13 février 2007

L'État belge, un collabo

18/2/07

Décès de Maurice Papon, symbole de la collaboration nazie

Maurice Papon, seul haut fonctionnaire français condamné pour complicité de crime contre l'humanité pour son rôle dans la déportation de Juifs de Bordeaux pendant l'occupation nazie, est mort samedi à l'âge de 96 ans, a annoncé son avocat, Me Francis Vuillemin. Condamné en 1998 à 10 ans de réclusion, en fuite en 1999, il a été incarcéré pendant près de trois ans avant d'être remis en liberté en raison de son état de santé. Il résidait depuis dans sa ville natale en grande banlieue parisienne, où il était suivi pour des problèmes cardiaques.

M. Papon avait été hospitalisé le jeudi 8 février pour une insuffisance cardiaque et avait subi une intervention chirurgicale mardi dernier. "Maurice Papon est mort samedi 17 janvier 2007 à 16H00", a précisé son avocat, en soulignant que "l'ancien ministre n'a jamais accepté sa condamnation du 2 avril 1998 par la cour d'assises de Bordeaux".
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Déportation des Juifs pendant l'Occupation : un rapport accablant

Le constat est sévère. Au terme de recherches historiques conduites durant quasiment trois ans, le Ceges - le Centre d'étude et de documentation Guerres et Société contemporaine - affirme que durant l'occupation allemande "l'État belge a adopté une attitude docile en accordant, dans des domaines très divers mais cruciaux, une collaboration indigne d'une démocratie à une politique désastreuse pour la population juive".

Ce rapport, intitulé La Belgique docile et examiné hier en commission des Affaires institutionnelles, a été rédigé à la demande du Premier ministre, Guy Verhofstadt, interpellé naguère par des résolutions votées au Sénat. Au fil de 1.114 pages, les auteurs - qui précisent avoir mis en évidence de nouveaux éléments - dressent un tableau très sévère à l'encontre des autorités belges de l'époque. Trois moments clés sont particulièrement mis en évidence.
Octobre-Novembre 1940. Cette période "concerne la décision de l'administration centrale belge et du sommet de l'autorité judiciaire de faire enregistrer, à la demande de l'occupant, la population juive par les administrations locales". Ces autorités ont jugé que "cette mise en oeuvre, qui constitue une violation flagrante de la Constitution, ne pèse pas assez lourd pour dénoncer la collaboration administrative maximale" avec les Allemands et prendre la défense des Juifs non-belges. De fait, tout cela semble traduire "une attitude xénophobe largement répandue, en grande partie liée à un antisémitisme latent", en particulier "dans les milieux catholiques de droite et nationalistes", mais pas seulement.

Eté 1942, c'est-à-dire "lorsque la déportation des Juifs figure à l'ordre du jour de la police nazie". Il apparaît que "le cadre général de la collaboration administrative est alors rompu dans les deux villes comptant de loin la population juive la plus importante". À Bruxelles, les autorités communales refusent de distribuer l'étoile jaune et de mettre leur police à disposition pour une rafle. "Elles motivent leur refus en invoquant des motifs humanitaires", commentent les auteurs. "Il convient toutefois de souligner que, jusqu'alors, elles ont suivi scrupuleusement la piste de la collaboration maximale." De fait, ce revirement "ne peut être dissocié d'une évolution des chances de victoire sur le champ de bataille" (les Allemands perdent pied).

Simultanément, "Anvers est le théâtre d'un événement unique dans l'histoire de l'occupation belge. La police locale arrête de façon autonome 1.243 Juifs dans le centre-ville et les livre aux autorités allemandes. Même lorsque les conséquences de ces faits sont ultérieurement découvertes, le silence demeure assourdissant".
Entre-temps, vers le printemps 1942, "le couronnement provisoire de la collaboration maximale s'inscrit dans le domaine de la mise au travail forcé", après avoir chassé les enfants juifs des écoles publiques et les adultes des professions médicales.

Il importe de remarquer que "le gouvernement belge à Londres n'a fait savoir à aucun moment, durant les années de guerre, qu'une correction s'impose et que l'attitude des hauts fonctionnaires et des magistrats est anticonstitutionnelle et condamnable d'un point de vue démocratique".
Fin 1945. La Libération. La justice militaire se lave les mains. "Toute responsabilité de l'autorité belge dans la persécution et la déportation des Juifs est écartée."

© La Dernière Heure 2007

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ce travail terminé, le Ceges va-t-il aussi s'occuper du Génocide arménien, maintenant ?

Monsieur Emir Kir serait très intéressé par une étude à ce sujet, rapport à ses propos scandaleux à ce sujet.

Admin a dit…

http://www.cegesoma.be/rapport_final_Intro_Conclusion.pdf