André Gilles, le député cumulard
Le député permanent (PS) a été président et directeur de la Jemepienne durant 10 ans. Pas de trace d'approbation des notes de frais qui sont mal justifiées au sein de la société.
Après Charleroi, le bassin de Liège serait-il dans l'oeil du cyclone? Le premier examen de la Société wallonne du logement (SWL) a épinglé deux sociétés de logements publics dont la «Jemepienne» (Seraing). Elle vient d'ailleurs de recevoir une visite de 5 jours des enquêteurs de la SWL pour un examen approfondi.
En matière d'éthique, c'est la situation de son président André Gilles (PS) qui interpelle. Député permanent, il a cumulé pendant plus de 10 ans les fonctions de président et directeur-gérant de la «Jemepienne» avec à la clé une rémunération mensuelle de 4 458 €, sans compter les jetons de présence. «Il n'y avait pas d'incompatibilité légale à assumer les deux fonctions, il n'y avait pas de cumul de rémunérations puisqu'en tant que président, je faisais le travail du directeur-gérant et que ma rémunération a juste été augmentée. D'ailleurs, depuis novembre 2005, il y a un directeur-gérant distinct du président et ma rémunération a été revue à la baisse. Sans attendre qui que ce soit, depuis janvier, j'ai fait baisser ma rémunération de président et je ne touche que 279 €/mois», dit André Gilles.
Il détient au total une dizaine de mandats dont 4 rémunérés (président de l'Association liégeoise d'électricité, etc.). Mais curieusement, on ne retrouve pas trace de son mandat de président de la «Jemepienne» dans la liste du «Moniteur belge». «C'est une erreur du «Moniteur», car j'ai tout envoyé», précise-t-il.
Le résumé des travaux de «scanning» de la SWL indique plusieurs dysfonctionnements et des conflits d'intérêts à la «Jemepienne». «Pas de cahier de charges pour les procédures négociées, certaines clauses étaient de nature à limiter ou exclure le jeu normal de la concurrence», lit-on dans le résumé confidentiel dont nous avons eu connaissance. Le réviseur externe Wilmet qui a ausculté la société indique que le comité d'attribution des logements ne rend aucun compte au conseil d'administration. «Il existe selon les informations recueillies un risque de conflit d'intérêts potentiel dans la mesure où la mère d'un administrateur est locataire, le fils d'un administrateur est ouvrier dans la société. Il n'y a aucune procédure particulière qui encadre le choix du commissaire-réviseur. Pas d'évaluation annuelle», écrit-il.
Vol dans la caisse
En ce qui concerne l'organisation administrative et financière, les risques identifiés par le réviseur sont importants: pas de trace d'approbation des notes de frais, justifications incorrectes des notes de frais. Le réviseur Wilmet redoute des risques de favoritisme dans l'attribution de certains marchés. «Les frais généraux liés à l'entretien et aux réparations du parc immobilier sont importants et confiés principalement aux fournisseurs Votre style et Weiler & fils», note-t-il. Il relève l'absence de la double approbation des frais généraux comme prévu par la procédure. Il dénonce aussi une procédure d'engagement du personnel «très informelle». Le comptable serait seul responsable de la caisse qui présente un vol de 1 798 € en janvier.
© La Libre Belgique 2006 - Mis en ligne le 07/06/2006
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