Sire, il n'y a pas de bonne nouvelle
Joëlle Milquet :"Il y avait des solutions"
MAJ 24/08/07
La présidente du CDH ne se sent en rien responsable de l'échec des négociations.Il ne devait y avoir d'échec ni hier, ni jeudi dernier. Il y avait des solutions : il fallait les voir.
Elle est présentée, tant par les partis flamands que par les libéraux, comme "LA" grande responsable de l'échec des négociations : Joëlle Milquet, la présidente du CDH.
Vous sentez-vous responsable de l'échec des négociations ?
C'est très caricatural. Il ne devait pas y avoir d'échec, ni hier, ni jeudi dernier. Il y avait des pistes de solutions en termes institutionnels. Mais il fallait les voir, les exploiter, les proposer et ne pas se fixer sur l'obsession des deux tiers. On pouvait vraiment travailler à partir de propositions de compromis raisonnables préparées. Hier encore, j'ai soumis au formateur des propositions concrètes et originales de compromis. Est-on responsable d'un échec lorsqu'on considère que la frontière est franchie, lorsqu'on respecte les engagements que tous les partis francophones ont pris publiquement ? Dans un gouvernement à majorité simple, on peut difficilement faire une grande réforme de l'Etat parce qu'on n'a pas la majorité des deux tiers. Cela ne s'est jamais fait. Au mieux, on organise une procédure pour après. C'est très facile de critiquer le CDH. Mais que refusons-nous en fait ? Les ultimatums que la N-VA a posés.
Qu'est ce qui vous paraissait inacceptable dans les propositions ?
Les francophones se sont toujours opposés à de grands transferts de compétences, ceux qui touchent notamment des éléments de l'impôt et de la Sécurité sociale. Je ne veux pas entraîner la Wallonie et Bruxelles dans une dangereuse concurrence fiscale; je ne veux pas qu'un enfant bruxellois ou wallon reçoive des allocations familiales différenciées.
Tout est-il à rejeter dans les propositions flamandes ?
Sur une série de thématiques pointues en matière d'emploi, on peut régler les choses par accord de coopération ou à la majorité simple. On peut aussi prévoir, dans certains organes, la présence de représentants, à titre d'observateurs, des Communautés et Régions. On a marqué des ouvertures parce qu'elles paraissaient logiques ou parce qu'elles ne mettaient pas à mal l'unité économique.
C'est Yves Leterme qui n'a pas su saisir les compromis ?
Je ne critique personne. Les contraintes du CDH et des francophones étaient connues de tous depuis début juillet. Nous les avons répétées à Yves Leterme et à Jean-Luc Dehaene. Nous avons également dit que, pour la majorité des deux tiers, il fallait que l'appoint soit équilibré, tant flamand que francophone pour éviter que les réformes passent avec le soutien unanime des Flamands. Ce n'est pas ce qu'on nous a proposé.
Les francophones MR et CDH étaient-ils unis dans cette négociation ?
Jeudi dernier, la position des francophones était collective et claire. J'aimerais bien qu'à l'avenir, elle soit soutenue d'une manière plus collective et plus ferme. Surtout quand nous discutons de l'avenir de l'Etat fédéral. Les francophones doivent être debout, fermes, collectifs et solidaires.
Le MR dit que le CDH a été isolé, au chapitre institutionnel, mais aussi dans tous les autres dossiers...
Je ne sais pas ce que le MR a fait quand il a dû négocier avec les écologistes et les socialistes. Ecolo et le PS étaient-ils plus proches du MR que ne l'est le CDH ? Une différence dans la vision de certains dossiers, de certaines politiques... est-ce que cela devient un crime dans la constitution du gouvernement ? Si c'est comme cela que l'on veut faire de la politique... Sachez que le CDH a été le plus actif, a participé à tous les groupes de travail, pourtant avec des équipes plus réduites. Nous avons déposé beaucoup plus d'amendements que tout le monde. J'ai essayé de rendre la note plus mobilisatrice. Je n'ai pas raté une réunion...
Joëlle Milquet, madame "Non" ?
Pas du tout. Je suis madame "Oui", mais pour des choses raisonnables, équilibrées et qui vont dans le sens des engagements que j'ai pris vis-à-vis des gens et qui ne lèsent pas fortement les francophones. Je suis une femme qui construit, une femme de compromis.
Val Duchesse Academy
Qui est le principal responsable ?
Mis en ligne par La Libre, le 24/08/2007
Dès jeudi soir, un forum a été ouvert avec cette question sur notre site lalibre.be. Synthèse de quelques réponses - très diverses ! - apportées par les internautes.
L'aveuglement flamand. Les Flamands ont cru que parce qu'ils sont riches et nombreux, leurs propositions seraient acceptées sans problème par ces francophones pauvres et dociles, persuadés que les solutions issues de leur intelligence supérieure sont sans aucune contestation possible les meilleures pour tous. Mais certaines de leurs exigences sont bel et bien inacceptables pour les francophones, du moins si l'ambition est de continuer avec la Belgique.
Joëlle Milquet a donc résisté avec beaucoup de sang-froid, et je tiens à l'en féliciter. Comment le CDH aurait-il pu accepter de soutenir une réforme de l'Etat exigeant les 2/3 qui n'auraient pu être obtenus qu'au Nord du pays ? Quel homme politique responsable aurait pu accepter un tel déséquilibre ? Didier Reynders peut-être ? Le détricotage d'un Etat ne peut se faire à la va-vite. Surtout étant donné le gros doute actuel qui existe sur la réelle volonté des Flamands de continuer avec la Belgique. (Tontonnippon)
Il y en a trois. La principale est Madame Milquet qui a tout bloqué. Elle a pour seul but d'écarter MR et VLD, et ce qui est plus grave, d'imposer aux citoyens l'Olivier "pourri" refusé par la majorité des Belges, qui ont désavoué largement ce scénario lors des élections. Mais "Madame Jowelle" a son objectif, poussée par ce cher Elio qui ne manquera pas de la carboniser une fois son retour assuré.
Le second est Bart De Wever, qui a porté contre vents et marées les visées indépendantistes de son parti, communes au VB, à Spirit et à De Decker. Au point de se demander s'il ne faut pas l'isoler avec ses coreligionnaires dans un cordon sanitaire. Le troisième est l'inénarrable Olivier Maingain, boutefeu extrémiste francophone, qui a des avis sur tout, et sabote tout. A noter qu'il est actuellement plus présent dans les médias qu'en une législature de 4 ans au Parlement et dans les Commissions où il brille par ses absences répétées. (Vitriol)
Yves Leterme ! Leterme en est le principal responsable à cause des promesses qu'il a faites à ses électeurs. Il n'a pas compris que ces promesses étaient incompatibles avec un rôle de premier ministre de tous les Belges. D'autre part il est obsédé par les problèmes communautaires, alors que les francophones n'ont même pas envie d'en discuter. (Walligator)
Plutôt Di Rupo. Le plus grand responsable de cet échec est M. Di Rupo, qui n'a rien fait pour améliorer l'image de la Wallonie depuis des années. A mes yeux, la mouvance limite mafieuse du PS wallon, a terni l'image des Wallons en Flandre. Mais après ce grand responsable, il y a aussi des fachos tels que De Winter, De Wever et autres Dedecker qui ne vont pas améliorer les choses. (Bernard)
Le monde politique belge. Le vrai coupable de la crise, qui s'aggrave avec les années, c'est le monde politique belge, englué dans sa particratie, son carriérisme et sa petitesse. Pour mieux dissimuler son incompétence, il se contente de jeter en pâture au peuple quelques slogans démagogiques. L'orchestre politique belge manque décidément de ténors, soit qu'ils se font plus rares, soit qu'ils sont à la solde des groupes de pression, soit qu'ils se contentent de donner de la voix juste avant les élections. En l'occurrence, il ne s'agit pas uniquement de l'intérêt des francophones, mais de l'avenir d'un pays fait de néerlandophones, de francophones, de germanophones et d'allophones. Dans la crise actuelle, chaque parti doit être capable de faire les concessions nécessaires pour atteindre le consensus, la démocratie étant à ce prix. (Fernand Hessel).
Les médias. Jamais, on n'a vu des médias aussi présents dans des négociations. A croire que c'est eux qui négociaient. C'est impossible d'avancer si tout ce qui est dit se retrouve automatiquement dans les médias. Cela empêche toute prise de position nuancée et amène uniquement de la passion et de la rancoeur.
Les Wallons peut-être. Je suis Français, et j'adore votre pays. Quand je lis les journaux belges, notamment "La Libre Belgique", je suis frappé par les thèmes développés par les éditos. Finalement les journalistes reprochent moins à la Flandre d'avoir voulu imposer ses choix politiques confédéralistes, qu'aux Wallons de n'avoir rien su proposer. A la place des Wallons, je me demanderais quel est le poids des politiques francophones menées depuis 20 ans : dans les négociations on pèse son poids économique. La Flandre a une politique libérale, la Wallonie une politique faite des vieilles recettes du PS. Si les Wallons veulent peser un peu plus, qu'ils remontent leurs manches et travaillent plus (pour gagner plus selon la formule consacrée de ce côté-ci de la frontière) : le rapport de force s'en trouvera changé ! (Kyrius)
Les gouvernements Verhofstadt. Ils ont mis le communautaire au frigo pendant huit ans et ont refilé la patate chaude aux négociateurs actuels. Bizarre, non, que l'Open VLD soit demandeur maintenant d'avancées communautaires alors qu'il s'est tu pendant que MM. Verhofstadt et consorts dirigeaient le pays ! Et puis, je trouve la position du MR peu claire. Tantôt Didier Reynders convoque les présidents de tous les partis francophones pour démontrer à l'opinion flamande que tous ont adopté une position commune face aux revendications communautaires du nord du pays; tantôt il tourne le dos à Joëlle Milquet et fait les yeux doux aux négociateurs flamands. Enfin, je me demande si certains réagiraient de la même manière si la présidence du CDH était dans les mains d'un homme. Des propos comme "la Milquette", la "mère Milquet", "Jowelle" ont quelque chose de choquant. Qu'on l'apprécie ou pas, on ne peut lui reprocher de ne pas être restée fidèle à sa ligne de conduite, elle ! Quant à son "scotchage" éventuel au PS, je me demande comment Didier Reynders aurait négocié le coup s'il avait encore été avec les socialistes à la Communauté et à la Région ? Aurait-il apprécié qu'on dise son parti collé au PS ? (Newlook)
Le mot de la fin. Il y a un grand principe dont il ne faut jamais s'écarter en matière de management : il est plus important de trouver une solution qu'un responsable. Toute l'énergie dépensée à désigner un(e) méchant(e) n'est plus disponible pour trouver une manière d'en sortir.
Sire, vous recevez ce jour le formateur Yves Leterme pour évaluer sa mission après un mois de pénibles négociations. Il vous avait promis de vous retrouver ce 17 août avec de « bonnes nouvelles ». Nous sommes au regret de vous annoncer qu'il n'en sera rien. Force vous sera de constater que deux logiques s'affrontent sur le plan institutionnel. Vous verrez, Sire, que les négociateurs flamands et francophones ont déposé deux notes qui s'opposent en tous points. Celle des premiers se rallonge sans cesse : elle contient des points qui sapent le fragile édifice dont vous avez la charge. Celle des seconds est courte, provocante, comme si ses auteurs du CDH et du MR avaient peur de provoquer une crise, mais qu'ils voulaient à tout prix faire comprendre qu'il leur est impossible de dialoguer sur cette base. Pensez : une consultation populaire dans les communes autour de Bruxelles, quel brûlot ! Et leur refus d'une majorité des deux tiers.
Vous serez donc contraints d'acter, Sire, un profond désaccord.
Comment sortir votre Royaume de ce guêpier ? Humblement, nous vous conseillerions bien cette marche à suivre.
Conseillez aux négociateurs de se concentrer sur les volets socio-économiques et budgétaires de leur travail pour mettre en place un gouvernement susceptible de ne pas laisser le pays sombrer dans le marasme. Exigez qu'il y ait quelques avancées acceptables pour tous en matière de réforme de l'Etat, histoire de restaurer la confiance. Il n'y a pas si longtemps, Flamands et francophones avaient bien pu s'entendre au sujet de BHV
Vu le caractère aigu du fossé séparant les deux Communautés, suggérez à leurs représentants de s'engager à se retrouver dans la foulée autour d'une table pour discuter en profondeur de l'avenir du pays. Pour autant qu'ils le souhaitent encore ? Dans ce cas, les Flamands devraient laisser tomber quelques symboles, les francophones devraient s'entendre sur un projet clair susceptible d'ouvrir la porte à quelques « oui ».
Ah, Sire ! N'oublions pas Le formateur que vous avez nommé peine à incarner un avenir commun. C'est, à nos yeux, la condition sine qua non pour que vous lui donniez une seconde chance.
MOUTON,OLIVIER (Le Soir)Déclaration de Leterme à 14H30 | ||
Pour le président du PS, Elio Di Rupo, aucun parti francophone n'est prêt à accepter l'inacceptable programme des Flamands. Didier Reynders, le président du MR, a annoncé une prochaine concertation entre francophones. Qu'en pense le président du PS ? De son côté, Yves Leterme fera rapport au Roi à 12H30 et fera une déclaration à 14H30. La Libre: |
Les partis flamands multiplient leurs exigences
MAJ 16 août 200767 jours sans gouvernement. MR et CDH ont reçu le dernier carat des exigences flamandes. Ils préparent leur réponse. Affrontement en vue.
Mardi matin, Yves Leterme a lu, oralement, aux partis francophones de l'Orange bleue, CDH et MR, la fameuse liste de revendications flamandes en matière communautaire. Oralement, pour limiter les risques de fuites Nous avons cependant pu en reconstituer le puzzle. Et nous vous en livrons les pièces.
Le 29 juillet, le formateur remettait aux partenaires une première liste communautaire : 14 points à réaliser, selon lui, à la majorité simple.
Samedi 11 août et lundi 13, il soumettait aux francophones une deuxième liste institutionnelle : une vingtaine de points requérant une majorité simple ou des deux tiers (voir tableau).
Ce mardi 14 août, une troisième liste a complété, et officiellement clôturé, les revendications communautaires flamandes actuelles : 25 points, certains nouveaux, d'autres complétant ou amplifiant des points antérieurs.
Dans cette troisième liste, 16 points ne nécessiteraient pas, selon Leterme, de grandes discussions : ils iraient de soi, dans la logique flamande de paquets homogènes de compétences. Ce qui n'est nullement l'avis des francophones
En tout, ce déshabillage flamand de l'Etat fédéral comporte une soixantaine de points. Dont la régionalisation ou communautarisation déjà évoquée de l'IPP (impôt des personnes physiques), de l'Isoc (impôt des sociétés), de la politique des grandes villes ou des baux à loyer.
Nous vous dévoilons ci-dessous la quasi-totalité des exigences flamandes de cette troisième et dernière liste.
Première partie, les points « évidents » pour les Flamands :
– la SABAM : les partis flamands veulent la communautariser (c'est la problématique des droits d'auteur et intellectuels) ;
– le code de la route : au départ, il était question de régionaliser la politique de limitation de vitesse (les partis flamands veulent généraliser le 70 km/h au lieu du 90), puis du marquage au sol. Dans cette troisième note, c'est tout le code de la route qui est visé. Notamment la perception des amendes, les francophones n'étant pas jugés assez répressifs. Mais la crainte francophone, au-delà du principe, tient à l'étape suivante : si les infractions au code de la route sont différentes au nord et au sud, on pourrait en arriver à une régionalisation des magistrats concernés, les juges de police, et du degré d'appel ;
– l'immatriculation automobile : demande de régionalisation. Sur le modèle allemand ou suisse, où les voitures arborent une plaque régionale ou cantonale. Le lion des Flandres à la place du « B » ?
– la politique des soins de santé : au départ, les partis flamands voulaient des représentants des Communautés dans les organes de l'Inami. Désormais, ils veulent que les Communautés aient leur mot à dire en matière de remboursements, donc puissent dire si l'Inami rembourse ou non tels types de prestations ;
– les compétences des tribunaux : les partis flamands réclament un droit d'initiative des Communautés et Régions pour définir les compétences des tribunaux. Ce qui, d'un point de vue francophone, aboutirait à la création de tribunaux régionaux ;
– les ordres professionnels : il s'agit de scinder ceux qui ne le sont pas encore, comme l'ordre des médecins ou des architectes. Ce qui ne serait pas sans conséquence pour ceux habitant la périphérie bruxelloise ;
– le Ducroire : l'idée flamande est d'y renforcer la représentation des Régions ;
– le jardin botanique de Meise : après les infrastructures, les partis flamands veulent régionaliser les collections fédérales ;
– l'Institut national de statistique : les partis flamands demandent une représentation des Régions ;
– l'autonomie constitutive des Régions et communautés : les partis flamands veulent l'élargir. Pour donner un pouvoir constituant à la Flandre, qui rêve d'une Constitution (des projets existent) ? Pour définir eux-mêmes les circonscriptions électorales pour les élections régionales – et rendre plus ardue l'élection d'un francophone au Parlement flamand ? Certains le croient.
Deuxième partie, les points à vraiment discuter :
– la fiscalité : les partis flamands veulent transférer les mécanismes de déductibilité de l'impôt aux Régions et Communautés. Tout ce qui peut être déduit de la déclaration fiscale (garde d'enfants, dons aux associations ) serait fixé au niveau régional ;
– les allocations familiales et tout ce qui concerne la famille et les enfants dans la sécurité sociale : demande de communautarisation. Ce qui, au-delà du principe, poserait problème pour les enfants de Bruxelles et de sa périphérie. Les francophones inscrits à l'école flamande recevraient-ils plus d'allocations familiales ?
– l'économie sociale : à régionaliser ;
– les conventions collectives de travail (CCT) : pour ce qui concerne les matières régionales et communautaires, les partis flamands veulent que les CCT ne relèvent plus du ministre fédéral de l'emploi pour avoir force obligatoire, mais des Régions. Les partenaires sociaux pourraient donc conclure des CCT auxquelles le gouvernement flamand donnerait force obligatoire. Pour les francophones, on touche au caractère fédéral de la Sécu, et, à terme, les partenaires sociaux risquent de négocier prioritairement en Flandre, où les marges de manœuvre sont plus grandes ;
– les normes de sécurité civile : à régionaliser ; cela concerne le service médical d'intervention urgente, le statut des pompiers ;
– l'expropriation publique : les partis flamands veulent accroître les compétences régionales en la matière ;
– les achats de la Défense nationale : il s'agit de réintroduire la notion de compensation et de fixer une clef de répartition entre Régions. Parce que les achats bénéficient beaucoup à certaines entreprises wallonnes ? Ces compensations avaient en tout cas été supprimées après les affaires Agusta, Dassault et autres, pour éviter les dérapages
Au-delà de ce troisième paquet de revendications flamandes – qui, on l'a vu, ne retient rien en matière de pensions –, revenons sur quelques points « surprises » de la deuxième liste flamande, datant de samedi :
– l'acquisition de la nationalité et le statut des étrangers : au nom de l'intégration culturelle, les partis flamands demandent que les Communautés puissent ajouter des conditions complémentaires en ces matières, conditions liées à l'« inburgering », l'intégration. Comme l'apprentissage du néerlandais ;
– l'assistance juridique : demande de communautarisation, avec clef de répartition. Actuellement, comme elle est liée au niveau de revenu, l'assistance juridique profite davantage aux Wallons ;
– les poursuites pénales : les partis flamands veulent que les Communautés et Régions aient leur mot à dire pour les matières de leurs compétences ; qu'elles puissent, par exemple, fixer des priorités, comme l'environnement. Les francophones acceptent l'idée de donner des priorités aux parquets, mais veulent que le ministre fédéral de la Justice reste compétent. Les Flamands parleraient, eux, d'un ministre de la Justice en Région flamande.
Une triple liste à laquelle s'ajoute, précisent les partis flamands, « bien sûr » la question symbolique de BHV
Les francophones ont aussi leurs exigences
En quittant Val Duchesse jeudi en fin de soirée, la présidente du CDH, Joëlle Milquet, a rappelé que la majorité orange bleue ne dispose pas d’une majorité des 2/3 et qu’il n’est donc pas possible d’effectuer de grands transferts de compétences. Et d’ajouter que les francophones ne sont d’ailleurs pas demandeurs de tels transferts.
On peut résoudre beaucoup de problèmes dans le contexte fédéral actuel, a encore insisté la présidente des Humanistes. Pour elle, il faut être réaliste. Quand on a seulement de l’argent pour construire une maison à un étage, on ne peut en construire une à deux étages. Or, l’orange bleue n’a pas les 2/3.
« Je n’en peux rien si le roi a demandé au formateur de constituer un gouvernement qui ne dispose que de la majorité simple », a-t-elle encore commenté parlant d’une « impasse temporaire ».
Peu avant, le sénateur et négociateur CDH Francis Delpérée avait abondé dans le même sens. Pour lui, la situation actuelle conduira peut-être certains à accepter la vérité des chiffres et à devenir plus réalistes.
Le président du MR, Didier Reynders, est quant à lui resté vague sur la position des francophones. « J’ai communiqué au formateur la position commune des partis francophones. On verra quelle sera la réponse des partis flamands », a-t-il dit.
Les partis francophones MR et CDH s’étaient concertés dans l’après-midi sur la réponse commune qu’ils allaient donner aux exigences flamandes en matière de réforme de l’Etat.
Il ne s’agit pas seulement d’une réponse aux revendications flamandes ou de contre-propositions mais aussi de demandes francophones spécifiques portant notamment sur le statut de Bruxelles ou le Sénat paritaire, apprenait-on dans l’après-midi de source libérale.
Peu après, le CDH précisait que la réponse que les présidents des partis francophones transmettraient au formateur soulignait qu’étant donné que le gouvernement orange bleue ne disposera pas de la majorité des 2/3, toutes les revendications qui nécessitent une majorité spéciale, y compris celles des francophones, ne peuvent qu’être renvoyées après la constitution du gouvernement dans le cadre d’une procédure à déterminer avec d’autres partenaires.
Sur ce dernier point, une certaine confusion régnait en fin de soirée.
Les porte-parole de Didier Reynders faisaient en effet valoir que le MR n’était pas d’accord avec cette attitude quant aux revendications nécessitant les 2/3. Et de rappeler qu’avant la dissolution des chambres, le MR a voté une liste d’articles soumis à révision et qu’il a donc implicitement accepté le principe d’entrer dans un gouvernement appelé à réformer l’Etat.
Interrogé sur ce point en quittant Val Duchesse, M. Reynders n’a pas répondu à la question et s’est contenté de répéter qu’il avait transmis la position commune des partis francophones au formateur.
MAJ 27/08/2007
L'influence de Didier Reynders au Palais est jugée trop importante par certains présidents de parti.On attendait la nomination de deux co-médiateurs mais la solution tarde.Relancer la négociation ? Pas si simple que cela...
Décidément, on est en plein brouillard... Et la situation plus inédite que jamais. Avant la démission du formateur, Yves Leterme, les négociations avaient été suspendues depuis une semaine. En fait, les quatre présidents de partis de l'orange bleue (MR, CDH, CD & V et VLD) n'ont jamais autant négocié que pendant cette suspension des négociations. Et depuis que le Roi est rentré précipitamment du sud de la France pour relever Yves Leterme de sa mission, il ne se passe officiellement plus rien non plus. Officiellement car en coulisses, on assiste à de multiples parties de bras de fer. On est dans une espèce de no man's land politique.
C'est donc au titre d'ancien informateur que Didier Reynders a été chargé par le Roi de lui proposer le nom d'une ou deux personnalités capables de relancer les négociations. L'option était d'envoyer au feu une personnalité du CDH, formation jugée par les autres partis responsable de l'échec d'Yves Leterme. Un nom semblait faire l'unanimité : Raymond Langendries, ancien président de la Chambre. Mais le CDH, considérant qu'il s'agissait-là d'un piège tendu par les autres partis, par le CD & V en particulier - dangereux quand il est blessé -, a souhaité qu'une personnalité flamande accompagne Raymond Langendries dans sa mission. Peu d'enthousiasme sur les bancs flamands... Le CD & V, ayant déjà brûlé deux des siens - Dehaene et Leterme -, n'a pas bronché. Restait le VLD : le nom de Heman De Croo, un autre ancien président de la Chambre, est sorti du chapeau, même si, aux yeux de Bart De Wever (N-VA), De Croo n'est pas un véritable flamand... Le scénario semblait prendre corps, samedi, notamment après que le Roi ait reçu en audience les présidents de la Chambre, Herman Van Rompuy (CD & V) et Armand de Decker (MR). Les heures ont passé et on a bien senti qu'il y avait un problème. On a pensé, un moment, que le Roi attendait la fin du pèlerinage de l'Yser pour recevoir les deux démineurs. Mais toujours rien, dimanche. Et puis, de différentes sources CD & V, on a vu que ce scénario ne passait plus. Fausse piste, faisait-on savoir. Motif ? le CD & V semblait vraiment vouloir que le CDH, la souris qui a dompté le lion flamand, s'avance seul et défende la solution que la présidente, Joëlle Milquet, répétait avoir défendue cette fameuse nuit où elle s'est retrouvée face à 4 hommes en colère.
Remballés...
L'attitude du Palais était, elle aussi, critiquée à demi-mots par certains négociateurs. Pourquoi, diable, le Roi n'a-t-il pas reçu tous les présidents de partis alors qu'il y a une semaine, lors de la suspension des négociations, il l'avait fait. Certains partis râlent parce que le Palais les a ignorés depuis jeudi et parce que Didier Reynders, a été élevé en quelques jours au rang de "vice-roi". C'est donc lui, disait-on, qui porte la parole du Roi mais aussi qui remplit le rôle de syndic'des présidents sans en avoir été officiellement chargé. Ce week-end, certains présidents de parti en ont été réduits, pour avoir de l'information, à appeler le Palais royal, où ils se font remballer...
Bref, dimanche soir, alors que dans les rédactions on avait préparé les biographies des deux élus, Langendries et De Croo, les gardes du Belvédère fermaient les grilles de la résidence d'Albert II et de Paola. Seront-ils quand même désignés ce lundi ? Feront-ils un petit tour de manège pour détendre l'atmosphère ? Ou le Roi demandera-t-il à Didier Reynders de relancer la machine ?
Ce matin, en tous les cas, le Roi recevra un homme détendu, hâlé par le soleil de Toscane d'où il a suivi les péripéties de la négociation gouvernementale : un certain Guy Verhofstadt, Premier ministre démissionnaire. Bienvenue au pays.
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