17 juin 2007

Elio I, dit Rupo - une personne de Qualité ...

MAJ 16/06/07

"On rendra les coups"

Le président du PS annonce qu'il agira désormais comme le MR : le débat politique sera plus dur. Les causes de l'échec électoral ? Charleroi. Il annonce aussi une "transformation radicale de tout". Agir plus tôt à Charleroi ? "Il est facile de dire, a posteriori, qu'il aurait fallu faire ceci ou cela."

Les événements se sont succédé au PS, depuis la défaite électorale de dimanche. Elio Di Rupo a accepté d'en parler, à coeur ouvert.
Comment vous sentez-vous : déçu, fâché, désabusé ?
Fâché, non. Désabusé, certainement pas. Déçu, on le serait à moins. Les résultats ne sont pas bons. Je m'attendais à un recul, même si l'ampleur de ce recul n'était pas prévue dans les sondages.
Les raisons de cet échec ?
Pendant les dix derniers jours avant l'élection, une grande partie de l'espace médiatique a été occupée par une affaire difficile : Charleroi... Il arrive un moment où, à force d'avoir des coups de butoir, le mur s'effondre. Le débat politique n'a pu avoir lieu pendant la campagne.
N'est-ce pas un peu facile de rejeter sur Charleroi toute la responsabilité de l'échec ?
Je n'ai jamais attribué toute la responsabilité de l'échec sur Charleroi. Charleroi a joué un rôle extrêmement destructeur, ce qui nous a mis dans une position de vulnérabilité générale. Nous avons dû être réactifs. Cela a détruit l'image. Quand dans un débat, on passe dix minutes sur Charleroi où le PS est accusé à 100 pc, même si moi, je n'y suis pour rien... il est pratiquement impossible, après, de retrouver un peu de lumière, un certain équilibre.
Les autres éléments du recul ?
Nous analysons les milliers de mails reçus. Le premier sujet de mécontentement (80 pc des mails), c'est Charleroi. Les autres thèmes portent sur l'action du gouvernement fédéral.
Que ferez-vous de ces enseignements ?
Tirer les leçons et transformer ces échecs en une opportunité. Il faudra une transformation radicale de tout. Je ne puis en dire plus pour l'instant.
La campagne du MR vous a surpris ?
On n'était pas habitué à une telle agressivité. Ils se sont inspiré des campagnes de Bush et de Sarkozy et l'ont appliqué à 100 pc. La technique est simple : 1. Discréditer les adversaires et leur action en n'hésitant pas à utiliser des mensonges. 2 Attaquer toute proposition positive. 3. Se profiler avec des choses simples : la fiscalité. 4. Essayer de trouver partout des problèmes, c'est la "scandalite" permanente. Pour cela, Charleroi a été un fabuleux réservoir. Nous serons donc, à l'avenir, obligés d'agir de la même manière. Le débat sera plus dur. On va faire la même chose, on va rendre les coups.
Mettez-vous en doute la partialité de la Justice à Charleroi ?
La Justice a fait son travail, c'est une affaire de conscience. Nous ne connaîtrons la vérité de cette affaire que plus tard. Nous allons collationner tous les faits et mettre cela dans les mains d'un avocat et attendre les jugements. Si la vérité judiciaire ne correspond pas à tout ce qui s'est dit et fait, il faudra évaluer le préjudice
N'était-il pas possible de désamorcer tout cela en prenant il y a 8 mois, les décisions annoncées lundi ?
Non, parce qu'à ce moment-là, nous ne connaissions pas la suite de l'histoire. On s'était doté d'instruments mais on ne pouvait imaginer que les choses allaient encore se dégrader. La possibilité d'inculpation des anciens échevins n'est arrivée que tardivement. Quand l'inculpation de Jean-Pol Demacq est arrivée, il était trop tard pour utiliser les instruments dont je disposais. Il est facile, a posteriori, de dire qu'il aurait fallu faire ceci ou cela. On est obligé d'agir en fonction des réalités du moment. Je sais qu'on aimerait que je broie tout sur mon passage. Ce n'est pas parce que j'utiliserai à l'avenir la méthode forte que j'enfreindrai les droits fondamentaux des gens. C'est à la fois ma force et ma faiblesse.
Avez-vous une préférence pour la coalition future à Charleroi ?
C'est sur le plan local que cela doit se décider. Ce n'est pas le Boulevard de l'Empereur qui impose les coalitions communales.


"Ma vie a été un enfer"

Elio Di Rupo sera candidat, le 11 juillet, à sa propre succession à la tête du PS. Son successeur à la Région sera choisi en même temps que le gouvernement fédéral.


Vous avez décidé de mettre fin à votre cumul. Qu'est-ce qui vous a décidé ? Guy Spitaels ?
J'aimerai d'abord vous poser une question. Pourquoi n'a-t-on parlé de cumul pratiquement qu'à mon égard, alors que nous étions deux, Didier Reynders et moi, à être en même temps ministre et président de parti ? Cela reste pour moi un mystère. Encore ce matin en lisant la presse, je me disais : "Tiens, comme c'est drôle". Quand on est un peu affaibli, on voit à quel point on doit rajouter du dédain à la désobligeance.
Cela dit, et indépendamment de Monsieur Spitaels qui a manifestement répondu d'une manière un peu rapide à des questions d'un journaliste, nous avions élaboré dès le lundi qui a suivi les élections une stratégie et un timing. Nous aurions dû annoncer cela lundi prochain, après le bureau. J'avais tout prévu.
Pourquoi avoir cumulé ?
Je ne suis pas allé à Namur de gaîté de coeur. Quand l'affaire sur les logements sociaux a éclaté, j'avais demandé à Jean-Claude Van Cauwenberghe de ne pas démissionner. Il ne m'a pas suivi. Nombreux sont ceux qui disaient que le Plan Marshall ne pouvait prendre de retard. J'avais des ministres de qualité, mais pas assez aguerris pour cette fonction. Mes amis m'ont alors demandé d'y aller. J'y suis allé. Ma vie était difficile. Ma vie a été un enfer durant toute la période. C'était un enfer parce que l'espace privé s'est réduit de façon considérable. Beaucoup de ministres et beaucoup de membres du parti peuvent vous dire que j'y ai laissé énormément de mon existence. Mais j'ai fait face à ces deux missions, à temps plein.
Pourquoi vouloir changer maintenant ?
On subit un échec électoral, qui est important (on perd 5 sièges et 15 pc de nos voix). Au SP.A, c'est encore plus : nos homologues flamands perdent 9 sièges et 30 pc de leurs électeurs. Mis ensemble, cela donne une impression catastrophique. Il nous faut rebondir et reconstruire. Mais cette reconstruction exige que je m'investisse dans le parti, que j'élabore une nouvelle stratégie. Et cela me prendra du temps. Je ne peux pas faire cela et en même temps être à la tête du gouvernement wallon. Ce n'est humainement pas possible.
Quand passerez-vous la main ?
Tout d'abord, le changement n'aura lieu que si je suis réélu à la tête du PS. Sinon, je resterai ministre-Président wallon. Quand ? La passation du témoin devrait se faire quand le gouvernement fédéral sera installé. Cela devrait donc intervenir en juillet ou en août. Tout cela dépendra du calendrier de la formation du gouvernement.
Pourquoi privilégier la présidence du PS et pas la présidence du gouvernement wallon ?
J'ai fait le tour de tout ce qui compte au PS. A l'unanimité, on m'a demandé de poursuivre ma mission à la tête du PS. Parce que c'est le lieu de réflexion et d'élaboration des stratégies politiques. Il serait pourtant plus confortable de rester à la Région wallonne.
Le problème, c'est que personne ne s'impose pour diriger le gouvernement wallon ?
Il y a toujours quelqu'un. Les cimetières sont remplis de gens indispensables.
Il y a aussi la perspective d'aller dans l'opposition au Fédéral ?
C'est un élément. La fusion des fonctions ne posait pas de problème tant que le PS était partout au pouvoir. Mais si on doit se retrouver dans l'opposition au Fédéral dans le même temps que notre partenaire à la Région accède au pouvoir, le cumul des deux fonctions pouvait amener à des conflits d'intérêt politique.
Comment sera désigné le prochain ministre-Président. C'est le poids des fédérations qui jouera ?
Non, non, ce ne sera pas le poids de quoi que soit. Je n'y ai pas encore réfléchi. La question ne se pose d'ailleurs pas tant que je ne suis pas réélu. On verra à partir du 12 juillet, puisque le vote devrait avoir lieu le 11.

"Je ne suis pas scotché au pouvoir"

Le président du PS craint qu'un gouvernement sans les socialistes fragilise ceux qui ont besoin d'une protection. Le libéralisme social, dit-il, cela n'existe pas.
L'opposition au niveau fédéral, cela vous tente ou cela vous effraye ?
Je ne suis pas scotché au pouvoir : l'opposition ne nous effraye pas. Mais il est trop tôt pour dire où l'on sera. Attendons le rapport de l'informateur. Nous avons perdu mais nous restons disponibles.
Il est peut-être plus facile de régénérer un parti dans l'opposition que dans la majorité ?
Rien n'est simple, ni dans la majorité, on l'a vu, ni dans l'opposition. Charleroi, que l'on ait été dans la majorité ou dans l'opposition, aurait produit le même résultat. Les déterminants d'un vote d'une personne ne sont pas de nature politique mais bien sociologique, culturelle, émotionnelle. Qui influence le plus les citoyens ? Les télévisions, puis les radios, puis les journaux.
Quelle que soit votre position, vous n'apporterez pas votre soutien à une nouvelle réforme de l'Etat...
Nous n'avons pas pour vocation d'aller détricoter l'Etat. Je lis déjà que sur Bruxelles-Hal-Vilvorde, on trouvera bien quelque chose. J'ai entendu des propos désobligeants : le fait que nous soyons le deuxième parti en Communauté française, ce serait déjà une réforme institutionnelle ! Allons.
Et que disent les libéraux, à présent : reportons la réforme de l'Etat en 2009 parce qu'à ce moment-là, les libéraux seront peut-être au pouvoir dans les Régions. Didier Reynders accepterait donc de régionaliser, dès lors que les compétences seraient reçues par les libéraux. Les présidents de partis francophones avaient pris une tout autre position. Ce n'est pas le PS qui est prêt à céder quoi que ce soit.
Les écologistes affirment que l'on ne fait pas d'écologie sans les écolos. Diriez-vous que l'on ne fait pas de social sans les socialistes ?
C'est une évidence. Le libéralisme social n'existe pas. Regardez ce qui se passe en France : on est encore dans la vague montante. Mais vous voyez bien qu'ils vont faire passer la TVA de 21 à 24,5 ou 25 pc. Et tout est dans la force des mots : ils appellent cela la TVA sociale !
C'est ce qui va se produire en Belgique si nous ne sommes pas au gouvernement. Dans un premier temps, et vraisemblablement peut-être même jusqu'aux élections de 2009, si le gouvernement devait être bleu orange, ils vont essayer, au maximum, d'éviter de heurter de front toutes celles et ceux qui ont besoin d'une protection sociale. Après cela, ils vont se rattraper : ils concevront une réforme fiscale dont le bénéfice ira à ceux qui ont beaucoup d'argent. On assistera, alors à une terrible envolée du coût de la vie.
La présidente du CDH, Joëlle Milquet, a l'air un peu isolée. Comment jugez-vous son positionnement ?
Je ne suis pas d'accord. Joëlle Milquet a toujours eu un positionnement clair. Mais je comprends qu'elle puisse être un peu perplexe : on est en train de lui voler sa victoire. Car il faut rétablir ce qui est. Qui a gagné les élections ? D'abord, les écologistes - ils ont nettement gagné. Deuxième parti politique à avoir bien gagné, c'est le CD & V. Mais parmi les vainqueurs, on retrouve aussi le CDH, qui passe de 8 sièges à 10. Pour moi, cela s'appelle gagner. Puis, il y a des perdants. Nous avons perdu, c'est évident. Le SP.A a encore plus perdu que nous. Mais le MR est aussi un perdant. Le fait d'être au-dessus du PS a créé chez lui une euphorie sans précédent. Je peux comprendre : nous étions aussi euphoriques quand nous avons dépassé les libéraux à Bruxelles il y a quelques années. Mais ce n'est pas parce qu'on est euphorique qu'on a gagné. Le MR a perdu : il est passé de 25 sièges à 23. Quant au VLD, il a chuté de 25 à 18 sièges. Joëlle Milquet dont le parti a gagné ne doit pas comprendre ce qui se passe en voyant quelqu'un qui a perdu s'attirer toute la lumière. Je comprends son irritation.

"Il faut travailler davantage avec l'expertise du terrain"


Elio Di Rupo préférerait Reynders à Leterme comme Premier ministre. "C'est un francophone..."
"On entend, à l'intérieur du parti, des critiques sur votre entourage : des technocrates coupés des réalités du terrain..."
J'ai une équipe d'experts et un bureau d'études qui s'appelle l'Institut Emile Vandervelde, qui est non seulement le meilleur, mais aussi le plus envié des bureaux d'études politiques. Jusqu'à dimanche, on ne tarissait pas d'éloges sur lui. Vous savez, si la victoire voit se précipiter à l'Etat civil un nombre incalculable de pères, la défaite ne trouve jamais personne pour reconnaître l'enfant. La défaite est orpheline. Et cela va dans tous les sens. C'est la faute d'Elio Di Rupo, de l'Institut Vandervelde.
On maintient tout en l'état alors ?
Ce que je pense, c'est que tout en préservant l'Institut Vandervelde, qui est l'un des meilleurs du pays, il faut tirer les leçons des messages que les citoyens nous envoient. Il faut travailler davantage avec ce que j'appellerai l'expertise de terrain.
Le PS serait-il devenu plutôt bobo que prolo ?
Ce n'est pas vrai. Notre formation politique s'intéresse à tous les citoyens : la classe moyenne, les travailleurs, les personnes qui cherchent un emploi, les ouvriers, les enseignants, les fonctionnaires. Nous, on ne classe pas les gens en prolo ou en bobo. Je trouve d'ailleurs cela désobligeant.
Guy Spitaels estime qu'avec vous, le PS est devenu trop belgicain...
(Fou rire). Je dois quand même tout entendre. Je ne suis pas belgicain. Mais je ne vais quand même pas tenir un discours anti-flamand simplement pour le plaisir de tenir un discours anti-flamand. Vous reconnaîtrez que j'ai toujours été très net voire l'un des plus nets chaque fois que je pensais que l'intérêt des Wallons et des Bruxellois risquaient d'être atteint. C'est vrai qu'il y a une mainmise du niveau fédéral par une partie des responsables néerlandophones. Mais cela ne date pas d'aujourd'hui. Cela date des années 70 et début 80. Je suis pour la Belgique fédérale. Elle est ce qu'elle est. Laissons la vivre.
Quel Premier ministre préféreriez-vous ? Yves Leterme ou Didier Reynders ?
Ce n'est pas moi qui ferai ce choix. C'est le Roi qui désignera le formateur, et ils se mettront d'accord ensemble autour d'une table.
Cela vous est donc égal ?
Ah, non. Dans tous les cas, je préférerais toujours un francophone. Je pense qu'après 33 ans, il ne serait pas scandaleux que le pays se donne à nouveau un Premier ministre francophone. J'avais cru comprendre que Louis Michel préférait Guy Verhofstadt. J'ai lu aussi que Monsieur Reynders ne voit pas d'un bon oeil un retour de Louis Michel et préférerait lui réserver un destin international voire intergalactique... Mais moi, je reste sur ma position.


"Elio Di Rupo doit démissionner"
Il fut l'un des membres influents du PS liégeois. Le très régionaliste Jean-Maurice Dehousse donne de la voix, une voix répercutée mercredi par le quotidien La Meuse. Après l'échec électoral de son parti, ce week-end, le bouillant militant réclame la démission d'Elio Di Rupo de la présidence du PS…..

13 jun 2007 15:31
L’ancien ministre Jean Maurice Dehousse, éternel rebelle, livre un commentaire original sur le scrutin, dans le quotidien liégeois La Meuse de ce mercredi matin. A son estime, il serait illusoire d’expliquer la défaite socialiste par "Charleroi".

D’une part, le mauvais score de son parti s’inscrit dans un recul général des idées de gauche, à l’échelle européenne. Et, d’autre part, d’autres facteurs ont pu jouer, comme, par exemple, la mauvaise image de marque du cumul, entre les mains d’Elio Di Rupo, des fonctions de président du PS, et de président du gouvernement wallon. Et Jean Maurice Dehousse de l’inviter à choisir, et donc à démissionner de l’un de ces mandats.

Ce n’est pas sa première tentative : voici quelques mois, l’intéressé avait même saisi une commission de déontologie du PS pour tenter de forcer Elio Di Rupo à renoncer à sa double casquette.

Di Rupo à Namur et nulle part ailleurs

On sait depuis la nuit des temps que les princes ne se chauffent pas au même soleil que les gens « ordinaires ». Mais quand un dieu, excédé, descend de l'Olympe et tonne, nous voilà tous à même enseigne, penauds, tirant une figure de carême. Mais enclins à nous amender avec plus ou moins de sincérité.
Ainsi en va-t-il de Guy Spitaels enjoignant de façon peu banale à Elio Di Rupo de choisir parmi ses mandats, pour que le président du PS s'exécute. Enfin.

Comme on n'est pas né de la dernière pluie, on parlera d'un effet déclencheur. Les sévères déclarations de Spitaels venant accélérer une décision « prise de longue date » par Di Rupo. Lequel ne veut bouger rien ni personne tant que la situation postélectorale n'est pas décantée. Dit crûment : l'heure des chaises musicales n'a pas encore sonné.
Sait-on jamais ?
Passons sur ce nouvel « effet retard » du Montois. Après la tragi-comédie de la reprise en main de Charleroi, il se voit à nouveau dicter son agenda. Passons aussi, pour mémoire, sur le fait qu'Elio Di Rupo a, une fois encore, fait la sourde oreille face aux innombrables avertissements de la presse et de quelques-uns de ses amis le pressant - depuis des mois ! - d'abandonner ce rôle d'homme providentiel, écartelé entre Bruxelles, Namur et Mons. Et venons-en à l'essentiel.
Car enfin, à ce que l'on comprend aujourd'hui en marge de l'annonce d'une présidentielle anticipée, le... candidat Di Rupo est en passe de prendre la mauvaise décision : lui, président ; et Demotte, ministre-président wallon. C'est tout vu !
Pour ce qui est de la popote intérieure, on laissera le soin aux instances du PS de trancher... en se remettant à l'écoute de sa base comme le conseille si sagement Spitaels. Et en nous faisant grâce de l'un de ces effets de manche(s) qui lassent. Laissons le vaudeville et la dégaine de bobos à Hollande et Royal.
Mais pour ce qui est du bien commun, il nous semblerait totalement anormal que Di Rupo n'achève pas l'encourageant travail de redressement entamé en Région wallonne. Là il a été efficace. Là est l'urgence collective. Il en va du devenir de la Belgique. Di Rupo doit camper jour et nuit à Namur.

De Clercq charge Di Rupo

jeudi 14.06.2007, 17:51L'ancien député permanent PS de Charleroi Jean-Pierre De Clercq demande dans un communiqué à Elio Di Rupo de « faire un pas de côté ». Il lui reproche notamment de « s'en être pris de manière maladive à un ancien ministre-président de la Région Wallonne qu'il n'a cessé de dévaloriser et de diaboliser ».

Di Rupo remet en jeu sa présidence du PS

Elio Di Rupo remet en jeu son mandat de président du PS. Les élections, qui devaient avoir lieu en octobre, seront avancées au mois de juillet. Après la défaite électorale, Elio Di Rupo répond ainsi à certaines critiques...


Il est candidat à sa succession à la tête du parti et, s'il est réélu, il quittera ses fonctions de ministre-président wallon.

Depuis septembre 2005, Elio Di Rupo dirige à la fois le parti socialistes et la Région wallonne. Déjà à l'époque, certains avaient crié à la mission impossible. Mais aujourd’hui, le président du PS est prêt à trancher en deux temps. D'abord il remet son mandat de président du PS en jeu. L'élection prévue à l'automne aura lieu en juillet. On accélère le mouvement. Un geste envers l'opinion et envers le parti.

Elio di Rupo montre ainsi qu'il a pris la mesure de la défaite électorale. Un geste aussi qui coupe l'herbe sous le pied de ses ennemis internes. Un geste tactique enfin qui peut lui apporter une légitimité avant que le parti ne se retrouve éventuellement dans l'opposition. Dans un deuxième temps, s'il est réélu, Elio Di Rupo quittera la Région wallonne et la direction en sera confiée à un autre socialiste. Ce serait alors la fin de ce cumul controversé.

Il restera alors à savoir qui sera à même de succéder à Elio Di Rupo à la tête de la Région wallonne. Et c'est là que cela risque de créer quelques tensions internes au sein du parti socialiste! C'est que d'une part la cure d'opposition qui s'annonce va limiter le nombre de postes ministériels et que du côté de la fédération liégeoise du parti, des voix s'élèvent déjà pour faire remarquer que c'est grâce aux voix liégeoises que la défaite n'a pas été plus cuisante dimanche dernier.

Deux noms circulent: Rudy Demotte et Jean-Claude Marcourt. Un Hennuyer, un Liégeois. L'un n'a jamais travaillé à la Région wallonne et l'autre n'a que peu d'expérience politique. Rudy Demotte pourrait aussi remplacer Marie Arena à la Communauté. L'actuelle ministre-présidente a été lourdement sanctionnée en Hainaut. Elle a perdu plus de la moitié de ses voix. Mais pour ce jeu de chaises musicales, il faudra sans doute encore attendre quelques semaines.
Source:Info radio - 15 jun 2007 15:04 VIDEO• E. Di Rupo remet son mandat en jeu • Guy Spitaels invité du Journal • Le remplacement de Di Rupo à la tête du PS ARTICLES• Guy Spitaels sort de sa réserve

Di Rupo privilégie son parti

Coup de théâtre : Elio Di Rupo remet son mandat de président du PS en jeu... pour en solliciter un nouveau.

Le parfait contre-pied. Après la lourde défaite aux législatives dimanche, après la charge de Guy Spitaels jeudi dans ces colonnes, après les critiques qui montaient de toutes parts, après le sentiment que le sol se dérobait sous ses pieds, Elio Di Rupo allait-il quitter la présidence du parti ?... La question résumait à elle seule la crise qui couve au PS, immanquablement, après s'être vu dépassé sur ses terres wallonnes par l'adversaire libéral, et à voir maintenant Didier Reynders évoluer royalement comme l'« informateur » au fédéral...
Alors qu'il avait laissé planer le doute à midi à la RTBF, laissant entendre que son choix n'était pas arrêté, et qu'il ne se dévoilerait pas de sitôt, la réponse d'Elio Di Rupo est tombée pourtant quelques heures plus tard, vers 17 heures : il décide de remettre dès à présent son mandat, anticipativement, puisqu'il courait jusqu'à octobre, mais... c'est pour en solliciter un troisième aussitôt, de la part des affiliés, pour un nouveau bail de quatre ans. Une option qui en implique une autre : « Si les militants le choisissent à nouveau comme président, Elio Di Rupo se consacrera à la conduite du parti, à sa redynamisation, et renoncera à la présidence du gouvernement wallon », précisait un communiqué du Boulevard de l'Empereur.


Le coup de théâtre est survenu à l'issue d'une réunion de crise au siège du parti jeudi après-midi, vers 17 heures, à laquelle ont participé les ministres fédéraux et ministres-présidents du PS, plus Philippe Moureaux, vice-président. Le « coup » avait été programmé. Elio Di Rupo en avait parlé à quelques-uns. La réunion d'hier avait été préparée la veille. Et l'entretien de Guy Spitaels dans Le Soir jeudi matin a donné plus d'intensité dramatique à la scène qui devait se dérouler au Boulevard de l'Empereur. « Elio nous avait convoqués mercredi midi déjà, et en quelque sorte, en sortant comme il l'a fait, Guy Spitaels lui a un peu gâché son coup... », confie Rudy Demotte.
Le ministre des Affaires sociales du gouvernement soutient sans nuance l'initiative présidentielle : « Il y a la volonté claire de recréer l'unité dans le parti, d'effacer la défaite du 10 juin, et de gagner les élections régionales et européennes de 2009, nous dit-il. Elio est la personne indiquée, et en se présentant aux suffrages des affiliés, il jouira d'un nouveau consensus fort ». Pressenti pour courir sa chance un jour à l'élection à la présidence, Rudy Demotte décline : « Je ne suis pas candidat, je soutiendrai Elio Di Rupo ». Et cible « Dieu » : « Guy Spitaels aurait été bien avisé de se tenir à son devoir de réserve. Faut-il rappeler qu'il a connu lui-même les plus grandes difficultés jadis à la direction du parti ?... Ce n'est pas quand le président commence à redresser la barre qu'on doit le mettre en difficulté ! »
Interviewé à la télévision, Elio Di Rupo dira : « Guy Spitaels a un devoir de réserve compte tenu de son passé. »
Désignée comme celle qui eut pu lui succéder, Laurette Onkelinx communiquait elle aussi, hier, par la voix de sa porte-parole, Saar Vanderplaetsen : « Le choix d'Elio Di Rupo de réclamer la confiance des militants permettra de relancer le parti. A partir du moment où il est candidat à sa succession, je suis solidaire. Ce serait mal me connaître que de croire que je pourrais me présenter contre lui. Nous avons toujours composé un tandem. »
Les choses vont aller vite. Lundi, le bureau du PS lancera officiellement l'appel aux candidatures, fixant la date de l'élection au suffrage universel des membres, qui se tiendra à la mi-juillet, peut-être le dimanche 15. Elio Di Rupo entamera un tour des fédérations. Il reste en campagne. Un oeil sur les négociations au fédéral. Certains estimant qu'en optant pour la présidence, il veut notamment garder la main dans l'hypothèse où les discussions pour la formation du gouvernement iraient à l'impasse. André Flahaut : « L'opposition est une éventualité, mais on n'est pas certains que l'orange bleue va réussir. »
Déjà, les Liégeois se placent en vue de sa seconde étape : la désignation du nouveau ministre-président wallon, dès juillet. José Happart met en garde : « Il va sans dire que si Elio devait quitter l'Elysette, le seul habilité à le remplacer, de par ses résultats dimanche, serait Michel Daerden. D'autre part, il ne serait pas acceptable que des ministres venant du fédéral viennent prendre les sièges à la Région wallonne, un peu comme si c'était une deuxième division... »
Invité des journaux télévisés hier soir, Guy Spitaels a précisé qu'il voterait pour Elio à la présidence... Rien que des amis.

Di Rupo va remettre son mandat de président du PS en jeu

Le président du PS, Elio Di Rupo, remettra son mandat en jeu, a-t-il fait savoir jeudi dans un communiqué. Les élections pour la présidence du parti socialiste francophone seront anticipées et devraient se tenir au mois de juillet et non, comme prévu, en octobre. Si M. Di Rupo devait être réélu, il quitterait sa fonction de ministre-président du gouvernement wallon. Le poste serait confié à un autre socialiste.En avançant ces élections internes, M. Di Rupo veut permettre à son parti d'être fixé sur sa direction et se mettre en ordre de marche pour le scrutin régional de 2009. Aujourd'hui au PS, il convient avant tout de préparer l'avenir", a-t-il ajouté. Depuis le ressac électoral de dimanche, certaines voix se sont élevées au sein du PS pour demander à M. Di Rupo de choisir entre ses différents mandats: président du parti socialiste, ministre-président du gouvernement wallon et bourgmestre de Mons.Parmi ces voix, il y a celle de Guy Spitaels, président du PS de 1981 à 1992. L'homme, qui porta le parti à un score historique de 44% en 1987, est sorti de la réserve qu'il observait depuis son retrait de la vie politique à la suite de l'affaire Agusta. "Il est temps de mettre fin au cumul qui empêche de traiter les problèmes en profondeur. Elio doit faire un choix entre la présidence du parti, la présidence du gouvernement régional et la direction d'une ville qui a vocation de capitale culturelle... A courir trop de lièvres, on ne peut que décevoir", a-t-il déclaré dans l'édition du Soir de jeudi. (belga)
EN SAVOIR PLUS: Guy Spitaels appelle Di Rupo à choisir entre ses mandats

Guy Spitaels appelle Di Rupo à choisir entre ses mandats

Pour la deuxième fois depuis sa retraite politique en 1995, Guy Spitaels sort de son silence. Ancien ministre, ex-bourgmestre d'Ath et ancien sénateur, il exhorte jeudi, dans une interview accordée au Soir, Elio Di Rupo à choisir entre ses différents mandats et regrette que le parti socialiste soit désormais dirigé par des "technocrates" et que les militants n'aient plus leur mot à dire.DéceptionL'ancien président du parti revient sur la défaite des socialistes aux élections législatives, constatant que le parti a perdu un quart de son électorat. "Ne nous tortillons pas: Didier Reynders a gagné son pari", explique-t-il. Il exhorte le président actuel du PS, Elio Di Rupo, à choisir entre ses différents mandats. "Il est temps de mettre fin au cumul, qui empêche de traiter les problèmes en profondeur", insiste-t-il. "A courir trop de lièvres, on ne peut que décevoir."EcouteGuy Spitaels regrette que le PS et son président se soient coupés de la base socialiste. "J'aimerais à tout le moins que la voix des élus socialistes soit plus écoutée que celle des technocrates du Boulevard de l'Empereur", note l'ancien président. "Je constate que les bureaux du parti sont devenus une chambre d'entérinement alors que tout a été bétonné au préalable."L'ancien président constate aussi que le PS colle de moins en moins au monde du travail et de plus en plus à celui des "bobo", les bourgeois-bohèmes. De même, Guy Spitaels regrette que le parti se soit profilé comme "Belgicain" plutôt que comme "défenseur des francophones".

MAJ 12/06/07

La mauvaise sortie d'Elio Di Rupo

Elio Di Rupo a décidément la décantation très lente. Si lente ! Cette ankylose politique, lorsqu'il s'agit de régler les conflits socialo-socialistes - ou d'ego -, ne laisse pas d'étonner, venant d'un homme qui fait preuve d'une énergie et d'une lucidité peu communes dans la gestion de « sa » Région.
Prenez Charleroi, le clou de son cercueil : il aura fallu six mois (et l'on est bon prince...) et un Waterloo électoral pour que le président du PS se décide à prendre la mesure d'autorité que ses seconds (Onkelinx, Dupont...) réclamaient depuis Noël. Et la presse, il n'est pas inutile de le rappeler, depuis l'automne 2005.
Le Montois, aujourd'hui défait, a fait preuve du même aveuglement ou de la même obstination coupable(s) en cumulant les mandats de chef d'un parti dominant, d'une région en capilotade et d'une ville qui se cherchait un avenir.

On ne s'étonnera dès lors qu'à moitié si « l'effet retard » à Charleroi et dans la gestion de ses gigamandats se triple désormais d'un retard à l'allumage face à l'échec électoral du PS.
Quitter le Boulevard de l'Empereur ? Pas d'angélisme : Di Rupo s'y prépare... lentement. Mais on est prêt à parier une dédicace de Van Cau posant en Mr Propre contre un camion de pompiers qu'elle n'interviendra pas avant lanlaire. Di Rupo s'y accrochera tant que son ego - toujours lui - lui dictera que nul plus que lui-même n'est en mesure de négocier le devenir francophone face aux appétits autonomistes flamands.
Si peu de lucidité est-il admissible venant du chef de l'ex-plus grand parti francophone ? Non.
Cette attitude, orgueilleuse, à la limite de l'aveuglement, contraste violemment avec le comportement d'un Verhofstadt ou d'un Vande Lanotte qui, en tirant leur révérence en temps, en heure et en dignité, génèrent déjà de la nostalgie et créent... les conditions de leur retour .
Elio Di Rupo, lui, est en train de rater sa sortie. Et un double rendez-vous historique. En passant illico la main à la présidence, il pourrait se consacrer à temps plein au redressement wallon,
et permettre à son parti de terminer, sans atermoiements, sa modernisation. Enfin.

MAJ 07/06/07

Malgré les affaires, Di Rupo croit en l'intelligence des électeurs

Elio Di Rupo, le président du parti socialiste, dit croire en l'intelligence des citoyens appelés aux urnes dimanche, à l'issue d'une campagne électorale qu'il a estimée "brouillée" en raison de l'utilisation par ses adversaires politiques des affaires judiciaires locales au PS de Charleroi.

Inculpé n'est pas coupable
M. Di Rupo a rappelé les "blessures" que constituaient ces "comportements inqualifiables". Il a également répété que pour lui "inculpation" n'était pas synonyme de "culpabilité".

Carolos, 2% du peuple belge
Enfin, a dit le président du PS, les Carolos constituent 2% de la population belge, il faut s'en occuper mais il faut aussi s'occuper des autres 98% de Belges concernés par les élections législatives, dont les enjeux sont nationaux.

MR profiteur
Elio Di Rupo a ressorti l'argument selon lequel le MR s'est offert un espace médiatique sur les affaires de Charleroi pour masquer son propre bilan au gouvernement et faire preuve de discrétion sur son propre programme électoral, que le PS juge faible. "Mais ma conviction est que les citoyens sont intelligents, ils font preuve de maturité politique, ils ne sont pas dupes", a-t-il encore dit. (belga)

Un président sans pouvoir

Elio Di Rupo devrait se méfier des incantations et des formules chocs. Il est doué pour la communication : c'est sur elle, d'ailleurs, qu'il a construit son succès depuis 1999, date à laquelle il est devenu président du PS. Mais, en cette période de chaos, ce don de la nature pourrait bien se retourner contre lui. Il ne peut plus se contenter, aujourd'hui, de décréter la chasse aux parvenus ou de réclamer des gestes forts. Chaque jour, ou presque, éclate une nouvelle affaire mouillant l'un ou l'autre élu socialiste : les sociétés de logement social, les secteurs des déchets, du sport, des marchés publics (Bernard Anselme, bourgmestre de Namur, est à son tour sur la sellette). Le « réseau » socialiste craque de toutes parts. Et ce n'est sans doute pas fini : de nouveaux dossiers, notamment en matière de logement social, ne demandent qu'à sortir. Et l'un ou l'autre des socialistes dernièrement emprisonnés, tels l'échevin Lucien Cariat ou le chef de cabinet du bourgmestre Van Gompel, pourraient bien être tentés, pour défendre leur peau, de « lâcher » l'une ou l'autre information susceptible de faire mal aux barons toujours en place. C'est une véritable spirale du chaos qui emporte le PS. Dans pareil contexte, les incantations et les propos virils ne suffisent plus. La chasse aux parvenus ? Il faut partir en guerre contre les barons omnipotents, les cumulards et tous ceux - on les connaît, au PS - qui ont bâti leur popularité et, parfois, leur richesse, sur un « système », un réseau opaque et antidémocratique. Des gestes forts ? Le président du PS devrait les poser lui-même. Ceux qu'il attend de ses « ouailles » indélicates ne viennent pas, ou si tard, ou si peu. Pourquoi ne met-il pas, lui-même, sa double fonction de président du parti et de ministre-président wallon dans la balance ? Pourquoi a-t-il montré le mauvais exemple, en octobre 2005, lorsqu'il a endossé le cumul de ces lourdes fonctions, sans renoncer non plus à son titre de bourgmestre de Mons ? Pourquoi ne s'est-il pas sérieusement attaqué, dans le passé, au mal qui ronge le socialisme francophone, c'est-à-dire à ce dogme absolu que constitue l'autonomie des fédérations, en vertu de laquelle chaque baron règne sans partage sur son « cheptel » ? Pourquoi ne s'est-il pas évertué à modifier les statuts du parti, dès lors que ceux-ci, favorisant la construction de véritables citadelles intouchables dans les fédérations, empêchent une véritable réforme du parti ? Pourquoi n' « encourage »-t-il pas Jean-Claude Van Cauwenberghe à se « ranger des voitures », lui qui incarne le PS carolo depuis des décennies, et qui l'a construit tel qu'il est aujourd'hui ? Pourquoi n'oppose- t-il pas son veto à la liste des candidats socialistes pour les élections communales d'octobre prochain, déposée à Charleroi, sur laquelle figurent notamment, excusez du peu, Philippe Van Cauwenberghe, le fiston du patron, Alisson De Clercq, la fille du (bientôt ex-)député permanent Jean-Pierre De Clercq dont les activités en tant qu'avocat font l'objet d'une instruction judiciaire, ainsi que Laurence Wilgaut, la fille du président du CPAS et ex-président de la société de logements sociaux Le Val d'Heure, dont le dossier a été transmis par la Société wallonne du logement au parquet de Charleroi...
En guise de « gestes forts », voici ceux que Di Rupo a posés après la dernière (?) affaire qui a ébranlé le PS de Charleroi. 1. Il a « confirmé » Jacques Van Gompel. Le bourgmestre de Charleroi avait remis son mandat entre les mains de son président de parti après l'inculpation de Patrick Henseval, son chef de cabinet par ailleurs président du club de volley les Dauphines, pour, notamment, corruption active et détournements de biens publics. Et voilà Van Gompel présenté comme un mayeur soucieux du bien commun, seul capable de mettre un peu d'ordre dans la maison carolo. N'est-ce pas lui pourtant, qui, dès le lendemain du témoignage de confiance de Di Rupo à son endroit, lâchait sur les ondes de la RTBF une diatribe contre la gestion des affaires par les ministères de l'Intérieur et de la Justice ? Comme entrée en matière, on pouvait rêver mieux. Et puis, rappelons-nous : il n'y a pas si longtemps, le même homme était présenté comme « gentil » et intègre, certes, mais également comme la potiche de Van Cau : n'est-ce pas celui-ci qui, au moment de sa promotion en tant que ministre régional, en 1995, avait cédé l'écharpe mayorale à son ami Van Gompel, réputé loyal et peu susceptible de lui faire de l'ombre ? Au PS, on passe décidément vite du statut d'homme de paille à celui d'homme providentiel... 2. Le bureau du PS (l'organe exécutif du parti) a pris acte du retrait du député permanent Jean-Pierre De Clercq de la liste des candidats socialistes hennuyers pour les élections provinciales, qui se dérouleront également le 8 octobre. Mais le bureau considère qu' « il appartient à Jean-Pierre De Clercq d'analyser la situation ». Entendez : Di Rupo aimerait que ce dernier n'attende pas le 8 octobre pour faire ses valises et quitter la députation permanente du Hainaut. 3. Le bureau du parti demande la démission, du collège des bourgmestre et échevins de Charleroi, de Lucien Cariat, l'échevin incarcéré pour l'affaire ICDI (Intercommunale de collecte et de destruction des immondices). 4. Le président du PS en a appelé au renforcement des règles et des contrôles, notamment dans les secteurs des intercommunales, des ASBL para-communales et para-provinciales et des sociétés de logement. Certains passages du communiqué officiel étonnent, cependant : le projet de réforme des intercommunales y est présenté comme « adopté », ce qui n'est toujours pas le cas à ce jour... notamment à cause du manque d'empressement socialiste. C'est aux réticences socialistes que l'on doit, aussi, le fait que certaines réformes, déjà officialisées en décret, attendent toujours le début d'une concrétisation. Aux freins du PS, encore, que la chasse aux cumuls salariaux et des mandats, pourtant au c£ur de toutes les affaires qui éclatent, n'est pas réellement ouverte. Il faut donc vraiment chausser des lunettes à verres grossissants pour distinguer un soupçon de « force » dans ces gestes-là...
Au-delà des mots : du vent ?
Elio Di Rupo ne serait-il pas, finalement, qu'un président d'opérette ? « Il est coincé, souligne le politologue Pascal Delwit (ULB). D'abord par les statuts du parti. Le PS tient sa pâture et son succès de son implantation locale. Les mandataires locaux sont donc traditionnellement très puissants. L'organisation du parti en 14 fédérations d'arrondissement, dont 2 très influentes, celles de Liège et de Charleroi, et en 700 sections locales et unions socialistes communales, limite fortement les marges d'action du président du parti. Le pouvoir est décentralisé à outrance. Un exemple : le pouvoir d'exclure un membre du parti appartient à l'échelon local et n'est pas du ressort présidentiel ! Bien sûr, le président a un pouvoir d'influence : Di Rupo en a déjà largement usé, depuis son entrée en fonction, en 1999. C'est grâce à son action en sous-main que la fédération liégeoise est désormais présidée par Willy Demeyer, l'homme du renouveau, paraît-il, et non par Charles Janssens, l'émissaire du "patron" Michel Daerden. Mais si les interventions du président sont trop visibles ou trop autoritaires, elles se heurtent inévitablement au veto de barons à l'ego surdimensionné et à la susceptibilité légendaire. Le retrait de Jean-Pierre De Clercq de la liste provinciale ? Il n'a pu l'obtenir qu'en raison de l'affaiblissement de Jean-Claude Van Cauwenberghe et du PS de Charleroi. A défaut, il aurait pu hurler longtemps dans le désert. » Presque impossible aussi, en vertu de la loi fédérale, de contraindre un échevin, démocratiquement élu, à démissionner. Statutairement, donc, la rénovation du parti doit partir de la base. Mais, hormis quelques jeunes pousses prometteuses mais muselées (lire en p. 20), la base elle-même obéit le plus souvent aveuglément aux caciques locaux, dont l'art de la rhétorique et les pratiques clientélistes fidélisent le « client ».
Dinosaures
Après son accession à la présidence du parti, Di Rupo avait pourtant annoncé, avec force effets de manches, la rénovation de son parti. On allait voir ce qu'on allait voir : le PS serait rajeuni, démocratisé, féminisé. On a vu. Isabelle Simonis, placée à la présidence du parlement de la Communauté française en juillet 2004, a été contrainte à la démission trois mois (!) plus tard, après une « erreur de communication ». En décembre 2004, Marie Arena, l'autre « merveille » présidentielle, se prend les pieds dans la coûteuse rénovation de son cabinet ministériel. Pas de chance, décidément... Le président force l'ouverture des listes électorales socialistes aux femmes ? Jetons un £il sur la liste des candidats pour les élections communales prochaines : à Charleroi, sur les dix premières places - celles qui comptent -, seules deux sont concédées au sexe « faible » ! Et, dans ce domaine, cela est loin d'être une exception. Quant à la démocratisation du parti, on l'attend toujours. Après la victoire électorale de 2003 (élections législatives fédérales) et celle de 2004 (élections régionales), Elio Di Rupo avait toutes les cartes en main pour donner un bon coup de pied dans la fourmilière, modifier plus profondément l'organisation du parti en fédérations, limiter l'autonomie de ces dernières. Il n'a pas saisi l'occasion de prendre les caciques à rebrousse-poil et d'imposer des mécanismes de contrôle plus stricts limitant leur marge de man£uvre. Pis : il a nommé Van Cau ministre-président wallon et José Happart (qui rêvait de conserver un portefeuille ministériel !) président du parlement sudiste. Il a conservé, dans sa garde rapprochée, des Michel Daerden, Bernard Anselme, Charles Picqué, Philippe Moureaux et André Flahaut, qui ressemblent davantage à des dinosaures et à ces barons tant décriés aujourd'hui qu'à des échantillons d'un renouveau prometteur.
A une encablure des élections communales et à un an du prochain scrutin législatif fédéral, le moment se prête évidemment mal à une grande remise en question statutaire : les hiérarques blessés sont dangereux, et le risque d'une dissidence est réel. En outre, le PS doit autant son succès que ses déboires à ces élus locaux qui imposent la loi dans les fédérations et les unions socialistes locales : ce sont eux, en effet, qui recueillent des voix ! Elio Di Rupo se trouve donc dans une impasse. Il n'y a pas que son parti qui fonce dans le mur en klaxonnant : la Région wallonne, aux destinées de laquelle il est censé présider, attendra sans doute encore longtemps les premiers effets d'un plan Marshall annoncé avec beaucoup de tapage médiatique à l'été dernier. Quant à la grande négociation communautaire qui s'annonce entre le Nord et le Sud, il y a fort à parier que le président du PS aura beaucoup de mal à s'y imposer comme un rempart crédible contre les velléités confédéralistes d'une Flandre plus que jamais conquérante. Et dire qu'il y a peu de temps encore certains l'imaginaient volontiers en Premier ministre...

MAJ 02/05/07

Charleroi: Di Rupo, piégé par les "siens"


Di Rupo pensait avoir gagné. Comme aux communales de 2006, passées sans encombre, ou presque. Le président socialiste et chef du gouvernement wallon du PS se cramponnait à une stratégie du long terme, sans rupture ni excommunication. Des éminences comme Laurette Onkelinx, Philippe Moureaux ou Philippe Courard le pressaient-ils de forcer Jean-Claude Van Cauwenberghe à abandonner la direction du PS carolo ? De proches conseillers de Di Rupo lui susurraient-ils à l'oreille que, là, pour une fois, il commettait une erreur ? Le « président » maintenait le cap... et Van Cau ! Pis : le 9 octobre 2006, par exemple, Elio Di Rupo accepte sans sourciller que le « parrain » carolo prenne la pose sur la photo qui immortalise la coalition du « renouveau » dans la première ville de Wallonie, après les communales. Dangereux... Di Rupo laisse Van Cau choisir « ses » échevins, dont son fils Philippe, et se contente d'un compromis visant à intégrer des rénovateurs imposés - sur le fil - par le Boulevard de l'Empereur. Dès les premières semaines de 2007, la direction du PS reste ensuite insensible aux man£uvres du même Van Cau. En coulisses, ce dernier contrôle le pouvoir politique local. C'est au sein de l'Union socialiste communale - la section locale du PS dont il reste le président - que Van Cau tire les ficelles, donne les consignes aux échevins amis, torpille les autres, répartit (encore) les mandats dans les ASBL si décriées ou les intercommunales en sursis.
L'influence de Van Cauwenberghe s'est érodée au fil des mois, c'est sûr. L'homme blessé s'est marginalisé. Mais, au c£ur de l'appareil socialiste, de nombreux témoignages l'attestent : le pouvoir de nuisance du clan Van Cau reste important. Comment s'étonner, dès lors, qu'Elio Di Rupo soit pris au piège ? Le président socialiste a misé sur les mauvais cavaliers. Dans le blizzard, avant les communales d'octobre 2006, il s'en remettait à Jacques Van Gompel. Heureusement pour le PS que Van Gompel a été incarcéré... juste après. Dans les coulisses de l'enquête, on assure aujourd'hui que l'ancien bourgmestre a joué un rôle actif dans les basses man£uvres orchestrées en plein c£ur de l'hôtel de ville (les marchés publics truqués, par exemple). Il renoue ces temps-ci avec Van Cau. Il n'était pas une simple victime du système. Ces derniers mois, Elio Di Rupo a ensuite jeté son dévolu sur le modeste Léon Casaert, maïeur de rechange, réputé intègre et peu suspecté de connivences avec Van Cau. Mais qui oserait affirmer que l'ancien échevin du Troisième Age ne sera pas inculpé dans les prochaines semaines ? Comment Di Rupo pourra-t-il justifier la pression qu'il maintient ainsi, à son corps défendant, certes, sur son propre parti ? Pourquoi le ministre-président n'a-t-il pas imposé une coupure radicale entre les agissements de l'ancien PS et les temps nouveaux, prémices de l'assainissement ? Autorisant ainsi tous les amalgames... La justice estime que le pouvoir communal carolo a couvert des pratiques illégales, organisées par des fournisseurs, des hauts fonctionnaires ou des hommes politiques. Le basculement vers l'ère des malversations daterait de 1993, à l'époque où le bourgmestre Van Cauwenberghe a nommé le secrétaire communal Eric Lecomte, un proche lieutenant. De 1993 à 2006, les faux procès-verbaux de réunions du collège échevinal carolo étaient fréquents. On s'arrangeait, on bidouillait. Van Cau, qui répond par le seul mot « prescription », Casaert et d'autres pourraient chuter. Dans un vilain ensemble.

MAJ 31/05/2007

" Allô ? C'est Elio à l'appareil "

Les ténors du PS au bout du fil tout au long de ce week-end
Converser avec Elio Di Rupo ? Vous pourrez le faire dès ce vendredi au cours du chat de la DH . Mais le PS vous offre aussi la possibilité de l'appeler directement au téléphone. Et gratuitement, via une ligne spéciale : le 0800/18.118.
L'opération se déroule ces samedi et dimanche, de 8 h 30 à 20 h 30. Après un message préenregistré du Montois, des téléphonistes vous dirigeront vers la personne la mieux à même de répondre à vos questions.
Ministres, parlementaires et candidats se relayeront toutes les quatre heures, avec des techniciens en appui. M. Di Rupo lui-même sera de quart samedi matin et un peu en ce dimanche de Doudou.
Entretien.
Ce projet, c'est pour désamorcer la bombe de Charleroi ?
"Pas du tout ! C'était prévu de longue date. Le but est de créer un lien direct avec les gens, répondre à leurs questions et inquiétudes."
Vous vous attendez à des questions sur les affaires, non ?
"On répondra sur tout. La hausse des pensions, les menaces de régionalisation de l'emploi... Les questions essentielles, que certains tentent de reléguer derrière un écran de fumée..."
Un écran de fumée ?
"Le départ forcé de M. Chastel ne trompe personne. Les libéraux veulent détourner l'attention de leur bilan au gouvernement, des projets. Tout ce tohu-bohu est volontaire."
Comment jugez-vous les conditions mises par Écolo à son entrée dans la majorité à Charleroi ?
"C'est un paravent électoraliste. On discutera sereinement avec tous les partis démocratiques après le 10 juin. J'ai des idées. Mais pas d'urgence : il n'y a ni morts ni blessés, quand même..."

Un accord avec le MR est-il encore possible pour la formation du prochain gouvernement fédéral ?
"Je garde mon sang-froid. Depuis que les libéraux ont été sortis des Régions, on est entré dans l'ère de la scandalite, provoquée et soutenue par eux. Il faudra un geste fort de leur part pour qu'une confiance puisse se rétablir, après ces comportements méprisants tout bonnement inqualifiables."
Propos recueillis par Ch. Carpentier
© La Dernière Heure 2007

La paille, la poutre et l'amnésique

DELFOSSE,LUC
mercredi 30 mai 2007
En déclarant qu'à Charleroi, le MR avait perdu « le sens de la responsabilité », Elio Di Rupo vient de franchir, de façon pathétique, la ligne rouge politique.
Oh, bien sûr, le président du PS n'a pas tort sur la forme : la valse-hésitation d'Olivier Chastel n'est pas très glorieuse. L'homme fait son Tartarin (« À la première inculpation, je m'en vais »), se rétracte (« Je reste au nom du bien commun ») avant d'être suicidairement démissionné par Didier Reynders, pour d'évidents motifs électoraux.
Suicidaires ? On jaugera du résultat dans moins de 15 jours. Reste que le dramuscule était écrit dans les astres tant il est vrai que le collège de Charleroi, ses jeunes pousses mises à part, abrite autant de bombes à retardement qu'il compte de socialistes. Chastel et son président auraient pu y penser avant d'embarquer dans la « majorité de renouveau ». La remarque vaut aussi pour le CDH, le désormais meilleur ami du PS.

Mais, pour appeler un chat un chat, Elio Di Rupo ne manque vraiment ni d'air ni de cynisme.
« Responsabilité » ? Mais au fait : qui préside depuis dix ans le grand vieux parti ? Qui fait et défait les majorités ? Qui nomme et révoque ? Qui s'est fait le champion de la bonne gouvernance ? Qui est, théoriquement, si puissant, qu'on l'a surnommé « le régent de Belgique » ? Qui dirige, en principe, la tutelle sur les municipalités, sous sa casquette de ministre-président ?
Et pourtant : qui, du haut de son Olympe, n'a posé aucun geste radical pour assainir, en père de famille, ce cloaque? Qui, sous couvert de l'autonomie des fédérations, a été incapable de déboulonner Van Cau, l'homme qui a installé et protégé l'équipe de branquignols et de tricheurs qui gouverne en bord de Sambre ?
On ne sait comment le président du PS compte rebondir. A défaut de poigne et d'excuses, il nous avait promis, il y a quelques mois à peine de « prendre de la hauteur. »
Trop ? Voila qu'on le retrouve, sur une orbite extravagante. Au large de la planète Amnésie. On attend autre chose d'un homme qui se pose un peu là, en redresseur de la Wallonie, en costaud portant la rénovation du PS ou en improbable Premier ministre francophone.

Elio Di Rupo, toujours au but

Elio Di Rupo au bout de deux bifurcations dans sa trajectoire vers le "seize". Auquel il croit toujours.
Réagissez sur notre forum. Consultez notre dossier "Elections 2007": les candidats, les enjeux, les fiches, les vidéos des débats. Suivez aussi l'actualité des élections sur le fil info.E n politique non plus, la vie n'est pas droite. L'« Elio Di Rupo » sous nos yeux à deux semaines des élections est l'oeuvre de deux bifurcations, comme on l'entend en physique. Deux « momentum » qui l'ont dévié de sa trajectoire initiale, tendue vers le but, le « seize », tracée depuis 1999 à la présidence du PS : 1. le renversement des majorités francophones en juillet 2004 ; 2. le scandale de la « Carolo » et son entrée à l'Elysette en octobre 2005.
Le président marchant sur l'eau, celui de la « rénovation », du « pôle des gauches » et toutes ces stratégies gagnantes, était parti tout droit pour hisser le PS aux sommets atteints il y a vingt ans, lors de son accession au pouvoir sous Guy Spitaels : le toit des 40 % des voix en Wallonie en 1988. Voué à s'imposer sans discussion au 16 rue de la Loi, Elio Di Rupo a vu la mer se refermer devant lui avant l'heure. Son but est resté. Tout est devenu plus compliqué. En deux temps.
1 Le samedi 26 juin 2004. A l'issue d'un bureau de parti exceptionnel, Elio Di Rupo annonce qu'il renverse la table en Wallonie, à Bruxelles et à la Communauté française. Fort du score de son parti aux élections régionales du 13 juin (36,92 % en Wallonie, 33,35 % à Bruxelles, où il dépasse le MR), le président du PS écarte les libéraux des majorités francophones, avec lesquels il gouverne depuis 1999, comme au fédéral - au profit du CDH et d'une coalition de centre gauche.
Un séisme, pas tant parce que socialistes et libéraux se séparent (partir-revenir, ils sont faits pour ça, et les résultats du 13 juin poussaient au crime, objectivement), mais parce qu'un pacte de fer entre les partenaires vole en éclats.
Longtemps évoqué, nous en livrons les termes. Il a été conclu le 3 janvier 2003 entre Elio Di Rupo et Louis Michel, dans un appartement privé du socialiste à Bruxelles, et devant notaire, un Montois, M e Franeau. Les préaccords secrets sont choses courantes chez nous, où le mode de scrutin proportionnel encourage tous azimuts les alliances dans l'ombre, mais celui-ci a un statut supérieur, par sa forme, la personnalité des contractants, sa portée : Elio Di Rupo et Louis Michel s'engagent à gouverner ensemble après les législatives de mai 2003, et nouent une série d'accords en vue des régionales de juin 2004. Ils se partagent les postes ministériels en Wallonie et à la Communauté française. C'est le fruit de tractations débutées en décembre 2002. Dans le lot, Louis Michel assure même ses arrières en obtenant de son compère son soutien à sa désignation comme futur Commissaire européen, prévue un an plus tard, envisageant de s'effacer de la scène intérieure pour transmettre le parti à son fils, Charles. L'on sait que Louis Michel partira bien pour l'Europe, mais dans la débâcle, après l'éviction du MR des majorités régionales.
Incroyablement, le pacte de fer n'a pas résisté. Elio Di Rupo s'était estimé délié de ses engagements depuis que le lundi 26 janvier 2004, Louis Michel et Antoine Duquesne (président du MR à l'époque), l'un dans La Libre, l'autre dans Vers l'Avenir, avaient soudainement lancé un appel à Joëlle Milquet afin qu'elle accole son CDH au MR, pour contrecarrer la suprématie du PS. Un blitzkrieg risqué à trois mois des élections. L'opération de « débauchage » de responsables sociaux-chrétiens par des dignitaires du MR échouera. Le MR veut en rester là. Pas le PS. Elio Di Rupo fait savoir aux libéraux-réformateurs que leur tentative de constituer une force de centre droit alternative à son parti rompt de facto leur entente. On connaît la suite.
Cette séquence infernale entre PS et MR (le pacte, le blitzkrieg, le renversement de juin) est ravageuse pour leurs relations mutuelles, qui structurent pour une bonne part notre vie politique. Le MR sort du gâchis avec un sourd besoin de vengeance. Il devient guerrier. S'emparant de la présidence du parti en septembre 2004, au départ de Louis Michel, Didier Reynders se met à cogner, pour se démarquer de l'ancien « patron », plus rond, prompt aux concessions, et sa ligne dure s'alimente au besoin diffus d'une revanche parmi les cadres et militants. « Ils veulent nous abattre, et me salir par tous les moyens possibles et imaginables, c'est le coeur de leur campagne électorale », estimait récemment Elio Di Rupo.
Pointant le scrutin de 2007, le MR ramène systématiquement le PS à l'« assistanat », la « mauvaise gouvernance », l'« archaïsme ». Aux « affaires » pour ne pas les nommer. Il enfonce le clou. A deux semaines du scrutin, le président du PS réplique, mais il joue en défense. Les « affaires » pèsent. L'adversaire en (ab)use. Il y a bel et bien eu entre-temps la deuxième bifurcation pour Elio Di Rupo...
2 Septembre 2005. Le scandale de la Carolo et la gestion calamiteuse des logements sociaux défraient la chronique. Vendredi 30, l'échevin Claude Despiegeleer est arrêté. Van Cau, chef historique des socialistes carolos, alors ministre-président wallon, est dans le cyclone. Elio Di Rupo l'appelle au téléphone à deux reprises ce jour-là. A 17 heures, lors d'une longue conversation, le président du PS lui explique qu'il ne veut pas qu'il démissionne. A 19 heures, Van Cau appelle Elio Di Rupo, et lui annonce qu'il a décidé de laisser tomber : « Quoi que je fasse, les médias ne me parlent plus que de ça, plus rien d'autre ne passe, ce n'est pas tenable. » C'est l'heure de l'Elysette pour Elio Di Rupo. A la télévision le dimanche, Henri Mestdagh, patron des patrons wallons, le presse d'y aller. Il y va. Le président du PS pressent une longue période de tourments pour son parti. Ce seront les ondes de choc de l'ICDI, de l'incrimination du collège carolo, du mayeur Jacques Van Gompel, etc. Il sait aussi qu'un long bras de fer s'engage désormais avec Van Cau. Replié dans sa ville, meurtri, convaincu qu'« on » l'a lâché (Philippe Moureaux et Laurette Onkelinx en particulier, mais aussi le locataire du Boulevard de l'Empereur), il n'hésitera pas à tenter de
déstabiliser son président. Elio Di Rupo choisit de « régler » le dossier carolo dans la foulée de la justice, en manoeuvrant habilement par contournements successifs. En dépit des pressions de certains dans son entourage, comme de celle opérée par les médias, il ne va pas à l'affrontement direct avec un PS carolo toujours aux mains de Van Cau. Il sait que cela l'attirerait, lui, dans un piège mortel, qu'il serait aspiré dans le tourbillon jusqu'à sa perte.
Il sait aussi qu'en s'installant à l'Elysette, il ouvre un nouveau front, lance un défi salutaire, celui de l'inaccessible redressement wallon. Dont il pourrait tirer argument, apparaître à terme comme l'auteur. Avant juin 2007, si possible. Comme une diversion par les temps qui courent. L'Elysette est une fenêtre. Et après les deux grandes bifurcations de 2004 et 2005, la Wallonie est la nouvelle frontière d'Elio Di Rupo. Sa chance et sa manière de revenir au but...
3 Le 16 mai 2007. Dans le minibus qui emporte les visiteurs à l'extérieur du site de la société pharmaceutique « Baxter », à Lessines, où l'on se réjouit d'un investissement de 85 millions d'euros, et de la création de 150 emplois avant 2012, Elio Di Rupo a une brève conversation avec Eric Domb, président de l'Union wallonne des entreprises, et quelques patrons à ses côtés. Il se lâche : « On vit dans un monde virtuel, quand même ! Une page sur Rovillard (dans La Libre, NDLR) pour aucune info neuve ! Le PS décrit comme ça, alors qu'on fait autre chose... » Devant lui, les PDG approuvent. L'épisode résume toute la tension de la campagne pour Elio Di Rupo.
Quelques minutes auparavant, devant les cadres de l'entreprise qui se félicitaient de l'intervention des autorités wallonnes, et réclamaient maintenant « le coup de fouet en plus dans la formation et l'enseignement technique, qui nous fera profiter de la période de forte croissance », Elio Di Rupo relance son credo : « La Wallonie est revenue dans la short list finale des investisseurs étrangers. Redevenue une zone qui vaut la peine d'être examinée. Je ne vous dis pas que tout va bien, mais je traite de menteurs ceux qui prétendent que nous allons mal. On voit le renouveau se faire jour, depuis 2000, et maintenant plus fort. »
Ce « défi » wallon qui est constitutif de sa campagne, cet argument dont il a besoin pour se lancer à la conquête du « seize », est un combat aux tours insoupçonnés. Dans la voiture qui le ramène à toute vitesse à Mons, Elio Di Rupo nous confie : « Sur certains gros dossiers d'investissements, la compétition est terrible... Et des politiques flamands connus, parmi les plus influents, de leur région et dans le pays, interviennent directement pour nous bloquer. Ils essayent de détourner vers eux des investisseurs étrangers qui examinent la possibilité de venir en Wallonie. J'ai deux ou trois exemples. » Lesquels ? Motus. Interrogé plus tard, Elio Di Rupo maintient sa réserve, et nous confirme ses lourdes accusations. Evocatrices d'un monde caché : le réel, sous l'apparent. Avant cela, il avait lâché : « La chance de devenir Premier ministre est mince, mais elle existe. » Vous pensez : le 16-rue de la Loi, occupé par les Flamands comme un poste stratégique, avec vue sur toute la maison Belgique, et la main sur de grands leviers socio-économiques... Voir un francophone y accéder, maintenant, ou dans deux ans - en 2009, après une législature éclair qui serait consacrée à la réforme de l'Etat -, mis à part la force symbolique, ce ne serait que justice fédérale. Un ministre-président
wallon, en plus, vous n'y pensez pas. Quel formidable gain pour le sud ! Et, accessoirement, pour lui, Elio Di Rupo.

Elio Di Rupo, toujours au but not least

Elio Di Rupo au bout de deux bifurcations dans sa trajectoire vers le "seize". Auquel il croit toujours.Réagissez sur notre forum. Consultez notre dossier "Elections 2007": les candidats, les enjeux, les fiches, les vidéos des débats. Suivez aussi l'actualité des élections sur le fil info.
E n politique non plus, la vie n'est pas droite. L'« Elio Di Rupo » sous nos yeux à deux semaines des élections est l'oeuvre de deux bifurcations, comme on l'entend en physique. Deux « momentum » qui l'ont dévié de sa trajectoire initiale, tendue vers le but, le « seize », tracée depuis 1999 à la présidence du PS : 1. le renversement des majorités francophones en juillet 2004 ; 2. le scandale de la « Carolo » et son entrée à l'Elysette en octobre 2005.
Le président marchant sur l'eau, celui de la « rénovation », du « pôle des gauches » et toutes ces stratégies gagnantes, était parti tout droit pour hisser le PS aux sommets atteints il y a vingt ans, lors de son accession au pouvoir sous Guy Spitaels : le toit des 40 % des voix en Wallonie en 1988. Voué à s'imposer sans discussion au 16 rue de la Loi, Elio Di Rupo a vu la mer se refermer devant lui avant l'heure. Son but est resté. Tout est devenu plus compliqué. En deux temps.

1 Le samedi 26 juin 2004. A l'issue d'un bureau de parti exceptionnel, Elio Di Rupo annonce qu'il renverse la table en Wallonie, à Bruxelles et à la Communauté française. Fort du score de son parti aux élections régionales du 13 juin (36,92 % en Wallonie, 33,35 % à Bruxelles, où il dépasse le MR), le président du PS écarte les libéraux des majorités francophones, avec lesquels il gouverne depuis 1999, comme au fédéral - au profit du CDH et d'une coalition de centre gauche.
Un séisme, pas tant parce que socialistes et libéraux se séparent (partir-revenir, ils sont faits pour ça, et les résultats du 13 juin poussaient au crime, objectivement), mais parce qu'un pacte de fer entre les partenaires vole en éclats.
Longtemps évoqué, nous en livrons les termes. Il a été conclu le 3 janvier 2003 entre Elio Di Rupo et Louis Michel, dans un appartement privé du socialiste à Bruxelles, et devant notaire, un Montois, M e Franeau. Les préaccords secrets sont choses courantes chez nous, où le mode de scrutin proportionnel encourage tous azimuts les alliances dans l'ombre, mais celui-ci a un statut supérieur, par sa forme, la personnalité des contractants, sa portée : Elio Di Rupo et Louis Michel s'engagent à gouverner ensemble après les législatives de mai 2003, et nouent une série d'accords en vue des régionales de juin 2004. Ils se partagent les postes ministériels en Wallonie et à la Communauté française. C'est le fruit de tractations débutées en décembre 2002. Dans le lot, Louis Michel assure même ses arrières en obtenant de son compère son soutien à sa désignation comme futur Commissaire européen, prévue un an plus tard, envisageant de s'effacer de la scène intérieure pour transmettre le parti à son fils, Charles. L'on sait que Louis Michel partira bien pour l'Europe, mais dans la débâcle, après l'éviction du MR des majorités régionales.
Incroyablement, le pacte de fer n'a pas résisté. Elio Di Rupo s'était estimé délié de ses engagements depuis que le lundi 26 janvier 2004, Louis Michel et Antoine Duquesne (président du MR à l'époque), l'un dans La Libre, l'autre dans Vers l'Avenir, avaient soudainement lancé un appel à Joëlle Milquet afin qu'elle accole son CDH au MR, pour contrecarrer la suprématie du PS. Un blitzkrieg risqué à trois mois des élections. L'opération de « débauchage » de responsables sociaux-chrétiens par des dignitaires du MR échouera. Le MR veut en rester là. Pas le PS. Elio Di Rupo fait savoir aux libéraux-réformateurs que leur tentative de constituer une force de centre droit alternative à son parti rompt de facto leur entente. On connaît la suite.
Cette séquence infernale entre PS et MR (le pacte, le blitzkrieg, le renversement de juin) est ravageuse pour leurs relations mutuelles, qui structurent pour une bonne part notre vie politique. Le MR sort du gâchis avec un sourd besoin de vengeance. Il devient guerrier. S'emparant de la présidence du parti en septembre 2004, au départ de Louis Michel, Didier Reynders se met à cogner, pour se démarquer de l'ancien « patron », plus rond, prompt aux concessions, et sa ligne dure s'alimente au besoin diffus d'une revanche parmi les cadres et militants. « Ils veulent nous abattre, et me salir par tous les moyens possibles et imaginables, c'est le coeur de leur campagne électorale », estimait récemment Elio Di Rupo.
Pointant le scrutin de 2007, le MR ramène systématiquement le PS à l'« assistanat », la « mauvaise gouvernance », l'« archaïsme ». Aux « affaires » pour ne pas les nommer. Il enfonce le clou. A deux semaines du scrutin, le président du PS réplique, mais il joue en défense. Les « affaires » pèsent. L'adversaire en (ab)use. Il y a bel et bien eu entre-temps la deuxième bifurcation pour Elio Di Rupo...
2 Septembre 2005. Le scandale de la Carolo et la gestion calamiteuse des logements sociaux défraient la chronique. Vendredi 30, l'échevin Claude Despiegeleer est arrêté. Van Cau, chef historique des socialistes carolos, alors ministre-président wallon, est dans le cyclone. Elio Di Rupo l'appelle au téléphone à deux reprises ce jour-là. A 17 heures, lors d'une longue conversation, le président du PS lui explique qu'il ne veut pas qu'il démissionne. A 19 heures, Van Cau appelle Elio Di Rupo, et lui annonce qu'il a décidé de laisser tomber : « Quoi que je fasse, les médias ne me parlent plus que de ça, plus rien d'autre ne passe, ce n'est pas tenable. » C'est l'heure de l'Elysette pour Elio Di Rupo. A la télévision le dimanche, Henri Mestdagh, patron des patrons wallons, le presse d'y aller. Il y va. Le président du PS pressent une longue période de tourments pour son parti. Ce seront les ondes de choc de l'ICDI, de l'incrimination du collège carolo, du mayeur Jacques Van Gompel, etc. Il sait aussi qu'un long bras de fer s'engage désormais avec Van Cau. Replié dans sa ville, meurtri, convaincu qu'« on » l'a lâché (Philippe Moureaux et Laurette Onkelinx en particulier, mais aussi le locataire du Boulevard de l'Empereur), il n'hésitera pas à tenter de
déstabiliser son président. Elio Di Rupo choisit de « régler » le dossier carolo dans la foulée de la justice, en manoeuvrant habilement par contournements successifs. En dépit des pressions de certains dans son entourage, comme de celle opérée par les médias, il ne va pas à l'affrontement direct avec un PS carolo toujours aux mains de Van Cau. Il sait que cela l'attirerait, lui, dans un piège mortel, qu'il serait aspiré dans le tourbillon jusqu'à sa perte.
Il sait aussi qu'en s'installant à l'Elysette, il ouvre un nouveau front, lance un défi salutaire, celui de l'inaccessible redressement wallon. Dont il pourrait tirer argument, apparaître à terme comme l'auteur. Avant juin 2007, si possible. Comme une diversion par les temps qui courent. L'Elysette est une fenêtre. Et après les deux grandes bifurcations de 2004 et 2005, la Wallonie est la nouvelle frontière d'Elio Di Rupo. Sa chance et sa manière de revenir au but...
3 Le 16 mai 2007. Dans le minibus qui emporte les visiteurs à l'extérieur du site de la société pharmaceutique « Baxter », à Lessines, où l'on se réjouit d'un investissement de 85 millions d'euros, et de la création de 150 emplois avant 2012, Elio Di Rupo a une brève conversation avec Eric Domb, président de l'Union wallonne des entreprises, et quelques patrons à ses côtés. Il se lâche : « On vit dans un monde virtuel, quand même ! Une page sur Rovillard (dans La Libre, NDLR) pour aucune info neuve ! Le PS décrit comme ça, alors qu'on fait autre chose... » Devant lui, les PDG approuvent. L'épisode résume toute la tension de la campagne pour Elio Di Rupo.
Quelques minutes auparavant, devant les cadres de l'entreprise qui se félicitaient de l'intervention des autorités wallonnes, et réclamaient maintenant « le coup de fouet en plus dans la formation et l'enseignement technique, qui nous fera profiter de la période de forte croissance », Elio Di Rupo relance son credo : « La Wallonie est revenue dans la short list finale des investisseurs étrangers. Redevenue une zone qui vaut la peine d'être examinée. Je ne vous dis pas que tout va bien, mais je traite de menteurs ceux qui prétendent que nous allons mal. On voit le renouveau se faire jour, depuis 2000, et maintenant plus fort. »
Ce « défi » wallon qui est constitutif de sa campagne, cet argument dont il a besoin pour se lancer à la conquête du « seize », est un combat aux tours insoupçonnés. Dans la voiture qui le ramène à toute vitesse à Mons, Elio Di Rupo nous confie : « Sur certains gros dossiers d'investissements, la compétition est terrible... Et des politiques flamands connus, parmi les plus influents, de leur région et dans le pays, interviennent directement pour nous bloquer. Ils essayent de détourner vers eux des investisseurs étrangers qui examinent la possibilité de venir en Wallonie. J'ai deux ou trois exemples. » Lesquels ? Motus. Interrogé plus tard, Elio Di Rupo maintient sa réserve, et nous confirme ses lourdes accusations. Evocatrices d'un monde caché : le réel, sous l'apparent. Avant cela, il avait lâché : « La chance de devenir Premier ministre est mince, mais elle existe. » Vous pensez : le 16-rue de la Loi, occupé par les Flamands comme un poste stratégique, avec vue sur toute la maison Belgique, et la main sur de grands leviers socio-économiques... Voir un francophone y accéder, maintenant, ou dans deux ans - en 2009, après une législature éclair qui serait consacrée à la réforme de l'Etat -, mis à part la force symbolique, ce ne serait que justice fédérale. Un ministre-président
wallon, en plus, vous n'y pensez pas. Quel formidable gain pour le sud ! Et, accessoirement, pour lui, Elio Di Rupo.

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