14 février 2008

Van Cau dans le regain régionaliste

L'ex-ministre-Président démolit le schéma de "fusion" de Marc Uyttendaele. Une pièce à porter au puzzle wallonisant en voie de (re) constitution...
Effet peut-être inattendu voire indésirable des cogitations entre Belges et (surtout ici) entre francophones : les régionalistes wallons retrouvent de la voix. Des députés PS se sont manifestés; un groupe va bon gré mal gré se constituer au Parlement wallon; le Mouvement du manifeste invite le grand public; d'autres (tel Jules Gheude) veulent convoquer des états généraux; des caucus reprennent entre politiques et syndicalistes... Simultanéité intéressante, quoique morcelée. "Pas grave, c'est un passage obligé pour retrouver un mouvement plus général", nous dit hier Jean-Claude Van Cauwenberghe.
Lequel Van Cau ne manque pas d'ajouter sa pièce au puzzle régionaliste en (re) constitution. C'est sous la forme d'une "lettre aux Wallons sur la volonté de les priver de leur représentation politique", qu'il va diffuser auprès de ses collègues députés. L'ancien ministre-Président s'en prend ici aux travaux du groupe intrafrancophone Busquin-Spaak. Lui qui ne devait pas, à en croire ses géniteurs socialistes, s'occuper d'abord de "tuyauterie" institutionnelle, vient d'écouter attentivement le constitutionnaliste Marc Uyttendaele (LLB du 30/1) dans son schéma à quatre "Autorités" : fédérale, flamande, germanophone... et Wallonie-Bruxelles.
S'en étonnera-t-on ? Le Carolo n'y voit rien d'autre qu'un projet "qui sent furieusement la fusion-absorption de la Région wallonne par la Communauté française". À chacun son "autorité", sauf pour les Wallons ! Le schéma Uyttendaele, c'est "Bye bye Wallonia", écrit Van Cau : "Plus de nom propre, de Parlement propre, de gouvernement propre, de capitale propre, d'administration propre, de budget propre; on peut nous présenter la chose de mille façons, on veut supprimer la Région wallonne. Pourquoi ?".
Parce que les Flamands l'ont fait ? "Le contexte n'a rien de comparable et leurs motivations d'influence sur Bruxelles ne sont pas les nôtres". Au nom du partenariat entre Wallonie et Bruxelles ? "Comme si une fusion asymétrique entre la Communauté et une seule Région devait faciliter la coopération entre la Wallonie fusionnée à la Communauté et Bruxelles laissée en marge de celle-ci". Parce qu'il manque au plan wallon "une articulation plus intense" avec l'enseignement et la culture" ? Mais "la solution est-elle de faire disparaître ce qui s'est construit dans le giron régional pour le reconstruire [...] dans une institution qui n'a pas particulièrement convaincu ?".
Pour autant, conformément à ses publications récentes, et en se démarquant ici de ses plus anciens combats (comme d'autres régionalistes actuels), Van Cau ne revendique plus la régionalisation de l'enseignement et de la culture, sauf pour parties. Son schéma à lui, dans sa note de 9 pages : une Région wallonne renforcée; une Région bruxelloise sur pied d'égalité et renforcée; une instance commune réunissant des députés wallons et bruxellois au sein d'un parlement conjoint et des ministres wallons et bruxellois au sein d'un gouvernement conjoint, pour gérer les matières restées "communautaires".

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