19 juillet 2008

La "secret story" de Belgacom

Un noyau d'administrateurs a mené la fronde pour que le CEO Bellens ne rempile pas. Ils lui reprochent de n'avoir pas fait de "deals" à l'étranger comme celui avec KPN. Le comité de rémunérations discuterait déjà du contrat du futur CEO de l'opérateur.
Le vent semble avoir changé de direction dans le dossier de renouvellement ou non du mandat de CEO de Didier Bellens à la tête de Belgacom. Selon nos infos, les opposants à son maintien se compteraient désormais sur les doigts d'une main. Et encore. Car au fil des jours, des proches observateurs du dossier sont arrivés à la conclusion que la croisade de certains administrateurs contre Didier Bellens ne reposait sur rien de concret, ni d'impartial. Son mandat arrive à échéance en mars 2009, mais l'intéressé doit être prévenu de son sort 6 mois à l'avance, soit au plus tard fin août. Mais d'où vient cette inimitié des administrateurs décidés à obtenir le départ de l'actuel patron de l'opérateur dont les résultats à la tête du groupe sont plutôt bons? Il a réussi son entrée en bourse et versé un dividende de plus de 393 millions d'euros à son actionnaire de référence (l'Etat fédéral) pour l'exercice 2007. Sans oublier que l'entreprise a une bonne réputation dans son secteur à l'étranger. Officiellement, les opposants reprochent à Didier Bellens de ne pas avoir réalisé d'acquisitions d'entreprises ou de réalisation de "deals" transformationnels à l'étranger.
Opposants menés par Lippens
Selon des confidences, les meneurs de la fronde seraient pilotés par MM. Maurice Lippens (Fortis), Georges Jacobs (ex-UCB) et Lutgart Van den Berghe (professeur à l'Université de Gand et à la Vlerick school). Ces deux derniers administrateurs sont membres du comité de rémunérations de Belgacom, organe qui avait commandé le rapport d'évaluation de Didier Bellens. Ce rapport négatif a été réalisé par le bureau Hudson, ex-De Witt&Morel, cabinet de conseil spécialisé dans le recrutement professionnel, créé par le Gantois Ivan De Witt, ancien professeur à la Vlerick school et membre (tout comme Lutgart Van den Berghe) du conseil général de la haute école de management. D'où la méfiance de plusieurs acteurs du dossier Belgacom sur le rapport Hudson sur lequel le conseil d'administration de l'opérateur ne s'est même pas prononcé.
Le réseau qui entend détrôner Didier Bellens a d'autres relais. Lutgart Van den Berghe est aussi l'administrateur délégué de Guberna, l'institut des administrateurs et qui défend la bonne gouvernance et se veut un organe d'assistance et de conseil des administrateurs. Son président n'est autre que Maurice Lippens et Didier Bellens en est membre. "Ces administrateurs en veulent à Didier Bellens parce qu'il a refusé de suivre la voie des acquisitions transformationnelles qu'ils ont voulu imposer à Belgacom. Or, cette voie aurait conduit à une dilution de la participation du Fédéral et à une réduction de valeur. Ils lui en veulent aussi parce qu'il n'est pas quelqu'un qu'ils ont adoubé et qui ferait tout ce qu'ils veulent", analyse une source proche du dossier.
Belgacom-KPN/Fortis-ABN
Le refus du CEO de Belgacom de ne pas réaliser le rapprochement avec l'opérateur néerlandais KPN serait resté en travers de la gorge de certains administrateurs. Or, M. Lippens aurait défendu ce rapprochement et serait même allé voir, en 2007, sans aucun mandat, le patron de KPN, Ad Scheepbouwer pour défendre le "deal". Il aurait été question notamment d'installer le quartier général du nouveau groupe, si le "deal" avait abouti aux Pays-Bas. Coïncidence, c'était à la même époque que le même M. Lippens discutait de l'opération Fortis-ABN Amro.
Le président du conseil d'administration (CA) de Belgacom, Théo Dilissen aurait aussi joué un rôle ambigu et pas très favorable à son CEO. Il n'aurait pas digéré que Didier Bellens soit allé voir, l'an dernier, le Premier ministre Guy Verhofstadt sans le lui avoir dit. Aujourd'hui, les opposants semblent avoir échoué dans leur tentative et même si Didier Bellens n'est pas un as des relations humaines et qu'il n'a pas que des amis, les résultats de Belgacom plaident en sa faveur. S'il est reconduit, des départs d'administrateurs ne sont pas exclus.
En attendant, le comité de rémunérations de Belgacom discuterait déjà du contrat du futur CEO de l'opérateur dont la désignation pourrait intervenir la semaine prochaine. Le sujet planera (il pourrait même être abordé) ce 24 juillet lors de la réunion du CA de Belgacom qui doit étudier les résultats trimestriels du groupe.

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