« Bruxelles, Région spéciale et spécifique »
« Peeters rompt le pacte des Belges »
Les propos du ministre-président flamand Kris Peeters faisant de la Région bruxelloise une institution « spéciale » non directement associable au dialogue de communauté à communauté constituent une « rupture du pacte entre les Belges », réagit le ministre-président de la Région-capitale Charles Picqué.
Le ministre-président flamand Kris Peeters a répété samedi dans le quotidien Le Soir qu'il était prêt à représenter la Flandre dans un dialogue de communauté à communauté en vue d'une réforme de l'Etat, rappelant qu'à ses yeux la Région bruxelloise ne pouvait y être directement représentée, car elle constitue une entité « spécifique » voire « spéciale ».
Il s'agit à cet égard d'une « rupture du pacte entre les Belges », a indiqué dimanche le ministre-président bruxellois, Charles Picqué, interrogé par l'agence BELGA.
« Les Bruxellois ont obtenu la reconnaissance de leur Région il y a maintenant vingt ans », a rappelé M. Picqué. « Le fait de ne pas vouloir associer Bruxelles aux discussions sur l'avenir des Belges, c'est faire montre d'un mépris qui devient totalement intolérable », a-t-il ajouté, soulignant que la proposition de M. Peeters visait « la négation d'un million de Belges pourtant intéressés par le sort qu'on entend leur réserver ».
Le ministre-président Picqué a par ailleurs indiqué que la prise de position de son alter ego flamand était aussi intolérable « pour les Flamands de Bruxelles ». Il constate à cet égard que la bonne entente qui caractérise le dialogue entre Wallons et Bruxellois n'est pas de mise entre institutions bruxelloise et flamande. Selon lui, cela s'explique par le fait que « d'un côté, on est traité d'égal à égal, de l'autre, on entend s'occuper des Bruxellois mais sans eux ».
Kris Peeters, Comment voyez-vous Bruxelles ?
A mes yeux, Bruxelles est une Région à la fois spécifique et spéciale, dans le sens positif du terme. Spéciale, parce que c’est la capitale de la Belgique, de la Flandre, de l’Europe. Et spéciale, aussi, parce que c’est une grande ville multiculturelle. J’espère que nous pourrons parler de l’avenir de Bruxelles. Qui peut du reste légitimement dire qu’elle a un problème de financement. Les transferts filent vers la Wallonie en passant au-dessus de la tête de Bruxelles, qui n’a pas son dû.
Bruxelles peut-elle être présente à la table des négociations ?
Nous n’excluons pas Bruxelles du dialogue. Dans l’accord de gouvernement flamand, on précise que la Belgique est constituée de deux entités fédérées, avec une approche spécifique pour Bruxelles et la communauté germanophone. Les francophones disent que Bruxelles est une Région comme la Wallonie ou la Flandre. Je trouve ça un peu étrange, car c’est notre capitale et c’est par définition un statut spécifique. Bruxelles a un potentiel énorme et nous devons l’aider à se développer. Bien sûr, cela concerne les Bruxellois mais aussi les Flamands et Wallons. Parce que c’est notre capitale. Les efforts en matière de financement, nous devons les faire ensemble. Et nous ne pouvons pas, avant même que le dialogue ne soit lancé, apporter une réponse à la question de son statut.
Mais pour les francophones, la présence de Bruxelles à la table, d’entrée de jeu, est essentielle…
Je n’ai pas de problème à impliquer Bruxelles surtout quand on discute de questions bruxelloises. Comme on le fera avec le fédéral. La vraie question, c’est comment et quand. C’est à cela que travaillent les médiateurs. Mais un dialogue de Communauté à Communauté, ça se fait à deux.
Quel statut devrait, selon vous, avoir Bruxelles ?
L’accord du gouvernement flamand précise que Bruxelles doit être une Ville-Région. Je pense que nous avons commis l’erreur, en Flandre, d’avoir des relations difficiles avec Bruxelles, de ne pas y investir assez. Par certaines positions, nous la poussons dans les bras de nos amis wallons. Or, il y a des Flamands qui vivent à Bruxelles. Il faut donc discuter, en toute transparence, dans la confiance, de l’avenir de Bruxelles. Et Bruxelles ne peut pas dire « donnez-nous de l’argent et c’est tout, pour le reste, ne vous mêlez pas de nos affaires ». C’est trop facile et ce n’est pas une attitude très positive.
La crainte du côté francophone, c’est que la Flandre rêve d’une cogestion de Bruxelles par les deux communautés. Fondée ?
Il y a des craintes des deux côtés : en Flandre, on a peur du corridor. On craint que Bruxelles soit annexée par la Wallonie. Pour que le dialogue soit un succès, il faut oublier les peurs et discuter. Pour le reste, je ne vais pas anticiper le débat.
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