30 juin 2007

Javaux : Milquet est formatrice ?

MAJ 29/06/07

Reynders avisé du « non » au Sud

Dix-neuf jours sans gouvernement. Di Rupo, Picqué, Arena, puis Kris Peeters ont été reçus chez l'informateur, vendredi. Tir groupé contre la réforme de l'Etat : Wallonie, Bruxelles et Communauté font barrage.

En fait de « ministres-présidents des entités fédérées », Didier Reynders a surtout pu acter hier le « non » francophone à toute réforme de l'État qui consisterait à réduire les compétences de l'État fédéral, ou à modifier la loi de financement. À l'Hôtel des Finances, le « front » francophone était socialiste en l'occurrence, incarné par Elio Di Rupo, Charles Picqué et Marie Arena, les trois chefs des gouvernements wallon, bruxellois, et de la Communauté française, représentant leurs majorités PS-CDH (+ Écolo à Bruxelles).
Contrairement à leur première entrevue la semaine dernière, celle, hier, entre Didier Reynders et Elio Di Rupo fut courtoise, et dura plus d'une heure. Le président du PS avait reproché à l'informateur son parti pris pour l'orange bleue. Rien de tel ici. Le ministre-président wallon a soumis à Didier Reynders une note dense et détaillée, précisant d'emblée que « l'objectif de cohérence accrue entre les politiques des entités fédérées ne suppose aucun transfert de compétences mais bien des collaborations et des concertations accrues ». Illustration : il faut un plan d'action national pour l'emploi, un autre pour doper la recherche, ainsi que des synergies en matière d'énergies renouvelables, etc.

Ce n'est pas tout : le gouvernement wallon s'est dit « prêt à poursuivre ses efforts budgétaires vis-à-vis du fédéral pour autant que celui-ci ne remette pas en cause les transferts de la loi spéciale de financement et des mesures qui bénéficient aux entités fédérées ». Un catalogue là encore : « refus » de toute diminution des dotations aux Régions, « refus » de toute remise en cause de financements fédéraux pouvant mettre en péril des politiques régionales telles que celles relatives aux grandes villes, aux pôles d'attractions interuniversitaires, aux contrats de sécurité et de prévention, etc. « Refus » de toute mesure qui aurait un impact négatif sur les communes...
Total : vu du côté wallon, la seule réforme de l'État envisageable est celle consistant à renforcer les coopérations entre les entités de l'État fédéral. Pour le reste : on ne touche à rien. Et on n'offre aucune prise à quelque revendication flamande. Ça promet. « J'espère que tout cela sera repris dans le rapport que l'informateur doit soumettre au Roi », a glissé Elio Di Rupo avant de quitter la rue de la Loi. Un cadeau.

Au nom de la Région bruxelloise, Charles Picqué a tenu le même langage. Lui aussi a plaidé pour plus de synergies, lui non plus ne veut pas de réforme institutionnelle. « Bruxelles est bien placé pour savoir que les collaborations sont nécessaires », a-t-il confié à l'issue de la réunion chez l'informateur, ajoutant que tout cela peut se faire dans « le cadre institutionnel existant », y compris le refinancement de la Région. En marge de ces rencontres, Evelyne Huytebroeck, d'Écolo, nous faisait savoir qu'elle déplorait, elle, que la Commission communautaire française, qui a la main sur une série de matières sociales, n'ait pas été reçue par l'informateur.
Enfin, jamais deux sans trois : Marie Arena est venue faire part elle aussi à l'informateur de la « fermeté » francophone : « La Communauté française n'est demandeuse de rien en termes de modifications de la répartition des compétences entre l'État fédéral et la Communauté », et pas question de toucher aux transferts financiers. Marie Arena n'a pas oublié d'égrener quelques sujets qui fâchent au Nord : « La Communauté demande que l'on ne touche pas aux dispositifs liés à l'inspection pédagogique des écoles de la périphérie, réitère son soutien aux enseignants temporaires des écoles officielles dont les nominations définitives sont bloquées par la Communauté flamande, refuse la communautarisation des institutions bicommunautaires et scientifiques... »
En fin d'après-midi, Kris Peeters, nouveau ministre-président flamand, est venu réclamer... des transferts de compétences, rappelant à Didier Reynders les revendications institutionnelles du Nord. Le décor est planté. L'informateur se rendra lundi à la clinique Saint-Jean pour communiquer au Roi ses conclusions à l'issue de deux semaines et demie de consultations, avant de lui soumettre son rapport écrit, mercredi. Yves Leterme devrait alors entrer en piste.

Milquet veut voir les Ecolos bouger

Joëlle Milquet, la présidente du cdH, se verrait bien aller au gouvernement avec les Verts. Pour elle, les écologistes doivent mettre les mains dans le cambouis.

Les propos de Joëlle Milquet n'ont rien d'étonnant. Le cdH est dans une drôle de situation. S'il se retrouve dans une coalition orange-bleue. La coalition qui est la plus souvent pressentie, les centristes auront d'un côté un CD&V-NVA, fort et très demandeur sur le plan communautaire et de l'autre, un MR, premier parti francophone, plus fort que le cdH. En termes de sièges, le MR en a 23 et le cdH 10.

Dans une telle coalition, le petit parti serait donc le cdH. A cela, il faut ajouter et c'est loin d'être négligeable qu'au niveau régional et communautaire, les centristes sont là en coalition avec le PS. Un PS qui fera immanquablement de la musculation permanente, s'il est dans l'opposition au fédéral.

Bref, le cdH devra assumer et gérer les pressions venant de tout côté. A deux ans des régionales, ce n'est pas la meilleure des positions. Et le parti qui pourrait en profiter, c'est Ecolo. L'appel du pied de Joëlle Milquet n'est donc pas le fruit du hasard. Mais au cdH, tout le monde au contraire ne voit pas les choses ainsi. Certains barons ne voient pas l'intérêt de gouverner avec les Verts, craignant de voir le MR apparaître comme le fer de lance du gouvernement à droite et Ecolo sur la gauche. Un rôle que le cdH se verrait bien jouer comme au temps des gouvernements Martens-Gol.

Joëlle Milquet accuse les verts de ne pas vouloir se mouiller.

Javaux réplique : Ecolo est prêt à discuter avec qui veut.

Allô, les verts ? Interpellé dans nos colonnes par Joëlle Milquet, Jean-Michel Javaux réplique. Dans Le Soir de jeudi matin, la présidente du CDH appelait les verts à prendre leurs responsabilités et monter au gouvernement. Pour le secrétaire des verts, Milquet se trompe de... timing.


De ce que l'on sait, vous aviez rendez-vous, jeudi midi, avec Joëlle Milquet. Le rendez-vous a été maintenu ?
Non !
Pourquoi ?
En me réveillant ce matin, je me suis demandé si elle avait pris 15 jours de congé après les élections. Et là, à son retour, elle veut réexister sur la scène médiatique. Ce n'est plus l'heure H du CDH. C'est le décalage horaire ! On n'en est pas encore à l'étape de formation du gouvernement. Et puis : Milquet est-elle devenue formatrice ? C'est le MR et le CD&V qui ont la main.
Milquet se demande si vous êtes « courageux et responsables... »
Elle part d'un postulat faux. Ecolo n'a jamais fermé la porte à une participation à un gouvernement. Et si un formateur veut nous rencontrer, nous irons au rendez-vous. Deux : dans cette interview de Milquet, je ressens peu de respect - nous traiter de chochottes, nous dire qu'on doit prendre nos responsabilités alors qu'on n'est pas en phase de formation...
Comment lisez-vous ces propos ? Qu'est-ce qu'il y a derrière ?
C'est un transfert psychanalytique de responsabilité vers un autre parti. C'est un tir dévié. Mais je comprends. Elle est dans une position schizophrénique. A plusieurs égards. 1. Elle et Jean-Jacques Viseur sont les deux derniers au CDH à être scotchés au PS. Ils ont construit une stratégie sur 4 ans - partout avec le PS -, stratégie désavouée par l'électeur.
2. Son partenaire au nord est le CD&V. Qui met la barre haut. Alors que le CDH a mis la barre bas - il a été le seul parti francophone à aller jusqu'à dire qu'il ne fallait pas toucher à la Constitution. 3. A l'interne, tous ses barons poussent pour rentrer, vite, dans un gouvernement et entreprendre les réformes socio-économiques qu'attend la population. Et elle, elle dit : Pas trop vite ! Il y a d'autres coalitions possibles. J'ai envie de mouiller un peu tout le monde. En campagne, Ecolo a gardé son cap : contenu et respect des partenaires. Elle, dans son interview, ne parle pas de programme - je ne sais pas ce que le CDH veut apporter dans un accord de gouvernement. Deux : elle attaque ses partenaires potentiels. Elle attaque le MR. Et attaque Ecolo qu'elle veut impliquer dans le gouvernement. C'est tordu ! Il n'était donc pas très constructif d'aller déjeuner ce midi avec Joëlle Milquet. Les conditions n'étaient pas réunies pour une discussion sereine.
L'autre jour, en télé, Marcel Cheron a dit qu'Ecolo ne rentrerait pas dans une majorité où il ne serait pas arithmétiquement nécessaire. Ceci tue l'idée jamaïquaine que souhaite Milquet.
Marcel a dit qu'Ecolo n'entrera pas dans un gouvernement où il n'y aurait pas de vision énergétique d'avenir, où il n'y aurait pas de pistes crédibles pour refinancer et diversifier les missions de la Sécu, où il n'y aurait pas de plan climat, où il y aurait dépeçage de l'Etat fédéral... Mais, encore une fois, on n'est pas encore là.
Pourriez-vous monter dans un gouvernement où Ecolo n'est pas nécessaire ?
Milquet se dit prudente et sereine. Mais elle est tout sauf ça. Elle dit qu'il y a deux voies : Orange bleue et Olivier. Et si le cartel CD&V/NV-A explosait ? Pour en revenir à Marcel : il n'a jamais dit que c'était l'Olivier ou l'Orange bleue.
Non. Mais il a clairement dit qu'Ecolo ne participerait que s'il était nécessaire.
Mmm...
Et c'était très affirmatif.
Oui.
Et vous l'êtes moins.
Je le suis moins. Je dis quoi ? Que Marcel a beaucoup d'expérience et va vite. Moi, je vais étape par étape. Il y a beaucoup d'inconnues. Y aura-t-il réforme de l'Etat ou pas ? Est-ce en 2009 ou maintenant ? Va-t-on remettre en question la sortie du nucléaire ? etc. J'ai appris à ne pas aller trop vite. Oui : quand on est arithmétiquement nécessaire, on est plus respecté - on le voit à la Région bruxelloise (PS-CDH-Ecolo). Mais moi, je ne peux pas, au nom de tous les écolos, dire : non, c'est certain, nous n'entrerons pas dans un gouvernement où nous ne sommes pas nécessaires.
Milquet veut-elle vous « mouiller » pour vous empêcher de cartonner aux régionales de 2009 ?
J'ai surtout l'impression d'une fuite de responsabilités. Tout le monde se demande : que va faire Milquet ? Non seulement elle n'est plus avec le grand frère PS. Il y a le CD&V - Leterme répète qu'il n'y aura pas de gouvernement sans réforme de l'Etat. Et il y a le MR avec qui les relations sont mauvaises. Alors, elle dévie l'attention. Si son souhait, c'est de faire l'Olivier, qu'elle assume et qu'elle dise qu'elle ne veut pas aller avec les libéraux.
Ecolo, naguère, avait dit : c'est avec le PS ou rien. En arrivant à la direction d'Ecolo, vous avez invalidé cette position. Mais on sait bien que dans une AG Ecolo, il y aura une répugnance vis-à-vis d'un attelage de centre droit. Josy Dubié l'a encore dit, il y a peu. Il y a presque une objection dans les tripes, chez vous, par rapport à cette formule...
Je revendique notre ancrage à gauche... et notre indépendance vis-à-vis de tout autre parti. Jamais sans le PS, c'est quoi ? Ceux qui disent ça sont ceux qui pensent déjà aux régionales de 2009. Moi, je pense aux citoyens de maintenant. On ne rentrera pas dans une formule où nous serons les pigeons, où nous serons peu respectés comme nous l'avons parfois été entre 1999 et 2003. Mais nous sommes disponibles s'il s'agit de débloquer la société. Cela dit, ni Reynders ni Leterme n'ont parlé d'associer Ecolo. Louis Michel l'a fait et personne n'a embrayé. Ils savent qu'il est plus facile de discuter à quatre plutôt qu'à six. Ils savent aussi que discuter avec Ecolo sera difficile : on veut une solution pour les sans-papiers, pour les centres fermés, une continuité dans la politique énergétique, un développement des énergies durables, le relèvement des minima sociaux et l'atténuation des pièges à l'emploi.
Au CD&V, on parle de solliciter Ecolo pour soutenir une réforme de l'Etat à partir de l'opposition.
Avant d'aller à un mariage, j'attends de voir l'invitation, le contenu - quelle ampleur, à cette réforme de l'Etat ? Pour l'instant, tout est théorique. Encore une fois, je ne suis pas dans ce timing.
Milquet vous donne-t-elle l'impression de travailler à l'avènement d'un Olivier ?
Elle refuse l'inévitable. Elle réalise que son parti et une grosse part de son électorat veulent autre chose que ce qu'elle a prévu. Elle va devoir aller avec le MR. Ce sont ses dernières minutes de résistance. Alors, elle détourne l'attention. Dans son interview, il y a aussi une volonté de faire oublier Charleroi où un Olivier était possible. Alors, les leçons du CDH sur l'Olivier, non hein...
Di Rupo a parlé de l'Orange bleue comme une formule « anti-sociale ». C'est votre sentiment ?
Je note donc que Di Rupo estime que le CDH, son partenaire aux régions, fera donc de l'antisocial au fédéral. J'ai trouvé Di Rupo noble dans la défaite. Puis, quand il est allé chez l'informateur, son cinéma m'a étonné. Au fait, je certifie que l'informateur teste toutes les coalitions. Et quand il a parlé d'Orange bleue, c'était avant sa mission d'informateur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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