16 février 2007

Kagame tourne le dos à la Francophonie

Confirmation de la détérioration des relations politiques entre le Rwanda et la France. Dans une interview au journal britannique "Times" le président Paul Kagame confirme qu'il veut accrocher son pays au monde anglo-saxon, et en faire un membre du "Commonwealth". Le rapprochement entre Kagame et le monde anglophone est aussi le résultat de la mise en cause de Kagame devant la justice française.


L'attachement du président rwandais au monde anglophone n'a bien sur rien de neuf, quand on pense au parcours personnel de l'actuel chef de l'état rwandais. Avant d'accéder au pouvoir rwandais dans la foulée de la guerre de 1994, l'actuel président Kagame profitait de l'appui de l'Ouganda, où vivait une importante diaspora tutsie. Et c'est cette communauté rwandaise en exil qui a formé les troupes qui prendront le pouvoir à Kigali.

Dès sa conquête du pouvoir, un froid s'installe entre la direction Kagame et la France qui organisera une opération militaire critiquée, l'"opération turquoise". L'ouverture plus tard d'une enquête en France sur les origines et les responsabilités du génocide apaisera d'autant moins la situation que Paul Kagame sera personnellement mis en cause dans l'assassinat de son prédécesseur Habyarimana. L'enquête du juge Brugières a débouché l'automne dernier sur la mise en cause du président rwandais, ce qui devait conduire à la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali.

Vendredi matin, Paul Kagame confirme ouvertement son intention de tourner le dos à la francophonie et de se rapprocher du Commonwealth. Il dit espérer l'ouverture d'un partenariat lors du prochain sommet de l'organisation internationale. "Il y a beaucoup d'avantages à rejoindre le Commonwealth déclare Kagame, citant la culture, l'économie et le politique". Une déclaration qui ne fera sourire ni à Paris, ni à Bruxelles.

Plainte en France contre la veuve Habyarimana

Une plainte vient d'être déposée en France contre Agathe Habyarimana, une plainte pour complicité de génocide et crime contre l'humanité déposée par le collectif des parties civiles pour le Rwanda.

La veuve de l’ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana tué en 1994 à Kigali dans un attentat contre son avion, a par ailleurs vu sa demande d’asile refusée une nouvelle fois par la France . Agathe Habyarimana avait interjeté appel de la décision rendue le 4 janvier dernier par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides.
LOfpra qui avait rejeté sa demande d'asile avait estimé que Mme Habyarimana aurait participé "en tant qu'instigatrice ou que complice" au "crime de génocide" au Rwanda, entre avril et juillet 1994. Agathe Habyarimana dispose encore d’une possibilité d’appel.
A noter que la France ne peut de toute façon pas l'expulser vers le Rwanda, où la peine de mort est en vigueur. Si l'administration française décidait d'un arrêté d'expulsion à son encontre , elle devra trouver un pays qui accepte de l'accueillir.

Pour rappel Agathe Habyarimana avait été exfiltrée et accueillie en France après l’assassinat de son mari, le 6 avril 1994 et qui avait été le point de départ du génocide au Rwanda. Un génocide qui a fait entre 800.000 et un million de morts entre avril et juillet 1994 parmi les Tutsis et les Hutus modérés. En demandant l'asile politique dix ans après son arrivée en France, Agathe Habyarimana a peut-être amorcé le début de sa chute……

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