04 juin 2008

Didier Bellens indésirable chez Belgacom

Un avis du conseil d'administration défavorable à Bellens
LE GOUVERNEMENT doit reconduire le patron ou désigner son successeur. Le CA favorable à la seconde option. Trois premiers noms circulent.
Qui sera le candidat du gouvernement à la succession de Didier Bellens ? L'intéressé lui-même, que l'on dit candidat, ou un nouveau venu ? Une chose est certaine, le gouvernement ne doit plus tarder à prendre une décision. Car le timing administratif est particulièrement serré, dans un contexte politique très incertain.
Didier Bellens a été nommé à la tête de Belgacom le 1er mars 2003, pour six ans. Son contrat ne prévoit aucune indemnité à l'expiration, le 1er mars 2009. A la condition que l'intéressé soit informé de la non-reconduction du contrat au moins six mois avant sa date d'expiration. Soit, au plus tard, le 31 août prochain. Sans quoi Didier Bellens percevrait une indemnité égale à la moitié de son salaire annuel brut, soit environ 1,35 million d'euros.
Il reste donc très peu de temps au gouvernement Leterme pour s'accorder sur le sort du patron de Belgacom s'il ne veut pas être contraint de lui verser un bonus de sortie qui serait politiquement difficile à justifier. Le reconduire dans ses fonctions ne serait pas non plus sans risque. Car six ans, c'est long. Et si son contrat devait être résilié avant la fin de ce long bail, c'est un parachute doré de huit millions d'euros qu'empocherait Didier Bellens.
Dans la majorité, les palabres vont bon train. Selon nos informations, la ministre des Entreprises publiques, Inge Vervotte (CD&V), a reçu un rapport d'avis du conseil d'administration de Belgacom sur Didier Bellens, qui doit alimenter la réflexion du gouvernement. Il se dit que cet avis, à l'écrasante majorité des administrateurs, déconseillerait la reconduction de l'actuel patron.
Parmi les formations de la majorité, hormis le PS, Didier Bellens ne disposerait plus d'un réel soutien. Le CD&V serait prêt à le larguer et l'Open-VLD n'est guère plus enthousiaste. Au MR, on souhaite cependant que Didier Bellens soit évalué sur la base de critères objectifs et pas seulement sur des états d'âme. Mais les libéraux francophones se disent conscients que la polémique sur le salaire et le parachute doré du patron de Belgacom pèsera lourd dans la décision. Reste à lui trouver un successeur, si son contrat ne devait pas être renouvelé. Trois noms circulent déjà même si bien d'autres devraient rapidement suivre. Celui de Philippe Vander Putten, tout d'abord. Le tout frais ex-patron de Brussels Airlines (lire ci-dessous), figure logiquement parmi les candidats pressentis. Ancien administrateur délégué de Proximus, il a participé à la mise en Bourse de Belgacom où il reste très apprécié. Mais rien n'indique que Philippe Vander Putten ait la volonté de reprendre le chemin du boulevard Albert II. On le dit allergique aux étiquettes politiques.
Un autre nom circule également dans les couloirs de Belgacom, tout comme du côté du conseil d'administration et des cabinets ministériels : celui d'Alain Deneef. C'est lui qui a lancé l'ADSL, il y a une dizaine d'années, alors qu'il était au comité de direction de l'opérateur. Il a ensuite été président du conseil d'administration de la SNCB, sur le quota Ecolo.
Le troisième nom cité est celui de Bert De Graeve. Le patron de Bekaert connaît lui aussi parfaitement le secteur des télécoms et des médias. Il a longtemps travaillé chez Alcatel Bell, à Anvers, l'un des principaux fournisseurs de technologies pour Belgacom, avant de diriger la VRT. Mais rien n'indique que ce patron souhaitera quitter le groupe Bekaert. D'autant qu'il est flamand, dans un dossier où les francophones entendent se battre pour ne pas perdre leur unique patron d'entreprise publique.
Mais il se murmure qu'un marchandage politique n'est pas à exclure. Un scénario passablement alambiqué prévoit qu'en échange d'un patron flamand pour Belgacom, les francophones recevraient un nouveau poste de commande à la SNCB.

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