Les trois semaines de Daerden en Chine
L'entourage. Réparti en trois convois de six jours, en fonction du programme. Les collaborateurs du cabinet se sont ainsi succédé, faisant parfois place à des hôtes plus « spécifiques » tels Maurice Semer (Groupement de redéploiement économique liégeois) pour la visite du port de Shanghai (liée aux projets du port autonome de Liège) ou Stéphane Moreau (patron de Tecteo) pour de premiers contacts bilatéraux entre câblos wallons et le gestionnaire du câble à Pékin, notamment sur la question des décodeurs.
Le contenu. Hormis les compétitions, Daerden s'est rendu chez BEA, entreprise liégeoise à Pékin, dans une entreprise équipée par CMI, chez le gestionnaire de réseau Gehua, chez Orthodyne (entreprise ansoise à Pékin), dans le parc industriel de Shanghai où s'est installé Magotteaux, au port, au circuit de F1, chez Touchroad, société chinoise investissant à La Louvière. Il a rencontré les ministres européens des Sports, celui de la Chine en tête-à-tête, déjeuné avec le président du COIB, refait le monde (sportif) avec André Stein (COIB), visité le village olympique, rencontré les ambassadeurs belges de Shanghai et de Pékin.
Le coût. Non révélé. Selon son cabinet, le voyage du ministre et de trois de ses collaborateurs a été endossé par le Commissariat Général aux Relations Internationales. Le reste par le COIB.
SON SÉJOUR à Pékin fut le plus long de sa carrière, à l’étranger. A quel coût ? Le ministre des Sports de la Communauté française ne le dit pas.
Michel Daerden s’est rendu, mardi dernier, à la demi-finale Belgique-Nigeria, au stade de Shanghai. Il a voulu, sans doute pour la première fois de sa carrière, s’asseoir sur les bancs parmi les supporteurs, loin des tribunes officielles où se tenait Yves Leterme. Il était lassé de chercher le reste de la troupe de Belges parmi des dizaines de milliers de spectateurs.
Quittant le stade, transformé en fournaise, le ministre a posé avec des Chinois qui le lui ont demandé. Juste parce qu’il est Belge, comme les joueurs de foot de la soirée, et que les Asiatiques dégainent vite leur appareil photo.
Car « Papa », les Chinois ne connaissent pas.
En bordure de l’artère jouxtant le stade de Shanghai, Michel Daerden attend une voiture pour se rendre dans un resto-bar d’expatriés, où l’a invité l’ambassadeur. Sans daerdenmania, presque parmi les anonymes, il poireaute près d’une heure. Le ministre a dû aller loin pour recevoir cette leçon d’humilité…
Il n’était d’ailleurs jamais parti si loin, si longtemps, en 59 ans d’existence. « Ils vont me faire mourir, ces Chinois », lance-t-il, faisant les cent pas.
Un texto tombe sur le mobile d’une attachée du COI. « Mauvais article dans le “Morgen” », résume le SMS, sans plus de détails. Petit conciliabule, puis décision : il faut le dire au Ministre.
L’intéressé hausse les épaules : « Qu’est-ce qu’ils ont trouvé à me reprocher ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? » André Stein, président de la Fédération francophone de tennis, membre de l’exécutif du COIB, par ailleurs libéral, sursaute : « C’est n’importe quoi ! Quand j’ai entendu ce qu’on disait en Belgique sur ce match de tennis qu’il aurait perturbé, je me suis demandé où ils avaient été trouver ça ».
Second texto, plus explicite : ce « mauvais » article ne concerne pas Daerden comme tous l’ont spontanément pensé, mais le COIB. Le ministre sourit. Ses yeux se remettent à pétiller. Pour une fois que ce n’est pas lui…
Le séjour chinois de Michel Daerden se prolongera jusqu’au 26 août. Presque trois semaines d’immersion au bout du monde, flanqué de quelques motivés qui ont tenté, en l’accompagnant presque partout, de donner à ce ministre qui n’a rien d’athlétique un maximum de notions sur le sport de haut niveau. Baladé entre des visites économiques et diplomatiques, les compétitions, les repas avec représentants du COIB et autres, le ministre reviendra sans doute épuisé, mais n’aura pas pour autant négligé l’apéro. « Face à Michel, les Flamands de l’hôtel ont eu les yeux écarquillés durant tout le séjour, confie André Stein. Mais moi qui ai tenté de le suivre durant ses visites, je rends mon tablier. Il a une résistance incroyable. »
Le lendemain, journée chinoise type pour le ministre : retour à Pékin à 6 heures du matin, après quatre heures de sommeil, visite et dîner dans une entreprise sidérurgique équipée par CMI, après les deux heures de vol. Puis match de ping-pong pour supporter Saive, en fin de journée. Dur, mais Jean-Mi est Ansois… Il ne peut pas le rater.
Pendant sa longue escapade chinoise, « Papa » aura conservé ses mimiques, ses expressions, qualifiées par certains observateurs de « pitreries ».
A chaque aéroport, la sécurité lui a confisqué des paquets de briquets ; Elle a même fait sauter le GSM qu’il avait oublié dans un resto huppé. On ne peut rien y faire : même plongé dans un quasi-anonymat, Michel Daerden reste ce qu’il est.
Le ministre aura aussi testé, avec un accent inimitable, ses capacités en néerlandais et en anglais, résisté patiemment à la longueur des discours des chefs d’entreprise chinois, essayé d’appréhender, avec sa machine à calculer mentale, les investissements à concéder pour que la Belgique n’ait pas, dans six ans, à pleurer son manque de médailles.
Le représentant des francophones de Belgique à Pékin est resté à son image. Celle d’un bon vivant, peu épargné par les critiques. Mais il aura aussi fait preuve d’endurance, là où certains espéraient peut-être le voir craquer.
Au fil d’une montagne de visites et de réceptions, il s’est révélé être un athlète. A sa manière… Dans une discipline que personne n’osera créer.
JO – Daerden satisfait, Anciaux déçu
Le ministre francophone Michel Daerden estime que le bilan des sportifs belges aux Jeux de Pékin est globalement satisfaisant. Au contraire de son homologue flamand, Bert Anciaux, déçu dimanche du peu de médailles, malgré quelques « moments splendides ». Soulignant la faible 46e place de la Belgique au tableau des médailles, il évoque aussi le besoin de davantage d’efforts de la part de la Communauté française.
Les photos de la cérémonie de clôture.
Le ministre francophone des Sports, Michel Daerden estime que le bilan des sportifs belges à Pékin est globalement satisfaisant. "Au-delà des médailles, qui nous classent parmi les 50 premières nations sur plus de 200, nous avons enregistré quelques résultats non négligeables", a commenté le ministre, citant entre autres la 4e place des Diablotins au football, le bon résultat des athlètes masculins au 4x400m ou encore les résultats intéressants des Lions au hockey.
Ce qui semble particulièrement positif aux yeux du ministre est l'espoir suscité par les résultats des jeunes sportifs. "Le nageur Yoris Grandjean a battu son record de Belgique et les footballeurs espoirs se sont bien débrouillés. Ca veut donc dire que nous avons pas mal de potentialité pour les Jeux de 2012 à Londres", estime Michel Daerden.
Mais pour entretenir ce potentiel, des efforts doivent être réalisés. Le ministre communautaire a ainsi annoncé qu'il allait mettre en oeuvre, dès son retour, les projets des quatre centres pour les sportifs de haut-niveau. Le hockey sera installé à Bruxelles; le tennis et le basket à Mons; les autres sports de ballon, le tennis de table et la natation à Liège. Concernant l'athlétisme, la première piste couverte de la Communauté française sera installée à Namur.
Tous ces projets ont un coût global estimé de 80 millions d'euros. "Et nous serons attentifs à ce que toutes ces installations soient certifiées de haut niveau", a précisé Michel Daerden.
A Pékin, l'émiettement des moyens a été reproché à la délégation belge. "Certains ont émis l'idée de refédéraliser le sport. Mais la réalité institutionnelle de notre pays est ce qu'elle est et croire qu'on va la modifier, parce qu'on est sous le feu des projecteurs, je n'y crois pas", a souligné Michel Daerden, plaidant cependant pour davantage de coordination. "Dans les équipes, on trouve des athlètes des trois Régions. Le COIB pourrait jouer un rôle de coordination, avec des accords de coopération entre les Communautés", a-t-il suggéré.
Michel Daerden estime également que des améliorations peuvent être consenties au niveau scolaire. "Nous devons permettre à des jeunes de pouvoir pratiquer leur sport tout en poursuivant leurs études. Nous pouvons encore améliorer la situation à ce niveau-là. Dans les écoles, nous devons aussi inciter les professeurs d'éducation physique qui détectent des talents à les pousser vers des clubs et des stages. Enfin, nous devons à tout prix développer encore le chèque sport pour permettre au plus grand nombre de pratiquer un sport", a conclu le ministre Daerden.
Trop peu de médailles pour Bert Anciaux
« Il est un peu trop tôt pour réaliser une analyse poussée de la situation, nous le ferons dans les jours qui viennent. Mais globalement, les sportifs belges ont engrangé trop peu de médailles », a-t-il indiqué.
La Belgique pourrait faire mieux qu’une 46e place au tableau des médailles, selon lui. Bert Anciaux se fait fort, dit-il, de faire atteindre le top-20 à la Belgique. « Et si la Communauté française investit fortement dans le sport d’élite, la Belgique peut même viser le top-15 », ajoute-t-il.
Il souligne toutefois les « moments splendides » qu’ont constitué la médaille d’or de Tia Hellebaut (saut en hauteur) et celle d’argent du relais 4x100 m féminin. « Ces magnifiques médailles témoignent du niveau mondial de ces athlètes, et nous pouvons en être fiers », a-t-il commenté.
Il relève aussi les bonnes performances d’autres athlètes passés de peu à côté d’une médaille, tels que les Diablotins (football), les pistiers Iljo Keisse et Kenny De Ketele, ou encore la prestation de Tim Maeyens (aviron).
Au-delà de cela, Bert Anciaux compte tirer les conclusions de cette olympiade et de ses quatre ans passés à la tête du sport flamand. « En collaboration avec tous les partenaires, je veux élaborer un plan d’actions 2009-2012, avec des objectifs clairs pour les JO de Londres en 2012. Il nous faut faire des choix clairs et investir fortement dans ce en quoi nous croyons », a-t-il ajouté.
Il rappelle que l’investissement flamand dans le sport de haut niveau est passé de 6 millions d’euros en 2004 à 22 millions en 2009.
Selon lui, la politique du sport de haut niveau en Flandre a atteint sa vitesse de croisière, mais elle doit encore être optimalisée dans les années à venir. Il demande de dresser le bilan de sa politique sportive après 12 ans, soit en 2016.