Elections: backstage
L'orange bleue est-elle vénéneuse ?
A moins d'adoucir son programme, le CD&V/N-VA pourrait déchirer la Belgique.
Démonstration d'un expert.
Observateur neutre et éclairé de l'échiquier des forces politiques, le directeur général du Crisp (Centre de recherche et d'information socio-politique) démontre, dans le Vif/ L'Express de ce vendredi, pourquoi le destin de la Belgique pourrait être menacé et le pays devenir ingouvernable.
Vincent de Coorebyter ne se substitue pas à l'informateur, il fait les comptes et relève les nouveaux dés(équilibres) entre le Nord et le Sud du pays.
Premier constat : la Flandre est plus que jamais maîtresse du jeu fédéral. Sur les 88 sièges flamands à la Chambre, plus de la moitié (47) seront occupés par des élus du cartel flamand CD&V/N-VA (30) et de l'extrême droite flamande (17).
Comme l'indique notre infographie (page 3), le poids des partis ouvertement confédéralistes ou séparatistes sera prépondérant sur les bancs flamands : 52 sièges (ceux du cartel CD&V/N-VA, du Vlaams Belang et de la liste Dedecker) à comparer aux 36 sièges que se partagent les élus VLD, SP.A-Spirit et Groen. Par ailleurs, parmi les libéraux flamands et le cartel SP.A/ Spirit figurent aussi d'anciens Volksunie. Depuis le scrutin de dimanche, la Flandre n'a jamais montré un visage aussi nationaliste. Les Flamands ont massivement voté pour des partis qui revendiquaient plus d'autonomie. « En soulignant les conséquences d'un scrutin, je ne conteste pas les résultats de l'élection, précise le directeur du Crisp. Tous les parlementaires élus dimanche ont, en tout cas, la légitimité du suffrage universel. On peut déplorer la puissance de certains partis, mais évitons le réflexe de démocrates inquiets qui considèrent que, quand le peuple a mal voté, il faut dissoudre le peuple. »
Deuxième constat : le grand vainqueur du 10 juin, le CD&V et son champion de voix de préférence (Yves Leterme a raflé près de 800.000 voix) sont alliés aux nationalistes de la N-VA, la pièce incontournable de la future majorité. Les socialistes flamands ayant tiré les leçons de leur camouflet en choisissant l'opposition, il ne reste aujourd'hui qu'une seule formule disposant de la majorité à la Chambre et dans chacun de ses groupes linguistiques, c'est la coalition chrétienne libérale. L'orange bleue. Idéal pour tout le volet socio-économique. Explosif pour le volet institutionnel.
Troisième constat : « Pour la première fois, rappelle Vincent de Coorebyter, les partis flamands veulent imposer une réforme institutionnelle à des partis francophones qui ne sont pas demandeurs. Et le cartel CD&V ne demandera pas une réforme cosmétique. Il aura beaucoup de monde contre lui s'il ne l'obtient pas, et se battra comme un beau diable pour trouver les voix nécessaires aux avancées institutionnelles voulues en Flandre. » Le problème, c'est que les francophones n'ont aucune intention de céder.
Conclusion : c'est l'impasse, le constat qu'il est impossible de former une coalition : « Pour la première fois, la situation arithmétique postélectorale peut mener à la fin de la Belgique. Une majorité orange bleue peut mettre le pays en danger », analyse le directeur du Crisp évoquant le danger de voir les indépendantistes flamands (Dedecker, Vlaams Belang...) profiter de la crise pour conclure qu'il est décidément impossible de s'entendre et de gouverner le pays et qu'il faut en tirer les leçons : divorcer.
Cette analyse n'est pas partagée par Carl Devos, politologue à l'Université de Gand : « Il y aura une réforme de l'Etat. Moins radicale sans doute que celle dont rêvait le cartel CD&V/N-VA, mais elle aura lieu. Leurs dirigeants ne sont pas naïfs. Il y aura un gouvernement orange bleu Leterme I er en octobre. N'oubliez pas que la campagne des régionales débutera fin 2008. La coalition a une année utile pour faire ses preuves. Elle n'a pas intérêt à traîner en route ». En attendant, tous les paris restent ouverts, y compris le scénario du pire.
L'informateur s'informe
Didier Reynders poursuit son tour d'horizon des acteurs qui comptent dans les domaines politiques et socio-économiques. Ce samedi, ce sera au tour de la CSC avant d'entamer lundi son tour des présidents de partis démocratiques.
Source:Info radio - 16 jun 2007 09:30
VIDEO• L'informateur D. Reynders poursuit ses entretiens
Deux jours de consultations, le "tour de chauffe" pourrait-on dire. Mais on se demande bien ce que Didier Reynders a pu vraiment y apprendre. Peu, probablement, des VLD Verhofstadt et Decroo longuement côtoyés. Rien d'Anne-Marie Lizin si ce n'est l'habituel couplet "sauvons le Sénat".
Rien du gouverneur de Belgique Guy Quaden qui confirme ce qu'il avait déjà dit: la croissance est bonne. 2,5 % voire 2,7 % cette année, 2,2 % l'année prochaine. De quoi créer 115.000 emplois sur deux ans. Rien du commissaire européen à l'Economie. Rien des patrons, FEB, patrons flamands, wallons ou bruxellois, classes moyennes que le président du MR connaît bien. Oui, ils veulent renforcer leur compétitivité et dynamiser le marché de l'emploi.
Peu vraiment des syndicats qui avaient déjà livré aux candidats au prochain gouvernement leurs différentes revendications contenues dans autant de mémorandums. Sans surprise, les positions sont diamétralement opposées sur les réformes du marché de l'emploi. Côté patronal, les Flamands réclament une régionalisation de l'emploi. Pas les Wallons.
Résultat, puisqu'il faut apparaître devant les médias, Didier Reynders résume sans rien révéler. Juste de quoi confirmer que c'est en coulisses que les choses doivent progresser. Le temps que Didier Reynders passe sur l'avant-scène est autant de temps aussi pour permettre à Yves Leterme de préparer son propre programme et débattre avec ses nationalistes du NVA.
Le PS va perdre 400.000 euros
Derrière les sièges gagnés et perdus par chaque parti, il y a des voix et de l'argent. Les scores des partis se répercutent directement sur leurs dotations. Le PS devrait ainsi perdre environ 400.000 euros.Les dotations publiques des partis sont directement calculées sur deux éléments: une dotation annuelle obtenue en cas d'élection d'au moins un élu à laquelle s'ajoute une dotation variable d'environ un euro par voix obtenue.
Le MR recevra un supplément annuel de dotation de 143.580 euros. Le PS est le seul parti à perdre du côté francophone avec une perte annuelle de dotation de 396.838 euros. Le cdH enregistre quant à lui un gain de 98.180 euros. Ecolo recevra un bonus de dotation annuelle de 427.360 euros.
Enfin, le FN verra sa dotation annuelle s'accroître de 6.128 euros. (belga)
"L'opposition fédérale est une possibilité. Ce n'est pas la seule"
Anne-Marie Lizin (PS) estime que la social-démocratie doit repenser un grand projet.
entretien
A titre personnel, Anne-Marie Lizin n'a pas à rougir de sa prestation électorale. Nantie de 148 927 voix, la tête de liste PS au Sénat a fait nettement moins bien que Louis Michel (232328 voix), mais davantage qu'Armand De Decker, tête de liste MR (145 198 voix). Elle ne voit pas son parti forcément dans l'opposition.
Le PS a été sévèrement puni...
La situation est paradoxale. Personnellement, j'ai réalisé mon meilleur score à Liège depuis longtemps. D'autre part, les voix qui ont été perdues à Liège sont allées à Ecolo et pas vers la droite. C'est ce qui pouvait nous arriver de mieux. Les prochaines élections peuvent être meilleures pour nous. J'espère évidemment que le problème de Charleroi sera réglé entre-temps.
Le problème, c'était donc Charleroi ?
Cela dépend des régions. A Liège, l'effet des affaires a été plus limité. Mais cela a été très clair à Bruxelles, dans la province de Namur et dans le Hainaut. Parmi les reproches qui nous étaient adressés, il y a aussi eu l'intransigeance à propos de la loi sur les armes, qui a touché des milliers de gens proches de nous. Il y a eu un vote de protestation pour faire changer nos comportements.
La mise sous tutelle des instances socialistes de Charleroi n'arrive-t-elle pas trop tard ?
Condamner les gens avant que la justice ne fasse son travail, c'était objectivement injuste. Et donc, ce n'était pas faisable avant les élections. Le président Elio Di Rupo a d'ailleurs dit lundi qu'il commettait une injustice, mais qu'il le faisait dans l'intérêt global du parti.
L'intérêt du parti, ce n'est pas aussi aller dans l'opposition ?
C'est une des possibilités. Mais je resterai prudente. Vous savez bien qu'en Belgique, les élections se jouent en deux temps : il y a le scrutin et l'après-scrutin. On entre seulement dans la seconde phase. Et comme toujours, l'arithmétique se révèle compliquée. On constate que le prochain gouvernement sera forcément un mélange de gagnants et de non gagnants.
La situation ne s'est-elle pas clarifiée dès l'instant où le SP.A a déclaré ne pas vouloir être dans la majorité ?
Il ne faut pas faire une lecture trop simpliste de la Flandre. Il y a des logiques régionales à l'oeuvre, que nous ne percevons peut-être pas bien de ce côté-ci de la frontière linguistique. Le SP.A fait partie du gouvernement flamand et je ne l'ai pas entendu dire qu'il quittait le gouvernement flamand.
Certains disent qu'une cure d'opposition permettrait au PS de préparer le scrutin de 2009...
Nous avons tendance à ne pas trop nous fier aux bons conseils venant de l'extérieur.
Ce conseil est aussi exprimé à l'intérieur du PS...
Je l'ai dit, l'opposition est une possibilité. Mais ce n'est pas la seule. C'est fou le nombre de calculs que les résultats permettent. Cela dépendra de beaucoup de choses, et notamment de la volonté de réunir 2/3 des voix au Parlement.
Deux tiers des voix, cela exige de faire revenir le SP.A sur sa décision...
Si vous voulez mon avis, c'est le point sur lequel on travaille en Flandre.
Estimez-vous que les résultats doivent conduire la direction du PS à accorder plus de poids à la fédération liégeoise ?
Si, dans le parti, vous cherchez des personnalités qui ont gagné, c'est à Liège que vous les trouverez. Regardez les voix de préférence dans la province. En 1°, vous avez Reynders, en 2° Michel Daerden, en 3° moi-même, en 4° Louis Michel et en 5° Guy Coëme. Dans le "top five", il y a donc trois socialistes et deux libéraux - dont un qui n'est pas liégeois. C'est clair : les Liégeois comptent au PS. Sans doute avons-nous une façon particulière de faire de la politique. Moi, je ne fais pas de la politique de la même façon. J'essaie de parler au plus grand nombre. Il n'y a pas qu'un réflexe d'appareil. Cela doit être pris en considération.
Le PS doit-il repenser sa stratégie ?
Il manque, pour l'heure, un grand projet à la social-démocratie. Mais ce n'est pas propre à la Wallonie. Cela concerne toute l'Europe. On ne peut plus nier l'évolution de l'individualisme dans nos sociétés européennes, riches et vieillissantes. On ne peut plus seulement répondre de façon collective aux gens. J'attends le moment où on pourra faire cette analyse. Evidemment, on n'allait pas parler de cela au bureau du parti juste au lendemain des élections. Mais j'espère que cela ne va pas traîner. Mon rêve, c'est un vrai séminaire, qui n'implique pas que des analystes, mais aussi des décideurs.
C'est possible de faire cela dans la majorité ?
Je ne sais pas. J'espère.
Le CDH veut « mouiller » Ecolo
Désormais exposés à des hypothèses de coalition auxquelles ils ne s'attendaient pas, beaucoup de CDH se disent qu'il faut « mouiller » les verts dans la majorité à venir. A défaut, aux régionales de 2009, Ecolo, « blanc comme neige », raflera la mise pour, là, définitivement, mettre le CDH en péril dans son statut de pivot centriste.
C'était il y a trois ans, aux élections régionales du 13 juin 2004. Le soir, le CDH festoie à son siège de la rue des Deux-Églises. Un vétéran a les larmes aux yeux. A qui passe à portée de voix, il dit : « Depuis que je suis au PSC, c'est la première fois qu'on gagne une élection... »
Ce dimanche-là, le CDH a fait 17,62 % en Wallonie. En déclin constant depuis 17 ans, le centre dit avoir conjuré le sort qui le ronge depuis si longtemps. Milquet triomphe. Son pari (le PSC en CDH, l'humain au centre, etc.) est désormais jugé « gagnant ».
Chapeau bas. Quelques jours plus tard : relégué dans l'opposition en 1999, le CDH renoue avec le pouvoir à la Région wallonne, à la Région bruxelloise et à la Communauté française. La fête est totale. L'étape suivante ? Du tout cuit : gagner la législative de 2007 et, avec le PS, jeter le MR du fédéral - exactement comme il vient de se faire jeter des régions.
Soir du 10 juin 2007 : même endroit, même heure. Le CDH festoie. Les sourires, c'est pour la galerie. Le CDH a percé à Bruxelles ? « Ben oui, on y était si bas », grogne un baron. Le résultat en Wallonie, lui, glace. Par rapport aux législatives de 2003, le CDH gagne 0,41 %. Mais le plus inquiétant est : par rapport aux régionales de 2004, le CDH perd 2 %. On voulait voir le redressement de 2004 comme l'amorce d'un redressement structurel. Ce n'était peut-être qu'un hoquet.
Hier, le CDH s'est réuni pour faire le point. Étaient là l'état-major, les élus et ministres régionaux. L'affaire s'est débattue à huis clos. Que s'est-il dit ? D'abord : on annonçait l'effondrement du VLD. C'est le SP.A qui a chuté. Ça compromet a priori (on dit bien a priori) « le » plan - l'alliance socialiste-centriste au fédéral. Le CDH est pris de court, désormais exposé à des hypothèses de coalition auxquelles il ne s'attendait pas (l'orange bleue).
Ceci est lié à ça : parce que l'alliance socialiste-centriste semblait certaine, le CDH a ménagé le PS et trop visiblement. On en vient à l'explication du score 2007. « Scotché » au PS, le CDH le paie, comme il paie son attitude « responsable » à Charleroi (certains admettent, sans le crier, que le MR a joué la bonne carte en claquant la porte du collège). En tout état de cause : « Il aurait fallu être plus ferme. »
Mais la bonne nouvelle est dans la mauvaise. Au CDH, on se dit que les options fondamentales du parti ne sont pas en cause. Le recul de 2 % est plutôt analysé comme un phénomène « conjoncturel » : il paie sa proximité avec un PS en difficulté - Ecolo tirant les marrons du feu.
Et maintenant ? On juge que l'orange bleue (libéraux-centristes) est l'option rêvée pour définitivement rompre avec l'encombrant PS. Argument contraire : on craint des retours de flamme du PS, qui reste l'allié aux régions et à la Communauté. Dit hier : « Le PS risque de nous mener la vie impossible. » Mais au fédéral : avec ou sans le PS ? On se dit en tout cas que le temps joue en faveur des socialistes - si les choses traînent, ceux-ci pourront lentement se remettre à l'idée de tenter leur maintien au fédéral.
Beaucoup de CDH se disent qu'il faut « mouiller » les verts dans la majorité à venir. A défaut, aux régionales de 2009, Ecolo, « blanc comme neige », raflera la mise pour, là, définitivement, mettre le CDH en péril dans son statut de pivot centriste.
Après le bureau, devant la presse, Milquet émettra ce message : le CDH est prêt à grimper au fédéral mais pas à n'importe quel prix. « Pas question de nous engager dans une réforme de l'Etat qui irait à l'encontre des intérêts francophones. » Quelle que soit la coalition, le CDH exigera un plan « d'investissement dans le capital humain » (formation, emploi, relever les bas salaires), un plan contre la violence et des avancées en éthique et en bonne gouvernance.
Les questions fusent : le CDH privilégie-t-il une coalition plutôt qu'une autre ? Tout rebondit sur ce leitmotiv : « Le fond a plus d'importance que l'équipe. » On évoque les sarcasmes de Leterme : « Beaucoup de gens s'expriment. Nous, c'est : sang-froid et calme ».
Le CDH cherche à partager les risques
En approchant les Ecolos, en lançant l'hypothèse PS, le CDH tente de faire baisser la pression qui pèse sur ses épaules.
Position délicate pour Joëlle Milquet. La cheffe des centristes sait bien que, décemment, elle ne peut pas refuser d'aller au pouvoir fédéral avec les libéraux, le CD&V et son encombrant allié, la N-VA. Mais elle n'ignore pas non plus que l'aventure est risquée. Petit Poucet dans une coalition "Orange bleue", le CDH pourrait se faire avaler tout cru par son grand frère flamand, le CD&V, et par son homologue francophone, le MR, tout en devant essuyer les aigreurs du PS, son partenaire dans les entités fédérées.
Dans ces circonstances on peut comprendre son envie d'assurer ses arrières. On compte deux pistes. A explorer.
1 La piste verte. Dès lundi, Joëlle Milquet a laissé entendre qu'elle se verrait bien monter au fédéral avec les verts - les incontestables vainqueurs du scrutin de dimanche. Histoire, sans doute, de ne pas être seule à devoir avaler une réforme institutionnelle. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à penser cela. Louis Michel (MR) verrait bien lui aussi les verts à la table des négociations. Il l'a dit hier, sur les ondes de Bel-RTL avant de redevenir commissaire européen à plein-temps.
Piste crédible ? Pour l'heure, pas tellement. Il y a des réticences internes. "Embarquer Ecolo dans un gouvernement ? , s'interroge un ténor CDH. Trop instable ! Il suffirait qu'un ministre de l'Intérieur fasse ramener un sans-papier à l'aéroport pour qu'ils menacent de quitter le gouvernement..." Par ailleurs, les verts sont plus que réticents. "Je prends bonne note de ses appels du pied , expose la secrétaire fédérale d'Ecolo, Isabelle Durant. Mais mon analyse arithmétique est déjà faite. Nous ne sommes pas indispensables à une telle coalition. Or, nous, on ne veut pas faire de la figuration. Nous avons un programme précis. Et beaucoup d'enthousiasme. Notre groupe parlementaire va commencer son travail demain." Les écologistes disent qu'ils ne ferment pas la porte a priori, qu'ils se détermineront sur la base d'un projet. Mais on sent bien que leur choix est déjà fait et que ce choix, c'est l'opposition.
2 La piste rouge. "Nous sommes équidistants" , martèle-t-on au CDH. Sous-entendu : les centristes restent susceptibles de préférer une alliance avec le PS, leur allié à la Région wallonne, plutôt qu'avec le MR. Encore faudrait-il que le PS accepte de participer à un gouvernement après la déconvenue de dimanche. Certains, parmi les ténors de la fédération liégeoise notamment, rêvent encore du pouvoir fédéral. Ils tablent sur l'échec des négociations pour la constitution de l'Orange bleue et le retour en grâce du SP.A, qui les aspireraient au pouvoir.
Mais les partisans de la participation paraissent quand même un peu isolés au PS. Une majorité des socialistes francophones pencheraient pour une cure d'opposition. Histoire de se ressourcer, pousser la rénovation plus loin et préparer les élections régionales de 2009.
Au rapport, fin juin pour les grands défis belges
Didier Reynders se donne 17 jours pour dresser l'état de la Belgique et présenter un premier rapport au Roi.Déjà, le CD & V hausse le ton, pose ses balises et rappelle ses exigences.L'informateur entame ses consultations ce jeudi. Au total, il devrait rencontrer quelque 200 personnes, de tous les milieux.
Mardi 12 juin. Il est environ 21 heures 30.
Didier Reynders et son épouse, Bernadette, assistent, en tenue de gala, à la réception offerte par la banque ING à l'occasion du départ à la retraite de Luc Vandewaelle, le patron d'ING Belgique. Son GSM sonne : le Palais le prie de venir sans tarder pour un entretien avec le Roi. Pas le temps d'aller se changer. Il prévient ses conseillers qui reviennent au cabinet des Finances. La Mercedes du ministre fonce vers le Palais de Laeken où l'attend le Roi. Surprise du Souverain en voyant arriver Didier Reynders en smoking. Cela fait longtemps (50 ans, environ) que l'on ne porte plus la jaquette, ou l'habit pour l'audience au Palais... Il est environ 22 heures. La discussion commence. Elle durera près de trois heures. A la fin de l'entretien, les deux hommes seront rejoints par le chef de cabinet du Roi, Jacques Van Yperseele pour régler certaines modalités pratiques de la mission qui se déroulera au cabinet du ministre des Finances mais avec l'appui logistique du personnel de la Chambre.
Les symboles
Bien au-delà de minuit, Didier Reynders s'en va. Il rejoint son staff, à son cabinet, 12, rue de la Loi. Déjà, ils préparent ensemble la suite des événements. Minuit 55 : le communiqué du Palais tombe. "Le Roi a reçu en audience mardi soir au Château de Laeken Didier Reynders, vice-Premier Ministre et l'a chargé d'une mission d'information. Didier Reynders a accepté cette mission". La gloire. La récompense aussi.
Mardi 10 heures 57, Didier Reynders soigne sa pose pour la présentation de sa mission à la presse : quelques roses blanches, un portrait d'Albert II et cette cravate à rayures qu'il semble vouloir imposer comme le noeud papillon d'Elio Di Rupo. Il se donne 17 jours environ pour remplir sa mission.
C'est long.
Louis Michel en 1999 et Elio Di Rupo en 2003 s'étaient acquittés de la mission en une semaine. Reynders sait qu'il marchera sur des oeufs. Curieusement, son partenaire potentiel en Flandre, le CD & V, met déjà sa mission sous haute surveillance : Jo Vandeurzen, le président du CD & V, a appelé Didier Reynders à une plus grande réserve. Pour le chef de file des sociaux-chrétiens flamands, les récentes déclarations de Didier Reynders, qui s'est clairement positionné en faveur d'une bipartite orange bleue, n'ont pas contribué à construire une atmosphère sereine. Pour le CD & V, seul compte le résultat final qui, dit-il, doit tenir compte du signal de l'électeur. Et en Flandre, ce signal est clair et doit être respecté.
Traduisez : l'électeur a voté pour des partis qui ont promis une réforme de l'Etat. Cela, c'est l'avis de Jo Vandeurzen. Encore faut-il voir qui est réellement l'homme fort du CD & V : Vandeurzen, le président, Yves Leterme, le plus populaire, ou Herman Van Rompuy, l'éminence grise ?
Le plus dur est à venir...
De toute façon, la mission de Didier Reynders ne consiste pas à chercher une majorité mais à dresser la liste des points de convergence et de divergence. Ce faisant, Didier Reynders devrait tenter de démontrer qu'un accord est possible, à 90 pc, entre libéraux et démocrates-chrétiens. Restent les autres 10 pc, le morceau le plus indigeste, la réforme de l'Etat. Il n'appartiendra pas à Didier Reynders de trouver un compromis sur ce sujet : il n'est pas exclu, d'ailleurs, que deux médiateurs prennent son relais, début juillet, pour tenter de rapprocher les points de vue.
Mercredi après-midi, Didier Reynders a réuni son staff, chacun étant chargé de prendre contact avec les quelque 200 personnes que l'informateur veut rencontrer. Plusieurs types d'entretien auront lieu : des contacts bilatéraux, des tables rondes (vendredi, viendront les représentants du patronat, des syndicats, des classes moyennes, etc). Des rencontres à thèmes (environnement, mobilité, sécurité, etc.) seront également organisées avec les porte-parole des associations concernées. S'ajouteront à cela, des rencontres avec des personnalités étrangères (secrétaire général de l'Otan, président de la Commission européenne, etc).
Le meilleur est passé, le plus dur est à venir...
Mobilité des demandeurs d'emploi essentielle pour Reynders
L'informateur Didier Reynders a tiré vendredi en début de soirée les conclusions des deux premiers jours de consultations qu'il a menées dans le cadre de sa mission et qui étaient consacrés aux institutions compétentes en matières économiques, budgétaires et d'emploi. Il a notamment mis en évidence le fait qu'en ce qui concerne l'accompagnement des demandeurs d'emploi, les demandes des partenaires sociaux convergeaient vers plus de mobilité de ceux-ci sur l'ensemble du territoire belge mais aussi vers plus d'adéquation dans la formation entre les besoins et les demandes sur le marché du travail pour remplir les postes de travail actuellement vacants.
Perspectives positives
M. Reynders a aussi souligné que selon ses interlocuteurs, les perspectives de croissance s'améliorent. Elles s'élèvent à 2,5% pour 2007 voire à 2,7 et pour 2008 à 2,2%. Et d'insister sur le fait que 174.000 emplois ont été créés de 2003 à 2007. Les perspectives indiquent la création de 115.000 emplois sur les année 2007-2008, a-t-il ajouté. Pertes de marchésLes interlocuteurs de l'informateur ont aussi traité des pièges à l'emploi, du pouvoir d'achat ainsi que des mesures à prendre dans ces domaines tant en matière fiscale que sociale. M. Reynders a aussi noté que les partenaires sociaux se sont montrés préoccupés par la perte de parts de marché des entreprises belges. Pertes qu'ils souhaitent résorber par un engagement fort dans la recherche, l'innovation, voire la diminution des charges, a-t-il dit. L'informateur recevra encore demain samedi les représentants de la CSC. Il aura alors vu l'ensemble des partenaires sociaux, ce qu'on appelle le groupe des 10. Dès lundi, l'informateur commencera son tour des partis politiques. (belga)
EN SAVOIR PLUS: L'informateur Reynders reçoit les partenaires sociaux
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire