Le fils de Cariat avait usurpé ses diplômes
Une nouvelle affaire à l'ICDI. Il s'agit d'une grave imposture, d'un « manquement inacceptable », selon une note interne de l'intercommunale de collecte et de destruction des Immondices de Charleroi (ICDI), dont Le Soir a pu prendre connaissance.
Pendant quinze ans, le directeur d'exploitation de cette entreprise de traitement des déchets, la première du Hainaut en importance, a abusé sa hiérarchie. Luc Cariat affirmait être « titulaire du diplôme de l'enseignement supérieure (sic) en sciences sociales. » Renseignements pris auprès de la Haute École libre de Bruxelles qu'il disait avoir fréquentée durant ses études, il ressort d'une attestation que l'intéressé n'a été inscrit au sein de l'établissement que pendant les années 89-90 et 90-91 en première « assistant social », et qu'il a échoué à chacune de ses tentatives !
Il apparaît donc non seulement que le cadre a menti mais aussi que sa fausse déclaration lui a permis d'obtenir un emploi d'attaché dans l'intercommunale avec une échelle barémique et une indemnité de diplôme, mais elle l'a aussi autorisé à poursuivre une carrière correspondant à celle d'un agent porteur d'un diplôme de l'enseignement supérieur. Il occupe ainsi l'un des quatre postes de management de l'ICDI tout à fait indûment.
C'est en juin 1992 qu'il présente sa candidature. Luc Cariat adresse un courrier au président de l'ICDI. Il s'agit de son père, Lucien Cariat, qui accorde à sa demande une attention particulière puisque dès le lendemain de la date du dépôt de la candidature, le conseil de direction décide de le recruter en tant qu'attaché au service des relations publiques. Pas de trace du diplôme dans le dossier – et pour cause ! On croit l'agent sur parole. On ne lui demande pas de produire de preuve. C'est bien la seule institution où l'on procède ainsi. En tout cas, il sera nommé plus tard à titre définitif, sur sa bonne foi, et changera de fonction, alors que son épouse prend sa succession aux relations publiques.
« Son père n'hésite pas à vanter les mérites de Luc », rapporte un ancien administrateur. Sait-il que le fiston a raté ses études ? « Dans une délibération du conseil d'administration, il le bombarde même “ingénieur industriel ICDI” pour justifier sa promotion de cadre ». C'est un grade qui n'existe pas, mais ça passe à l'intercommunale.
Luc Cariat est donc renseigné comme « ingénieur industriel ICDI » : il gravit l'échelle des responsabilités à toute vitesse et en atteint le sommet. Chargé de la direction de l'exploitation, il compose avec Jean-Louis Pirot, responsable de l'usine d'incinération de Pont-de-Loup, et Christian Blondeel, directeur financier, le triumvirat de confiance. Tout en restant dans l'ombre de son père. Luc Cariat n'a ni le charisme, ni l'étoffe de papa. « Je ne suis pas un homme politique », se plaît-il à répéter. Pourtant, il s'adjuge des mandats publics, au Foyer Marcinellois notamment, la société de Logements sociaux à la tête de laquelle on trouve encore son père.
Il faut un conseiller prévention à l'ICDI : c'est Luc qui répond à l'appel. Tout va pour le mieux tant que Lucien Cariat cumule au mandat de président le poste de directeur général. Les choses changent après son inculpation dans le cadre des affaires.
En août 2006, le fils demande à être déchargé. Pour lui donner quitus, le nouveau président le prie de lui adresser un rapport d'activité et un état de situation sur la sécurité et le bien-être dans l'entreprise. Un courrier qui restera sans suite. Cette carence s'alourdit d'une série de constats d'incompétence et de négligences, dressés dans un rapport accablant des services de contrôle du bien-être au travail : « On peut en déduire que Luc Cariat n'a pas rempli l'essentiel de ses fonctions de conseiller en prévention », stipule ce rapport. Compte tenu de l'importance considérable de l'intercommunale, de sa responsabilité à l'égard de ses travailleurs, il s'agit de fautes lourdes. Il y a du licenciement dans l'air.
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