17 juin 2008

"Un parti radical, mais sans cordon"

L'analyse de Marc Swyngedouw, professeur de sociologie politique à la KULeuven.
Dedecker confirme largement
Qu'est-ce qui explique le succès de la LDD ?
Avant tout la personne de Jean-Marie Dedecker en qui réside toute la force d'attraction de la LDD. C'est encore un parti d'une personne - il a dit lui-même que son parti cesserait d'exister s'il avait un accident de voiture demain - même s'il fait maintenant le maximum pour en faire un parti moderne, avec un cadre organisationnel ad hoc. Je ne dis pas que quelqu'un comme Jurgen Verstrepen ne fera pas le plein de voix à Anvers, mais il ne le fera que parce qu'il y a un contexte lié au charisme de Dedecker.
Pourquoi l'électeur trouve-t-il la LDD plus crédible que d'autres partis ?
Plus crédible, pas nécessairement. Mais, étant dans l'opposition, elle peut prendre des positions plus libérales que l'Open VLD, plus flamandes que le CD&V et plus restrictives sur l'immigration et l'intégration que ces deux partis. Mais dans le même temps, personne n'a jamais pu la prendre en flagrant délit de racisme et donc il n'y a pas de cordon sanitaire à son égard. Je n'ai entendu personne, et notamment pas à l'Open VLD, prononcer d'exclusive à son égard. Alors que c'est de plus en plus clair pour l'électeur qu'une voix pour le Vlaams Belang est une voix perdue.
Cela veut dire que si la Lijst Dedecker reste à 10 pc, elle pourrait rentrer au gouvernement régional flamand en 2009 ?
Je me méfie très fort des sondages, surtout depuis qu'aucun d'entre eux n'a vu venir la défaite du SP.A en juin 2007. Mais, même si la LDD répète son score de 6,5 pc, on pourrait avoir une coalition sans socialistes. Si l'on regarde aussi bien du côté du CD&V que de la N-VA ou des libéraux, il me semble qu'une bonne partie des hommes politiques verrait d'un bon oeil l'arrivée d'une coalition très conservatrice.
La LDD risque-t-elle d'être tentée par l'une ou l'autre alliance, voire par un cartel ?
Elle ne se lancera jamais avec le Vlaams Belang parce que ce serait s'enfermer derrière le cordon sanitaire, alors que, dans le même temps, elle exerce une grande force d'attraction sur les électeurs de ce même Belang. Mais, contrairement à ce qu'affirme Jean-Marie Dedecker, je pense qu'une alliance avec la N-VA serait tout à fait possible, si celle-ci venait à se détacher du CD&V. Le prix à payer par Bart De Wever serait très lourd mais il le payerait pour ne pas disparaître. Les chances de survie de la N-VA en solo me paraissent très réduites. Tout au plus pourrait-elle conserver deux sièges : un pour Geert Bourgeois et un pour De Wever lui-même.
Quel rôle jouent les médias dans le succès de la LDD ?
Des partis comme la LDD ou la liste Wilders aux Pays-Bas ne peuvent exister que dans un contexte où les mass media sont tellement commerciaux et tellement dominants, et je ne vise pas un journal ou une chaîne de télévision en particulier en disant cela. Cela fonctionne comme cela : en utilisant habilement les mass media pour s'adresser directement à l'électeur. Et ces médias aiment bien donner la parole à ces hommes et femmes politiques qui passent bien et sont très populaires.
C'est également vrai du côté francophone selon vous ?
Probablement moins. La RTBF est moins sensible aux impératifs commerciaux que la VRT, par exemple. Et le poids des piliers traditionnels reste plus lourd au Sud du pays.

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