30 août 2007

"Impliquer tous les partis"

MAJ 30/08/07
Leterme met ses conditions

81 jours sans gouvernement. Yves Leterme envisage la possibilité d'accepter une nouvelle mission de formateur mais ajoute qu'il ne le fera toutefois que s'il existe une vraie volonté de réaliser une réforme de l'Etat.

Sinon, il s'agira à nouveau d'une mission kamikaze à l'image de celle que j'ai déjà remplie et je ne suis pas prêt à recommencer », a-t-il dit dans une interview avec le périodique De Krant van West-Vlaanderen.
Yves Leterme a jeté l'éponge la semaine dernière après une mission de formation qui a trébuché sur la problématique institutionnelle.


Le leader CD&V est d'avis qu'il n'a pas sous-estimé la difficulté de la tâche de formation d'un gouvernement fédéral. « Je savais que ce serait difficile et même que nous connaîtrions une grave crise comme celle que nous connaissons. Nous devons maintenant veiller à ce que la crise reste gérable et pour le moment nous sommes à la limite de l'ingérable : les fuites continuent, l'initiative royale est discréditée et les partenaires potentiels se méfient les uns des autres », a déclaré M. Leterme dans cet entretien qui avait été accordé avant la désignation d'Herman Van Rompuy en tant qu'explorateur.
L'ex- et possible futur formateur ajoute encore que les partis francophones continuent à se comporter comme si la campagne électorale était toujours en cours. En fait, dit-il, ils sont déjà en campagne pour 2009.
« En tant que formateur il est alors difficile d'être au-dessus de la mêlée car on a peu de prise sur la situation. Finalement j'étais aussi un adversaire pour eux », ajoute-t-il encore.
Yves Leterme n'est malgré tout pas pessimiste pour l'avenir. Dans quelques semaines il y aura un gouvernement même si on ne peut pas encore dire de quelle coalition il s'agira et quel sera son programme, dit-il.
Il envisage aussi la possibilité de ne pas devenir premier ministre.
« Si on respecte le choix de l'électeur, il serait normal que je devienne premier ministre mais il y a des données qu'on ne maîtrise pas toujours », note-t-il à ce propos.
(d'après Belga)

Elio fait les poubelles à Val Duchesse
28 août 2007
Non, le PS ne complote toujours pas dans le dos des actuels négociateurs gouvernementaux de l’Orange-bleue ! Et si le parti socialiste n’a pas été invité à Val Duchesse mais qu’une de ses notes concernant le budget fédéral 2008 y a été retrouvée dans la poubelle d’une salle réservée aux négociateurs, il s’agit sans doute d’une broutille !…

29/08
Le PS se tient à disposition, au cas où
Le PS répète n'avoir aucun crainte d'aller dans l'opposition au fédéral durant cette législature tout en soulignant sa disposition à répondre à une invitation dans le cadre des négociations sur la formation du gouvernement. Ce point de vue reste d'actualitéce mercredi après la désignation par le Roi d'un "explorateur" chargé de relancer les négociations.Le PS est disposé à prendre part à toute entrevue avec Herman Van Rompuy (CD&V) et "à discuter comme il l'a toujours fait en tant que parti responsable et sérieux", a indiqué le président du PS Elio Di Rupo. "Si Herman Van Rompuy nous invite à le rencontrer, nous répondrons bien sûr positivement à son invitation", a déclaré Elio Di Rupo. "Je constate que c'est le CD&V qui reprend la main et que, vraisemblablement, il va essayer de voir si l'orange bleue peut se rabibocher", a-t-il ajouté."Je rappelle aussi que le PS ne craint nullement d'être dans l'opposition au gouvernement fédéral", a conclu le président du PS. Herman Van Rompuy, président de la Chambre des Représentants et ministre d'Etat, a été chargé, mercredi, par le Roi, d'une mission d'exploration en vue de sortir de la crise dans la constitution du nouveau gouvernement. (belga)

Spaak: "Ce que j'aurais voulu dire à Albert II"

"La situation politique est grave, très grave. Il n'y a pas le désir d'un projet politique commun", estime notamment Antoinette Spaak.Alors que le roi Albert II reçoit successivement les ministres d'Etat, Antoinette Spaak (FDF), qui fait pourtant partie de ce cercle fermé, ne sera pas invitée au Palais. En colère et blessée, l'ancienne députée européenne estime pourtant avoir le "profil défini par le roi", confie-t-elle mercredi au quotidien Le Soir, pour qui elle a rassemblé les idées qu'elle aurait voulu exprimer face au souverain."La situation politique est grave, très grave. Il n'y a pas le désir d'un projet politique commun", estime notamment Antoinette Spaak. "Le CD&V, qui est resté sept ans dans l'opposition, a perdu ses relais, son expertise, toutes les connivences nécessaires", poursuit-elle. Elle accuse l'ancien formateur Yves Leterme "de ne pas avoir suffisamment préparé cette négociation". Quant à Joëlle Milquet, Mme Spaak estime qu'elle a été "bridée parce qu'elle a voulu rester loyale par rapport à son partenaire (le PS) à la Région et à la Communauté".L'ancienne députée européenne s'interroge et se dit "perplexe". "La Belgique va-t-elle résister aux poussées nationalistes toujours plus grandes de la Flandre? ". Sa colère passée, Antoinette Spaak conclut: "Je me sens blessée, mais il s'agit surtout d'une faute politique. Sans compter que je ne vois guère de femme ministre d'Etat dans ces audiences. Pour les électeurs du FDF et pour un parti qui a toujours été loyal et à l'écoute, c'est regrettable". (belga)

La présidente du CDH propose que les discussions institutionnelles impliquent les entités fédérées et donc tous les partis démocratiques.Mais ce n'est là, dit-elle, qu'une proposition.
Agenda caché ? Pas du tout.


Entretien
Quelles sont les propositions du CDH pour sortir de la crise ? Eléments de réponse avec la présidente, Joëlle Milquet.
Le communiqué publié à l'issue du bureau de votre parti plaide pour une solution rapide à la crise. Mais vous ne dites pas, explicitement, que vous plaidez toujours pour la formule orange bleue ?
Si, si : le communiqué précise "dans le cadre actuel". Cela signifie bien que nous souhaitons poursuivre la négociation d'une formule orange bleue. C'est la seule solution qui a été considérée par Jean-Luc Dehaene comme possible. Nous avons, dans ce cadre défendu des idées, des propositions très constructives pour aboutir à la constitution d'un gouvernement sur la base d'un programme mobilisateur et fédérateur qui réponde aux attentes de tous les Belges en matière d'emploi, de logement, de sécurité, d'environnement, mais évidemment pas à n'importe quel prix institutionnel. Nous estimons, de plus, que les négociations n'auraient jamais dû être suspendues, il y a dix jours et nous n'avons jamais souhaité qu'Yves Leterme démissionne. Les problèmes étaient évitables, il y avait des solutions sur la table, pourvu que chacun en revienne à des demandes raisonnables et modérées.
Les autres partis vous demandent d'expliquer quelles étaient vos ébauches de solution ?
Tant avec Yves Leterme qu'avec Didier Reynders, nous avons dressé la liste de ce qui étant possible, intéressant ou imbuvable : il y avait clairement des espaces de discussion. L'épure était là : il appartenait au formateur de définir un cadre de discussion. Mercredi dernier, Yves Leterme a présenté un schéma de discussion. Mais ce sont les partis flamands qui n'ont pas voulu de ce schéma modéré. Tout ce qui relève de la sécurité sociale, pour nous c'est non et ce sera non. Pareil pour l'impôt des sociétés, c'est non. Mais la discussion est possible sur certains thèmes, sur certaines compétences déterminées où l'on peut développer des accords de coopération ou prévoir des représentations des Régions et des Communautés dans des organes fédéraux. Mais dans le cadre d'un gouvernement qui ne dispose que d'une majorité simple, le cadre d'accords possibles est forcément plus limité que si nous disposions des deux tiers.
Vous refusez donc toujours toute discussion sur les réformes qui nécessitent les deux tiers...
Entendons-nous bien. Nous ne refusons pas les réformes aux deux tiers, il y a des réformes aux deux tiers qui peuvent être intéressantes pour les francophones. Mais nous ne voulons pas - cela ne s'est d'ailleurs jamais fait - arriver à des accords impliquant une majorité des deux tiers sans même savoir qui pourraient les appuyer plus tard.
Quelle serait, selon vous, la formule idéale ?
Notre proposition s'inspire de ce qu'ont fait les gouvernements antérieurs placés dans les mêmes circonstances, en 2003, en 1999, en 1991. Cette année-là, par exemple, l'accord de gouvernement a prévu un dialogue de Communauté à Communauté entre les différents partis politiques, mais en impliquant les membres des exécutifs. Ce dialogue devait porter sur toute une série de thèmes : système bicaméral, financement, répartition des compétences fédérales, autonomie constitutive, aspects techniques de la fiscalité régionale.
Concrètement, que précisait l'accord de 1991 ?
Le texte précisait alors : "C'est en concertation avec l'ensemble des partis qui dans le cadre de ce dialogue auront souhaité faire avancer le développement et l'amélioration du système fédéral, que le gouvernement établira la liste des projets à déposer. Pour ce faire, ajoute le texte, le gouvernement prendra les contacts nécessaires et organisera des négociations en vue d'obtenir des majorités spéciales". Il me semble qu'on est vraiment dans cette logique-là. Mais cette proposition n'est évidemment pas à prendre ou à laisser. On peut bien entendu trouver d'autres formules qui aboutissent au même résultat.
Les francophones sont-ils unis pour défendre cette stratégie ?
L'enjeu, c'est que les francophones se fassent respecter. Nous devons être unis, forts, constructifs. Ouverts au dialogue pour autant que cela ne soit pas contraire aux intérêts des francophones. Je pense que dans des moments de cet ordre-là, il ne doit plus y avoir de majorité et d'opposition.
Y a-t-il unité sur ce point ?
L'unité est pourtant indispensable. Elle doit exister autour de la table de négociation mais également avec les partis qui, un moment donné, se retrouveront. On ne doit pas faire de jeu politicien, mais définir ensemble les bonnes stratégies. Cela demande le sens de l'intérêt collectif et une certaine confidentialité. Il faut une stratégie collective au niveau francophone.
Les socialistes rappellent qu'aucune grande réforme de l'Etat ne s'est faite sans eux...
Nous ne voulons pas d'une grande réforme de l'Etat qui soit contraire aux intérêts des francophones. Mais je n'entends pas, dans un fédéralisme moderne, mener des discussions dans le cadre desquelles les entités fédérées ne seraient pas impliquées : quand on parle "financement", il faut impliquer les principaux acteurs institutionnels du pays. En impliquant toutes les entités, on permet à tous les partis démocratiques d'être associés. Il faut trouver un cadre intelligent pour le faire et associer tous ceux qui ont une responsabilité gouvernementale à un titre ou à un autre. La discussion doit être calme, sereine, mûre, réciproque. L'avenir du fédéralisme d'union n'appartient pas à une seule majorité, mais à tout le monde. Les majorités passent, les problèmes demeurent.
Ce que vous proposez, c'est une espèce d'union nationale ?
Il faut trouver une mécanique intelligente pour lancer ce débat après la formation du gouvernement. Mais il y a d'autres méthodes. Ceci est purement exemplatif. Ce n'est pas la seule voie. Ce n'est sûrement pas une exigence de notre part, juste une analyse.
En Flandre, on estime que le CDH, plus à gauche, est souvent isolé dans la négociation sur les autres thèmes...
Qu'on arrête avec ce genre de caricature facile du moment. Que devait dire le VLD quand il négociait sur le nucléaire avec Ecolo ? Que devait dire le MR quand il négociait avec le PS ? Que c'était plus facile avec eux qu'avec nous ? Si c'est cela, merci pour le compliment...
Si l'orange bleue échoue, ce sera la tripartite ?
Je n'ai pas d'agenda caché. Ma logique n'a jamais été celle de l'échec de l'orange bleue. Nous voulons faire réussir l'orange bleue. Les problèmes sont solvables.
Yves Leterme a-t-il la carrure d'un Premier ministre ?
Yves Leterme peut être un bon Premier ministre s'il est le Premier ministre de tous les Belges.

Derrière le Roi, un expert issu du sérail

Le premier conseiller politique du Roi est, de fait, son chef de cabinet.Mais Albert II prend aussi des initiatives personnelles.
Jacques van Ypersele connaît mieux le sérail politique que quiconque : il en est sorti lui-même...

portrait
Vice-roi voire vrai Roi lui-même : lorsqu'on évoque le rôle du chef de cabinet du Roi, Jacques van Ypersele, les qualificatifs s'emballent. Au point de voir en ce fidèle commis de l'Etat belge auquel il donne le meilleur de lui-même depuis 35 ans maintenant un redoutable calife à la place du calife voire même un... Raspoutine égaré à Laeken ! Il est vrai que ses convictions religieuses personnelles sont souvent avancées pour étayer le propos. Catholique, Jacques van Ypersele l'est incontestablement mais l'homme veille à séparer strictement ses convictions intimes de son travail au sommet de l'Etat. C'est tellement vrai que lorsqu'un reporter photographe l'aperçoit à une réunion du Renouveau charismatique à Beauraing, il le prie de ne pas diffuser les images. Non point qu'il en ressente quelque gêne mais les amalgames sont parfois meurtriers dans un pays où le clivage philosophique rappelle encore trop souvent des conflits surannés. Pour être précis : si van Ypersele est un croyant solide, il n'en est pas pour autant un gourou qui aurait de l'influence sur ses royaux patrons ! C'est plutôt un chrétien ouvert, conciliaire intégral qui se double d'un esprit très oecuménique.
Du reste, s'il est entré au Palais en 1983, il le dut nettement moins à sa carte de baptême qu'à son expérience de terrain. C'est que ce parfait bilingue, diplômé à la fois de l'UCL (licence en sciences économiques) et de la KUL (doctorat en droit) s'est fait les dents au FMI qu'il rejoignit après un passage par la Yale University.
De retour au pays, il fit un bref passage par le privé mais bientôt s'investit pleinement dans des fonctions publiques.
Première étape : le cabinet des Finances alors dirigé par le libéral Willy De Clercq. Van Ypersele aime le rappeler à ceux qui ne voient en lui qu'un pur produit social-chrétien, toutes ailes linguistiques confondues du moins lorsque le PSC était proche du CVP et vice-versa. Cela dit "Vanyp" comme on l'appelle rue de la Loi mais aussi au Palais ne cache, évidemment, pas que sa proximité idéologique l'a amené ensuite au 16, rue de la Loi non sans, entretemps, jouer un rôle dans l'élaboration et le lancement du système monétaire européen.
Après dix ans de présence aux côtés du roi Baudouin, il est repris comme les autres conseillers directs de celui-ci par Albert II lors de son accession au trône.
La légende va alors se muer petit à petit en mythe, pour paraphraser un propos de Willy Claes. Puisque l'on affirme que le Roi ne manifeste pas un intérêt exagéré pour la politique, son chef cab'ne cesse de prendre de l'ampleur. Au point de l'influencer très directement dans ses décisions !
S'il serait sot de nier que les deux hommes s'estiment et s'apprécient, c'est oublier que les Saxe-Cobourg n'aiment pas devoir suivre le mouvement. Sous ses dehors joviaux et détachés, Albert II n'en est pas moins très inquiet de voir nos joyaux économiques s'étioler et le souci n'est pas moins grand devant le bradage organisé de l'unité nationale. Jacques van Ypersele ne quitta donc pas ses bureaux à l'angle de la rue Ducale à la Saint-Nicolas 2001 lorsqu'il souffla ses 65 bougies malgré les souhaits répétés de Johan Vande Lanotte. Et rien ne l'y oblige encore puisque depuis 1949, le Roi peut prolonger ses collaborateurs si nécessaire. Par les temps qui courent, ce n'est point un luxe. Et si à intervalles réguliers, on parle de son remplacement, Jacques van Ypersele reste un pion essentiel. S'il n'est qu'un membre sur six du comité de direction du Palais, il n'a pas vraiment d'équivalent pour l'heure, aussi à l'aise dans les milieux politiques nordistes que sudistes avec un désarmant sourire charismatique qui cache une forte capacité d'analyse. Et surtout une expertise unique des acteurs de notre mélodrame national... qu'il jauge aux côtés du Roi qui n'hésite jamais à empoigner son GSM lui-même. Qu'il soit à Grasse ou au Belvédère...

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