24 avril 2007

Sotegec : le Met et Daerden dans la danse ?

Un témoin a rapporté des éléments précis faisant état d'éventuelles bizarreries dans des marchés publics. Le parquet de Namur a ouvert une information. Il a averti le parquet général au cas où le ministre Daerden serait visé.

L'affaire émerge en 2006. Un témoin entend un trio de fonctionnaires discuter de l'affaire Sotegec, où fut principalement mis en cause Bernard Anselme, le ténor socialiste de Namur (lire ci-contre). Au cours de cette discussion, que des sources proches de l'enquête nous ont dit contenir des éléments précis et identifiables, des marchés publics passés entre le ministère wallon de l'Equipement et des Transports (Met) et le bureau d'études Sotegec étaient évoqués. Des marchés à la passation peu limpides, selon la mémoire du témoin.

Et de préciser qu'il s'agissait somme toute, pour le département de Michel Daerden (PS), de faire plaisir à M. Anselme en favorisant sa compagne, patronne de la Sotegec, Rita Maillard. Ce témoin s'est ensuite ouvert des propos entendus à la justice de Namur.

À l'information depuis 2006

Soyons nets : on n'accuse pas M. Daerden d'être coupable de quoi que ce soit, le dossier n'étant pas assez avancé pour permettre une affirmation positive ou négative; de quelle importance seraient les marchés éventuellement en cause et savoir si la justice a pu les identifier, c'est ignoré; nous parlons donc d'un témoignage et rien que de cela.

Mais il a été pris assez au sérieux pour justifier l'ouverture d'une information judiciaire, a appris "La Libre". Vendredi, le procureur du Roi de Namur, Bernard Claude, n'a pas souhaité nous livrer le moindre commentaire à ce sujet, se bornant à nous indiquer que, de toute façon, l'affaire n'était pas de sa compétence.

De fait, le procureur général de Liège, Cédric Visart de Bocarmé, nous expliquait le même jour qu'"il est clair que si le ministre est concerné, c'est chez nous que ça doit venir". Dans un premier temps, pourtant, le haut magistrat n'avait pas souvenir que ce soit arrivé : "Je n'ai absolument rien entendu. Le procureur du Roi ne m'a envoyé aucun rapport à ce sujet-là, et c'est la première fois que j'entends parler de M. Daerden dans le dossier Sotegec". Il se disait certain de la chose. Y aurait-il eu maldonne entre le procureur du Roi de Namur et le "PG" de Liège ?

Malgré tout, le week-end nous apportait une nouvelle confirmation qu'un dossier Sotegec/Met existe bien.

Lundi, le procureur Bernard Claude, que nous questionnions pour vider le dilemme, nous répondait, sans passion mais en refusant d'aborder le fond du dossier, qu'"une information judiciaire a été ouverte sur les relations Sotegec/Met au parquet de Namur et que, dans le contexte, j'ai considéré qu'il était de mon devoir de prévenir le procureur général, ce que j'ai fait par une lettre du 29 novembre 2006". En effet, si un ministre pouvait être concerné, disait lui-même le "PG"...

Pour l'anecdote, on relève que M. Claude avait donc bien fait son travail, ce que M. Visart nous confirmait lundi aussi, après avoir "réinterrogé le magistrat qui suit le dossier chez nous". Résultat : il y a une "information [...] et des vérifications ont été faites, mais qui n'ont donné lieu à aucune dénonciation infractionnelle, pour le moment en tout cas".

Pour le reste, les interprétations ne se superposent pas parfaitement. Côté parquet, c'est le contexte "ministériel" qui était donc à l'origine de la transmission du dossier au parquet général, alors que M. Visart y voit désormais aussi l'exercice d'un contrôle sur le dossier Sotegec.

D'autre part, le "PG" trouve la fiabilité de la source incertaine et la dit anonyme. Il a peut-être raison pour le premier adjectif, mais le nom du témoin figure dans les PV.

Toujours est-il que voilà un pseudopode inattendu à l'affaire Sotegec. Avec quelles suites ? C'est une autre histoire...

Anselme réentendu
Hasard de calendrier : on a appris lundi que, en marge du dossier Daerden, l'affaire Sotegec venait de conduire, le matin même et à nouveau, l'ancien bourgmestre namurois et ancien ministre-Président de la Région wallonne puis de la Communauté française et ex-ministre fédéral des Affaires sociales, Bernard Anselme (PS), chez le juge d'instruction Philippe Olivier.
On se souvient que le soupçon pèse que le bureau d'études Sotegec, dirigé par la compagne de M. Anselme, Rita Maillard, ait été outrageusement favorisé par la Ville de Namur - en version Anselme - pour l'obtention de marchés publics, du fait de leur relation. Il en va de même pour le CPAS namurois et pour la société de logements sociaux "La joie du foyer". En pratique, la justice soupçonne que des marchés aient été attribués soit grâce à de faux prix bas (les contrats étaient ensuite grevés par de lourds avenants), soit en soustrayant des documents de l'examen au conseil communal, soit en omettant simplement la moindre mise en concurrence.
Bernard Anselme avait d'ailleurs été inculpé en octobre 2006, avec l'échevin du Patrimoine Jean-Louis Close (PS) et le secrétaire communal Jean-Marie Van Bol (par ailleurs professeur en matière de marchés publics), pour entrave à la liberté d'enchère, pour prise d'intérêts ainsi que, enfin, pour faux et usage de faux.
Bref, questionné par l'agence Belga, le procureur du Roi de Namur, Bernard Claude, a indiqué que la nouvelle audition de lundi était destinée à faire des recoupements avec des informations reçues par le juge d'instruction lors des auditions des membres du personnel communal .

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