12 juillet 2008

La CPI va réclamer un mandat d'arrêt contre le président soudanais

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, va réclamer un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour les crimes commis au Darfour, a indiqué vendredi le département d'Etat américain, confirmant des informations de presse."A ma connaissance, le procureur a l'intention de se rendre devant unpanel de juges pour présenter des informations et réclamer un mandat d'arrêt", a dit le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Sean McCormack, interrogé sur une mise en cause du président soudanais.Plusieurs journaux, dont Le Monde et les quotidiens britannique The Guardian et The Washington Post avaient auparavant affirmé que Omar el-Béchir allait être mis en cause lundi pour des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide commis au Darfour (ouest du Soudan)."Le bureau du procureur refuse de donner des détails. Le procureurprésentera cela devant le juge de la Cour lundi et ne donnera de détails à la presse qu'après", a indiqué sa porte-parole à l'AFP."S'il y a une décision concernant le président Béchir, cela peutdétruire le processus de paix", a réagi le ministre d'Etat soudanais auxAffaires étrangères, Al-Samani al-Wasila. "Dans cette situation, le Soudan ne coopèrera jamais avec la CPI", a ajouté à l'AFP ce ministre.M. Moreno-Ocampo avait annoncé jeudi dans un communiqué qu'il présenterait lundi devant les juges de la CPI de nouvelles "preuves" de crimes commis ces cinq dernières années contre des civils au Darfour et "nommer(ait)" ceux qui en sont responsables selon lui.Selon M. McCormack, "le panel de juges va prendre en considération larequête (...) et prendre une décision au bout d'un certain laps de temps".Sous la présidence de George W. Bush, les Etats-Unis ont retiré en2002 leur signature du statut de Rome, fondateur de la CPI, arguant du fait que la Cour pénale pouvait remettre en cause des décisions de la justice américaine.Selon le 'Washington Post', cette première mise en cause par la CPId'un président en exercice pour génocide et crimes contre l'humanitéinquiète à l'ONU. "Le département du maintien de la paix de l'ONU craint des mesures de rétorsion des forces soudanaises à l'encontre de la MINUAD (mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour)", a précisé Le Monde.La Maison Blanche a appelé le gouvernement soudanais à coopérerpleinement avec la Cour, comme le dit la résolution 1593 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU le 31 mars 2005.La CPI a déjà émis deux mandats d'arrêt contre des Soudanais impliqués dans le conflit pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. M. Moreno-Ocampo réclame depuis avril 2007 l'arrestation de Ahmed Haroun, actuel ministre soudanais aux Affaires humanitaires, et Ali Kosheib, un chef de la milice pro-gouvernementale janjawid toujours stationné au Darfour. Mais M. el-Béchir a toujours refusé de les remettre à la CPI.Depuis 2003, les forces gouvernementales appuyées par les milicesarabes janjawid luttent contre des mouvements rebelles du Darfour. Le conflit a fait plus de 300.000 morts et entraîné le déplacement de 2,2 millions de personnes, selon l'ONU. Khartoum parle de quelque 10.000 morts.Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme avaientdemandé que ces nouvelles accusations du procureur de la CPI concernent des personnalités de rang élevé dans la hiérarchie soudanaise."Pour nous, c'est exactement pour cela que cette institution a été créée, à savoir la lutte conte l'impunité", s'est réjouie Géraldine Mattioli, de Human Rights Watch.

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