Réplique francophone à la "Warande"
Deuxième réunion, hier, du Groupe Wallonie-Bruxelles. Avec les avis éclairés de quatre économistes, à l'aube des grandes négociations communautaires.
Alors que le Manifeste "In de Warande" (1) a bénéficié d'une couverture médiatique importante, les travaux de nos économistes ne sont pas connus du grand public" . Ce plaidoyer sort de la bouche de Philippe Busquin (PS), coprésident du Groupe Wallonie-Bruxelles, qui se réunissait pour la deuxième fois, hier, au Parlement de la Communauté française. A l'occasion de cette entrée dans le vif du sujet, les 34 membres (16 de la société civile et 18 politiques) du groupe initié par la ministre-présidente Arena (PS), ont entendu quatre experts en économie, qui ont dressé pour eux un état de la situation dans l'espace Wallonie-Bruxelles.
De quoi alimenter la réflexion des partis francophones et "éclairer les discussions au fédéral" , dixit M. Busquin. Vu que les besoins en la matière sont plutôt urgents, le Groupe Wallonie-Bruxelles travaillera à un rythme "soutenu" , avec une séance plénière mensuelle, précédée de réunions restreintes par thèmes (2) , qui devraient déboucher sur des "rapports intermédiaires dès début mars" , insiste Antoinette Spaak (MR), coprésidente.
Mais qu'ont-ils donc raconté, ces économistes ? Michel Mignolet (Facultés de Namur) a d'abord relativisé "l'ampleur des transferts au bénéfice de la Région wallonne" (notamment pointé dans le Manifeste "In de Warande"). Il s'est aussi attaché à démontrer que Bruxelles, mais également la Wallonie, auraient intérêt à revendiquer un partage de l'impôt sur les personnes physiques sur base du lieu de travail, et non du domicile.
Pas comme en 89
Paul Kestens (ULB), pour sa part, a voulu sensibiliser les francophones à l'importance d'identifier précisément, au niveau de chaque entité fédérée, les dépenses de sécurité sociale, ce qui permettra de "cerner les conséquences économiques et sociales des propositions institutionnelles et de ne pas retomber dans les erreurs commises lors de la négociation de 1989".
Robert Plasman (ULB) s'est, lui, concentré sur les dangers d'une défédéralisation de la sécurité sociale (impact des coûts du vieillissement), des politiques d'emploi (au détriment des autres branches de la Sécu d'une part; des Régions wallonne et bruxelloise d'autre part) et des négociations salariales (sur le financement de la Sécu).
Enfin, Robert Deschamps (Namur), a insisté pour que les francophones se donnent pour priorité n°1 de mieux organiser leur enseignement, bien financé mais pas efficace. Il a conclu en signalant que la Belgique n'était pas la Tchécoslovaquie et qu'en cas de scission, "tout le monde va y perdre". Il vaudrait mieux "améliorer le fonctionnement du fédéralisme via la responsabilisation des Régions et la coordination par le Fédéral".
Prochaine séance plénière, le 29 janvier, avec l'audition des constitutionnalistes Dumont (St-Louis), Scholsem (ULG), Uyttendaele (ULB) et Verdussen (UCL). Une plongée, sans plus attendre, au centre des institutions francophones et de leur organisation, coeur même de la mission du Groupe Wallonie-Bruxelles.
(1) Manifeste pour une Flandre indépendante en Europe, rédigé fin 2005 par un groupe de patrons et leaders d'opinion flamands.
(2) Quatre sous-groupes : 1° Matières économiques, sociales, mobilité et développement durable (présidence : Christophe Collignon - PS). 2° Matières personnalisables (Dominique Braeckman - Ecolo). 3° Enseignement, formation, recherche (Anne-Marie Corbisier - CDH). 4° Culture (Richard Miller - MR).
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