28 août 2008

Un enfant sur trois n'écrit pas correctement

Dans une classe de primaire, de six à dix élèves ont des problèmes graphomoteurs. Lorsqu'ils sont graves, ils peuvent conduire à l'échec.

L’écriture est un vecteur vital de communication. Aussi important qu’un sourire. Un enfant qui écrit mal en souffre dans sa vie quotidienne.
Avant, mon fils était un enfant très sociable, drôle et joueur. Maintenant, il éprouve plus de difficultés à nouer contact. Souvent, il ne se sent pas bien et adopte un comportement difficile. Il se plaint plus qu'avant, s'éveille de mauvaise humeur, dit se sentir malheureux et se dispute plus souvent avec ses frères. » Les parents du petit Dries, 9 ans, ont fini par identifier la source du changement de comportement de leur enfant. Dries éprouve des difficultés à écrire correctement. A l'école, il se sent à la traîne, largué, dévalorisé, et son humeur s'en ressent. Il n'a plus confiance en lui.
Son cas n'est pas isolé. A en croire une vaste étude commanditée par le fabricant de matériel scolaire Pelikan, un enfant sur trois souffrirait en Belgique de problèmes d'écriture. L'enquête, menée pendant six mois, a consisté à interroger de façon dynamique des parents, des instituteurs de maternelle et primaire, des thérapeutes et coordinateurs de soins. Elle a pu collecter des informations concernant près de 40.000 enfants des quatre coins du pays. C'est la première du genre. Et selon ses auteurs, il y a de quoi tirer la sonnette d'alarme.
Un enfant sur trois, ce qui veut dire, concrètement, six à dix élèves par classe du primaire, ne parvient donc pas à écrire correctement. Principales difficultés ? Ils adoptent une position tendue ou crispée, tiennent mal leur bic ou leur stylo, produisent des lettres irrégulières, voire illisibles, écrivent lentement ou n'arrivent pas à se concentrer. Certains écrivent même à l'envers : on parle d'écriture spéculaire. Ces problèmes sont graves chez un enfant sur dix, soit deux ou trois élèves par classe, acculés au décrochage pour cause d'écriture déficiente.
Car les conséquences peuvent être lourdes. « L'enfant qui n'est pas à même de produire une écriture lisible voit ses possibilités de communication sérieusement entravées, tant à l'école que dans la vie sociale et, plus tard, en société », estiment les auteurs de l'étude. Thérapeutes et instituteurs confirment : les problèmes graphomoteurs rencontrés par certains enfants ont une influence sur leur développement émotionnel. Ils perdent confiance, leur attitude face au travail et à l'étude s'en ressent, leurs résultats aussi. La démotivation est fréquente, voire le refus d'aller à l'école. Et quand ces enfants passent dans le secondaire où le rythme est plus soutenu, ils ne peuvent pratiquement plus suivre.
Les problèmes sont aussi physiologiques : douleurs à la main, au poignet, à l'épaule, fatigue, déconcentration, troubles du comportement… Pour la graphothérapeute Sylvie Tramasure, 9 % des enfants concernés sont victimes d'un déficit de l'attention (avec ou sans hyperactivité), 8 % sont dyslexiques, 2,5 % dyspraxiques, 1,8 % atteints de troubles neurologiques… et 25 % sont des surdoués qui s'ignorent !
Dans la plupart des cas, les problèmes d'écriture apparaissent tôt, quand les enfants ont entre 4 et 8 ans. Mais l'étude montre qu'ils sont décelés plus tard, parfois trop tard. Et quand ils le sont, parents et instituteurs ne savent ni quoi faire ni à qui s'adresser. « Les professeurs m'avaient informée sur les problèmes d'écriture d'Akira, témoigne cette maman, mais avaient relégué le problème au second plan, disant que ça se rétablirait tout seul, qu'il avait besoin de plus de temps que les autres. Il se plaignait de fatigue et de crampes, son écriture devenait laide. A la longue il ne voulait plus écrire. Il m'a fallu un an pour trouver un thérapeute. Après un mois et demi, Akira écrivait de nouveau avec fluidité ».
La majorité des thérapeutes estiment pourtant que le problème s'aggrave. En cause ? On incrimine volontiers l'ordinateur et le temps de plus en plus limité consacré par les enfants à l'écriture ou aux activités de bricolage susceptibles de les aider à développer leur motricité fine. La plupart des spécialistes s'accordent cependant à considérer que c'est moins une question de quantité, que de qualité. Et ils sont unanimes : la place et l'attention accordées à l'apprentissage de l'écriture ont sérieusement diminué à l'école ces vingt dernières années. Les enseignants ont beau se dire majoritairement attentifs à la question, ils s'avouent peu formés et, surtout, soumis à la pression du temps. La photocopie a supplanté la prise de notes manuscrite. Et le plaisir de la calligraphie soignée a cédé la place à la pression des rythmes d'apprentissage élevés. Attention, danger ?

Le B.A.-BAUne bonne prise en main. Il n'existe qu'une bonne façon de tenir son crayon, bic ou stylo pour écrire : la prise dite « tripode ». L'instrument d'écriture doit reposer sur la première phalange du majeur et être soutenu par la partie latérale du pouce. L'index se dépose ensuite en toute légèreté, un peu recourbé. Une bonne position. La chaise doit être assez proche de la table, les pieds doivent reposer sur le sol et les genoux ne doivent pas être trop hauts. Le dos doit être droit et les épaules légèrement inclinées vers l'avant, pour que la distance entre les yeux et la feuille soit d'environ 30 cm. La feuille doit former un angle de 20º par rapport au bord de la table et être inclinée vers la gauche pour un droitier, vers la droite pour un gaucher.Un bon matériel. Lorsqu'il commence à écrire, l'enfant doit apprendre à gérer son mouvement. Il faut donc opter pour un matériel offrant une certaine résistance : un papier rugueux et des crayons ou pastels. A éviter : le stylo à bille, qui n'offre aucune résistance et empêche l'enfant de sentir ce qu'il écrit.

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