21 décembre 2007

A Pâques ou à la Trinité ?

Guy Verhofstadt réaffirme avec force qu'il quittera ses fonctions de Premier ministre le 23 mars 2008. Histoire de forcer un accord institutionnel avant Pâques. Il propose un "Pacte pour un Etat fédéral renouvelé". Le CD & V n'apprécie pas. Déjà !
Cent nonante-quatre jours de crise : cette fois, plus de doute. Les journaux et les télévisions arrêteront le compteur de la crise ce vendredi. Il n'y aura pas de 195e jour de crise. C'est aujourd'hui, en effet, à dix heures du matin, que le gouvernement de Guy Verhofstadt ira prêter serment entre les mains du roi Albert II, au Palais de Laeken.

La fine équipe (au PS, les 3 ministres seront finalement Laurette Onkelinx, Christian Dupont et Paul Magnette qui quittera la Région wallonne pour prendre en charge l'Environnement et la Consommation) reviendra ensuite au Parlement, pour une photo, sans le Roi cette fois. Suivra le premier Conseil des ministres du gouvernement Verhofstadt III dans la toute nouvelle salle du "16" rue de la Loi qui aurait dû être inaugurée il y a quelques semaines déjà. Une inauguration que, par décence, Guy Verhofstadt a reculée. Le Premier ministre ira ensuite lire la déclaration gouvernementale à la Chambre puis au Sénat. Le débat aura lieu dimanche matin à la Chambre et le vote définitif est attendu dimanche vers 16 heures. Au Sénat, il est possible que le débat ait lieu le lundi 24, à quelques heures du réveillon.
Le programme du gouvernement sera en fait assez succinct : il tiendra en dix points (voir ci-dessous).
Que le combat commence...
Les choses sérieuses commenceront donc en janvier. Le gouvernement Verhofstadt III (le p'tit troisième comme l'appelle la presse flamande) aura deux tâches principales : lancer la réforme de l'Etat dans le but d'arriver à un accord sur les contours de celle-ci avant Pâques et définir un ensemble de mesures socio-économiques.
C'est bien Yves Leterme, futur vice-Premier ministre et ministre des Réformes institutionnelles qui présidera le groupe de 12, chargé de négocier la réforme de l'Etat (voir page suivante). Mais c'est bien Guy Verhofstadt qui, dès le lancement des travaux, début janvier, alimentera la réflexion institutionnelle avec une note personnelle intitulée "Pacte pour un Etat fédéral renouvelé". Son but, en déposant cette note, est de lancer le combat car, depuis 6 mois, sur le ring institutionnel, les boxeurs n'ont fait que s'observer, sans jamais s'affronter. Il ne faudra pas attendre janvier : le CD & V a déjà incendié l'initiative de Guy Verhofstadt.
Que contiendra le document du Premier ministre, document qu'il glissera dans le rapport sur sa mission de formation qu'il confiera au Roi dans quelques jours ? Il y a presque un an, lors du discours aux Corps Constitués, il avait esquissé les contours d'une "Fédération de Belgique" qui, grâce aux réformes négociées, devrait remédier aux failles du système actuel comme l'éparpillement des compétences. À l'époque, il avait également souligné la nécessité, pour les entités fédérées, d'être responsables financièrement de leur politique et l'urgence de trouver un règlement négocier à la question de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Son credo était et est toujours : ni séparatisme ni immobilisme.
Mais pourquoi diable Guy Verhofstadt a-t-il choisi le 23 mars 2008 pour faire mourir le gouvernement intérimaire ? "Parce que ce seront les vacances de Pâques"...
Il faudrait donc ignorer les commentaires de ceux qui voient "Numero Uno" s'incruster au "16", rue de la Loi.. Vendredi après-midi, lors d'une rencontre informelle avec les journalistes politiques, Guy Verhofstadt n'a laissé aucune place au doute : quoi qu'il arrive, il partira le 23 mars 2008 et laissera le fauteuil au leader naturel du plus grand parti flamand, Yves Leterme. Une manière, sans doute, de mettre la pression sur les épaules de son successeur.
L'Europe, l'Europe, l'Europe
Il faudra donc s'habituer à ne plus voir, au "16" la silhouette un peu voûtée de ce passionné de tout... Que fera-t-il alors ? Il sera toujours sénateur. Mais il a déjà une autre idée, européenne évidemment. Il souhaite parcourir l'Europe, des Balkans à l'Ecosse et de la pointe de la Scandinavie à l'Espagne à la recherche de la vraie multiculturalité européenne. Car il en est persuadé : le côté cosmopolite de l'Europe est malheureusement en recul. Avant, dans certains villages des Balkans, explique-t-il, il y avait un vrai métissage : on trouvait encore des villages où l'on parlait jusqu'à 8 langues.
On s'éloigne, on s'éloigne, direz-vous. Si peu. Car l'homogénéisation linguistique, certains en rêvent aussi pour la Belgique.

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