Le parrain Daerden de plus en plus seul
MAJ 18/05/2007
Révisorat : Daerden & Co gardent leurs contrats
Daerden Jr a fait appel de la décision privant le bureau DC & Co de plusieurs contrats.
Comme il l'avait annoncé, Frédéric Daerden (PS), aidé de ses avocats (dont le ténor Marc Uyttendaele) a fait appel de la décision de l'Institut des réviseurs d'entreprises (IRE), c'est ce que nous a confirmé une source proche du dossier. La commission de discipline de l'IRE a interdit au cabinet DC & Co dont il était administrateur délégué de poursuivre ses mandats de commissaire dans des sociétés où se posent des problèmes d'indépendance et de déontologie. Le verdict étant rendu le 20 mars dernier, l'appel devait être introduit endéans le mois du prononcé. Elle vise dans le chef du député wallon et maïeur de Herstal et de ses trois associés, des contrats les liant à une quinzaine de sociétés ou d'intercommunales. Il y a notamment le cas de la SLF et de quatre de ses filiales dont DC & Co audite les comptes, alors que Michel Daerden est le président (empêché !) de la société faîtière et administrateur des filiales en cause. D'autres cas interpellants ont été relevés par l'organe disciplinaire (un magistrat, deux réviseurs). Pour la commission, les règles d'indépendance s'appliquent non seulement au principal intéressé, mais aussi à ses associés. Ils balayaient ainsi l'argument de Daerden Jr qui soutient qu'il laisse le soin à ses associés de traiter les dossiers présentant des problèmes d'indépendance.
Verdict dans 6 à 12 mois
L'appel étant suspensif, le bureau DC & Co, créé il y a des années par l'actuel ministre wallon, Michel Daerden (PS, Budget, Patrimoine), garde donc ses contrats. Frédéric Daerden soutient ne plus assumer la fonction d'administrateur, ni le mandat d'administrateur de DC & Co, mais il n'en demeure pas moins le principal actionnaire du bureau révisoral. DC & Co audite les comptes d'une trentaine d'intercommunales wallonnes (sur 126) dont 19 ont leur siège à Liège (ALE, SLF, SPE, Cile, Intradel, etc.). Les communes de Herstal (dont Frédéric Daerden est aujourd'hui le bourgmestre après en avoir été l'échevin) et d'Ans (Michel Daerden est le maïeur empêché) sont associées de certaines de ces sociétés. C'est la chambre francophone de la commission d'appel de l'IRE qui examinera le recours de Frédéric Daerden. Composée de trois magistrats et de deux réviseurs, elle est présidée par Jacques Godefroid, président de chambre honoraire de la Cour d'appel de Liège. D'après une source proche du dossier, "statistiquement et sur base de dossiers similaires, la décision ne tombera pas avant six ou 12 mois".
La redistribution des cartes dans les intercommunales est en défaveur de ses lieutenants. On parle d'un rééquilibrage des forces au sein de la fédération liégeoise du PS. Mais c'est surtout l'axe Demeyer-Mathot-Marcourt qui se renforce inexorablement.
Ce n'est pas la guerre ouverte entre les deux tendances socialistes liégeoises (celle pilotée par le ministre wallon Michel Daerden et l'axe Demeyer - Mathot Jr - Marcourt). Mais le vent du changement semble emporter avec lui le peu de pouvoir encore détenu par le vice-président de l'exécutif wallon.
Le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, également président du PS liégeois élargit son influence, aidé par Alain Mathot, maïeur de Seraing et le ministre wallon Jean-Claude Marcourt (Economie, Emploi, commerce extérieur). Et quand on sait que celui-ci est nommé délégué général à la rénovation, on comprend mieux le toilettage.
Malgré la Daerdenmania, le parrain du PS liégeois est tout doucement sur la touche, de même que ses lieutenants d'hier. "Selon l'âge et les rapports de force, les priorités changent. Aujourd'hui, ce qui importe pour Michel Daerden, c'est de rester ministre. Plusieurs personnes de son entourage n'ont pas tellement envie de faire la guerre", explique-t-on. "Le rapport de force lui est aujourd'hui défavorable, d'où ces changements. C'est ça la politique avec ce qu'elle a de cruel", renchérit un observateur de la vie politique liégeoise.
La désignation des responsables socialistes dans les intercommunales est une belle illustration de la perte de pouvoir de Michel Daerden. À la Cile, la compagnie intercommunale liégeoise des eaux, Jean-Claude Phlypo cède sa place de président à Jean-Géry Godeaux, échevin des Travaux dans l'équipe échevinale de Willy Demeyer à Liège. Changement de la même teneur à l'Association intercommunale pour le démergement et l'épuration (AIDE) de la province de Liège où Alain Decerf, premier échevin à Seraing (le bourgmestre n'est autre qu'Alain Mathot) remplace Jean-Claude Peeters, échevin des Travaux à Ans.
Classé dans le camp des rénovateurs, Mauro Lenzini, bourgmestre d'Oupeye prend la place du Visétois Gustave Hofman à la présidence d'Intradel, l'intercommunale de traitement des déchets. À la SPI +, Julien Mestrez, député permanent garde la présidence, mais l'agence de développement de la province de Liège accueille trois nouveaux administrateurs pas vraiment considérés comme des pro-Daerden (Willy Demeyer, André Gilles, Stéphane Moreau). Ils devront préparer le rapprochement de la SPI + avec le Groupement de redéploiement (GRE) de Liège. Michel Daerden est actuellement le président du GRE, mais il est aujourd'hui acquis qu'il devra céder sa place à un autre mandataire. Le Sérésien André Gilles, député permanent en charge de l'Enseignement et de la Formation reste président de l'ALE (association liégeoise d'électricité). Soutien de Mathot Jr, il devient aussi président de VOO, la marque commune des câblo-opérateurs ALE-Brutélé.
Même s'il reste président empêché de la SLF (Société de leasing et de financement), Michel Daerden sera dorénavant remplacé par Andrée Budinger, une autre échevine de Seraing. Mais Gilbert Van Bouchaute, son fidèle lieutenant, garde son poste de coordinateur général de la puissante holding et celui de directeur général de ses trois filiales (Finance, Participations, Immobilier). Certains comme Charles Janssens se demandent si dans le partage, les communes de Liège et de Seraing ne se taillent pas la part du lion.
Willy Demeyer garde son fauteuil de président de l'ALG (Association liégeoise du Gaz). Dans le secteur hospitalier, Marie-Claire Lambert reste président du CHR de la Citadelle, mais Michel Faway, délégué du CHU au CHR, cède son mandat à Jean-Pascal Labille, vice-président du CHU, spécialiste du secteur et parfois classé dans le clan Daerden. Mais Alain Mathot, président du bureau du comité directeur du Centre hospitalier du Bois de l'Abbaye (CHBA) décroche un siège d'administrateur au CHR. "C'est un rééquilibrage général des différentes forces internes à la fédération liégeoise du PS", dit Marie-Claire Lambert, premier vice-président du PS liégeois.
En septembre, Alain Mathot la remplacera aux côtés de Frédéric Daerden, le fils de Michel et bourgmestre d'Herstal. "Ça fait partie du grand accord conclu il y a un mois quand Michel Daerden a obtenu la tête de liste qu'il exigeait pour les élections à la Chambre", dit-on dans l'entourage de Willy Demeyer.
En vertu de cet accord, le fils de feu Guy Mathot remplacera l'Ansois à la présidence de la coupole chapeautant les 4 fédérations du PS (Liège, Huy-Waremme, Verviers, Cantons germanophones). Il deviendra ainsi l'interlocuteur de Didier Reynders (MR). "Le PS à Liège a sombré dans des querelles internes et les élus socialistes des autres communes de la province se plaignent de l'absence de discussion avec la fédération. On a l'impression qu'il n'y a que Liège, Ans et Seraing qui existent" , déplore d'ailleurs le président du MR.