29 septembre 2008

Fortis et Dexia dans la tourmente

Fortis a replongé ce matin (-8,88 %) après un rebond à l’ouverture d’Euronext Bruxelles. Dexia chute de plus de 20 %. L’Etat belge est prêt à soutenir la banque franco-belge Dexia, comme il l’a fait avec Fortis, en cas de difficultés, a indiqué le ministre des Finances Didier Reynders. Mais Dexia dément tout problème de liquidités.
Le cours de Fortis /
L'édito de Béatrice Delvaux: "Et l'Etat sauva les capitalistes" / Les Bourses minute par minute /


L’action du bancassureur belgo-néerlandais Fortis perd ce lundi en milieu de matinée 8,88 % à la Bourse d’Amsterdam alors qu’elle avait ouvert en forte hausse après l’annonce de sa nationalisation partielle par les Etats du Benelux dimanche.
L’indice des principales valeurs AEX perdait plus de 4,5 %.
La banque Dexia dément tout problème de liquidités
La banque franco-belge Dexia a réfuté lundi tout problème de trésorerie, alors que son cours boursier était en très forte baisse, affirmant que la situation de ses liquidités était « très bonne ».
« C’est un groupe très solide au niveau du capital », a expliqué la porte-parole du groupe, « mais la situation est tellement exceptionnelle (sur les marchés) qu’il faut suivre l’évolution à tout moment ». Elle a refusé de confirmer des informations du quotidien français Le Figaro selon lesquelles une augmentation de capital de Dexia pourrait être annoncée très rapidement pour reconstituer ses fonds propres et rassurer les marchés.
L’action de la banque chutait de plus de 20 % lundi matin en Bourse en raison de craintes sur l’état de santé de l’établissement, spécialisé dans le financement des collectivités publiques.
L’Etat belge est prêt à soutenir également la banque franco-belge Dexia, comme elle l’a fait avec Fortis, en cas de difficultés, a indiqué lundi le ministre belge des Finances Didier Reynders.
Dexia a réuni dimanche un conseil d’administration par téléphone afin d’évaluer la situation dans le cadre de la tourmente vécue par le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, a confirmé lundi Ulrike Pommée, porte-parole de Dexia.
A 10H06, l’action de la banque Dexia chutait de 23,02 % à 7,75 euros, en queue des valeurs vedettes, dans un marché parisien en fort repli de 3,17 %. Lundi matin, vers 9H30, l’action de Dexia chutait de 24,73 % (7,62 euros) sur Euronext Bruxelles. Depuis le début de l’année 2008, elle a perdu 55,77 % de sa valeur.
Fortis : « Pas d’incidence pour le contribuable »
L’investissement de 4,7 milliards d’euros de la Belgique dans Fortis Banque se fera par le biais d’un emprunt avec garantie d’Etat, a précisé le ministre des Finances Didier Reynders, lundi matin au micro de la RTBF. Le gouvernement a donné l’ordre à la Société Fédérale de Participation. Dans le même temps il a accepté d’ouvrir une capacité d’emprunt de 5 milliards d’euros. Il ne devrait pas y avoir de conséquence pour le budget et le contribuable selon le ministre. « Il n’y aura aucun effet sur le budget et sur le contribuable, même s’il y a toujours un risque », a-t-il précisé avant d’évoquer aussi la possibilité que cet investissement puisse se révéler rentable. Didier Reynders s’est déclaré convaincu que l’argent mis sur la table représente, dans tous les cas, beaucoup moins que le coût d’une éventuelle faillite de Fortis (indemnisation des clients, conséquences sociales…).
La nationalisation partielle par le Benelux du bancassureur belgo-néerlandais Fortis est une solution provisoire, les gouvernements n’ayant pas vocation à rester pour toujours au capital, a indiqué lundi le ministre belge des Finances, Didier Reynders. « Notre ambition n’est évidemment pas de rester présents dans le capital », a-t-il dit sur l’antenne de la radio publique RTBF.
Fortis est capitalisée à environ 30 milliards d’euros après sa renationalisation partielle par les trois pays du Benelux, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, qui vont investir 11,2 milliards d’euros dans le banco-assureur néerlandais, a annoncé lundi le groupe dans un communiqué. « Les mesures annoncées (par les autorités) conduisent à une capitalisation de Fortis d’environ 30 milliards d’euros, soit 9,5 milliards au-dessus de l’objetif », indique le texte.
Fortis annonce par ailleurs que des « ajustements » d’environ 5 milliards d’euros sont prévus au troisième trimestre pour faire notamment face « aux changements de stratégie » et « à la dégradation du climat économique ».
Le banco-assureur belgo-néerlandais estime également que son exposition restante à la titrisation (CDO, collaterized debt obligations) s’élève à 1,1 milliard d’euros.
Le ministre des Finances Didier Reynders a indiqué dimanche que l’accord intervenu entre les trois gouvernements des pays du Benelux visait à prendre le contrôle de Fortis en acquérant 49 % des parts du bancassureur. Il a souligné que les gouvernements ont fait en sorte que personne ne soit laissé sur le carreau. Le premier ministre Yves Leterme a dit voir dans cet accord un bel exemple de collaboration entre les trois pays, dans l’intérêt de leur population.
Le ministre néerlandais des Finances Wouter Bos a estimé de son côté qu’il était du devoir de son gouvernement d’intervenir afin de restaurer la confiance et la sérénité dans les trois pays après les temps difficiles qu’a connus l’entreprise. Fortis peut à nouveau affronter sereinement l’avenir après un tel accord, a-t-il précisé.
On apprenait donc dimanche tard dans la soirée que l’Etat belge va injecter 4,7 milliards d’euros dans le capital du bancassureur Fortis Bank (Belgium), dont il détiendra 49 % des parts. L’Etat néerlandais investira pour sa part 4 milliards d’euros dans le holding Fortis Bank Nederland dont il détiendra lui aussi 49 % du capital. Enfin, le gouvernement du grand-duché de Luxembourg investira 2,5 milliards dans Fortis Banque Luxembourg et prendra également 49 % des parts.
ABN-Amro vendue
Dans le même temps, le bancassureur belgo-néerlandais, qui emploie 85.000 personnes et fait partie des 20 plus grandes banques européennes, va se séparer des actifs qu’elle avait achetés l’an dernier dans son concurrent néerlandais ABN Amro. Selon certaines informations de presse le groupe néerlandais ING serait sur les rangs. Un prix de 10 milliards d’euros a été évoqué, très loin des 24 milliards d’euros que Fortis avait dû débourser pour s’emparer d’une partie d’ABN Amro, lors d’une OPA sur le groupe menée de concert avec les banques espagnole Banco Santander et britannique Royal Bank of Scotland.
Par ailleurs, le retrait de Maurice Lippens, actuel président du conseil d’administration de Fortis, a également été confirmé. « Maurice Lippens a décidé de quitter la présidence du Conseil d’administration de Fortis », indique un communiqué. Il sera remplacé par une personnalité extérieure à l’entreprise et le gouvernement belge sera consulté. Les conseils d’administration des banques belge, néerlandaise et luxembourgeoise de Fortis seront renouvelés en tenant compte des candidats qu’avancera chaque gouvernement.
Dierckx : « La question de la solvabilité ne se pose plus »
L’injection de capital décidée par les gouvernements belge, néerlandais et luxembourgeois répond aux incertitudes qui planent sur la solvabilité de Fortis, a déclaré dans la nuit de dimanche à lundi Filip Dierckx, le nouvel administrateur-délégué du bancassureur. « Le problème se situe au niveau de nos activités bancaires. La reprise d’ABN Amro a suscité des interrogations quant à notre solvabilité. Mais grâce aux 11,2 milliards qui vont être injectés, cette question est résolue », a déclaré Filip Dierckx, qui a succédé vendredi soir à Herman Verwilst. « L’objectif principal était de restaurer la confiance. Les épargnants peuvent d’ailleurs être rassurés : nous sommes désormais la banque qui dispose de la meilleure assise capitalistique », a-t-il ajouté en affirmant par ailleurs que rien n’allait changer pour la branche « assurances » du groupe.
Filip Dierckx est également revenu sur la cession des parts que le bancassureur détient dans ABN Amro. « Nous estimons que poursuivre l’intégration était allé trop loin dans les circonstances de marché actuelles. Mais à l’époque, c’était une bonne décision », s’est-il défendu.
L’option d’une nationalisation partielle s’est imposée après l’échec de négociations menées tout au long du week-end visant à trouver un éventuel repreneur privé pour Fortis. Le groupe bancaire français BNP-Paribas a fait une offre mais qui a été jugée insuffisante, tant par Fortis que les gouvernements, selon des sources proches du dossier.
Les pouvoirs publics de Belgique, Pays-Bas et Luxembourg se sont mobilisés pendant deux jours pour tenter de trouver une issue et éviter un dépôt de bilan à Fortis, confronté à des difficultés de trésorerie. Son cours en Bourse s’est effondré de 30 % environ la semaine dernière. Fortis a perdu plus de 2 milliards d’euros dans la crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis et est fragilisé par l’achat d’ABN Amro au prix fort.
Une faillite aurait constitué une catastrophe économique sans précédent, en Belgique notamment, où l’établissement est très implanté et joue un rôle de premier plan dans le financement des entreprises et des ménages.

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