12 juin 2008

Van Cau directement visé

Dix-sept enquêteurs chez lui, à son cabinet d'avocats et aux Mutualités socialistes. En cause, les conditions de subvention du hall des sports de Beaumont. Les archives de la défunte Communauté urbaine emportées.
Neuf heures de perquisitions, mercredi : pour la première fois depuis le début des "affaires", c'est l'ex-homme fort du PS, de Charleroi et de la Région qui a été personnellement ciblé. Chez lui, tout d'abord dans la maison de maître du boulevard Joseph II, puis à deux pas de là, à son cabinet d'avocats.
Mais c'est surtout le siège des Mutualités socialistes qui a occupé l'essentiel des dix-sept enquêteurs, qu'accompagnaient la juge d'instruction Jacqueline De Mol et le Premier substitut Daniel Marlière.Un hall trois fois plus cher
Au centre de l'affaire, le hall des sports de Beaumont. Un complexe bâti "clés sur porte", et dont l'entrepreneur est la firme Vandezande, de Gilly. Sa gestion pose aujourd'hui question, mais il suscite aussi des interrogations quant à sa construction. A l'arrivée, il aura finalement coûté trois millions d'euros, soit trois fois plus que le coût estimé au départ. Une différence qui a amené à ouvrir une instruction, et à faire entendre longuement, la semaine dernière, le bourgmestre de Beaumont, Charles Dupuis, et son secrétaire communal Bruno Lambert.
Ils en étaient ressortis libres, mais sans avoir apporté aux enquêteurs de la police fédérale tous leurs apaisements. D'où la suite de l'enquête, hier matin.
Pourquoi viser Jean-Claude Van Cauwenberghe ? Il a présidé la Communauté urbaine de Charleroi-Val de Sambre, aujourd'hui défunte. Beaumont en faisait partie et avait demandé l'appui de cette Communauté pour élaborer le dossier du hall des sports qu'elle espérait voir subventionné.
Ce qui s'est fait, par le biais de la Commission des sports de ladite Communauté, commission présidée par l'échevin des Sports carolo, un certain... Claude Despiegeleer.
Et comme promis, explique aujourd'hui le bourgmestre Charles Dupuis, Jean-Claude Van Cauwenberghe, reprenant son rôle de ministre-président d'alors, a soutenu le projet, subsidié à hauteur de 1400000 euros. Là où il y a doute - mais rien n'est venu le confirmer jusqu'ici - c'est à propos des conditions mises à cette subvention : la Région aurait imposé que l'entrepreneur Vandezande effectue le travail. Ce que Charles Dupuis nie formellement, parlant d'un marché public dont le seul adjudicataire a été la firme Vandezande. Cette même firme dont Van Cau reconnaît que le responsable est de ses amis depuis longtemps.

La Communauté urbaine
Après le domicile et le cabinet d'avocat de Van Cau, en présence du Bâtonnier de l'ordre, les policiers se sont rendus chez Eric Van Sevenant, directeur général de l'intercommunale aujourd'hui fusionnée Aquasambre, au siège de laquelle les archives de la Communauté urbaine s'étaient trouvées.
Elles avaient été transférées au siège des Mutualités socialistes, avenue des Alliés, parce que Jean-Claude Van Cauwenberghe en est le président. Il y a assisté à la fouille et au départ des caisses d'archives. De manière scrupuleuse, dit-on, sans jamais oublier qu'il est avocat et qu'il n'ignore rien de la procédure. Ainsi a-t-il fait acter que la perquisition de son bureau parlementaire, à Namur, s'était effectuée hors la présence d'un représentant du Parlement.
Parallèlement, une perquisition a été conduite dans les locaux de la Direction générale des Pouvoirs Locaux, à Namur. Cinq heures durant, alors que la presse restait de faction au pied du bâtiment et qu'on acheminait des sandwiches pour soutenir les enquêteurs, l'ancien bourgmestre a surveillé le bon déroulement des opérations.
Il en est ressorti peu avant 17 heures. Le temps de faire savoir qu'il avait bien exercé tous ses droits, et qu'il aimerait être entendu par les enquêteurs. Avant de repartir pour le parlement wallon, où il a pris part aux votes de l'assemblée.
Comme si de rien n'était, vraiment ?

Edito: Van Cau, tourner la page, vite!

S'il est vrai qu'on ne prête qu'aux riches, alors il est multimillionnaire, pour le moins. Jean-Claude Van Cauwenberghe l'ex [?]- homme fort de Charleroi fait à nouveau parler de lui et, par la même occasion, refait la Une de l'actualité.
Ancien bourgmestre de Charleroi, ancien Ministre-président du gouvernement de la Région wallonne, Van Cau est au coeur de la tourmente qui a gravement déstabilisé le parti socialiste au cours des deux dernières années. Une tourmente que le PS a payée cash en termes électoraux : perte du mayorat à Charleroi, sanction aux élections fédérales au point de se faire piquer la première au hit-parade des paris francophones par un MR emmené par un Didier Reynders triomphant.La faute à qui ? A Jean-Claude Van Cauwenberghe. A tort ou à raison l'homme passe pour être le "parrain", quasiment au sens mafieux du terme, de sa ville. Un potentat par qui tout passe, un tyran à la main d'acier dans un gant de fer qui fait et défait les carrières comme les fortunes. Une image de Roi soleil sauce Pays noir.
Ses amis - ses affidés devrait-on dire - politiques démissionnent, se retrouvent en prison, sont inculpés. Lui passe entre les gouttes. Car, s'il est toujours cité, il n'est jamais inquiété.
Curieusement, cet homme vilipendé par les médias, ses adversaires politiques, jusque dans son propre parti, n'a jusqu'à présent jamais été entendu par la justice, dans aucune des affaires où son nom a été cité. Elio Di Rupo, président du PS, vivra là une des périodes les plus noires de sa présidence. Il veut changer l'image de son parti, changer les pratiques clientélistes, imposer de nouveaux visages - les rénovateurs - qui doivent être le signal d'une nouvelle culture politique socialiste. Mais comment écarter un Van Cauwenberghe qui, laissé tranquille par la justice, n'entend pas faire un pas de côté ? Comment faire, sans mettre en cause la présomption d'innocence, pour que Van Cau se fasse oublier ? Beaucoup reprocheront à Di Rupo de n'avoir pas tranché dans le vif. D'autres ne lui pardonneront pas d'avoir "tué" l'Obélix carolorégien.
Pour la première fois, Van Cauwenberghe est directement mis en cause. Le dossier, pour ce qu'on en sait, paraît léger. Mais il tombe à l'écart d'une période électorale. Van Cau n'est plus un enjeu. Il faut espérer que la justice fasse vite. La Wallonie doit tourner cette page-là. Au plus vite !

Perquisitions chez Van Cauwenberghe

Plusieurs perquisitions ont eu lieu ce matin, dont certaines toujours en cours, dans le cadre de l'enquête sur le hall omnisports de Beaumont. Elles ne visent pas seulement Jean-Claude Van Cauwenberghe, ancien ministre-président wallon, mais également Eric Van Sevenant, secrétaire de la Communauté urbaine de Charleroi-Val de Sambre.

Les perquisitions opérées ce mercredi matin dans l’enquête sur le hall omnisports de Beaumont, ne visent pas seulement Jean-Claude Van Cauwenberghe. Les enquêteurs se sont rendus au domicile du député régional (en présence du bâtonnier du barreau de Charleroi), ainsi qu’aux sièges des Mutualités socialistes de Charleroi, institution présidée par le député wallon socialiste (où ils sont toujours), à Aquasambre. Cette dernière perquisition viserait Eric Van Sevenant, directeur général de l’intercommunale et secrétaire de la Communauté urbaine de Charleroi-Val de Sambre, institution dont le siège se situe dans les bâtiments d’Aquasambre.
Par ailleurs, des perquisitions ont eu lieu à la DGPL (direction générale des Pouvoirs locaux), à Namur, et plus spécifiquement dans le bureau de sa directrice, Annie Van Boterdael.
Le Parlement wallon a-t-il reçu une demande de levée d’immunité parlementaire pour Jean-Claude Van Cauwenberghe ? « Non », répond José Happart (PS), président. « J’ai seulement été informé, comme le prévoit la loi, qu’une perquisition allait avoir lieu chez un parlementaire. Mais on ne m’a donné aucun détail sur son identité. »
Ces perquisitions sont effectuées dans le cadre de l’instruction sur la construction du hall omnisports de Beaumont. Mais quel peut être le lien entre Van Cau et ce dossier ?
Jeudi dernier, le bourgmestre de Beaumont, Charles Dupuis, et son secrétaire communal Bruno Lambert, avaient été entendus dans les bureaux de la police fédérale de Charleroi. Dans le même temps, des perquisitions étaient effectuées au domicile privé de l’entrepreneur Vandezande de Gilly et chez un architecte. La juge d’instruction Jacqueline Demol s’intéresse aux modalités de la passation du marché public relatif à la construction du hall des sports de Beaumont. C’est en 1998 que la Ville inscrit pour la première fois ce hall au budget communal à hauteur d’un million d’euros. Un architecte est désigné mais le projet reste dans les cartons. Ce dernier touche néanmoins des honoraires évalués, dit-on, à 5 millions de francs belges. Et pourtant, la Ville de Beaumont change subitement son fusil d’épaule, faisant table rase de cette première offre, pour désigner le promoteur Vandezande qui propose un complexe « clé sur porte » pourtant trois fois plus cher que le projet initial. En 2004, le hall sportif de Beaumont voit le jour. De nombreuses questions subsistent, dont celle-ci : pourquoi un tel revirement au profit de la firme Vandezande, déjà dans le collimateur de la Justice pour la construction du hall sportif de Jumet ? Et ce, pour un montant trois fois plus élevé que celui proposé par le premier architecte ! Selon nos sources, la gestion du hall des sports, dont
la régie communale dirigée par Bruno Lambert, intriguerait également les enquêteurs de la section financière. En deux ans, la trésorerie a en effet enregistré un déficit de 226.000 euros.
« Van Cau nous a soutenus »
Charles Dupuis, bourgmestre de Beaumont, explique avoir rencontré Jean-Claude Van Cauwenberghe sur ce dossier à la fin des années 90, sa commune manquant de moyens pour financer seule la construction du hall omnisports. Le Carolo était à l’époque président de la Communauté urbaine de Charleroi-Val de Sambre. Van Cau l’avait mis en contact avec Claude Despiegeleer, échevin carolo des Sports et président de la commission sportive de la Communauté urbaine. Celui-ci avait alors fait visiter des halls polyvalent à Marcinelle et à Jumet. « C’est alors que j’ai rencontré M. Vandezande », confie Charles Dupuis.
Selon le mayeur beaumontois, tant Despi que Van Cau ont alors jouer de leur influence politique pour obtenir un subside régional dans ce dossier. Ils sont parvenus à leurs fins en décembre 2002 quand le gouvernement wallon a octroyé une subvention de 1,433 million d’euros à Beaumont, le solde étant financé par la commune grâce à la revente de ses poteaux électriques à basse tension à l’intercommunale AISH (pour 900.000 euros) et via un emprunt (833.000 euros sur trente ans). Ces chiffres nous sont fournis par Charles Dupuis. « Je ne vois pas dans ce dossier où M. Van Cau aurait pu chipoter. Au contraire, il a travaillé pour sa région », poursuit le bourgmestre de Beaumont.
Les enquêteurs, eux, soupçonnent pourtant un marché truqué et une surfacturation. Pour rappel, l’entreprise Vandezande figurait parmi la quarantaine de fournisseurs (cités dans l’audit de la Région wallonne) travaillant régulièrement avec la Ville de Charleroi sous l’ancienne majorité socialiste. En 2004, 2205 et 2006, cela avait généré pour elle un chiffre d’affaires de 530.000, 560.000 et 324.000 euros, selon le rapport réalisé sous la direction de Gérard Delvaux.

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