16 juin 2008

Printemps de l'environnement: pas convainquant

"Nous attendons du gouvernement une attitude d'arbitrage réel", relèvent les associations, soulignant que la démarche doit être guidée par l'urgence environnementale, et non le consensus absolu.
Les principales ONG environnementales engagées dans le Printemps de l'environnement ont dressé lundi un bilan mitigé de cette initiative du ministre du Climat Paul Magnette, dont la première phase a été close jeudi dernier. S'ils se félicitent de la dynamique générée par ce processus participatif d'envergure nationale, les environnementalistes déplorent "le manque d'ambition des mesures consensuelles" qui en sont issues.
Ces mesures sont insuffisantes pour affronter efficacement l'urgence écologique, jugent les fédérations Inter-Environnement Wallonie et Bruxelles, Bond Beter Leefmilieu, Brusselse Raad voor het Leefmilieu, Greenpeace, le WWF, Natagora et Natuurpunt.
Les ONG demandent donc au ministre Paul Magnette (PS) d'entériner les mesures faisant l'objet d'un consensus, mais surtout "d'assumer pleinement sa responsabilité en procédant à des arbitrages courageux" sur les points de divergences.
Parmi les mesures consensuelles, les associations ont relevé la nécessité de développer l'éolien "offshore" (en mer) et d'apporter un cadre réglementaire stable pour attirer et rassurer les investisseurs. L'alignement des accises sur le diesel avec celles sur l'essence semble aussi réunir les acteurs.
En revanche, des propositions des associations en faveur d'un observatoire de la publicité et d'un code de la publicité écologique assorti de sanctions, d'une révision du statut fiscal lié aux voitures de société, ou encore de la remise en question de l'objectif de 10 pc d'agrocarburants proposé par l'Union européenne, n'ont pas pu aboutir à un consensus.
C'est le cas également de la mise en place d'une évaluation des risques socio-économiques des OGM, d'une réglementation "plus responsable" de la publicité et de la vente de biocides et pesticides aux particuliers, ou encore de la mise en place d'une "véritable" fiscalité verte. "Nous attendons du gouvernement une attitude d'arbitrage réel", relèvent les associations, soulignant que la démarche doit être guidée par l'urgence environnementale, et non le consensus absolu.
La Feb craint les mesures populistes
A l'issue de la première phase du Printemps de l'environnement, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a demandé au gouvernement qu'il ne cède pas à la tentation de prendre des mesures populistes au détriment des entreprises, a indiqué lundi son président Rudi Thomaes. La FEB déplore que le ministre du Climat, Paul Magnette, initiateur du Printemps de l'environnement, "ait écarté le débat sur l'option de l'énergie nucléaire".
"Des objectifs chiffrés sont avancés pour la biomasse et d'autres formes d'énergie durable sans qu'on sache si l'approvisionnement énergétique global sera assuré", observe Isabelle Callens, directrice du département économique de la FEB. En matière de mobilité, la FEB préconise une approche globale et cohérente, "pour autant que soit respectée l'autonomie de la concertation sociale". "Nous nous réjouissons d'ailleurs du professionnalisme et du dynamisme mis en oeuvre pour promouvoir les modes de transport alternatifs et durables dans le transport de marchandises", relève Mme Callens.
Concernant la production durable, la FEB souligne les efforts déjà consentis en jouant la carte de l'éco-innovation. "Les autorités peuvent elles aussi soutenir les exportations de technologies vertes belges grâce à des incitants ciblés", suggère la FEB.
"Les pouvoirs publics peuvent également soutenir la consommation durable, via la promotion des achats et des marchés publics durables. Plusieurs secteurs, dont l'industrie alimentaire et la distribution, sont d'ailleurs prêts à y collaborer. Il faut toutefois s'assurer que les propositions bien intentionnées, comme le lancement de multiples écolabels, contribuent effectivement dans la pratique à accroître la prise de conscience écologique", soutient Isabelle Callens.
Les contributions des différents groupes de travail ont été transmises au gouvernement afin qu'il puisse prendre des décisions politiques. "Nous insistons auprès du gouvernement pour qu'il soit attentif à nos préoccupations et qu'il ne cède pas à la tentation de prendre des mesures populistes au détriment des entreprises", conclut Rudi Thomaes.

Un "Printemps" encore trop tiède

Les environnementalistes interpellent le ministre du Climat, Paul Magnette. Les mesures consensuelles sont insuffisantes : il faut "des choix clairs et forts".
Ecoutez J-Y Salliez, secrétaire fédéral de la Fédération Inter-Environnement Wallonie sur Ciel
S'il caracole dans le baromètre de "La Libre", le ministre de l'Energie et du Climat, Paul Magnette (PS), est attendu au tournant par le mouvement environnemental.
A mi-chemin du "Printemps de l'environnement", un processus participatif initié par le ministre Magnette, les fédérations Inter-Environnement Wallonie, Inter-Environnement Bruxelles, Bond beter leefmilieu, Greenpeace, le WWF, Natagora et Natuurpunt ont présenté lundi leur évaluation. La première phase du "Printemps" s'est terminée le 12 juin, au terme d'un mois de négociations entre les diverses parties prenantes (fédérations patronales, syndicales et environnementales, milieu académique, représentants de l'administration...).
La balle est maintenant dans le camp du politique, qui doit s'approprier le contenu de ce travail issu de 25 groupes articulés autour de quatre thématiques (modes de production et de consommation et biodiversité; énergie; mobilité; santé).
Le mouvement environnemental se réjouit qu'on ait ainsi lancé un processus inédit en matière d'environnement, soulignant la richesse des échanges comme l'implication des divers acteurs.
Mais les environnementalistes regrettent la faiblesse globale des résultats engrangés, très hétérogènes en fonction des groupes de travail et des ateliers concernés. Le travail du "Printemps" a permis de dégager un certain nombre de mesures consensuelles. Comme la nécessité de développer l'éolien offshore et d'apporter un cadre réglementaire stable pour attirer et rassurer les investisseurs. Ou l'alignement des accises sur le diesel avec celles sur l'essence.
Pas de demi-mesure
Pas de quoi crier victoire pour autant, dit le mouvement environnemental. Parce que des propositions majeures ont elles buté sur des désaccords importants. La liste est longue : la mise en place, sous l'autorité des pouvoirs publics, d'un observatoire de la publicité et d'un code de la publicité écologique et contraignant, assorti de sanctions claires; la révision du statut fiscal lié aux voitures de société; la remise en question de l'objectif de 10 pc d'agrocarburants proposé par l'Union européenne...
Si les environnementalistes déplorent le manque d'ambition des mesures consensuelles, "insuffisantes, de toute évidence, pour affronter l'urgence écologique", ils demandent au ministre Magnette de les entériner et, surtout, "d'assumer pleinement sa responsabilité en procédant à des arbitrages courageux" sur les autres points où il n'y a pas d'accord. "L'heure n'est plus à la demi-mesure et au ménagement des susceptibilités et intérêts sectoriels. La situation exige des choix clairs et forts", insiste le mouvement environnemental. "Le ministre Magnette a désormais toutes les cartes en mains. A lui de jouer !"

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