10 mars 2007

Appel à un plan langue pour Bruxelles

Accès à l'enseignement néerlandophone: le MR blâme Arena

Les projets des ministres flamand et bruxellois de l'Enseignement Frank Vandenbroucke et Guy Vanhengel sur l'accès à l'enseignement néerlandophone à Bruxelles ne hérissent pas outre mesure le MR, qui s'est étonné en revanche de la position de la ministre de l'Enseignement obligatoire en Communauté française Marie Arena.Le groupe MR au Parlement de la Communauté française rappelle avoir mené une réflexion similaire avec son projet de "parcours citoyens" qui permettrait aux primo-arrivants de suivre des cours de français pour mieux s'intégrer et mieux suivre la scolarité de leurs enfants. "Néanmoins, le MR ne peut cautionner le fait que cela conditionne expressément l'inscription ou pas de l'enfant dans une école", relève Françoise Bertieaux, chef de groupe MR. Mais encourager et aider les parents à fournir cet effort, de façon non contraignante, "peut être envisagé".Libre choix des parentsPar contre, elle s'étonne d'entendre Marie Arena (PS) et la présidente du cdH Joëlle Milquet brandir l'article 24 de la Constitution sur le libre choix des parents, "que la ministre a pourtant bafoué dans son décret Inscription", estime Françoise Bertieaux. "Il faudrait peut-être avant tout balayer devant sa porte avant de donner des leçons aux ministres flamands", dit-elle dans un communiqué. (belga)

Frank Vandenbroucke veut relever avec les francophones, le défi social et linguistique.
Obligera-t-il les parents d'élèves à apprendre le néerlandais ? Peut-être.

Trois jours après avoir lancé un pavé dans la mare en annonçant qu'il envisageait d'obliger les parents d'élèves des écoles flamandes à apprendre le néerlandais, le ministre flamand de l'Enseignement et de l'Emploi s'explique sur ses intentions.
De son bureau au 7 e étage au boulevard Albert II, Frank Vandenbroucke (SP.A) s'étonne des réactions outrées de l'autre côté de la frontière linguistique car, dit-il, "francophones et Flamands doivent relever un défi social et éducatif commun. Il y a à Bruxelles un chômage massif des jeunes, de 37 pc, lié à la non-qualification. Il y a un problème sérieux de pauvreté et de langue dans des familles où l'on ne parle ni français, ni néerlandais. Francophones et Flamands avons un message à donner ensemble. Un enfant qui entre dans une école francophone doit comprendre et parler le français. Idem pour le néerlandais. Le grand danger, qui est déjà en partie une réalité, c'est de créer le zérolinguisme au lieu du multilinguisme."
En demandant aux parents de s'engager à apprendre le néerlandais au moment de l'inscription, ne prenez-vous pas les enfants en otage ?
Je n'ai pas dit qu'il fallait obliger les parents à apprendre le néerlandais (NdlR : M. Vanhengel, ministre bruxellois pour l'enseignement flamand, lui, l'a dit). J'ai lancé un chantier, ouvert un débat. Il faut mettre l'accent sur l'apprentissage de la langue, en commençant le plus tôt possible, d'où notre idée d'obliger l'élève qui s'inscrit en primaire dans une école flamande de suivre au moins un an de maternelle en néerlandais. C'est logique. Je crois que l'on peut aussi obliger les parents à avoir des contacts réguliers avec l'école. Leur participation active est une condition sine qua non pour réussir. Enfin, je pense que l'on peut inviter, voire obliger - je ne l'exclus pas - les parents à apprendre la langue, grâce à des cours gratuits. Mais il faut surtout un appel positif et non pas un système hyperrépressif.
Dans les faits, contraindre à une année de maternelle en flamand, cela revient à abaisser l'âge de l'obligation scolaire de 6 à 5 ans. Or, c'est une compétence fédérale, non ?
La Constitution dit que l'âge de l'obligation scolaire est une question fédérale, mais ce sont les communautés qui l'organisent pratiquement. Par exemple, l'obligation scolaire à temps partiel pour les 16-18 ans est organisée par les communautés. Juridiquement, il nous revient de donner la condition d'inscription. En théorie, si un enfant de 6 ans arrive à l'école sans avoir suivi un an de maternelle en flamand, on le mettra en maternelle. En pratique, le signal donné est : "Venez à 5 ans". Et si j'étais côté francophone, je ferais la même chose, même si je n'ai pas de leçon à donner à Marie Arena. J'irais même plus loin. J'invite les francophones à élaborer un modèle coopératif de l'enseignement à Bruxelles. Il y a déjà des initiatives avec Marie Arena sur le contrôle de l'obligation scolaire. Pourquoi ne pas donner aux parents bruxellois un signal commun qu'ils doivent apprendre une des deux langues ? C'est un défi commun. Il y a des interactions constantes entre les réseaux scolaires francophones et flamands.
Pour certains, l'idéal serait de dispenser un enseignement bilingue français - néerlandais à Bruxelles. Qu'en pensez-vous ?
Ce serait imaginable s'il n'y avait que des francophones et des néerlandophones, mais nous avons une panoplie de langues (turc, marocain,...). Il est naïf de croire que l'on pourrait avoir un enseignement de qualité en deux langues. Le but ultime de l'enseignement est le multilinguisme mais il faut bien faire un choix. C'est pour cela que je suis réticent par rapport à l'enseignement en immersion. C'est rentable pour des élèves favorisés mais je crains que ce soit néfaste pour les autres. En Flandre, à partir de 2008-2009, nous allons tout de même tenter l'expérience de l'immersion dans 10 écoles. Mais ce sera en secondaire, donc à un âge où l'on maîtrise déjà une langue. © La Libre Belgique 2007

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