Kir et Huytebroeck : le froid
07/03/07
Des certificats verts pour l'incinérateur ? Oui, dit Kir. Non, dit Huytebroeck. Y a-t-il un pilote ?, se demande Gosuin.
Je viens de lire l'article dans Le Soir. Elle risque d'avaler de travers... Tant mieux. »
Surprise dès potron-minet, mardi, pour la ministre de l'Environnement et de l'Énergie lorsque ce SMS atterrit sur son portable. Un sentiment sans doute partagé par l'auteur du texto, rien moins que le secrétaire d'État à la Propreté Emir Kir (PS). « Voilà ce qui arrive quand on se trompe de destinataire, » sourit, sportive, Evelyne Huytebroeck (Écolo) qui a elle aussi joué du portable. « Si j'avais eu un espoir que tu veuilles résoudre les choses... Pas super-correct. »
Un incident plutôt cocasse, certes, mais révélateur du froid qui règne aujourd'hui entre le socialiste et l'écolo pourtant partenaires au sein du gouvernement bruxellois. Si le SMS fait suite à une bataille sur l'octroi de certificats verts à l'incinérateur (lire ci-dessous), certains se demandent si Emir Kir n'a pas carrément décidé de balayer devant la porte de sa collègue de l'Environnement.
En février dernier, il déposait une note sur la table du gouvernement à propos de la gestion des déchets en Région bruxelloise. Chiffres à l'appui (bien que datant de 2002), la note du cabinet Kir attire notamment l'attention sur l'augmentation annoncée des besoins d'élimination des déchets. Et ce dès janvier 2008, date à laquelle la législation wallonne interdira progressivement la mise en décharge des ordures ménagères et les encombrants ménagers non broyés. Un facteur suprarégional qui n'aurait rien d'anodin puisque, toujours selon les chiffres avancés par Emir Kir, 120.000 tonnes de déchets bruxellois sont concernées. Dès cette année, c'est aussi un souci financier qui se profile puisqu'un décret fiscal wallon prévoit l'augmentation des tarifs. Une hausse qui tournerait autour des 7 millions d'euros. De l'analyse, le cabinet passe à l'action et offre ses services au gouvernement pour développer une stratégie de gestion durable des déchets bruxellois. Et propose de lui soumettre une proposition en ce sens pour le mois de juin.
Un quatrième four ?
Après la lecture de cette note, que nous lui avons soumise, Didier Gosuin (FDF) estime qu'il n'y a plus de pilote dans la politique des déchets. L'ancien ministre de l'Environnement parle de querelle de compétences menant tout droit à l'immobilisme. « Depuis combien de temps n'a-t-on plus mené une campagne de sensibilisation, au tri par exemple ? » Didier Gosuin souligne aussi et surtout que le plan déchets est du ressort de l'IBGE (et donc de la ministre de l'Environnement). Et qu'il arrive à échéance à la fin de cette année. « Cela veut-il dire qu'il n'y a rien sur la table ? Ou alors que les services d'Huytebroeck travaillent sans parler à ceux d'Emir Kir ? »
Réponse de la ministre de l'Environnement : bilan et études sont en cours. Et si, d'aventure, un accord n'était pas trouvé au gouvernement avant fin 2007 ? « Le plan actuel continuerait à prévaloir. »
Dernière inquiétude, et non des moindres, la note alarmiste d'Emir Kir ne serait-elle pas, même si l'intéressé s'en défend, un plaidoyer pour l'ouverture d'un quatrième four à l'incinérateur ? « On peut à tout le moins se poser la question, conclut un Didier Gosuin, qui prévient : on ne s'est pas battu durant dix ans contre l'incinérateur de Drogenbos pour en arriver là aujourd'hui ! »
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