16 février 2007

l'Erika

16/02/07


Bénéfice record pour Total
De mémoire de boursicoteur, on n'avait jamais vu ça en France. 12 milliards et demi d'euros de bénéfice en un an. Soit 400 euros par seconde. L'action Total a encore profité de cette annonce en faisant un bon en avant à la bourse de Paris.


Pourtant, ces chiffres tombent au moment où le groupe pétrolier est au coeur de plusieurs polémiques. Le procès de la catastrophe de l'Erika vient de s'ouvrir. Ces juteux bénéfices vont conforter les parties civiles dans leur volonté d'obtenir des indemnisations conséquentes.

Les dirigeants de Total devront aussi répondre devant la justice d'accusations de malversations dans le cadre du programme pétrole contre nourriture en Irak et, chez nous, pour crime contre l'humanité, en raison de leur soutien supposé au régime totalitaire en Birmanie.

le procès sept ans après


Le procès du naufrage de l'Erika s'est ouvert cet après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour quatre mois
Le pétrolier Erika lors de son naufrage le 12 décembre 1999 au large des côtes bretonnes

Après sept ans d'enquête sur ce naufrage, à l'origine d'une des pires marées noires, 15 personnes physiques et morales sont renvoyées devant la justice pour pollutilon, mise en danger d'autrui ou abstention volontaire de combattre un sinistre.70 parties civiles ont réclamé un jugement qui fasse date avec en ligne de mire l'affréteur Total.
Parmi les prévenus, l'armateur, le capitaine, les secours, la société de classification italienne Rina et l'affréteur Total devront expliquer pourquoi, en décembre 1999, ce bateau à une seule coque, frôlant les 25 ans, a pris la mer en pleine tempête avec 30.000 tonnes de pétrole, malgré plusieurs inspections ayant signalé de graves traces de corrosion.

En face, plus de 70 parties civiles, dont de nombreuses collectivités ou associations bretonnes, réclament des indemnisations pour ce désastre qui a vu 20.000 tonnes de fioul souiller 400 km de côtes, mazouter plus de 150.000 oiseaux et sinistrer l'économie bretonne pour un préjudice évalué à plus d'un milliard d'euros.Pour les parties civiles, ce drame dépasse celui de l'Amoco Cadiz dont les 230.000 tonnes de brut avaient dévasté quelque 350 km de côtes de Bretagne du nord en 1978, parce que le fioul lourd de l'Erika , particulièrement polluant, a causé d'énormes dégâts dans cette région très touristique.

Une tribune pour candidats à l'Elysée
Avant l'audience, quatre candidats à l'élection présidentielle ont fait entendre leur voix au premier jour de ce procès hypermédiatisé.Dominique Voynet (Verts), ministre de l'Environnement lors de la catastrophe, très critiquée pour sa lenteur à réagir, s'est dite "très désireuse de voir Total s'expliquer enfin". Philippe de Villiers (MPF), président du conseil général de Vendée, a dénoncé les "navires pourris".

L'avocate Corinne Lepage (Cap 21), qui représente quelques communes parties civiles, a plaidé pour "le principe du pollueur-payeur". La socialiste Ségolène Royal a fait savoir par le vice-président de sa région Poitou-Charentes, François Patsouris, qu'elle "suivait ce procès de près".Les régions socialiste de Bretagne, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes se disaient d'ailleurs "unies et déterminées"."Les responsables doivent être condamnés à réparer les dommages au bien public", a insisté Jacques Auxiette, président des Pays-de-la-Loire, invoquant "l'écoresponsabilité".L'avocat des régions, Me Jean-Pierre Mignard, a ajouté qu'outre les indemnisations, le tribunal devrait également établir un "préjudice moral", car "la relation de l'homme avec la nature a été profondément altérée et ne sera jamais plus comme avant". Il a avancé le chiffre de 320 millions d'euros.Pendant les quatre mois d'audiences, la justice devra déterminer pourquoi l'Erika, un pétrolier à une seul coque, vieux de près de 25 ans, a pu quitter Dunkerque sur une mer démontée par la tempête, alors que plusieurs inspections avaient relevé des traces de corrosion.Les juges devront aussi répondre aux demandes d'indemnisation des victimes de dégâts évalués à plus d'un milliard d'euros.Sur le banc des accusés, figurent notamment le propriétaire italien de l'Erika, Giuseppe Savarese, et son gestionnaire, Antonio Pollara. Le commandant indien Karun Mathur est lui aussi prévenu, mais sa présence au procès n'est pas certaine.La société de classification italienne Rina devra aussi s'expliquer, tout comme quatre responsables des secours à terre, qui sont accusés d'avoir multiplié les dysfonctionnements.

L'Erika avait été affrêté par Total: la société, un de ses directeurs juridiques et deux de ses filiales sont aussi au nombre des prévenus.Reconnaître le "préjudice écologique" Le but des associations est de sensibiliser "les députés européens" aux conséquences d'une marée noire, a annoncé leur avocat. Il est nécessaire d'intégrer le "préjudice écologique", ce qui n'est pas encore le cas dans les législations en vigueur"Tout se passe au niveau de l'Europe (...). Le procès va permettre aux députés européens de prendre conscience de certains enjeux", a ajouté Me Alexande Faro, qui défend entre autres Greenpeace France, France Nature Environnement, WWF, Eaux et Rivières de Bretagne...Il faut "démocratiser tout un tas de débats", a-t-il continué, soulignant que la durée prévue d'un procès de 4 mois et sa médiatisation allait en faire une "tribune" idéale.L'avocat compte faire témoigner des spécialistes du droit maritime américain. Ils expliqueront selon lui que les Etats-Unis, depuis la catastrophe de l'Exxon Valdez (en 1989 en Alsaka), ont "déplafonné les indemnisations" pouvant être réclamées aux pollueurs.Pour l'avocat, "Il faut que le transport maritime intègre dans son coût le coût de dépollution totale en cas de sinistre". "On ne peut avoir une politique écologique responsable sans reconnaître que l'atteinte à un coût".Dix parties civiles bretonnes en quête d'une aideParticuliers ou sociétés, dix parties civiles de Bretagne ont d'autre part assigné l'agent judiciaire du Trésor, pour une audience en référé au tribunal de grande instance de Paris, dont la tenue est prévue lundi 19 février.Le procès de l'Erika , prévu pour durer jusqu'en juin, "nécessite une lourde préparation et des moyens substantiels", expliquent les plaignants. Chacune de ces parties civiles "ne dispose pas de moyens financiers suffisants pour assumer la charge d'un tel procès", ajoutent-t-elles.Elles estiment que, par manque de moyens, leur droit à "un procès équitable" est "éminemment entamé", faute de pouvoir "faire convoquer, interroger les témoins", "assister à chaque jour d'un procès long" ou "obtenir en toute sécurité l'assistance d'un avocat".L'aide juridictionnelle est insuffisante, car "le mécanisme d'indemnisation de l'avocat désigné ne permet pas de retenir sa présence dans un procès pendant trois mois", ajoutent ces parties civiles.Elle se sentent tel le pot de terre face au pot de fer : la société Total qui "bénéficie de très gros moyens financiers pour lui permettre d'assurer sa défense, notamment par voie d'expertises, de témoins", plaident-elles, invoquant un "grave déséquilibre".

Ouverture du procès fleuve de l'Erika

Le procès du naufrage du pétrolier Erika, qui avait pollué en 1999 des centaines de km de côtes de Bretagne, s'est ouvert devant un tribunal parisien qui va passer quatre mois à démêler l'écheveau des responsabilités de la plus grosse marée noire survenue en France.
Après sept ans d'enquête, quinze personnes morales et physiques ont été renvoyées devant la justice pour pollution, mise en danger d'autrui ou abstention volontaire de combattre un sinistre, lors de ce premier procès en France d'un désastre écologique majeur.
Parmi elles, les armateur et propriétaire italiens, le capitaine indien, les secours français, la société de classification italienne Rina et l'affréteur Total devront expliquer pourquoi, en décembre 1999, ce bateau à une seule coque, frôlant les 25 ans, a pris la mer en pleine tempête avec 30.000 tonnes de pétrole, malgré plusieurs inspections ayant signalé de graves traces de corrosion.

Face à eux, plus de 70 parties civiles, dont de nombreuses collectivités ou associations bretonnes, réclament des indemnisations pour ce désastre qui a vu 20.000 tonnes de fioul lourd souiller 400 km de côtes, mazouter plus de 150.000 oiseaux et sinistrer l'économie bretonne pour un préjudice évalué à plus d'un milliard d'euros. Plusieurs candidats à la prochaine élection présidentielle ont fait entendre leur voix au premier jour de ce procès hypermédiatisé.

Pas de capitaine
A l'ouverture de l'audience, le président du tribunal, Jean-Baptiste Parlos, a constaté l'absence du capitaine de l'Erika, l'Indien Karun Mathur. S'en est suivie une offensive du Rina, qui a invoqué une "immunité internationale" consentie par Malte, pour réfuter la compétence du tribunal et demander à être jugé par cette île.

"Les gens doivent rendre compte des fautes qu'ils ont commises", a répliqué le procureur Laurent Michel, soulignant que le Rina était "une société de droit italien agissant en Italie". Le président Parlos devra décider mardi s'il tranche sur ce point, ou s'il le joint au fond, ce qui revient à statuer à l'issue du procès. "Il va falloir se défendre sur tous les fronts sans savoir ce qui sera imaginé par la créativité des parties civiles, du parquet ou du tribunal", a lancé pour sa part Me Daniel Soulez-Larivière, défenseur de Total, qui a qualifié les poursuites de "confuses". Total réfute toutes les accusations mais les parties civiles guignent ses juteux bénéfices pour obtenir des indemnités.

Auparavant, ce procès, qui mobilise plus de 80 avocats et coûte près de 600.000 euros, devra s'aventurer dans la complexe législation maritime et l'opacité des structures de propriété facilitée par un pavillon de complaisance maltais. Avant l'audience, quatre candidats à l'élection présidentielle ont fait entendre leur voix au premier jour de ce procès hypermédiatisé. Dominique Voynet (Verts), ministre de l'Environnement lors de la catastrophe, très critiquée pour sa lenteur à réagir, s'est dite "très désireuse de voir Total s'expliquer enfin". Philippe de Villiers (MPF), président du Conseil général de Vendée, a dénoncé les "navires pourris".
L'avocate Corinne Lepage (Cap 21), qui représente quelques communes parties civiles, a plaidé pour "le principe du pollueur-payeur".

La socialiste Ségolène Royal a fait savoir par le vice-président de sa région Poitou-Charentes, François Patsouris, qu'elle "suivait ce procès de près". Les régions socialistes de Bretagne, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes se disaient d'ailleurs "unies et déterminées".
Leur avocat, Me Jean-Pierre Mignard, a annoncé qu'outre les indemnisations, le tribunal devrait également établir un "préjudice moral", car "la relation de l'homme avec la nature a été profondément altérée et ne sera jamais plus comme avant". Il a avancé le chiffre de 320 millions d'euros. La séance a été levée vers 19h15 et devait reprendre mardi après-midi.
(D'après AFP

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