19 février 2007

Le parking Flagey est à l'eau

Que d'eau, que d'eau, en mer du Nord

Comment permettre des inondations maîtrisées dans des zones contrôlables ?Démonstrations belges, néerlandaises et britanniques dans le cadre de "Frame".
L'élévation du niveau des mers devient de plus en plus problématique pour les activités humaines. Les digues dont on s'était jusqu'ici contenté pourraient bien ne plus suffire à repousser l'eau. Des solutions alternatives ont été mises en place à travers un projet international mené de concert par la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
Cinq expérimentations de ces différentes techniques y ont été menées à bien. Leur point commun ? Permettre des inondations maîtrisées dans des zones contrôlables. Ce projet, qui porte le nom de "Frame" (Flood Risk Management in Estuaries), est soutenu par l'Europe et par les pouvoirs publics des Etats concernés. Le but est non seulement de se protéger des effets dévastateurs des inondations, mais également de permettre à la faune et à la flore de survivre à de pareilles catastrophes naturelles.


1A Zuiderklip, dans la province de Noord-Brabant aux Pays-Bas, les digues qui protégeaient la région ont été ouvertes, afin de transformer d'anciens polders agraires en un bassin de collecte des eaux. Celui-ci, d'une surface de 400 hectares, est devenu une nouvelle zone naturelle de marées, destinée à accueillir un éventuel trop-plein d'eau. Des activités récréatives ont également été mises en place pour faire découvrir la région.


2Dans le Noordrand Goeree-Overflakkee (Pays-Bas), les écluses de Haringvliet (Noordrand) ont été ouvertes. Pourquoi ? Car depuis qu'elles ont été construites, la vase et le sable amenés par les cours d'eau se sont déposés sur le fond, ne pouvant atteindre la mer. Résultat : il y a moins de place pour l'eau, donc davantage de risques d'inondation.
A Goeree-Overflakkee, une nouvelle station d'épuration a vu le jour. Elle est reliée à des pompes qui se trouvent dans le sol. La station sera ainsi capable de pomper l'eau des inondations. De plus, elle fournira davantage d'eau douce pour les fermes avoisinantes.


3 Dans la zone belge de Kruibeke-Bazel-Rupelmonde, c'est une zone de 600 hectares qui a été réservée pour les inondations. Le problème est qu'à cet endroit situé à l'embouchure de l'Escaut, les marées se font fortement ressentir. Et lorsque cela se combine avec de fortes pluies en amont, l'embouchure n'est plus capable d'assumer le volume d'eau qu'elle reçoit.
Pour résoudre le problème, cette surface de 600 hectares a donc été entourée d'une digue peu élevée. Ainsi, si l'eau monte trop, elle franchit cette digue et se déverse dans la zone. Zone qui est elle-même entourée d'une digue beaucoup plus haute afin d'éviter les débordements en direction des zones habitées. Lorsque l'inondation cesse, des pompes vident la zone et refoulent l'eau à l'extérieur.


4 A l'embouchure de l'Yser, à cheval entre les frontières française et belge, les bords de l'estuaire dont composés de plages de sable et de polders. Mais la construction de plusieurs ports de plaisance dans la zone a détruit les plantes qui soutenaient les dunes, ce qui a affaibli ces dernières, et fragilisé cette barrière naturelle.
Une infrastructure permettant à l'homme de visiter la région sans détruire les plantes a été mise sur pied. Avec l'espoir que les plantes reviennent sur les dunes...


5A Alkborough Flats (Royaume-Uni), la rivière Humber, bordée de terres agricoles, est souvent en passe de déborder. Pour résoudre ce problème, le Royaume-Uni a ouvert une digue construite dans les années 50. Objectifs : d'une part, une influence des marées par le fleuve; d'autre part, laisser l'eau se répandre dans un bassin de 440 hectares afin de constituer une zone de "secours" en cas d'inondation.


Un investissement urgent
Le projet Frame, qui s'étendait sur quatre ans (de 2003 à fin 2006), a été financé pour moitié par l'Union Européenne, et pour une autre moitié par les pouvoirs publics britannique, néerlandais, et flamand. Le montant total des opérations réalisées s'élève à 9,8 millions d'euros.
Un montant bien faible comparé aux coûts exorbitants en vies perdues et en dégâts matériels générés par les inondations. Et c'est urgent : l'eau des mers monte de 6 millimètres par an. Soit 6 mètres d'ici la fin du siècle.
Assez pour inonder une grande partie de la Flandre....


Ixelles Noyade assurée sous la place si on n'utilise pas les étangs

Le rapport d'Hydroscan est formel : à partir de 23 mm de pluie à la demi-heure, le bassin d'orage est insuffisant.

L e parking de 186 places projeté sous la place Flagey verra-t-il jamais le jour ? Il est permis d'en douter à la lecture du rapport rédigé par le bureau d'études Hydroscan, daté du 19 juin 2006 et transmis à la Région, commanditaire des travaux du bassin d'orage. Nous nous sommes procuré ce document que le bourgmestre d'Ixelles Willy Decourty (PS) dit réclamer en vain depuis des mois auprès de la ministre Evelyne Huytebroeck (Ecolo), en charge de la Politique de l'eau. Il interpelle à plus d'un titre.
D'abord sur l'absence de transparence dans le lourd dossier Flagey, volontiers présenté comme exemplaire en terme de concertation et de participation citoyenne : pourquoi cette étude, menée aux frais du contribuable, n'a-t-elle pas été rendue publique ? Pourquoi s'escrime-t-on à minimiser le risque d'inondation du parking en évoquant les seules pluies exceptionnelles, comme celles survenues le 10 septembre 2005 ? Le rapport d'Hydroscan est beaucoup moins optimiste...



Le 10 septembre 2005, il est tombé jusqu'à 41 mm d'eau en 30 minutes. Un phénomène exceptionnel, qui risque de se répéter en raison du réchauffement climatique. Dans ce cas de figure, il n'existe aucune solution technique pour préserver le parking de la montée des eaux, d'autant que des clapets de trop-plein lui assignent de facto un rôle de réservoir d'appoint aux 33.200 m 3 du bassin d'orage.
Il n'en faudra pas tant pour que les voitures soient dans l'eau. Les conclusions du rapport d'Hydroscan sont formelles : « Pour la pluie de 23 mm en une demi-heure, le débit maximal de 7 m 3 /s ne peut plus être assuré sans problèmes pour le vide technique : il est nécessaire d'ouvrir complètement les vannes. »
Le rapport balise les mesures techniques envisageables, mais il souligne en gras que « pour protéger le vide technique contre une pluie de 29 mm en une demi-heure, les interventions hydrauliques locales à la place Flagey ne suffisent plus. Une solution consiste à utiliser le volume disponible dans les étangs », qui est de 53.000 m 3 .
On pourrait y drainer les eaux de ruissellement en passant par les avenues des Eperons d'or et/ou du Général de Gaulle. La Région n'envisage pas ce scénario. Et la commune aura bien du mal à trouver un assureur pour son parking.

Aucun commentaire: