone, ni front flamand. Cela ne signifie évidemment pas qu’il faille baisser la garde. Et Didier Reynders a toujours dit qu’il réunirait les présidents francophones si une négociation devait ultérieurement mettre les droits des francophones en péril.
Le pouvoir rend fou. La perspective de l’opposition aussi.
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