12 juillet 2008

Le rapport qui secoue les francophones

La synthèse Busquin-Spaak sur l'état des travaux du groupe Wallonie-Bruxelles n'a pas plu à tout le monde. Régionalisation, méthode, timing : pluie de reproches. Les deux coprésidents rassurent, se justifient et contre-attaquent.
Antoinette Spaak (MR) et Philippe Busquin (PS) ne se sont pas fait que des amis, jeudi, en présentant leur rapport de synthèse des travaux du groupe Wallonie-Bruxelles ("La Libre" du 10/07)). Leur statut de sages parmi les sages ne leur a pas évité une volée de bois vert, venu de tous côtés. Sur la forme (méthode de travail, timing) comme sur le fond (orientations régionalistes), leur intervention n'a pas plu aux membres du groupe chargé de plancher sur l'avenir institutionnel des francophones. Morceaux choisis.
Par exemple, tenez
Virulent. "Le rapport Busquin-Spaak est une faute politique", balance Ecolo, dans un communiqué assassin. "Alors qu'il apparaît nécessaire de définir les points d'équilibre permettant d'aboutir à des conclusions fortes et larges, les coprésidents ont choisi de déposer un rapport élaboré de façon totalement unilatérale. [...] A l'heure où les relations entre les Communautés de ce pays sont en débat et où des questions essentielles pour l'avenir de la Belgique sont posées, il est par ailleurs insensé de tenter un coup de force en déposant un rapport partial."
Déçu. Denis Grimberghs (CDH) : "Nous regrettons cette initiative personnelle des coprésidents, que nous devrons encadrer à l'avenir, et surtout qu'à aucun moment il ne soit fait une présentation positive des compétences de la fédération."
Paternaliste. Marie Arena (PS), mère spirituelle du groupe de réflexion, a grondé son enfant. "Sur l'emploi, le groupe a dépassé les missions qui lui sont données, a-t-elle dit sur Bel-RTL. Qu'il se prononce aujourd'hui sur ce qu'il faudrait régionaliser, venant du fédéral, je trouve cela particulier."
Exaspéré. "Si c'est pour aller vers une régionalisation accrue et donc une séparation des intérêts francophones au moment où, au niveau fédéral, on a tellement besoin de cette cohésion francophone, alors nous ne marquerons pas notre accord", râlait Richard Miller (MR) sur RTL.
Le moment auquel le duo Spaak-Busquin déboule avec son rapport, à la veille de la fête flamande et, surtout, une centaine d'heures avant le fatidique 15 juillet, était-il, en effet, le bon ?

Pour Antoinette Spaak, "on ne doit pas toujours se situer par rapport au fédéral. Nous devons, en tant que francophones, définir notre avenir commun". Philippe Busquin, lui, insiste sur l'importance qu'il y a à rappeler le concept central de leur synthèse : "Une Fédération Wallonie-Bruxelles, c'est 2 contre 1 (NdlR : Wallonie et Bruxelles contre Flandre). Ce n'est pas innocent de dire cela avant le 15 juillet."
Les deux coprésidents ont néanmoins tenu à rassurer leurs collègues. Leur rapport n'était qu'une contribution personnelle, une pièce à casser. Les débats vont se poursuivre à la rentrée, chacun ayant pour devoir de vacances de se prononcer sur les différentes propositions figurant dans la synthèse. L'objectif étant, selon M. Busquin, de "rédiger, avant les régionales de juin 2009, un rapport sur lequel tout le monde sera d'accord. Nous essayerons d'avoir un tronc commun le plus large possible." Mais ce rapport final, prévient déjà Mme Spaak, "c'est Philippe et moi qui devrons le rédiger".

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