Delpérée s’accroche au « pacte fédéral »
Le sénateur CDH, Francis Delpérée, a négocié tout l’été pour son parti à la table de formation gouvernementale, à l’époque où l’Orange bleue (libéraux-sociaux-chrétiens-humanistes) semblait s’imposer. Il peut donc témoigner de la « guerre des tranchées », des « querelles et provocations » auxquelles se livraient les protagonistes, à Val Duchesse. Dans son dernier ouvrage, paru aux éditions Luc Pire, La Belgique, un projet d’avenir ?, le professeur émérite de droit public raconte comment, selon lui, le scrutin du 10 juin a été le « révélateur d’un mal tenace et profond », pour ne pas écrire d’un « malaise existentiel ». La crise, écrit-il, a cessé d’être celle du gouvernement, elle est devenue celle de l’Etat. Et l’auteur, d’optimiste est devenu inquiet parce qu’il a senti les propos se radicaliser en Flandre où l’on envisagerait désormais, sans état d’âme, la déconstruction de l’Etat belge. Les partis flamands à la manœuvre (CD&/NVA et Open VLD) conditionnant leur entrée dans un gouvernement à une profonde réforme institutionnelle.
Francis Delpérée met en garde les nostalgiques de la Belgique unitaire et les adeptes de la « politique de l’autruche » qui consisterait à penser que, au nord du pays, « seuls quelques excités de village ou quelques journalistes en mal de copie » veulent en finir avec la Belgique fédérale.
De même, il balaie quelques « fausses bonnes idées », tels le « divorce de velours » (où situer la ligne de séparation Nord-Sud et que faire de Bruxelles ?), la Confédération d’Etats (qui suppose l’existence de plusieurs Etats souverains et indépendants) ou encore la cogestion du pays par les deux grandes Communautés (où seuls les porte-parole de ces Communautés disposeraient de tous les leviers de commande), etc.
Pour le sénateur CDH, le fédéralisme reste la trame de l’existence politique de la Belgique. Il faut un engagement « sans entourloupette et sans restriction mentale » à propos du respect du pacte fédéral. Le fédéralisme, écrit-il, a vocation à rester inachevé, il requiert des mises au point permanentes mais il ne serait pas légitime de procéder, tous les dix ans (comme en 1970, 1980, 1988, 1993, 2001…) à une vaste réforme de l’Etat, remettant en cause les institutions et les méthodes d’action. « Aucun organisme vivant ne peut résister à ces thérapies de choc à répétition… »
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