30 mai 2007

Expatriés et courtisés

Le MR veut calquer les listes électorales sur les listes consulaires et augmenter le nombre de Belges expatriés en droit de voter : le CDH et Ecolo y sont favorables. Pour le PS, en revanche, c'est niet. "Le vote des expatriés ne nous intéresse pas vraiment", dit Mme Lizin.Les expatriés voteront les 8 et 9 juin.
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La solitude de l'électeur à Yaoundé : il n'y aura qu'un seul Belge qui votera à partir de la ville camerounaise pour le scrutin du 10 juin. Les listes ont été arrêtées et ils sont 121817 Belges résidants à l'étranger à s'être enregistrés sur les listes pour les élections législatives (contre quelque 110 000 en 2003). 18 812 l'ont fait au départ de Paris, ce qui fait de la capitale française le pôle électoral le plus important hors des frontières belges.
"Les retraités de la Côte d'Azur"
C'est que l'élargissement des pouvoirs électoraux des expatriés belges est, aujourd'hui, devenu un réel enjeu politique. Ainsi le MR, qui recueille la majorité des suffrages des expats'en Communauté française, revendique-t-il à cor et à cris que les listes consulaires deviennent les listes électorales. "C'est essentiel, insiste Daniel Ducarme, président du MRI (Mouvement réformateur international). Qu'on cesse de multiplier les barrières au vote des Belges expatriés et qu'on simplifie les choses". Le corps électoral belge à l'étranger tournerait dès lors autour des 330000 personnes : un pactole pour les libéraux.
Logiquement, donc, l'affaire n'intéresse que modérément les socialistes. "Cela ne nous intéresse pas à première vue", confirme Anne-Marie Lizin (PS). Elle se reprend : "enfin, il y a peut-être quelques coopérants, etc. qui ont le profil des électeurs socialistes mais, traditionnellement, on n'a pas une énorme audience auprès des retraités de la Côte d'Azur ou des expatriés des grandes entreprises. On pense que ceux qui veulent s'intéresser à un pays doivent le manifester". Pas question, donc, de supprimer l'enregistrement préélectoral pour le PS.
Le CDH, en revanche, "est en faveur de la suppression de l'enregistrement", relève Georges Dallemagne, responsable "Belges à l'étranger" du CDH. Un bémol cependant : "que la commune belge dans laquelle le vote est exprimé soit la dernière commune dans laquelle l'expatrié a résidé". Ecolo, aussi, soutient cette extension des droits des expatriés : "l'environnement ou des thèmes comme la mondialisation font partie des préoccupations des Belges expatriés. Ils y sont fort sensibles", note Alexandre Chedron, conseiller politique en charge de ce dossier chez Ecolo.
Pour l'heure, après l'enregistrement, les expatriés peuvent voter de cinq façons différentes : en personne en Belgique, par procuration en Belgique, en personne à l'ambassade, par procuration à l'ambassade ou par correspondance. L'écrasante majorité (environ 70 pc) choisit le vote par correspondance. "La firme DHL gère l'envoi et le rapatriement en Belgique des bulletins de vote", détaille Stéphane De Mul, expert "Elections" au SPF Intérieur. Les votes exprimés dans les consulats sont, eux, ramenés par la valise diplomatique et dépouillés aux Affaires étrangères. Et, attention, on votera le 8 juin dans les consulats situés hors Union européenne. Et le samedi 9 juin dans les postes consulaires belges établis dans l'UE.
"La machine est grippée. A Bahreïn, s'emballe Daniel Ducarme, ils ne mettront même pas d'urne : ils envoient les gens voter au Koweït ! Vous imaginez ?" On imagine. Ils sont 85 Belges enregistrés à Koweït City. 864 à Kinshasa, 26 à La Havane et 429 à Rio de Janeiro. Allez, samba !


On a voté en octobre, c'est vrai, mais gare aux comparaisons !

Extrapoler le 10 juin à partir du 8 octobre est hasardeux. Surtout quant aux communes.
Tant mieux pour le suspense : il n'existe pas de boule de cristal pour le 10 juin. Bien sûr, les sondages se suivent, mais sans se ressembler assez pour livrer des leçons définitives. Bien sûr, surtout, on a voté récemment, le 8 octobre. Mais peut-on extrapoler des résultats fédéraux à partir d'élections locales ? Réponse : plutôt non, quoiqu'avec des nuances.
1 Les provinces. C'est sûr, le scrutin provincial livre une bien meilleure lisibilité du paysage politique général que le communal : les grands partis s'y présentent partout sous leurs sigles; les enjeux locaux et les personnalités du cru ne pèsent pas sur le choix de l'électeur; le ressort territorial provincial fonde la circonscription électorale pour la Chambre - sauf bien sûr à Bruxelles et en Brabant flamand.
Parmi d'autres, le centre de politologie de la KUL a d'ailleurs tenté de prédire la composition des prochaines assemblées fédérales à partir des résultats provinciaux. Pour rappel ("La Libre" du 26/2), il concluait que tous les partis de la majorité fédérale sortante perdraient des plumes le 10 juin; et que tous ceux de l'opposition en gagneraient, sauf le FN. Rien qu'arithmétiquement, hors toutes humeurs politiques, la coalition violette deviendrait dès lors la plus improbable de toutes.
N'empêche, l'exercice reste relatif : s'agissant des provinces, Bruxelles est hors du coup et la personnalité des candidats joue très peu voire pas du tout; et au jour J du 10 juin, huit mois se seront de toute manière écoulés depuis le 8 octobre...
2 Les communes. Extrapoler sur les résultats communaux est encore plus aléatoire. Non seulement les enjeux locaux jouent ici à plein; mais les listes de cartels, de composition diverse, à appellations plus ou moins contrôlables sont légion, qui découragent aux analyses globales : le 8 octobre, en Wallonie, les listes communales sous numéro "national" n'étaient que 466 sur 1 031. Et si les plus grosses villes livrent des indications générales plus pertinentes, elles restent, verra-t-on ci-contre, relativement dépendantes des circonstances locales. Bref, vivement le soir du 10 juin pour y voir - un peu ? - plus clair !
Le Crisp publie un "Courrier hebdomadaire" très intéressant sur "les résultats des élections communales du 8 octobre 2006 en Wallonie" (n° 1946-1947), sous la signature de Jean Faniel. On doit au même un document similaire précédent sur les provinciales (n° 1935-1936).

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