Un premier ministre francophone ?
A peine 22% des Wallons voudraient un premier ministre francophone
Un peu plus des deux tiers des Wallons (68%) demandent le retour à une Belgique beaucoup plus unie. Les Néerlandophones ne sont par contre que 32% à partager cet avis.
En revanche, plus de la moitié des Flamands (55%) estiment qu'il faut continuer dans une Belgique unie mais où chaque région a son autonomie dans certains domaines, contre 30% des Wallons, selon un sondage à paraître demain/lundi dans les journaux Vers l'Avenir-Le Jour-Le Courrier et Het Nieuwsblad.
8% des Néerlandophones prônent le séparatisme contre 1% en Wallonie. A l'issue des élections fédérales du 10 juin, 22% des Wallons et 2% des Flamands préféreraient un premier ministre francophone. 6% des Wallons et 42% des Flamands souhaitent un premier ministre flamand. 71% des Wallons et 54% des Flamands n'ont pas de préférence à ce sujet. (belga)
21/03/07
"Je veux aider la Wallonie à s'en sortir"
Le ministre-président flamand a un diagnostic sévère sur la Wallonie. Mais à ses yeux, la Belgique a encore un avenir. Le ministre-Président veut un sursaut wallon et une gestion bruxelloise plus serrée.
Alexis Haulot
Quels enseignements tirez-vous des sondages de "La Libre" sur les Flamands ?
Certains résultats sont tellement étonnants que je n'y crois pas ! Ainsi le fait que les Flamands préféreraient Anvers comme la capitale de la Flandre, cela me fait rigoler. Moi, je ne me laisse pas guider par les sondages même s'il s'en dégage des informations intéressantes.
Mais il y a un divorce entre la volonté politique et la population...
Il n'y a pas de divorce. Il y a un problème d'interface. Ma vision de l'Etat belge se trouve confortée par votre sondage... La Belgique a un avenir mais il faut plus d'espace pour faire du travail sur mesure. Il y a d'autres chiffres essentiels que ceux des sondages : ce sont ceux du chômage, des différentiels de l'évolution économique. Le fait que le meilleur arrondissement wallon pour le chômage soit 3,4 pc en dessous du plus mauvais en Flandre est une donnée interpellante. L'économie wallonne ne se porte pas bien; ça, c'est une réalité. Et je veux l'aider à s'en sortir. Je ne veux pas de réformes asociales : il faut investir pour donner des chances aux chômeurs. Et je ne souhaite pas, par exemple, la suppression des allocations de chômage après 6 mois.
Les réformes que vous souhaitez veulent donc enrichir la Flandre...
Non, c'est par souci de l'avenir du pays et en raison de la situation sociale et des drames qui en découlent. Mais savez-vous que Mons est la capitale belge du chômage avec 26 pc... Et il y a des régions comme celles de Charleroi, du Centre ou quelques quartiers de Bruxelles où il y a 30 à 35 pc de chômage.
Mais il y a des différences régionales dans tous les Etats fédéraux ?
Entre le Nord et le Sud de l'Italie, il y a un différentiel mais il est moins grave qu'entre la Wallonie et la Flandre. Sur un territoire géographique aussi étroit, cela n'existe nulle part.
Et il y a des nuances entre la Flandre occidentale et le Limbourg ?Oui mais elles sont moindres qu'entre la Flandre et la Wallonie. Le taux de chômage le plus élevé en Flandre, c'est 8,3 pc dans le Limbourg alors que du côté wallon, les moins mauvais sont le Luxembourg et le Brabant wallon avec 11,3 pc.
Pour en sortir, la Wallonie a quand même son plan Marshall...
Cela fait 30 ans que cela bouge en Wallonie mais la situation n'a jamais été aussi mauvaise qu'aujourd'hui. Il faut plus d'esprit d'entreprise. Prenez le récent rapport de l'OCDE : le coût salarial est 5 pc plus bas en Flandre qu'en Wallonie. Il y a en Wallonie beaucoup de gens de qualité, qui veulent entreprendre, il y a de bons travailleurs mais il faut donner plus d'espace à ces bonnes choses. Il faut s'attaquer au chômage et voir ce qui peut aider le développement économique. La priorité donnée au développement des entreprises en son sein me paraît importante mais on ne peut pas attendre un bouleversement de ce seul plan. Ce plan est bon et il faudra l'appliquer de la manière la plus complète.
Quelle est votre vision de la Belgique ?L'Etat fédéral a un avenir si on donne de l'espace aux entités fédérées pour supporter leur financement, pour résoudre leurs problèmes sociaux et leurs différentiels économiques. Si on réussit à faire cela au niveau institutionnel, l'Etat belge a un avenir. L'histoire de la Belgique, c'est une belle histoire...
Donc, ce qui se passe en Wallonie, c'est bien mais c'est insuffisant...Il y a une Région où il y a un problème socio-économique très grave. L'économie belge n'existe plus; le secrétaire général de l'OCDE l'a affirmé. C'est pour cela qu'il faut tellement s'atteler à la situation économique wallonne. C'est une responsabilité collective des politiques, des entrepreneurs, des médias, de tout le monde...
La solution passe par une réforme de l'Etat. Mais les francophones craignent un appauvrissement...
Pourquoi dites-vous cela ? Moi, je veux garder la solidarité interpersonnelle au niveau de la sécurité sociale. Mais je veux qu'au niveau des dépenses, au niveau de la politique du marché du travail, on puisse traiter nous-mêmes ces problèmes parce qu'ils diffèrent du Nord au Sud.
Comprenez-vous pourquoi les francophones freinent toute réforme ?On verra bien s'ils freinent... J'ai lu que Reynders était favorable à ce que l'on perfectionne certaines structures. Quand, en 2001, les francophones ont demandé un refinancement, les Flamands ne s'y sont pas opposés...
Etes-vous candidat Premier ?
Pour l'instant, je suis président du gouvernement flamand. Il n'est pas exclu que je participe aux élections et au moment idoine, je m'expliquerai.
La toute-puissance du PS et sa permanence au pouvoir constituent-elles des problèmes ?C'est à mon président de parti qu'il convient de s'exprimer.
A présent, vous ne voulez plus toucher à la monarchie...Je n'ai jamais dit le contraire.
Mais vos alliés de la N-VA sont franchement républicains...
Il n'y a pas longtemps, j'étais au Standard à côté de Claude Eerdekens. Il est rattachiste, non ? Et cela ne semble pas poser de problème au PS...
Vous êtes-vous senti visé quand le Roi a parlé en janvier 2006 de séparatisme feutré ?Oui et je l'ai même dit au Roi. Mais Albert II assume très bien sa fonction dans le respect de la Constitution. Quand certains émettent des critiques, cela concerne certains membres de la Cour.
Le Prince Philippe semble se montrer plus intervenant...
Il semble que certains rédacteurs en chef ne peuvent pas subir la moindre critique...
Pourquoi faites-vous peur aux francophones ?
C'est l'image qu'on donne de moi. Cela semble bien convenir à nombre de mes collègues wallons qui peuvent ainsi éviter d'aborder une série de problèmes qui les touchent directement.
Mais n'avez-vous pas alimenté cette caricature dans l'interview que vous avez accordée l'été dernier à "Libé" ?
Bon, si c'était à refaire, je ne recourrais plus à l'arme de l'humour. J'ai simplement voulu dire que chez beaucoup de francophones, surtout dans la périphérie, il y a une sorte de manque intellectuel d'ouverture pour la Belgique et ses grandes communautés.
Votre vision de Bruxelles ne rassure pas les francophones...
Il y a la multiplicité des institutions qui s'occupent de Bruxelles et de son million d'habitants. Il y a là une complexité qui met en danger le fonctionnement même. Bruxelles nécessite une approche sui generis. C'est aux Bruxellois de dire ce qu'ils veulent. Moi, je pense qu'il faut simplifier mais maintenir les 19 communes qui sont la structure démocratique de base.
Il reste la pomme de discorde de BHV. Comment en sortir ?En en parlant le moins possible dans les journaux... L'arrêt de la Cour d'arbitrage doit être respecté : c'est une bombe à retardement pour la légitimité des élections fédérales qui suivront celles de juin prochain.
Est-ce qu'on peut installer un nouveau gouvernement fédéral sans une grande réforme de l'Etat ?
Il faut négocier un accord de gouvernement avec un chapitre institutionnel. Un bon accord qui doit être le plus précis possible...
Vous êtes un homme pressé ?
Au lieu d'affronter la réalité, beaucoup de collègues francophones aiment ou bien dresser le portrait d'un ennemi extérieur ou dire que chaque pas en avant vers une meilleure répartition des compétences entraînera la fin de la Belgique.
Si le CD & V arrive au pouvoir, y associera-t-il le CDH ?
J'ai beaucoup d'estime pour le CDH même si au niveau communautaire, comme dans d'autres partis, on n'est pas d'accord. J'apprécie le travail de Joëlle Milquet et de la nouvelle génération avec Melchior, Benoît, André, etc. Personnellement, je n'aurais pas rayé le "C" de chrétien. © La Libre Belgique 2007
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