13 juin 2008

Surenchère linguistique à Overijse

Overijse crée un "guichet " de délation des entreprises utilisant une autre langue que le néerlandais. Là, le ministre Marino Keulen ne suit plus du tout.
C'est un petit article en page neuf du dernier bulletin communal. Il annonce la création d'un "guichet central pour les plaintes linguistiques", créé par la municipalité "avec un certain nombre de volontaires". Sont visés "les prospectus toutes boîtes et les affiches d'agences immobilières dans une autre langue, ainsi que les autres atteintes au statut néerlandophone de la commune".
L'article du "Overijsenaar" demande de joindre des preuves du type photo ou photocopie aux plaintes déposées. La commune adressera alors une "requête amicale" aux entreprises et aux commerçants concernés, avant un mailing plus général prévu dès l'automne prochain.
Les élus francophones de la commune ont découvert cette initiative dans le "Overijsenaar". Pour Hadelin del Marmol, conseiller communal et président local de l'UF, "c'est une provocation bête et stupide du bourgmestre et qui n'apporte rien." Il ajoute que "Ici, les Flamands croient toujours qu'on refuse d'être en Flandre et qu'on refuse d'apprendre le Flamand" (sic). Pour lui, c'est notamment la position de la commune, "commune cadenas entre la Wallonie et Bruxelles, comme Rhode-St-Genèse", qui explique ce genre d'initiative.
Mais le ministre flamand des Affaires intérieures, en charge de la tutelle sur les communes, Marino Keulen (Open VLD), n'est pas d'accord non plus. Pour rappel, il avait déjà annulé en mars un règlement sur l'emploi des langues dans les plaines de jeux à Liedekerke, et deux ans auparavant, un autre concernant le marché de Merchtem.
Anticonstitutionnel
Pour M. Keulen, "aucune loi n'impose aux indépendants et aux commerçants de mettre des affiches rédigées en néerlandais". La commune d'Overijse n'a donc pas le pouvoir d'interdire des affiches rédigées dans une autre langue que le néerlandais. M. Keulen s'est aussi inquiété de l'impact d'une telle initiative à l'étranger, où l'image de la Flandre s'est dégradée. Selon lui, ce genre d'appel "risque de nourrir les caricatures. C'est le genre d'action que l'on paie cher à l'étranger".
Le ministre s'est dit aussi outré par la délation que cet appel encourage. "L'idée est condamnable, moyenâgeuse, en dessous de tout", a-t-il dit. M. Keulen, dont la NV-A dit ne pas comprendre l'attitude, a annoncé qu'il enverra à la commune une lettre par laquelle il rappellera que son initiative est contraire à la Constitution et qu'il convoquera les autorités communales.
Enfin, la question a également fait débat à la Chambre jeudi." Je peux comprendre que la commune d'Overijse soit soucieuse de son statut culturel et linguistique. Cependant, l'utilisation d'un tel procédé n'est pas acceptable", a commenté le Premier ministre Yves Leterme (CD & V). Il a rappelé que l'article 30 de la Constitution consacre la liberté de l'emploi des langues en Belgique, sauf qu'en ce qui concerne les actes de l'autorité publique et pour les affaires judiciaires.
Pour le MR, Didier Reynders s'est, quant à lui, inquiété du "manque de tolérance de certains en Flandre, qui se ferment peu à peu à la diversité et à la richesse culturelle", tout en se réjouissant de la réaction ferme et rapide du gouvernement flamand.
Quant au bourgmestre, Dirk Brankaer, il s'est insurgé jeudi soir contre la réaction de Marino Keulen, rappelant qu'il n'avait "pas l'intention d'interdire quoi que ce soit..."

La délation linguistique, un nouveau sport à Overijse ?

Les autorités communales ont mis en place un bureau des plaintes. A quoi servira-t-il ? A recueillir toute information sur les commerçants qui utiliseraient une autre langue que le néerlandais pour leur communication..... Yves Leterme a réagi, il a condamné l'initiative devant la Chambre.
C'est écrit noir sur blanc dans le dernier "Overijsenaar" le journal officiel. La commune met à disposition de ses administrés une boite-aux-lettres et adresse internet pour les plaintes qui concernent l'usage sur son territoire d'autres langues que le néerlandais.Sont particulièrement visés, les publicités et autres folders distribués par les commerçants locaux, ainsi que les petites affiches qu'ils mettent en magasin pour vanter la fraîcheur du poisson ou pour vendre un immeuble.Les bons citoyens, bien flamands, sont invités à collecter un maximum d'informations comme le nom du contrevenant, l'adresse, le jour et l'heure du méfait. Ils sont priés d'apporter des preuves, par exemple, sous la forme de photos.Saisie de cette plainte, la commune d'Overijse enverra une requête amicale aux commerces concernés, leur donnera même des conseils pour qu'ils respectent le caractère unilingue et néerlandophone de la commune flamande. A Overijse, un habitant sur trois est francophone. Le FDF a donc déjà réagi. Il rappelle que l'emploi des langues reste totalement libre entre une entreprise et sa clientèle, dans les relations commerciales. Le FDF s'indigne de cet appel à la délation, révélateur, pour lui, d'une intolérance linguistique de plus en plus forte.
Le ministre Keulen dénonce cette initiative
"Aucune loi n'impose aux indépendants et aux commerçants de mettre des affiches rédigées en néerlandais. La délation est en outre condamnable", a déclaré le ministre flamand des Affaires intérieures, Marino Keulen. Il a également rappelé que la Constitution consacre la liberté de l'emploi des langues en Belgique. La commune d'Overijse n'a donc pas le pouvoir d'interdire des affiches rédigées dans une autre langue que le néerlandais. M. Keulen s'inquiète aussi de l'impact d'une telle initiative à l'étranger où l'image de la Flandre s'est dégradée. Selon lui, ce genre d'appel risque de "nourrir les caricatures". Le ministre se dit également outré par la délation que cet appel encourage. "L'idée de délation est condamnable, moyenâgeuse et en dessous de tout", a-t-il dit.M. Keulen enverra à la commune d'Overijse une lettre dans laquelle il lui rappellera que son initiative est contraire à la Constitution. Il convoquera en outre les autorités communales.

Appel à la délation linguistique à Overijse
La réaction d'Yves Leterme
Réaction d'Olivier Maingain (FDF) à l'appel à la délation linguistique
Interview M. Uyttendaele
La réaction de M. Keulen

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