«Une Belgique unie, fédérale et modernisée»
MAJ 31 /01/07
Le président socialiste agresse ses vœux au Premier ministre
Elio Di Rupo, en tant que président du PS, a présenté ses vœux mardi. Et il a lancé quelques flèches, principalement vers le Premier ministre. Pour le président du PS, à travers son discours au palais royal la semaine passée, Guy Verhofstadt a "fait prendre un risque à l'unité du pays"....
Elio Di Rupo ne ménage pas Guy Verhosftadt. Mardi, il a à nouveau critique le discours prononcé la semaine passé par le premier ministre au Palais Royal. Un discours faussement gentil pour Elio Di Rupo : "-Il y a beaucoup de slogans, on parle avec un ton velouté comme ça, très doux pour le moment, (…) mais il ne faut pas sous-estimer, ce qu'il y a derrière cette couche de vernis, il y a vraiment la volonté d'une régionalisation plus intense" et Elio de Rupo de rappeler sa volonté de préserver "l'unité du pays, la stabilité".
Quant à la Wallonie, à quelques heures d'un discours qu'il prononcera sur son avenir au Parlement Wallon, Elio Di Rupo reconnaît que crier victoire et cocorico, ne correspondrait pas tout à fait la réalité. "Il n'y a certainement pas de cocorico, concède le patron du PS," mais certainement pas non plus ce coté permanent, agressif contre la Wallonie, qui finalement nous positionne à l'échelle internationale d'une manière qui n’est pas suffisamment bonne en fonction des véritables qualités que nous avons". Bref, pour ceux qui en doutaient encore, la campagne électorale est bel et bien lancée, et à travers chaque discours, chaque parti, chaque camp se positionne.
A noter que le discours d'Elio Di Rupo sur "L'état de la Wallonie", qu'il prononcera puis débattra avec les parlementaires wallons aujourd'hui à Namur, ne sera finalement pas télévisé, comme cela avait été envisagé, par les télévisions communautaires. La fédération des télévisions locales a finalement estimé qu'elle devait renoncer à cette retransmission parce qu'aucune modalité précise ne permettait d'éviter les interventions en direct des parlementaires d'extrême droite
Il y a quelques jours les éléments se déchaînaient : une pluie grise hachurait le ciel et des vents tourbillonnants balayaient notre pays.
Soit un décor planté pour une interview Ecolo.
VIDEO• E. Di Rupo critique le discours de G. Verhofstadt
ARTICLES• La Belgique façon Verhofstadt
Jean-Michel Javaux, la figure montante du parti vert, nous a ainsi déballé ses ambitions en vue des législatives.
Les arguments du Secrétaire fédéral pourraient bien faire mouche à l’heure où le débat énergétique et environnemental agite le globe. Tous les partis récupèrent le thème de l’environnement, votre cheval de bataille ? Vous sous sentez spoliés chez Ecolo ?Depuis 25 ans Ecolo tente d’imposer ces thèmes-là à l’agenda, en essayant d’expliquer à quel point ils sont structurants des autres problématiques.
Après la communauté scientifique, les partis traditionnels se rallient enfin à notre cause.
Mais à la veille des élections, on s’interroge: les partenaires sont-ils sincères ou veulent-ils uniquement surfer sur une vague médiatique à l’heure où Al Gore et Nicolas Hulot font un tabac. J’attends que les actes suivent les beaux discours.
Il y a eu quatre super sommets sous la dernière législature, pas un seul n’a été consacré au réchauffement de la planète et aux questions environnementales. De plus, comment peut-on dire : « il faut absolument atteindre les objectifs de Kyoto » et en même temps faire des autoroutes à quatre ou cinq bandes, annoncer un ring autour de Liège, retarder la venue du RER et continuer à construire en périphérie. Il y a de l’hypocrisie là-dessous.
Vous avez une longueur d’avance dans le domaine écologique. Quant est-il alors de votre programme socio-économique ?
On a trop longtemps perçu l’écologie comme source de contrainte, or elle signifie opportunité d’emploi (construction), moteur de recherche (nouveaux matériaux), source de convivialité. Elle va dans le sens d’une meilleure qualité de vie. Toute une série de secteur d’avenir s’ouvrent à nous.
Que pensez-vous du plan énergie émis par la Commission européenne ?
Il est intéressant mais pas assez ambitieux. Il manque de clarté. D’un côté, il pousse à la modernisation et à l’innovation mais de l’autre, il reste influencé pas une idéologie pronucléaire. Or, dire aujourd’hui qu’il faut revenir au nucléaire c’est un peu comme si on rachetait des TV noir et blanc à l’époque du plasma. Personne ne connait réellement la portée du danger, le risque zéro n’existe pas. Pour preuves : dans l’environnement des centrales, on distribue encore des pastilles d’iode, on aménage un réseau d’évacuation d’urgence, on établit un plan de sécurité dans les écoles et on prévoit des alarmes. Enfin, un dernier argument contre le nucléaire, nous savons bien que les stocks d’uranium seront épuisés d’ici 40 ou 60. Donc que faut-il faire? Se tourner vers le soleil, la seule source énergétique qui pourrait nous rendre indépendant. Vous êtes à la fois Secrétaire fédéral et bourgmestre d’Amay, un cumul insolite chez Ecolo, parti très « éthique » ?Ecolo n’interdit pas l’addition de ces statuts. Ce qui nous importe, c’est qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêt. Ainsi, vous ne pouvez pas être à la fois directeur d’une intercommunale et député de la commission qui surveille celle-ci. En ce qui me concerne, je suis fier d’être le bourgmestre d’Amay, qui pour rappel, a connu plus de 82 ans de majorité absolue socialiste. Peu à peu, les Verts ont gagné la confiance des électeurs et on s’est engagés à diriger la commune autrement. On a tout de même obtenu près de 44% des voies, je crois que c’est une première en Europe pour un parti vert. Maintenant nous devons démontrer qu’Ecolo est capable de gérer l’une des communes les plus surendettée de Belgique. J’assumerai ce mandat jusqu’au bout. Mais ce n’est pas un boulot à temps-plein. Je suis donc disponible pour assumer la charge d’un Secrétaire fédérale et redresser la barre d’Ecolo qui a connu un fameux revers en 2003 (moins de 10% des votes). Vous n’allez-donc pas remettre votre mandat de Secrétaire fédérale, comme vous l’aviez laissé entendre ?Je n’ai pas encore pris ma décision. Tout cela va dépendre des résultats. Après les élections, on en discutera collectivement. Mais je n’exclu pas de rester dans l’équipe dirigeante d’Ecolo. Cela revient-il à dire qu’on ne laisse pas tomber un poste de Secrétaire d’Etat pour celui de bourgmestre ?Non, mais c’est vrai que la direction d’Ecolo a souvent changé entre 1999 et 2003. Certes il ne faut pas s’accrocher à un mandat pendant 45 ans mais je pense qu’une certaine stabilité apporte des avantages. On gagne alors le respect des autres présidents de partis, on noue un réseau de contacts avec les syndicats, les fédérations patronales, les associations et les médias.Votre point de vue sur une éventuelle réforme de l’état ?J’ai toujours dit que je n’allais pas dans une réunion du front du refus. Il faut identifier au nord et au sud les hommes et les femmes de dialogue. On doit faire vivre ce pays. Je pense qu’il faut entendre les revendications flamandes, y apporter des réponses sans faire de la surenchère et dire si vous voulez BHV on va exiger d’élargir la région de Bruxelles jusque Knokke. Ce n’est pas très productif. Vous parlez de dialogue, quels rapports entretenez-vous avec le parti frère Groen?Nous avons beaucoup de contacts avec eux. Je suis attaché à une Belgique unie, fédérale et modernisé. Cela signifie donc et premièrement établir des liens avec son parti frère. Mais le climat n’a pas toujours été au beau fixe. De 2002 à 2004, les relations étaient froides et tendues entre Ecolo et Groen. Il faut reconnaitre qu’essuyer une défaite électorale comme nous l’avons vécue, n’est pas facile. Mon plus grand souhait serait que Groen puisse revenir dans les assemblées. Pour l’instant, la situation les paralyse un peu dans leur envol. Qui a l’étoffe d’un Premier ministre selon vous ?D’abord j’envisage un candidat qui serait le Premier ministre de tous les Belges et non d’une communauté. Secundo, je ne voudrais pas d’un Premier ministre qui gagne simplement la course de la popularité. Si un francophone enlevait le poste, il se pourrait qu’on paye le prix fort lors des futures négociations. Le sacrifice serait gigantesque. La bonne personne doit donc être capable de dresser des ponts entre Flamands, Wallons et Bruxellois, ce que fait Johan Vande Lanotte. Par contre Yves Leterme n’a pas encore réussi son examen de passage afin de se rendre acceptable vis-à-vis de tous les Belges. Quant à Elio di Rupo, il se positionne davantage en faveur de la campagne que la future gestion du pays. Vous seriez prêt à faire partie d’une alliance ?Oui, sur base d’un programme de gouvernement très clair, de priorités écologistes et si je suis assuré d’avoir le respect de tous les partenaires pendant la législature. Pour l’instant, le jeu est ouvert et un scénario arc-en-ciel n’est pas impossible, d’après moi.