22 décembre 2007

Verhofstadt prend trois mois ferme

LE PREMIER MINISTRE a un programme en 10 points.
Une mission : le « dialogue » Nord-Sud. Et une coalition déchirée.
-Bravissimo, ma non per tutti : zéro (presque) applaudissement sur les bancs du CD&V et de la N-VA à la fin du discours de Guy Verhofstadt vendredi à la Chambre…
Les libéraux l’ovationnent, les socialistes ne sont pas en reste, les centristes humanistes suivent, les chrétiens-démocrates flamands, eux, se réservent pour le 23 mars, et le passage du témoin à leur Numero Uno, Yves Leterme, comme c’est prévu, et comme l’a confirmé à la tribune le Premier ministre du gouvernement intérimaire. Les voilà rassurés ? Dans les couloirs, « off the record », certains députés maintiennent : « Vous verrez, Guy, il va rester. On ne pourra pas faire autrement… »
En attendant, le chef du gouvernement intérimaire a tracé devant ministres et députés un programme de trois mois en dix points forts – de quoi tenir trois ans, s’il le fallait. On résume.
Un : confectionner un budget 2008 en équilibre alors que les comptes trahissent un déficit oscillant entre 0,4 % et 0,7 % du produit intérieur brut.
Deux : soutenir le pouvoir d’achat, via, notamment, l’augmentation des allocations sociales les plus basses, leur adaptation au bien-être, des réductions d’impôts sur les bas et moyens revenus, la limitation des hausses de prix, notamment de l’énergie, l’extension du fonds mazout.
Trois : alléger les charges sur le travail en équipe dans les entreprises, accorder une attention particulière aux PME et au statut social des indépendants.
Quatre : augmenter le taux d’emploi au terme d’une stratégie coordonnée entre le fédéral, les entités fédérées, les partenaires sociaux ; favoriser la mobilité géographique, professionnelle ainsi que la formation des demandeurs d’emploi ; réduire le coût du travail pour les bas salaires ; mettre en œuvre le Pacte de solidarité entre les générations.
Cinq : garantir le financement des soins de santé, affecter 340 millions aux dossiers urgents tels que l’accord Médico-mut, le traitement des malades chroniques, l’extension du maximum à facturer ; lancer un plan général de lutte contre le cancer.
Six : accroître la concurrence sur le marché énergétique en faveur des consommateurs ; mettre en œuvre les nouveaux objectifs Kyoto, développer les sources d’énergies renouvelables ; réduire les émissions de CO2, notamment dans le secteur résidentiel.
Sept : conclure de nouveaux contrats de gestion avec la SNCB, appliquer les états généraux de la sécurité routière.
Huit : poursuivre la simplification administrative.
Neuf : renforcer le plan d’action sur l’application des peines et la surpopulation carcérale ; développer des solutions alternatives pour la détention de familles avec enfants dans les centres fermés ; appliquer la loi sur les gardiens de la paix.
Dix : ratifier les textes du traité européen de Lisbonne.
En conclusion, un Verhofstadt provisoire mais qui ne craint pas le catalogue, et dix fois volontaire avec ça, car l’heure est grave : « La méfiance est la pire des choses qui peut arriver à la politique. » Or, ce sentiment « croît » dans la population après six mois de crise…
Guy Verhofstadt rappelle que Didier Reynders, vice-Premier, coachera un groupe de travail économie-écologie, en vue du gouvernement définitif. Pendant qu’Yves Leterme, l’autre vice-Premier, s’occupera d’institutionnel, ouvrant la discussion le 9 janvier dans un groupe de douze membres issus des partis, baptisé « Octopus », lui aussi pour anticiper l’exécutif de mars, et plus encore : car ce qui compte, explique Verhofstadt, c’est de « poursuivre le chemin du dialogue » dans un pays qui est « toujours parvenu à résoudre tout conflit, éclaircir toute contradiction, mener à bien tout débat, sans effusion de sang, sans cicatrices indélébiles, sans rancune ».
Hors hémicycle, Bart De Wever confirme l’abstention N-VA dimanche 23 décembre, qui ne votera pas la confiance à quelque gouvernement avant de voir advenir la réforme de l’Etat. Ils trépignent dans le cartel d’Yves Leterme !

L’urgence à l’économie pour Verhofstadt

Le Premier ministre Guy Verhofstadt a énoncé un programme limité en dix points à la Chambre à l’occasion de son allocution portant le gouvernement intérimaire. Verhofstadt et ses 13 ministres ont prêté serment ce matin devant le roi Albert II. Le trombinoscope du nouveau gouvernement.


Le gouvernement Verhofstadt III entend s’atteler à la confection d’un budget pour l’année 2008. « Nous devons nous réengager, dans les plus brefs délais, sur la voie du pacte de stabilité », a indiqué le premier ministre.
La coalition intérimaire a la volonté de résorber le déficit prévu pour l’année 2008, lequel devrait osciller entre 0,4 et 0,7 % du PIB.
L’exécutif a par ailleurs fait connaître son intention de soutenir le pouvoir d’achat de la population. Guy Verhofstadt a évoqué dans sa déclaration « une combinaison équilibrée d’augmentations des allocations les plus basses et d’adaptations au bien-être supplémentaires, en particulier pour les pensions, ainsi que des réductions d’impôt ciblées sur les bas et moyens revenus ». Le Premier ministre a également annoncé, en vue de contenir la hausse des prix, la conclusion « d’accords visant les secteurs tels que l’énergie et la distribution », « un suivi de l’évolution des prix, par des réductions de charges sur les produits énergétiques, l’extension du fonds mazout et une évaluation des tarifs sociaux ».
Comme annoncé, le gouvernement prévoit d’accorder « un ballon d’oxygène supplémentaire à l’industrie, plus particulièrement au travail en équipes et à l’économie de la connaissance ».
Stratégie pour l’emploi
En matière d’emploi sera élaborée « une stratégie commune avec les entités fédérées et les partenaires sociaux ». Par ailleurs, la politique d’activation sera « évaluée » en vue d’améliorer « l’accompagnement des demandeurs d’emploi dans le cadre d’un suivi renforcé ». Enfin, la mise en oeuvre du Pacte de solidarité entre les générations sera clôturée.
Soins de santé
En ce qui concerne les soins de santé, le gouvernement « exécutera strictement les décisions émanant du Conseil général » de l’INAMI. Le 15 octobre, le Conseil général de l’INAMI a approuvé le budget 2008 de l’assurance-maladie, confirmant la norme de croissance de 4,5 %. Par ailleurs, en concertation avec les entités fédérées, un plan général de lutte contre le cancer sera introduit.
Réduire les émissions de CO2
Dans le chapitre « Environnement », Guy Verhofstadt a évoqué la poursuite de l’effort en vue de réduire les émissions de CO2, tout en veillant à « soutenir les Régions, les industries et l’Union européenne dans la recherche de solutions aux problèmes qui se posent en matière d’allocations de quotas de CO2 pour la période 2008-2012 ».
La déclaration fait encore référence, en vrac, à la recherche de « règlements qui garantissent la continuation des prestations de services aux citoyens » (service minimum), au développement de « solutions alternatives » à la détention de familles avec enfants dans les centres fermés, à la mise en oeuvre de la loi sur la sécurité civile.
Enfin, Guy Verhofstadt a enjoint les différentes assemblées du pays à ce qu’elles ratifient rapidement le traité de Lisbonne visant à assurer « plus de démocratie et plus d’efficacité en Europe ».
Le Premier ministre a annoncé le développement d’une stratégie de communication active concernant la Belgique.
Verhofstadt demande la confiance
Le Premier ministre a replacé la formation du gouvernement intérimaire dans le contexte de la crise qui mine le pays depuis environ six mois. Il a énuméré le programme en dix points du gouvernement en vue de répondre dans l’urgence aux besoins de la population mais a mis en exergue l’inéluctable débat qui s’annonce sur la réforme des institutions et dont le résultat doit pouvoir servir à renforcer la prospérité.
« Bien entendu, notre pays n’est pas immunisé contre les conflits d’idées, de valeurs ou de culture. Ce n’est pas pour rien que nous vivons au carrefour de la culture européenne. Cependant, lorsque ces conflits désemparent une population, l’affaiblissent, ou risquent même de la paralyser, nous devons opter pour la voie qui a toujours constitué le fondement de notre prospérité : la voie du dialogue », a-t-il dit.
Le premier ministre a répété qu’il ne présiderait aux destinées du gouvernement que pendant une période limitée. « Au plus tard le 23 mars, le dirigeant de la principale formation, Yves Leterme, sera présenté pour mettre sur pied le gouvernement définitif », a reprécisé Guy Verhofstadt.
En vue de la constitution de ce gouvernement définitif, deux négociations parallèles seront lancées au début de l’année prochaine sous l’égide des deux vice-premiers ministres, a rappelé le premier ministre.
Présidé par Yves Leterme, un groupe « octopus », installé le 9 janvier, sera chargé de préparer la réforme de l’Etat ou en d’autres termes de réaliser un « Pacte en faveur d’un Etat fédéral renouvelé ». Il sera composé de douze membres « provenant des grands groupes démocratiques ». Les présidents de la Chambre et du Sénat pourront être conviés aux réunions. Le premier ministre soumettra lors du lancement des travaux de l’octopus sa note personnelle sur la réforme institutionnelle rédigée dans le cadre de sa mission d’information.
Par ailleurs, sous la direction de Didier Reynders, des discussions seront également menées sur les « défis économiques et écologiques majeurs », ainsi que sur « les problèmes de cohésion sociale ».
Le gouvernement définitif sera lui formé « à partir des formations qui constituent le gouvernement » intérimaire, a dit Guy Verhofstadt.
Le premier ministre a été longuement applaudi sur les bancs de la majorité, à l’exception du groupe CD&V/N-VA dont les députés ont réservé un accueil retenu à la déclaration de politique générale.
La Chambre votera dimanche la confiance au gouvernement.

Aucun commentaire: