Au PS, Flahaut a levé Lelièvre
L'ex-Délégué général aux droits de l'Enfant, Claude Lelièvre, sera sur la liste PS dans le Brabant wallon.S'il est élu, il promet d'être "le poil à gratter" socialiste.
portrait de candidat
Il se mitonnait une petite retraite paisible, la maison de vacances en Espagne n'attendait que lui et, récemment, il s'était mis au golf, arpentant avec ferveur les greens du Brabant wallon. Camarade, t'embourgeoiserais-tu ?, la Croix de Grand officier de la Couronne à peine accrochée à la veste, "Soeur Emmanuelle l'a été avant moi, ça a fait plaisir à maman", se justifie-t-il, mais qu'on se le dise, le temps du farniente n'est pas (encore) venu pour Claude Lelièvre, ex-Délégué général aux droits de l'enfant en Communauté française.
Le premier à dégainer son téléphone fut le "véritable ami" André Flahaut : "Tu ne vas quand même pas partir à la retraite comme cela ?", glisse le baron socialiste au Nivellois, il y a quelques mois, flairant l'imparable coup médiatique. "Viens donc sur ma liste". Lelièvre hésite, Di Rupo enfonce le clou, le prie de rejoindre sa famille de coeur. "J'ai toujours été socialiste de conviction, concède Claude Lelièvre. Mon père était un militant, on débattait à la maison, André Cools est passé chez nous". Mais là, il hésite : qu'a-t-il encore à prouver ?, lui demande sa femme. Déjà, il y a quatre ans, "un autre ami" (Louis Michel) avait tenté le débauchage pour le compte des troupes libérales. Et avait essuyé un refus : "J'avais encore pas mal de choses à accomplir comme Délégué aux droits de l'enfant", dit-il .
C'est le soldat Flahaut, donc, qui rafle la mise et aura la chance de voir figurer l'une des moustaches les plus célèbres de Belgique sur sa liste le 10 juin prochain. "Mais, embraye Lelièvre, je serai dernier suppléant, c'est une condition que j'ai posée à André Flahaut : si les gens veulent que je siège à la Chambre, il faudra donc qu'ils votent massivement pour moi".
Et le voilà, à 62 ans, au cinquième étage d'un bâtiment du centre de Bruxelles qu'il s'apprête à quitter, ouvrant les unes après les autres les portes des bureaux de ses collaborateurs aux droits de l'enfant avec un air de bon-papa gâteau, marquant un temps d'arrêt, couvant du regard la "dernière recrue" Jean-Denis Lejeune. La nostalgie, camarade ? Une page se tourne, une vie consacrée à défendre les plus petits, les plus fragiles. Dans un coin du bureau, trois canapés, "c'est tellement difficile, souffle-t-il, le regard un peu hagard, d'écouter les gosses qui viennent s'asseoir. On est comme une éponge, on absorbe des tonnes de malheurs. J'ai besoin de répit".
En 1968, il est éducateur pour jeunes à Braine-le-Château, puis assistant social, "tolère la fugue des gamins en détresse", se heurte à une hiérarchie légaliste. 1980, Philippe Moureaux préside la Communauté française, on a une mission pour Lelièvre, créons un centre fermé pour jeunes délinquants, dit Moureaux. Ce sera l'IPPJ de Braine-le-Château, "10 places à l'époque, 40 aujourd'hui", observe Lelièvre.
1988, il intègre le cabinet de "Flupke Moustache" pour plancher sur la "déjudiciarisation" de l'aide à la jeunesse". "La délinquance des jeunes, constate-t-il, c'est avant tout l'échec de l'aide à la jeunesse, l'échec de la famille, l'échec de l'école". Tout se tient : "On ne peut se permettre de saucissonner l'aide à la jeunesse".
Laurette Onkelinx (PS) entend la refédéraliser : "C'est une position théorique qui ne tient pas la route, peste-t-il contre la capitaine socialiste. On ferait mieux d'allouer de nouveaux budgets à la Communauté française. Je l'ai dit à Di Rupo, je voterai contre si ce dossier vient sur la table et que je suis député".
En 1991, Lelièvre est nommé Délégué aux droits de l'enfant, la fonction est flambant neuve, il mène ses troupes à la bataille. Son heure de gloire, d'ailleurs, n'est pas loin, les parents Russo et Lejeune l'appellent à la rescousse écoeurés par les virages d'une justice désincarnée. Lelièvre sera de l'enquête, il sera de la "marche blanche", et la commission Verwilghen le blanchira : "Vous, vous avez travaillé correctement", lui dira-t-on. "On me demandait des autographes en rue", se souvient-il. Son mandat est renouvelé, son équipe étoffée, ses pouvoirs élargis. Mission accomplie, le flambeau peut-être transmis.
Ses cartons regorgent de projets et, notamment, les deux plus beaux d'entre eux, ses deux enfants, ses deux petits enfants. Puis, s'il est élu, il siégera à la Commission justice.
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