24 décembre 2007

Le paquebot RTBF est à nouveau à flot

Le conseil d'administration a approuvé, vendredi, le projet de budget 2008 de la radio-télévision publique. Jean-Paul Philippot, patron de la RTBF, a présenté un projet à l'équilibre. L'entreprise peut ouvrir un nouveau chapitre.
entretien
Les finances de la RTBF sont à une petite marche de l'équilibre... On ose à peine y croire ! L'image du "Titanic" n'a plus de raison d'être pour qualifier le paquebot de Reyers. Financièrement parlant, le navire a retrouvé belle allure. Le plan Magellan, initié en 2003, a fait son oeuvre (avec, revers de la médaille, la mise à l'écart de plusieurs centaines de professionnels de la radio-télévision publique).
Vendredi, Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF, a fait avaliser ses comptes "à l'unanimité" du conseil d'administration. Et ils sont historiquement bons, comme il l'a détaillé à "La Libre".
Le plan Magellan prévoyait un retour à l'équilibre financier à la fin de cet exercice 2007. Ce ne sera pas tout à fait le cas. Vous avez pris du retard ?
Certainement pas. Il y a un an, j'avais déposé un projet de budget 2007 tablant sur un déficit de 759000 euros. Nous ferons mieux que prévu. On devrait se situer entre un déficit de 700000 euros et l'équilibre. C'est pas mal sur un budget de 280 millions... L'année 2007 n'a pas été simple. On a eu un premier semestre marqué par des recettes publicitaires inférieures à nos objectifs. Il a fallu, en cours d'exercice, prendre un certain nombre de mesures correctrices pour rester dans l'épure. Par contre, on connaît un quatrième trimestre très bon en termes de revenus publicitaires. Associé à un contrôle des coûts vigilant depuis avril-mai, ce regain de recettes permet à la RTBF de respecter l'objectif budgétaire. Et même mieux puisqu'on se rapproche de l'équilibre et qu'on dispose d'une bonne trésorerie.
Ces dernières semaines, des échos alarmistes avaient pourtant couru sur la situation budgétaire de la RTBF. Là, vous nous dites que tout baigne ?
A ceux qui ont pu faire courir ces bruits, j'ai répondu que nos comptes leur étaient ouverts et que le plus simple était de venir les vérifier. Personne n'est venu. Moi, je vous dis que la situation financière de la RTBF a été assainie structurellement sans faire appel à des trucs et ficelles. Que du contraire !
Comparativement à 2007, l'exercice 2008 devrait être plus facile, notamment avec les premiers effets budgétaires du nouveau contrat de gestion (2007-2011) négocié avec la Communauté française.
Le budget 2008 que j'ai déposé au conseil d'administration est à l'équilibre. On aura même un léger boni. Mais ce ne sera pas simple pour autant. On a eu les traditionnelles tensions au moment où il a fallu faire rentrer les ambitions de chacun dans les enveloppes budgétaires. C'est un budget qui a ses propres enjeux et contraintes. L'un des enjeux est la poursuite des investissements en radio et en télé, qui restent nos deux métiers de base. Ce sont les budgets qui connaîtront, en 2008, les plus fortes augmentations de moyens. C'est en outre un budget où la masse salariale augmente. Nous sommes aujourd'hui très proches de notre effectif cible (NdlR : 2 172 équivalents temps plein). En 2008, une partie importante du personnel va bénéficier des effets d'accords sectoriels signés en 2006 et 2007. Enfin, troisième élément marquant de ce projet de budget, ce sont les premières initiatives dans le cadre du développement stratégique de l'entreprise dans le domaine des nouveaux médias.
Domaine où la RTBF paraît être à la traîne face aux initiatives de la concurrence privée...
Nous restons, il est vrai, dans un cadre encore assez artisanal. On a une guerre en retard en matière de sites Internet d'informations. Il y a des initiatives à prendre et c'est pourquoi nous dégageons, pour 2008, des lignes budgétaires significatives pour investir dans les nouveaux médias.
Ce sera quoi la RTBF dans un monde de "convergence des médias" ?
C'est une entreprise qui a, et aura toujours demain, deux grandes caractéristiques. Un : une entreprise ancrée dans sa communauté. Deux : une entreprise de production de contenus. Nos médias de référence resteront la radio et la télévision. La convergence, pour nous, ira dans le sens d'un rapprochement des contenus audios et audiovisuels dans un univers qui deviendra plus interactif et mobile. Cette transition-là, nous devons évidemment en être. 2008 va être une année d'apprentissage des nouveaux outils numériques en télévision (NdlR : la RTBF a déjà investi plus de 40 millions d'euros dans la numérisation de sa chaîne de production TV). Cet apprentissage s'accompagne aussi d'une transformation des mentalités du personnel et d'une évolution des processus de travail visant à intégrer la convergence multimédia. Ce travail est en cours.

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