13 février 2007

Le Turkménistan vote

Berdymoukhammedov élu président turkmène avec 89% des voix

Le président par intérim et favori de l'élection présidentielle du 11 février au Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhammedov a été élu à la tête de ce pays d'Asie centrale avec 89,23% des voix, a annoncé mercredi Mourrad Karryev, le chef de la Commission électorale. "Gourbangouly Berdymoukhammedov a obtenu 89,23% des voix", a déclaré M. Karryev devant le Khalk Maslakhaty (Conseil populaire), la plus haute instance législative turkmène composée de près de 2.500 dignitaires et chefs de clans. "Le peuple vous a confié son destin", a-t-il ajouté. Berdymoukhammedov succède ainsi pour cinq ans au tout puissant président à vie Saparmourat Niazov, décédé le 21 décembre dernier. Le scrutin de dimanche était le premier au Turkménistan auquel participaient plusieurs candidats, M. Berdymoukhammedov y ayant été opposé à cinq autres prétendants, tous sans envergure et membres du seul parti autorisé le Parti démocratique, l'opposition, exilée, n'ayant pas été autorisée à participer. Le président élu doit, dans la foulée de l'annonce des résultats, prêter serment sur la Constitution devant les 2.500 délégués du conseil.

Le Turkménistan vote pour tourner la page Niazov

Les bureaux de vote ont fermé leurs portes au Turkménistan où un nouveau chef d'Etat devait être élu après la mort du président à vie Saparmourat Niazov, un scrutin, qui sans être libre, marque un tournant pour cette ex-république soviétique d'Asie centrale.
Plus de 94% des 2,6 millions d'électeurs inscrits avaient voté à 16 heures locales (12 heures HB), deux heures avant la fermeture des bureaux, selon la Commission électorale. Les électeurs y avaient le choix, pour la première fois de leur histoire, entre plusieurs candidats, Niazov, avant de se faire nommer président à vie en 1999, s'étant toujours fait élire par plébiscite.
Après 21 ans de totalitarisme, ce scrutin constitue donc un tournant pour le pays même si l'opposition, exilée, est exclue du vote et si le président intérimaire Gourbangouly Berdymoukhammedov semble assuré de la victoire face à cinq concurrents sans envergure et membres comme lui du parti unique turkmène, le Parti démocratique.

Pour la première fois, le peuple du Turkménistan participe à un vote sur des bases pluralistes. C'est très important pour l'avenir, relevait à la télévision d'Etat, Vladimir Goriaïev, un représentant du département politique Asie-Pacifique de l'ONU.
Mais le favori du scrutin a déjà été adoubé par les dignitaires du pays comme le digne successeur de Turkmenbachi (Chef de tous les Turkmènes) dans les jours qui ont suivi la mort de ce dernier, le 21 décembre 2006.
Une élection présidentielle a lieu aujourd'hui car un grand malheur est arrivé il y a peu, bien trop tôt Saparmourat Turkmenbachi nous a quittés. Mais la vie poursuit son cours, il faut élire un nouveau président, a expliqué Mourad Karryev, le chef de la Commission électorale, dans un bureau de vote.
Les Turkmènes espèrent eux timidement l'avènement d'une nouvelle ère, après que Niazov a fait de son pays l'un des plus répressifs au monde, dilapidant les milliards de dollars tirés des exportations de gaz pour construire des statues à sa gloire.
Je vais voter, car c'est le devoir de chaque citoyen, et d'autant plus dans un moment historique comme celui-ci. Je mets tous mes espoirs dans cette élection, a confié Ogouljan, une retraitée de 67 ans. Car si Berdymoukhammedov s'est taillé une image de fidèle du défunt président, échappant une décennie durant aux purges successives au sein du gouvernement, il a fait campagne en promettant des réformes pour pallier les excès du régime.
Son pompeux slogan électoral proclame que le "bonheur" passe par la "fidélité" au président à vie, mais il promet une refonte du système de santé et de l'éducation, deux domaines ravagés par les "économies budgétaires" de Niazov. M. Berdymoukhammedov a aussi suggéré à terme la disparition du système du parti unique et une libéralisation de l'accès à l'internet.
Autre évènement dans un pays reclus du monde, une dizaine d'experts de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été invitée à observer le scrutin. Mais cette présence est essentiellement symbolique, l'organisation ayant déjà annoncé qu'aucune évaluation du caractère démocratique du scrutin ne serait rendue publique.
Ce début d'ouverture est en effet loin d'être synonyme de démocratisation, aucun mot n'ayant été prononcé sur le sort des prisonniers politiques et l'opposition exilée continue d'être ignorée par les autorités. L'évolution en cours est aussi suivie avec intérêt par les grandes puissances russe, occidentales et chinoise, alléchées par les 2.900 milliards de m3 de gaz naturel dont regorge le sous-sol turkmène.
Les premiers résultats du vote sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi, mais il faudra attendre mercredi et le Congrès populaire, une assemblée de 2.500 dignitaires et chefs de clans, pour connaître les résultats définitifs.
(D'après AFP)

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