Les francophones de Bruxelles se fâchent
Jean-Luc Dehaene estime que Bruxelles ne mérite pas un statut de Région à part entière. Les réactions des politiques francophones de la capitale ne se sont pas fait attendre.
Ce n'est pas le fédéralisme de papa, c'est celui de bon-papa. » Benoît Cerexhe, ministre bruxellois (CDH) de l'Economie, a avalé son café de travers, vendredi, en lisant la critique historique de Jean-Luc Dehaene. L'ancien Premier ministre CVP y réinterprétait les difficultés communautaires actuelles à l'aune d'erreurs francophones passées Et plaidait pour une cogestion de Bruxelles, incapable, disait-il, de s'assumer seule. Il n'en fallait pas plus pour faire sortir de leurs gonds les francophones de la capitale. A commencer, donc, par Benoît Cerexhe, président du collège de la Commission communautaire française. Qui lit en filigrane des propos de Dehaene une « vision archaïque » de Bruxelles. Et souligne que 235.000 citoyens flamands travaillent en territoire bruxellois.
Charles Picqué, ministre-président bruxellois (PS), est aussi monté au créneau. « Je suis étonné par ces propos, dans le chef de quelqu'un qui a pourtant le sens de l'Etat. » Celui que Jean-Luc Dehaene qualifie d'« homme en fin de carrière » déplore le ralliement du bulldozer aux « thèses saugrenues visant à faire de Bruxelles une entité gérée par la Flandre et la Wallonie ». « La cogestion, c'est un vieux rêve de certains, au Nord du pays. Qui nous ressortent que si on veut un refinancement, on doit renoncer à notre statut. Et si on refuse ça, alors, on ne peut rien recevoir. »
Un moteur, pas un fardeau
Or, pour Charles Picqué, les besoins financiers de Bruxelles viennent essentiellement de son statut de capitale belge et européenne. Et d'ajouter que « la Région bruxelloise ne coûte pas d'argent à la Belgique. Bien au contraire, elle en est un moteur économique ». Le ministre-président conclut par une mise en garde à destination des francophones « Entrer dans une stratégie de cogestion équivaudrait à faire de la ville un appendice flamand. Pour des raisons géographiques et éventuellement financières, si, d'aventure, la Région wallonne s'avérait incapable d'assumer les besoins de la capitale. »
Olivier Maingain, président du FDF et négociateur MR à Val Duchesse, ne mâche pas non plus ses mots. « Nous avons de quoi répondre à ceux qui veulent le confédéralisme. Et c'est peut-être ce qui a changé, depuis l'ère Dehaene, c'est que les francophones ne céderont pas au CD&V. Nous sommes déterminés, ce que le Nord a peut-être sous-estimé. »
Gérard Deprez, président du MCC et vieux compagnon de route de Jean-Luc Dehaene, voit dans la sortie belgicainement incorrecte « un geste de loyauté par rapport à son parti, le CD&V ». Et se réconcilier avec Yves Leterme, au lendemain d'une mission de médiation avortée en grande partie, dit-on, pour incompatibilité d'humeur notoire entre les deux hommes ? Gérard Deprez n'est pas loin de le penser.
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