05 mars 2007

Comment les Belges épuisent la planète

Actions concrètes du MR en faveur du développement durable

Comme les autres partis, le MR a consacré aujourd'hui son bureau au développement durable et aux actions concrètes menées au niveau communal.
Outre la mise en évidence de certaines initiatives prises dans des communes où le MR est au pouvoir, le parti veut aussi que ses mandataires s'engagent en signant une charte qui prévoit notamment l'obligation pour les communes de tenir une "comptabilité énergétique" et de mettre en place un guichet unique où les citoyens redevront toutes les informations sur diverses possibilités et les avantages dont ils peuvent bénéficier lors de certains travaux.
"A la différence des autres formations, nous ne nous contentons pas de lancer des idées, mais nous nous basons sur des actions menées par des communes où le MR est au pouvoir", a commenté le président Didier Reynders. Le MR met en évidence certaines initiatives qui ont été prises comme à Sprimont où le bourgmestre MR a lancé un programme de valorisation énergétique du lisier pour chauffer les bâtiments publics ou celle de Rochefort où un autre bourgmestre MR a opté pour l'installation de panneaux solaires lors de la construction d'une nouvelle maison de repos.


Une ordonnance qui touche la construction et la rénovation
Le bâti au régime énergétique


Dès 2008, un conseiller en performance énergétique suivra l'évolution des chantiers, de la conception à l'élaboration.

T ransformer Bruxelles en une ville efficiente sur le plan énergétique prendra plusieurs décennies, indique la ministre Evelyne Huytebroeck (Ecolo). Nous avons le devoir de commencer dès à présent. Trop de temps a déjà été perdu. Le temps des discours est révolu ! Il faut des actes individuels et collectifs. »

Petit rappel : à Bruxelles, 70 % des émissions de gaz à effet de serre (CO2) sont dues à la consommation énergétique des bâtiments (tertiaire et résidentiel). La Belgique et sa capitale végètent en fin de peloton européen des bâtiments les plus mal isolés. Ainsi, sur les quelque 478.000 logements, le double vitrage est inexistant dans 40 % des cas, même topo et même pire pour l'isolation des toitures (absente dans 69 % des cas), des conduites isolées (74 %) et des murs (85 %).
Un constat peu flatteur que le gouvernement bruxellois souhaite aujourd'hui améliorer. Tel est en tout cas l'objet de l'ordonnance sur la performance énergétique des bâtiments qui vient de passer en troisième lecture au gouvernement et devrait entrer en vigueur début 2008.
« Avec cet outil, se réjouit la ministre bruxelloise de l'Energie, la boucle est bouclée. Après la sensibilisation (défi énergie...), les incitants (primes) et les services (facilitateur...), il nous restait l'aspect réglementaire et obligatoire. »
Le texte de l'ordonnance s'inscrit dans le cadre d'une directive européenne et concerne tant les dossiers de construction que de rénovation soumis à permis d'urbanisme.
Concrètement, il prévoit notamment la nomination d'un conseiller en performance énergétique. « Et ce dès la conception du projet afin d'obliger les architectes et les investisseurs à se montrer attentifs à la problématique. » Le conseiller sera chargé de suivre l'exécution du chantier mais aussi, en bout de course, de déterminer si les exigences ont été atteintes.
A Bruxelles, l'ordonnance devrait concerner 440 bâtiments (à bâtir) et un peu plus de 1.200 rénovations par an. Soit entre 600.000 et 650.000 m 2 .
Consommation
réduite de 30 %
Une attention particulière portée à la performance énergétique qui ne serait pas synonyme de surcoût... Bien au contraire. « Une étude que nous avons commandée (KUL-3E) démontre qu'il est tout à fait possible, en modifiant les pratiques actuelles de conception d'un bâtiment, de réduire la consommation énergétique d'un bâtiment de 30 %, quasiment sans surcoût, assure Evelyne Huytebroeck. Il existe en effet aujourd'hui toute une batterie de techniques qui ont fait leurs preuves. »
Une ministre qui rappelle enfin que chacun peut également décider de franchir un pas supplémentaire en optant pour une maison passive, sept fois moins énergivore que sa consoeur « traditionnelle ». Et pour laquelle une prime de 100 euros/m 2 a été introduite en janvier dernier.


Deux textes « durables » pour une Constitution

Voici les deux projets de texte visant à introduire le développement durable dans la Constitution (art. 7 bis). Ils seront débattus à la Chambre mardi prochain. Le 1 er texte a fait l'objet d'une majorité au Sénat en juillet dernier.


1. Projet Cornil. « Dans l'exercice de leurs compétences respectives, l'Etat fédéral, les Communautés et les Régions poursuivent les objectifs d'un développement durable, dans ses dimensions économique et environnementale, en tenant compte de la solidarité entre les générations. »
2. Projet Ecolo : « Par l'exercice de leurs compétences, les pouvoirs publics mènent, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières nationales, une politique fondée sur le développement durable, à savoir un développement qui répond aux besoins du présent dans ses dimensions sociales, économique et environnementale, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
A cette fin, les pouvoirs publics doivent, par l'exercice de leurs compétences, tendre vers l'équilibre entre la consommation de ressources sur une période (...) et le remplacement de ces ressources sur la même période.
L'Etat fédéral, les Communautés et les Régions mettent en place, chacun en ce qui les concerne, (...), les dispositifs requis afin d'assurer la conformité de la politique publique avec le développement durable (...). »
La dette écologique de notre pays ne cesse de croître. Nous dévorons 300 fois ce que le pays produit.


L es hommes pillent leur planète. A ce sinistre jeu, les Belges sont des « champions » : la dette écologique de chaque habitant du pays équivaut à neuf terrains de foot. Employons une autre image : si tous les humains pompaient les ressources de la planète comme nous le faisons, trois Terres seraient nécessaires pour nous permettre de mener ce train de vie.
L'impression d'insupportable gaspillage est encore accrue par les nouveaux éléments que Le Soir fournit aujourd'hui.
A la demande d'Ecolo, le Réseau mondial pour l'empreinte écologique a calculé l'évolution sur une quarantaine d'années des « recettes écologiques » et des « dépenses écologiques » pour la Belgique et le Grand-Duché.
Les premières ont diminué de 24 %. Pendant ce temps, les secondes sont passées de 3,4 à 5,6 hectares par habitant en raison essentiellement de la consommation d'énergie. Confirmation : les Belges sont gourmands : ils « dévorent » 300 fois la taille de leur pays.

Les « recettes et dépenses » environnementales des Belges sont chiffrées
Les Belges dévorent 300 fois ce que la Belgique produit

Les chiffres de notre dette écologique : augmentation de près de 50 % en quarante ans.


N euf terrains de foot ! Il ne faut pas être fan du ballon pour se figurer la taille de la « dette écologique » de chaque Belge. En revanche, il est sans doute moins aisé de se familiariser avec cette notion de passif environnemental, chiffrée aujourd'hui par le Réseau mondial pour l'empreinte écologique (GFN, pour Global Footprint Network), à la demande d'Ecolo.
Ce n'est plus un mystère : si chaque être humain consommait les ressources comme un Belge, trois Terres seraient nécessaires pour assurer ce train de vie. En d'autres termes, l'Occident ne vit plus grâce aux intérêts de la nature, mais en rognant son capital. Et chez nous ? Jusqu'à présent, les perspectives mondiales établies par le GFN pour le compte du WWF, le World Wide Fund for Nature (Fonds mondial pour la Nature), n'avaient pas détaillé, secteur par secteur, l'évolution des « recettes » (biocapacité) et des « dépenses » (empreinte écologique). C'est chose faite pour la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg, considérés comme une seule entité statistique par le GFN (1).
Comme le détaille l'infographie ci-dessous, notre capacité biologique s'est réduite de 24 % en quarante ans, passant de 1,6 à 1,2 hectare par habitant. « Davantage de routes, de bâtiments, d'infrastructures ont réduit d'autant le territoire et une partie du patrimoine environnemental, concède Geoffroy De Schutter, chef de projet au WWF.

Il ne faut pas s'arrêter sur le détail des chiffres, mais considérer l'écart qui se creuse entre notre biocapacité et la consommation des ressources. Même si ces données datent de 2003, rien ne permet de penser qu'il y a aujourd'hui une diminution de notre dette écologique. »
En termes de tendance, l'empreinte écologique de la Belgique a enflé dans des proportions dignes du déficit cumulé de nos finances publiques. Alors qu'elle était de 3,4 hectares par habitant en 1960, notre « trace » se chiffre aujourd'hui à 5,6 hectares. C'est net : la consommation vorace des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), incriminée dans le réchauffement climatique, représente la progression la plus importante. Transports, consommation de produits manufacturés à l'étranger, chauffage... les Belges et les Luxembourgeois caracolent au top du classement des émissions de CO2 produites par habitant en Europe.
Au bout du compte, l'écart entre nos recettes et nos dépenses environnementales n'a cessé de se creuser. « Il y a 40 ans, le déficit était de 2,2 hectares par habitant, note le rapport. Aujourd'hui, il est de 4,3 hectares par habitant. » Soit plus de 300 fois la taille de notre pays.

Fatalisme ? L'Allemagne est parvenue tour à tour à réduire son empreinte écologique et à améliorer sa biocapacité propre ces dernières années.
« Il faut demeurer prudent avec l'interprétation de ces chiffres, nuance Walter Hecq, professeur en économie de l'environnement, à l'ULB. Dans les calculs, des erreurs méthodologiques peuvent apparaître. De même, les paramètres retenus par le GFN sont parfois réducteurs. On prend en compte la population et le nombre d'hectares pour assurer la satisfaction de besoins de base, c'est-à-dire la capacité écologiquement productive. Mais il n'y a pas que l'homme là-dedans. On ne tient pas compte de l'impact sur les écosystèmes et leur altération parfois irréversible... »
Bref, le modèle serait... trop conservateur. Et pour cause, les données utilisées par le GFN, issues des Nations unies, sont parfois incomplètes. On s'étonnera par exemple de voir le couvert forestier légèrement diminuer alors que les tendances générales observées dans les pays du Nord sont à l'augmentation.
« Ce travail plus fin sur les chiffres doit se faire au départ de chaque pays, relève Geoffroy De Schutter. La Suisse a par exemple décidé d'aller plus loin à ce niveau en s'inspirant du modèle de l'empreinte écologique... »
Et chez nous ? Hormis l'évolution des émissions de CO2, il n'existe pas de baromètre public lié à notre impact global sur la biosphère. A ce sujet, on constatera benoîtement que c'est une Organisation non-gouvernementale basée en Californie qui nous éclaire sur la situation de notre pays. Rien d'étonnant à cela si l'on sait qu'une seule personne est affectée aux thématiques environnementales dans la division statistique du ministère de l'Economie. Un progrès, si l'on ose dire. Ces six derniers mois, plus aucun statisticien ne s'occupait de ce problème. Un problème, vraiment ?
(1) http://www.footprintnetwork.org/

La Suisse en exemple, pas en modèle

D ans sa Constitution fédérale, la Suisse affirme, depuis 2000 que « la Confédération favorise la prospérité commune, le développement durable, la cohésion interne et la diversité culturelle du pays. Elle s'engage en faveur de la conservation durable des ressources naturelles et en faveur d'un ordre international juste et pacifique ». Et « la Confédération et les cantons oeuvrent à l'établissement d'un équilibre durable entre la nature, en particulier sa capacité de renouvellement, et son utilisation par l'être humain ».

D'autres articles postulent que toute décision politique doit favoriser le développement durable, qu'il s'agisse d'aménagement du territoire, d'environnement, d'eau, des forêts, de protection de la nature et du patrimoine, de pêche et de chasse, de politique énergétique, de politique agricole, de planification du budget, de sécurité... La Suisse rappelle ainsi la définition même de développement durable : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins. »
En 2002, le Conseil fédéral a ainsi élaboré une « Stratégie pour le développement durable », qui devra être renouvelée fin 2007.

Le Comité interdépartemental pour le développement durable lui a présenté un rapport sur l'état de la stratégie, le 17 janvier dernier. Il constate que « les effets des mesures d'économie d'énergie et d'une meilleure efficacité écologique sont compensés par une augmentation de la consommation, de sorte que la consommation des ressources et les atteintes à l'environnement n'ont pas diminué ». Mais que « compte tenu des enjeux nationaux et internationaux, il est recommandé de renouveler la stratégie comme prévu ». En surmontant les obstacles actuels : « Manque de volonté politique, conflits d'objectifs et caractère non contraignant des mesures. »

« Un vrai gendarme écologique »

L e développement durable prépare sa joyeuse entrée dans la Constitution. Mardi prochain, la Chambre se penchera sur le projet de Jean Cornil (PS) adopté au Sénat en juillet dernier. Révolutionnaire ? Pour le député Ecolo Jean-Marc Nollet, on demeure dans le « slogan ».


Vous lancez un appel aux partis démocratiques afin d'amender ce projet. Pourquoi ?
La philosophie du « texte Cornil » est de travailler le développement durable en complément des autres politiques. Notre projet est d'amener le développement durable au coeur de la conception de toute politique. Alors que le texte adopté au Sénat est symbolique, notre objectif est concret. En précisant qu'il convient de « tendre vers l'équilibre » entre la consommation des ressources et leur remplacement sur une même période, on introduit une notion juridique. Il y aurait un devoir de résultat pour les pouvoirs publics et une possibilité de recours en justice pour les associations.
Pourquoi la majorité accepterait-elle subitement de modifier ce qui fait consensus ?
Le contexte a changé. Le rapport Stern sur le coût du réchauffement, l'origine humaine établie de façon indiscutable par le Giec, le film d'Al Gore ou le pacte écologique de Nicolas Hulot... Beaucoup de choses se sont passées entre l'adoption du texte en juillet et aujourd'hui. Et ces événements justifient que la Belgique ne soit pas en retrait. L'Argentine, le Portugal, la Suisse ou l'Afrique du Sud ont inscrit de manière plus volontariste le développement durable dans leur Constitution. La proposition actuelle est au mieux une déclaration d'intention et au pire un alibi de façade.
Pourquoi s'accrocher à ce point ? La Constitution ne réglera jamais cette question...
Elle rendra les choses possibles. La Cour des comptes a établi en 2006 que la plupart des mesures prévues afin d'assurer la mise en oeuvre du développement durable sont demeurées au stade des intentions. C'est pourquoi il est capital que le prochain gouvernement crée une inspection du développement durable (IDD).
Le gouvernement fédéral vient d'adopter une grille d'évaluation de ses politiques à ce niveau...
Le gouvernement ne doit pas rendre des comptes de cette manière alors que l'IDD serait au développement durable ce que l'Inspection des finances est au budget. Soit, un vrai gendarme écologique. Aucune décision publique ne pourrait plus être prise sans avoir étudié son impact sur la biosphère. On s'est attaqué à la fin des années quatre-vingt à la dette budgétaire, à la fin des années nonante à la dette sociale. Il est urgent de s'attaquer à la dette environnementale. C'est une question de solidarité entre les générations et entre le Nord et le Sud.
Elio Di Rupo, patron du PS, dit qu'il y a trois formes d'écologie : fiscale, idéologique et humaine... Vous êtes de quel côté ?
Pour moi, il y a deux formes d'écologie. Celle des plateaux de télévision et celle de l'action. Il faut sortir des slogans. Guy Verhofstadt a annoncé un Kyoto plus et dans les faits, c'est Kyoto moins puisqu'il tente de négocier avec l'Europe l'augmentation des quotas d'émission de l'industrie.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Blogonoclaste,

S'inspirer des autres est une chose, pomper sans vergogne leurs textes en est une autre: je n'ai aucun problème à ce que mes articles soient repris dans la blogosphère, mais il y a une règle de base avec laquelle il convient de ne pas déroger : la citation des sources. Lorsque l'on reprend intégralement un morceau de texte voire l'intégralité d'un dossier comme dans ce cas-ci il va de soi que les journalistes concernés et leur média doivent être mentionnés. Or, sinon une référence indirecte dans un des textes, il n'y a pas moyen de savoitr d'où provient ce dossier... que nous avons publié dans nos éditions du 2 mars.

Planètement votre,

Christophe Schoune
http://blogs.lesoir.be/empreinte-eco

Anonyme a dit…

Cher Blogonoclaste,

S'inspirer des autres est une chose, pomper sans vergogne leurs textes en est une autre: je n'ai aucun problème à ce que mes articles soient repris dans la blogosphère, mais il y a une règle de base avec laquelle il convient de ne pas déroger : la citation des sources. Lorsque l'on reprend intégralement un morceau de texte voire l'intégralité d'un dossier comme dans ce cas-ci il va de soi que les journalistes concernés et leur média doivent être mentionnés. Or, sinon une référence indirecte dans un des textes, il n'y a pas moyen de savoitr d'où provient ce dossier... que nous avons publié dans nos éditions du 2 mars.

Planètement votre,

Christophe Schoune
http://blogs.lesoir.be/empreinte-eco

Admin a dit…

@Christophe Schoune,

merci pour cette mise au point et ces précisions utiles.

je désire préciser si cela était encore nécessaire qu'il n'entre nullement dans mes intentions de m'approprier le travail analytique et rédactionnel des autres.

L'objectif vise à rassembler en "un lieu" des documents sur des sujets d'intérêts divers dans un seul but de relais d'information dans une optique strictement non commerciale.

Dans cet esprit de respect des sources auquel je suis très attaché, je fais en sorte de "toujours" hyperlier les documents avec les sources de référence. Si ce n'est pas le cas, je vous prie d'excuser la défaillance humaine qui est mienne.

La retranscription des documents (néanmoins liés)a été dictée par les "limites du système" et donc le confort de l'accès à l'information; actuellement, la vitesse de connection au réseau des réseaux, les canaux réducteurs des moteurs de recherche et la disponibilté des serveurs est souvent aléatoire.

En vous remerciant pour votre tolérance à l'imperfection.

Anonyme a dit…

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